Financement de la Première Guerre mondiale en France

Le financement de la Première Guerre mondiale en France désigne les différents moyens par lesquels l'État français a financé les dépenses liées à la guerre de 1914-1918. Ces moyens sont l'impôt, la création monétaire et de manière importante l'emprunt. En effet, de par son ampleur, la Première Guerre mondiale représente un choc financier inédit, pour les services de l'État comme pour le système financier français en général[1].

D'importants efforts de propagande sont mis en place pendant la guerre pour assurer le succès des émissions d'emprunts.

Poids des différents financements

Financement des dépenses entre 1914 et 1918
Milliards de francs courants Pourcentages du total des ressources
Impôts 23,3 15
Dettes à court et moyen terme 56 35
Dettes à long terme 35,4 22
Dettes extérieures 27,3 17
Création monétaire 16,7 11

Financement par la fiscalité

Création d'une contribution exceptionnelle sur les bénéfices de guerre et d'une taxe exceptionnelle de guerre ainsi que l'augmentation des impôts indirects et des droits de timbre et d'enregistrement[2].

L'impôt permet de financer 15 % des dépenses engagées pendant la guerre. Comparativement, au Royaume-Uni où cette part est de 30 %, la fiscalité n'a donc pas été privilégiée par les gouvernements français pour financer la guerre.

Financement par la création monétaire

Ici la création monétaire se fait au travers des avances directes de la Banque de France. Elles correspondent à des opérations de refinancement en faveur des institutions émettrices de crédits[3]. Ces avances dépassent les 16 milliards de francs à la fin de la guerre. Elles entrainent un gonflement de la masse monétaire et l'agrégat M2 passe de 15 milliards de francs avant la guerre à près de 46 milliards en 1918. Le niveau général des prix suit cette évolution. Le montant de ces créances comparé aux réserves d'or empêche le retour à la parité-or après la guerre.

Financement par l'emprunt

Au début de la guerre, les autorités pensent que cette dernière sera courte, ils font donc le choix d'une dette flottante, c'est-à-dire à court et moyen terme. Le ministre des finances Alexandre Ribot suit l'idée du journaliste Alfred Neymarck et finance la guerre par émission de bons du Trésor (ici bons de la Défense nationale). Les intérêts s'élèvent à 5 %. D'importants efforts de propagande sont mis en place et l'émission de bons est un succès. En novembre 1915, le montant de bons émis atteint 9 milliards de francs. En 1918 c'est plus 30 milliards de francs de bons de la Défense nationale qui sont détenus par le contribuable français, en plus des bons du Trésor classiques. La durée du conflit ainsi que le montant important de dette à court terme pousse par la suite le Trésor à émettre des titres à long terme. Entre 1915 et 1918, quatre vagues d'émissions (grands emprunts) ont ainsi été lancées, toutes avec succès.

Entre 1914 et 1918, le déficit extérieur cumulé s'élève à 40 milliards de francs. Il est donc nécessaire pour le ministère des Finances de se procurer des devises étrangères afin de couvrir les importations du pays. Pour se faire il a recours à des crédits extérieurs (pour 30 milliards de francs), à des transferts d'or ainsi qu'à des rachats de titres étrangers détenus par les résidents.

À la fin de la guerre, la dette publique représente 200% du PIB. Ce poids trop important de la dette empêche le retour à l'ancienne parité-or du franc et complique sa stabilisation dans les années 1920.

Références

  1. Bertrand Blancheton, Maxi fiches : Histoire des faits économiques, Paris, Dunod, (ISBN 978-2-10-059954-7), p. 47-49
  2. http://histoirealasource.ille-et-vilaine.fr/14-18/files/original/41b7d43cf2cef3c647b323e0f0c07ffd.pdf
  3. « Définition Avance Banque de France », sur www.mataf.net (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

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