Famille de Montpellier

La famille de Montpellier olim Servais est une famille subsistante de la noblesse belge, anoblie en 1743 par lettres patentes[1]. Sa filiation prouvée remonte à Thomas Servais ou Servay, prêtre et chapelain de Sainte Gertrude de Nivelles en 1460 qui teste en 1483, dont le fils Vespasien alias Jehan Servais, dit plus tard « de Montpellier » pour avoir étudié à l'université de cette ville (nom que ses descendants conservèrent), fut chirurgien et bourgeois de Namur en 1498. Il fut légitimé en 1505 et est cité dans une copie d'un acte de 1516 comme homme de loy et de lignage du comté de Namur. La famille de Montpellier forma à partir du XVIIe siècle une lignée de maîtres de forges et elle fut au XVIIIe siècle à l'origine des jardins d'eau du château d’Annevoie.

Pour les articles homonymes, voir Montpellier (homonymie).

Famille de Montpellier

Armes

Blasonnement D'or à la fasce de gueules accompagnée de trois têtes de maures de sable tortillées d'argent.
Devise Montpellier de Vedrin : Nec mihi soli (Rien pour moi tout seul)
Montpellier d'Annevoie de Villermont : Spes mea deus (Dieu est mon espérance)
Branches de Montpellier d'Yvoir (éteinte)
de Montpellier d'Annevoie
de Montpellier de Vedrin
de Montpellier de Senenne (éteinte)
Pays ou province d’origine Nivelles (Belgique)
Demeures Château d’Annevoie
Château de Vedrin
Château de Boninne
Château d’Erpent
Château de Rouillon
Château de Denée
Château de Namur
Charges Gouverneurs de la province de Namur

Origine

La famille de Montpellier qui portait autrefois le nom « Servaix » ou « Servais » a une filiation prouvée qui remonte à Thomas Servais[2] ou Servay[3], prêtre et chapelain du chapitre Sainte-Gertrude de Nivelles en 1460-1461, receveur des communs , chapelain en 1470-1479, qui teste le 22 septembre 1483 en faveur de ses confrères. Il eut de Magdeleine Dame-Ade, qui teste le 5 juillet 1480, plusieurs enfants illégitimes des deux sexes[4].

On trouve des « Servays » ou « Servais » à Nivelles dès le milieu du XIVe siècle : en novembre 1354, Colart Servays, ou Servais prit en accense une maison à Nivelles[5]. Leurs descendants portaient les armes d'or à la fasce de gueules que l'on retrouvent portées par la famille de Montpellier, additionnées de trois têtes de maures.

  • En 1505 Vespasien Servais, fils de Thomas Servais, prêtre et de Magdelaine Dame-Ade[6] ou de Damas, fut légitimé par lettres de Philippe Le Beau[7],[8].
Jehan dit Vespasien Servais dit plus tard « de Montpellier » pour avoir étudié à l'université de cette ville à la fin du XVème siècle, chirurgien et médecin à Namur, est reçu à la bourgeoisie de Namur le 12 octobre 1498[6]. Il achète le 20 avril 1513 le fief de La Motte et la Tour à Hannêche, le 15 février 1518 le fief du Grand Wangnaige à Jallet[9],[10] et le 5 octobre 1524, il acquiert l’avouerie de Bouge et Beez à Gilles de La Ruelle[11],[12]. « Maistre Jean de Montpellier » est cité le 14 avril 1516 parmi dix-sept « hommes de loy et de lignage » du comté de Namur, dans une copie authentifiée par notaires d’un acte reconnaissant la qualité d’homme de loy et de lignage à Jean de Fernelmont dit de Longchamps, ladite copie fournie dans le cadre de la grande enquête de 1589-1590 sur les familles lignagères du comté de Namur[13] (étaient admis dans les lignages de Namur les descendants de chevaliers par les femmes. Ils jouissaient des privilèges de la noblesse jusqu'à la septième génération. Ce privilège disparut au XVIIe siècle. La déclaration du 8 juin 1654 prouve qu'à cette date il n'existait déjà plus)[14]. Marié à Marie Caillet[15], puis à Marie de Herlenvaulx, veuve d'Antoine de Glymes[16], il meurt en 1532 et est enterré dans le cloître du couvent des Récollets sous une pierre armoriée[6].
  • Maître Godefroy Servais dit de Montpellier, chirurgien, fils de maître Jehan Servais dit de Montpellier, relève le 19 février 1533, un fief à Hânneche[17]. Le 19 février 1541, il relève l’avouerie de Bouge et Beez par décès de Jehan, son père et de Maroie Caillet, sa mère, puis il la transporte à Peronne de Glimes[15]. Reçu bourgeois de Namur le 4 septembre 1531, il épousa Saincte Labouga. Il se fixa vers 1540 à Chatelet « avec femme et enfants ». La famille se réinstalla ensuite à Namur[18]. Il était encore vivant en 1553[19].
  • Jean de Montpellier, son fils (ca 1532-ca 1596), épousa Catherine Cramme. Dans les comptes des impôts établis sur les commerçants de Châtelet pour 1588-1589, les pécules des vins obtenus par maître Jean de Montpellier sont de 195 florins[20]. En 1590-1591, Jean Montpellier est bourgmestre de Châtelet avec Nicolas Jehanson[21]. En 1592, Jean Montpellier tenait une tannerie à Châtelet[22].
  • Pierre Antoine de Montpellier († 1643), marchand de fer, fils du précédent, épousa Jeanne de Rouillon. Ils eurent sept enfants dont Jean qui suit[23].
  • Jean de Montpellier (1634-1705), seigneur d’Yvoir. Selon Marc Belvaux, « Il fut, semble-t-il, le premier maître de forges de la famille, exploitant plusieurs établissements sidérurgiques à Yvoir dont il devint seigneur et y édifia le noyau de l’actuel château »[2]. Louis Philippe Darras (Histoire de la ville de Châtelet indique qu'en 1669, le maître de forges Jean Montpellier, de Châtelet y louait la franche-chambre pour y exercer le commerce de clous[24]. Il épousa en 1666 Anne Rigaud dont il eut Pierre-Antoine (1669-1723), seigneur d’Assesse, Sorinne-la-Longue et Jassogne, auteur d'une branche éteinte au XVIIIe[2]. Il épouse en secondes noces Marie de Halloy, dont Jean qui suit[23].
  • Jean de Montpellier (1679-1740), seigneur d’Yvoir, maître de forges, devint chambellan héréditaire du comté de Namur, mayeur des ferrons de la province de Namur. Il épousa Jeanne Françoise (de) Bilquin[2] dont:
    • Charles Alexis de Montpellier (1717-1807), écuyer, seigneur d'Annevoie, Rouillon, Ambresin et Ambresineau, Celles à Vedrin, membre de l'Etat noble et chambellan héréditaire du comté de Namur, mayeur des ferrons, grand bailli de Montaigle, maître de forges. Marié en 1774 à Marie Thérère Lambertine (de) Vivier, dont descendance[23].
    • André Joseph de Montpellier (1718-1775), écuyer, seigneur de Senenne, Onthaine, Fontenelle et Hennegau, licencié ès lois de l’université de Louvain, maître de forges. Marié à Marie Philippine Eulalie (de) Jacquier de Virelles[2] dont deux enfants.

Charles Alexis de Montpellier et son frère André Joseph de Montpellier furent anoblis par lettres patentes du 9 janvier 1743 de la reine et future impératrice Marie Thérèse[1].

La famille se divisa en quatre branches principales : Montpellier d’Yvoir (éteinte en 1781), Montpellier d’Annevoie (avec ses rameaux dits d’Annevoie, de Rouillon et de Denée), Montpellier de Vedrin et Montpellier de Senenne (branche d’Onthaine, éteinte en 1824). La ligne aînée des Montpellier d'Annevoie a en outre relevé le nom « Hennequin de Villermont » en qualité de derniers descendants de cette famille éteinte.

Maîtres de forges dans le comté de Namur

Du XVIIe siècle et jusqu’à la seconde moitié du XIXe siècle (dernier établissement fermé en 1867, à Annevoie), la famille de Montpellier forma une lignée de marchands de fer puis de maîtres de forges. Elle exploita de nombreuses usines, notamment à Annevoie (En-Haut et En-Bas), Anhée (Moulins), Bouffioulx, Châtelet, Couillet, Burnot, Fairoul, Boussu-lez-Walcourt (Feronval), Godinne (Chaveau), Houx, Marchienne-au-Pont (Zone), Monceau, Montigny-le-Tilleul (Bomerée) Rouillon, Salzinnes, Thy-le-Château, Vezin (Sclaigneaux), Yves-Gomezée (Saint-Lambert), Yvoir (forges Gobeau, Hamaide, Redeau, Jean Tournon, Marteau Jean, Marteau Feullien, forge Henry et forge Houyette). Au XIXe siècle, les Montpellier possédaient également des usines et batteries de cuivre à Arbre, Burnot, Rivière et Namur.

Illustrations

La famille de Montpellier donna deux bourgmestres de Châtelet : Jean Montpellier (mentionné ainsi) en 1590-1591[21] et Lambert Montpellier (mentionné ainsi) en 1657-1658[25]. Elle donna au XVIIIe siècle deux chambellans héréditaires du comté de Namur, deux mayeurs des ferons, un grand-bailli de Montaigle, un membre de l’État noble du comté de Namur et deux chanoines de la cathédrale de Namur. Aux XIXe et XXe siècles, elle donna un colonel commandant de volontaires namurois aux combats de 1830, un évêque ultramontain de Liège, un gouverneur de la province de Namur, trois membres de la chambre des représentants, un professeur de l’université catholique de Louvain membre de l’Académie royale de Belgique, un procureur du Roi de Namur et des héros durant les deux guerres mondiales.

Terres et propriétés

Sous l’Ancien régime, la famille a possédé les fiefs de La Tour de Hannêche (1513), du Grand Wangnaige à Jallet (1518), les avoueries de Bouge et de Beez (1524), les seigneuries d'Yvoir (1688), Jassogne (1706), Assesse (1717), Sorinne-la-Longue (1717), Hennegau (sous Hasselt - 1725), Onthaine (< 1747), Senenne (< 1747), Ambresin (1753), Ambresineau (1753), Anhée-Grange-Senenne (1755), Annevoie (1758), Rouillon (1758), Fontenelle (1759), Celles (à Vedrin - 1771), Rosseignies (1781) , Fooz (1792), Haye-à-Fooz (1792) et Wépion (1792).

Ses anciennes demeurent les plus connues sont les châteaux d’Annevoie, Arbre (châteaux d'En-Haut et de Marteau-Longe), Boninne, Boussu-en-Fagne, Denée (château et château-ferme), Erpent-Val, Fooz, Hannêche (La Tour), Onthaine, Rouillon, Sorinne-la-Longue, Vedrin et Yvoir, et à Namur les hôtels particuliers de Namur d'Elzée, Bouhon et de la Rigauderie.

Les Montpellier et Annevoie

le Château d'Annevoie

En 1691, Jean de Montpellier (1634-1705), maître de forges, acquiert dans le cadre d’une succession dont son épouse Marie de Halloy était cohéritière, un domaine à Annevoie comprenant un château et des forges. Son fils cadet, Jean (1679-1740) agrandit le château d’Annevoie au début du XVIIIe siècle. Le fils aîné de ce dernier, Charles-Alexis (1717-1807) transforma le château et l’embellit considérablement.

Le buffet d'eau dans le jardin.

Imprégné de la beauté des jardins de Versailles et de Saint-Cloud, il aménagea entre 1758 et 1776 les jardins d’eau d'Annevoie, véritable prouesse technique car la soixantaine de fontaines fonctionne sans aucune machinerie, selon le principe des vases communicants. Renommés dès leur création, les jardins reçurent en 1783 la visite du duc Albert de Saxe-Teschen, lieutenant gouverneur et capitaine général des Pays-Bas et de sa femme l’archiduchesse Marie-Christine, sœur de Joseph II, et en 1789, ces derniers sont accompagnés du comte d’Artois, futur Charles X, fuyant la Révolution. La famille conserva la propriété jusqu’à la vente du château et des jardins en 2000, et de leur droit d'habitation en 2004. Le domaine est devenu propriété de la Région wallonne en 2004. Depuis 2017, celui-ci est géré par une fondation privée, la Fondation Domaine Historique du Château et des Jardins d’Annevoie, locataire emphytéotique pour une période de 99 ans[26].

Noblesse et titres

  • le 9 janvier 1743 : Charles-Alexis de Montpellier et André-Joseph de Montpellier, son frère, furent anoblis par lettres patentes de la reine et future impératrice Marie Thérèse[1].
  • 1758 : admission à l'État noble du comté de Namur de Charles-Alexis de Montpellier, bailli de Montaigle.
  • 1846 et 1847 : reconnaissances de noblesse par le roi des Belges Léopold Ier
  • 1859 : comte romain personnel pour Théodore de Montpellier[27], évêque de Liège et assistant au trône pontifical.
  • 1896, 1919 et 1929 : baron par primogéniture masculine (branche de Vedrin)[28].

Armoiries

  • d’or à la fasce de gueules, accompagnée de trois têtes de maures tortillées d’argent[1] (la branche des Montpellier d’Annevoie de Villermont s'est vue concéder en 2019 par le roi Philippe un écartelé Montpellier–Villermont).

Devise :

  • Spes Mea Deus pour la branche de Montpellier d’Annevoie de Villermont
  • Nec Mihi Soli pour la branche de Montpellier de Vedrin,
  • Omnibus Omnia pour Monseigneur de Montpellier de Vedrin

Références

  1. Jean Charles Joseph de Vegiano, Nobiliaire des Pays-Bas et du comté de Bourgogne, 1868, page 1393.
  2. Marc Belvaux La famille de Montpellier, 2007 sur le site de l’Association Royale Office Généalogique et Héraldique de Belgique.
  3. René Goffin, Généalogies nivelloises, Société archéologique et folklorique de Nivelles et du Brabant Wallon, 1959, page 150.
  4. René Goffin, Généalogies nivelloises, Société archéologique et folklorique de Nivelles et du Brabant Wallon, 1959, page 151.
  5. René Goffin, Généalogies nivelloises, Société archéologique et folklorique de Nivelles et du Brabant Wallon, 1959, page 133.
  6. René Goffin, Généalogies Nivelloises, Société archéologique et folklorique de Nivelles et du Brabant Wallon, 1959, page 144.
  7. Archives Départementales du Nord: inventaire sommaire, Volume 3,Dale, 1877, page 42.
  8. Willy van Hille, Inventaire des lettres de légitimation enregistrées aux Chambres des comptes de Lille et de Brabant, au Conseil de Brabant et aux Conseils privés espagnol et autrichien des Pays-Bas et de Franche-Comté, Familia et Patria, Handzame, 1979, page 196 : Registre du au 31 décembre 1505, f° 15 v° : Vespasien Servais, fs Thomas prêtre et Madelaine de Damas, libre, (Bruxelles) (avril 1505).
  9. Stanislas Bormans, Les fiefs du comte de Namur, 1875, page 399.
  10. Marc Belvaux, La famille de Montpellier, dans Recueils de l'Office généalogique et héraldique de Belgique, t. LIX, Bruxelles, 2007, p. 45-46.
  11. Stanislas Bormans, Les fiefs du comte de Namur, 1875, page 435.
  12. Marc Belvaux, La famille de Montpellier, dans Recueils de l'Office généalogique et héraldique de Belgique, t. LIX et LX, Bruxelles, 2007, p. 47-48
  13. F. de Montpellier et M. Belvaux, Aux origines de la famille de Montpellier, Le Parchemin, 2011, pages 295-297.
  14. Léon Arendt, Alfred De Ridder, Législation héraldique de la Belgique, 1595-1895, Société belge de librairie, 1896, page 171.
  15. Stanislas Bormans, Les fiefs du comte de Namur, 1875, page 462.
  16. M. Belvaux, La famille de Montpellier, dans Recueils de l'Office généalogique et héraldique de Belgique, t. LIX, Bruxelles, 2007, p. 38.
  17. Stanislas Bormans, Les fiefs du comte de Namur, 1875, page 450.
  18. René Goffin, Généalogies Nivelloises, Société archéologique et folklorique de Nivelles et du Brabant Wallon, 1959, page 39.
  19. Annales de la Société archéologique de Namur, 1967, page 204.
  20. Louis Philippe Darras, Histoire de la ville de Châtelet, Volume 2, 1898, page 61.
  21. Louis Philippe Darras, Histoire de la ville de Châtelet, Volume 1, 1898, page 155.
  22. Louis Philippe Darras, Histoire de la ville de Châtelet, Volume 2, 1898, page 155.
  23. Charles Emmanuel Joseph Poplimont, La Belgique héraldique, 1863, pages 349-354.
  24. Louis Philippe Darras, Histoire de la ville de Châtelet, Volume 2, M. Hubert, 1898, page 126.
  25. Louis Philippe Darras, Histoire de la ville de Châtelet, Volume 1, 1898, page 164.
  26. Les Jardins d'Annevoie bientôt remis en état par leur nouveau propriétaire, RTBF, .
  27. Etat présent de la noblesse belge, 1994, seconde partie, p. 317
  28. Comte Humbert de Marnix de Sainte Aldegonde, "État présent de la noblesse belge, Annuaire 2010, Première partie, Meh - Mor", Collection État présent ASBL, Bruxelles, 2010.

Bibliographie

Sources familiales :

  • M. Belvaux et F. de Montpellier, La famille de Montpellier. Visages d'antan, Association familiale Montpellier, 2009, 336 pp.
  • M. Belvaux et F. de Montpellier, La famille de Montpellier. Jadis et demain, Association familiale Montpellier, 2015, 240 pp
  • F. de Montpellier et M. Belvaux, La famille de Montpellier. Mélanges, Association familiale Montpellier, 2020, 168 pp.
  • F. de Montpellier et M. Belvaux, Aux origines de la famille de Montpellier, dans Le Parchemin, Office généalogique et héraldique de Belgique, 2011, p. 291-313, et 2012, p. 566.
  • F. de Montpellier, Nos beaux objets armoriés. Des grès de Bouffioulx aux armes Montpellier, dans Le Parchemin, Office généalogique et héraldique de Belgique, 2016, p. 469-487


Voir aussi

Articles connexes

  • Portail de la Belgique
  • Portail de l’histoire
  • Portail de la généalogie
  • Prénoms, noms de famille et anthroponymie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.