Famille Zniber

Zniber (en arabe : زنيبر) est un patronyme porté entre autres au Maroc par plusieurs personnes liées à Salé.

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Étymologie

« Zniber » serait le diminutif de zounbour qui, en arabe, signifie « guêpe » ou « frelon »[1].

Au Maroc

Photo des Frères Hajji (dont Saïd Hajji au premier rang) et Abdelhadi Zniber à l'université de Beyrouth en 1934

La famille Zniber est l'une des familles anciennes de Salé, au Maroc, installée dans la ville à partir de la fin du XVe siècle[2],[3].

Selon l'historien marocain Mohamed Ibn Ali Doukkali, l'origine de la famille Zniber remonte à bien avant la conquête d'Al-Andalus, à la suite de laquelle elle s'installe à Grenade. À la fin du XVe siècle, elle s'installe à Salé à la suite de la chute du Royaume de Grenade[4].

Selon l'écrivaine marocaine Mouna Hachim, une partie de la famille se serait établie dans le Pays Ghomara, le plus grand groupe familial s'étant néanmoins établi à Salé, soit depuis Tétouan soit directement depuis Grenade[5].

Il a aussi pu être noté que :

  • au début du XVIIIe siècle, la famille Zniber s'est exilée à Rabat à la suite de la perte de l'un de ses membres, dans le cadre d'une rivalité avec la famille Fennich, puis obtint du sultan le droit de se venger, mais ne l'utilisa pas, ne désirant pas faire périr d'autres Salétins[6] ;
  • dans les années 1920, elle était estimée comme la famille salétine la plus nombreuse, avec environ 300 membres tous sexes et âges confondus[6].
  • D'après Robert Chastel, à l'époque du Sultan Moulay Hassan la famille Zniber comptait parmi les plus grandes fortunes de Rabat avec les Sabounji, Hassan et Ben Chentouf[7].

Dès la première heure, plusieurs de ses membres furent des nationalistes menant une lutte contre la politique coloniale du protectorat français au Maroc. Par exemple :

  • En 1930, la promulgation du dahir berbère suscita une vague de mécontentement et la rédaction de plusieurs pétitions contre son application ; à Salé, une pétition de protestation contre ledit Dahir rédigée par Abu Bakr Zniber, mufti de Salé et signée par des intellectuels, des fonctionnaires et des commerçants de la délégation salétine: Ahmed Al-Jirari (ou Jariri), Ahmed Hajji (le père de Saïd Hajji) et Ahmed Sabounji[8]. Plusieurs autres Znabra (pl. de Zniber) figurent comme signataires: Abbas Ben Mohammed Zniber, Abdelmajid Ben Mohammed Zniber, Ahmed Zniber, Boubker Ben Tahar Zniber, Larbi ben Boubker Zniber, Mohammed Ben Abdelhadi Zniber et Omar Ben Ahmed Zniber[9].
  • En 1944, Tahar Zniber (fils du mufti Abu Bakr Zniber), qui avait rejoint la cellule clandestine dite « Taïfa »[10] quelques années auparavant, fit partie des signataires du manifeste de l'indépendance du 11 janvier.
  • L'ODAT, milice française contre les cellules nationalistes clandestines distribua un tract où figurait une liste de Français (traîtres à ses yeux) et Marocains à abattre mentionnant le Docteur en médecine Abderrahmane Zniber (plus tard ambassadeur en République populaire de Chine), l'historiographe et médecin Delanoë ou encore Mehdi Ben Barka[11].

L'architecte Jean-François Zevaco a réalisé plusieurs villas pour la famille Zniber[12]

Dans son roman Le Morisque, Hassan Aourid nomme l'un de ses personnages : "Cheikh Zniber"[13].

Notes et références

  1. Dictionnaire des noms de famille du Maroc, p. 534
  2. « Les familles salétines établies dès la fondation de la ville », sur www.selwane.com (consulté le )
  3. « Les grandes familles du Maroc - Chakib Alami pour l'Express », L'Express, (lire en ligne)
  4. Bouyoutat Madinat Sala (Les Maisons de Salé) p. 77
  5. Dictionnaire des noms de famille du Maroc, p. 535
  6. People of Sale : Tradition and Change in a Moroccan City, 1830-1930 [lire en ligne] (consulté le ), p. 59
  7. [Les grandes fortunes de Rabat sous l'ère Moulay Hassan], dans Rabat-Salé: vingt siècles de l'Oued Bou Regreg par Robert Chastel, pp. 118
  8. M'hammed Aouad et Maria Awad, Les Trente Glorieuses ou l'Age d'or du Nationalisme Marocain : 1925-1955 Témoignage d'un compagnon de Mehdi Ben Barka, p. 24
  9. M'hammed Aouad et Maria Awad, Les Trente Glorieuses ou l'Age d'or du Nationalisme Marocain : 1925-1955 Témoignage d'un compagnon de Mehdi Ben Barka, p. 27
  10. Abderraouf Hajji, Saïd Hajji : Naissance de la presse nationale marocaine, (lire en ligne), partie IV, chap. 30 (« Temps forts d'une vie éphémère »)
  11. M'hammed Aouad et Maria Awad, Les Trente Glorieuses ou l'Age d'or du Nationalisme Marocain : 1925-1955 Témoignage d'un compagnon de Mehdi Ben Barka, p. 301
  12. Zévaco et la Famille Zniber, dans Habitat de la bourgeoisie marocaine de Mouna M'hammedi
  13. Le Morisque de Hassan Aourid, Le Soir.

Voir aussi

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Mouna Hachim, Dictionnaire des noms de famille du Maroc, Casablanca, Le Fennec, [détail de l’édition]
  • (ar) Jean Cousté (trad. Abu al-Kacem Achach), Bouyoutat Madinat Sala (Les Maisons de Salé) [« Les Grandes Familles indigènes de Salé »], Imprimerie officielle de Rabat, diffusion de la bibliothèque Sbihi, , p. 77, 78, 79, 80, 82 et 83
    « Informations » sur l'ouvrage original en français, publié en 1931.
  • (en) Kenneth L. Brown, People of Sale : Tradition and Change in a Moroccan City, 1830-1930, Cambridge (Massachusetts), Harvard University Press, , 240 p. (ISBN 978-0-674-66155-4), p. 29, 59, 96 et 180
    Ouvrage « publié en français » au Maroc en 2011.
  • M'hammed Aouad et Maria Awad, Les Trente Glorieuses ou l'Age d'or du Nationalisme Marocain : 1925-1955 Témoignage d'un compagnon de Mehdi Ben Barka, Rabat, LPL, , 391 p. (ISBN 9981-110-08-6, présentation en ligne), p. 24, 27, 36, 38, 39, 40, 56, 58, 73, 82, 106, 117, 182, 185 et 301

Articles connexes

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