Fondamentalisme

Le fondamentalisme se manifeste par un engagement envers des doctrines radicales et peu nuancées, généralement religieuses, mais aussi séculières ou même anti-religieuses. Ce mot peut faire référence à la politique.

Caractéristiques

Le fondamentalisme se caractérise par un radicalisme de l’argumentation et une hostilité à l’égard de l’opinion contraire[1]. Il y a une hétéronomie manifestée dans les croyances qui sont indiscutables ou le recours à des arguments d’autorité. Il est présent majoritairement dans les religions [2], mais également en politique [3] et dans des mouvements séculiers [4],[5],[6].

Politique

Le mot est en politique employé pour désigner une conception scientiste[7],[8],[9] de l'existence ou un absolutisme dans les domaines philosophique[10], moral ou économique[11]. Le fondamentalisme cherche à justifier une conception du monde répondant à un besoin de sécurité intellectuelle et existentielle[12], une reconnaissance identitaire[13] ou à faire prévaloir un pouvoir politique, communautaire ou religieux[14].

Judaïsme

Le fondamentalisme juif est présent dans le sionisme religieux militant ou dans le judaïsme haredi [15].

Christianisme

Le terme « fondamentalisme » provient du fondamentalisme chrétien. Il fut employé pour la première fois lors des réunions de la « Niagara Bible Conference » (1878-1897[16]). Il prit son essor en milieu protestant aux États-Unis, au début du XXe siècle, par la diffusion de brochures de l'Église presbytérienne de l'Amérique du Nord (devenue Église presbytérienne aux États-Unis d'Amérique), lesquelles ont défini les « Fundamentals » du christianisme tel qu’envisagé par cette Église ultraconservatrice[17].

Islam

Le fondamentalisme islamique est présent principalement dans le mouvement wahhabite depuis le XVIIIe siècle et croit en une lecture littérale du Coran[18].

Références

  1. André Gounelle, Vocabulaire théologique : Le théologien protestant André Gounelle discute ainsi du fondamentalisme : « Le fondamentalisme rechigne à la critique, au sens propre du mot, c'est-à-dire à la distinction, au discernement, au tri » (lire en ligne)
  2. Sébastien FATH, « FONDAMENTALISME », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 4 décembre 2015. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/fondamentalisme/
  3. Pasquale, Frank. "Secularism & Secularity: Contemporary International Perspectives". Hartford, CT: Institute for the Study of Secularism in Society and Culture (ISSSC), 2007. p. 46.
  4. Fabrice Hadjadj, Comment parler de Dieu aujourd’hui, Éditions Salvator, Paris, 2012, p. 41 et 42 : « Nietzsche identifie le discours sur Dieu avec le discours fondamentaliste, c'est-à-dire un discours où le mot « Dieu » sert de baguette magique, où la foi exclut la raison, où la rédemption s'oppose à la création, et donc où Dieu, auteur de l'au-delà, devient l'ennemi de Dieu, auteur de l'ici-bas. Les rivaux se ressemblent. L'athée a ceci de commun avec le fondamentaliste : il parle de Dieu avec autant de facilité. (…) Et de même que le fondamentaliste met ce nom à toutes les sauces, vous (le fondamentaliste athée) le vouez à tous les diables. Pour le premier, il suffit de dire « Dieu », et tout est réglé. Pour le second, tout est réglé parce qu'on ne le dit plus (mais il faut à chaque fois redire qu'il ne faut plus le dire !) ».
  5. Lemieux, Raymond, sociologue des religions, « Le fondamentalisme avec ou sans Dieu », Relations no 788. janvier-février 2017.
  6. Chris Hedges, America's New Fundamentalists, When Atheism Becomes Religion, Free Press, 2008.
  7. « Scientisme », Encyclopédie de l'Agora (consulté le )
  8. Vincent Cheynet, « Le choc de la décroissance », sur http://www.seuil.com/livre-9782020972833.htm, Seuil, 228 p., (consulté le ) : « "Tous les fondamentalismes, qu'ils soient politiques, religieux ou scientifiques, ont une matrice similaire : ils considèrent leurs interlocuteurs non comme d'indispensables et légitimes contradicteurs mais comme des incarnations du Mal, des ennemis à abattre. Il existe des fondamentalismes religieux, de gauche, de droite et même écologistes ou de décroissance. Quelle que soit leur tendance, les fondamentalismes se caractérisent par le fait que tous donnent une explication "totale" du monde et de la condition humaine. Ils réfutent toute idée d'inconnu intangible à cette condition. Ils rejettent dans l'hérésie ceux qui fondent leur fonctionnement sur le doute ». Cité dans http://www.toupie.org/Dictionnaire/Fondamentalisme.htm ».
  9. >Ron Mallon, "Naturalistic Approaches to Social Construction", Twenty-Third Publications (lire en ligne)
    « « Epistemological Fundamentalism: a. Accommodating Science: Most contemporary naturalists take science to be an enormously successful enterprise, and so other knowledge claims must either cohere with the findings of our best science or explain those findings away. […] Because naturalists are typically committed to science as a central, infaillible, avenue of knowledge about the world (i.e. some variety of epistemic fundamentalism), naturalists will want to explain how this can be if, as social constructionists about scientific representations note, empirical observation is theory-laden and scientific theories are themselves subject to massive social influences. » »
  10. Ernest Gellner, Postmodernism, Reason and Religion, Londres et New-York, 1992, pp. 80 et ss., (ISBN 0-203-41043-2)
  11. « George Soros s'en prend au « fondamentalisme de marché » », sur Zone Bourse, (consulté le )
  12. BARR, James, Old and New lnterpretation, London, SCM Press Ltd, 1964, p. 205-206. « Il semble que toutes les formes de tradition religieuse ou d'expression théologique sont capables d'être tournées en une sorte de sécurité humaine à partir de l'autorité que ces formes impliquent, et dans un instrument par lequel les hommes essaient de justifier et de poursuivre leur désir de pouvoir. Aucun principe ou formule ne sera jamais capable de faire ici les discriminations nécessaires. » (Traduit par Luc Chartrand, La Bible au pied de la lettre, Le fondamentalisme questionné, Mediaspaul, 1995, p. 68)
  13. Arkoun Mohammed, Baubérot Jean, Drai Raphaël, Smyth-Florentin Françoise. Débat avec Mohammed Arkoun, Jean Baubérot, Raphaël Drai et Françoise Smyth-Florentin. In: Autres Temps. Les cahiers du christianisme social. No 38, 1993. p. 64-77. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/chris_0753-2776_1993_num_38_1_1585 : « Il y a des religions à l'intérieur d'une même confession […]. C'est l'identitaire qui est le lieu de la décision critique ; [...] On peut aussi parler de fondamentalisme biblique chaque fois que dans nos propres Églises, ou à leur frange, l'Évangile est lu, non pas dans une perspective de dynamique libératrice — dynamique qui ne peut laisser présager l'état du sujet au bout de sa lecture — mais au contraire dans une perspective propre à sauvegarder au maximum l'identité du lecteur. Le Livre sert ainsi à majorer le pôle religieux identitaire ou le pôle identitaire dans le religieux; »
  14. Marty, M. et Appleby, R.S, « Conclusion : An Interim Report on a Hypothetical Family », Collectif. The Fundamentalism Project, Fundamentalisms Observed, The University of Chicago Press, 1991, Chicago, London, p. 826.
  15. Mark Juergensmeyer, Wade Clark Roof, Encyclopedia of Global Religion, Volume 1, SAGE, USA, 2012, p. 419
  16. Luc Chartrand, La Bible au pied de la lettre, Le fondamentalisme questionné, Mediaspaul, 1995, p. 20 : « À partir de ce jour, les fondamentalistes constituent une entité sociale repérable et organisée. Cette première organisation vise avant tout à s'opposer à ce qu'il est convenu d'appeler le modernisme ».
  17. Marsden, George M., Fundamentalism and American Culture, (1980) Oxford University Press, Oxford p. 117.
  18. Mark Juergensmeyer, Wade Clark Roof, Encyclopedia of Global Religion, Volume 1, SAGE, USA, 2012, p. 419

Voir aussi

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