Fahrelnissa Zeid

La princesse Fahrelnissa Zeid d'Irak (également orthographié avec un s à Fahrelnisa) ou الأميرة فخر النساء زيد, Fakhr un-nisa ou Fahr-El-Nissa Fakhr un-nisa Fierté des femmes » en arabe), née le dans l'île de Büyükada (Istanbul, Turquie) et morte le à Amman (Jordanie), est une artiste turque dont les œuvres mélangent les éléments d'art islamique, d'art byzantin, d'art abstrait et des influences occidentales. Elle travaille sur divers supports tels de grandes toiles, collages et panneaux de verre teinté.

Son nom d'artiste international est Fahr el Nissa Zeid.

Biographie

Jeunesse

Fahrelnissa Zeid naît en 1901 à Istanbul, sur l'île de Büyükada, la plus grande des neuf Iles des Princes, dans une grande famille ottomane[1]. Son père, Şakir Pasha (Kabaağaçlı), était un diplomate ottoman, militaire, photographe et historien, et frère du Grand Vizir Cevat Pasha (1891-1895). Sa mère, peintre[2], était la Crétoise Sare Ismet Hanim, que son père a rencontré alors qu'il était ambassadeur en Grèce. Il mourra en 1913, tué par son fils, Cevat, condamné pour meurtre.

Scolarisée au collège Notre Dame de Sion d'Istanbul, comme toutes les jeunes filles de l'élite du pays, elle commence à dessiner et à peindre très jeune. Sa première œuvre connue est un portrait de sa grand-mère, peint lorsqu'elle avait 14 ans. En 1919, elle est l'une des premières femmes à accéder à l'académie des beaux-arts (Guzel Sanatlar Akademisi) d'Istanbul. Par la suite, elle étudie également à l’Académie Ranson, à Paris (1928) et suit les cours de Roger Bissière et Stahlbach[3]. À son retour à Istanbul en 1929, elle retourne à l'académie des beaux-arts.

À l'âge de 19 ans, en 1920, elle épouse en premières noces le romancier Izzet Melih Devrim. Celui-ci l'emmène en voyage de noces à Venise, où elle découvre pour la première fois la tradition picturale européenne. Ensemble, ils ont trois enfants, dont l'aîné, Faruk, né en 1921, meurt de la scarlatine en 1924 ; Nejad, né en 1923, deviendra peintre et Şirin, née en 1926, actrice.

Cette union se solde par un divorce et Fahrelnissa Zeid épouse en 1933 le prince Zeid bin Hussein[4], ambassadeur d'Irak à Ankara et frère du roi Fayçal Ier. De cette union naît un fils, le prince Ra'ad bin Zeid. Son mari devient ensuite le premier ambassadeur du royaume d'Irak en Allemagne et le couple s'installe à Berlin, où Fahrelnissa Zeid organise de nombreuses réceptions.

Après l'Anschluss, en , la famille est rappelée en Irak et emménage à Bagdad. Fahrelnissa Zeid s'y ennuie et tombe dans la dépression. Un médecin viennois lui conseille de retourner à Paris et elle passe ainsi les années suivantes à voyager entre Paris, Budapest et Istanbul, tentant de s'immerger dans l'art pour se guérir.

Liens de parenté

Membre de la famille royale hachémite d'Irak, Fahrelnissa Zeid est la grand-mère du prince Zeid Ra'ad Zeid Al-Hussein, actuel prétendant au trône d'Irak et diplomate auprès des Nations unies. Elle est la sœur de l'écrivain Cevat Şakir Kabaağaçlı (Halikarnas Balıkçısı) et de la peintre Aliye Berger[5].

Elle est la tante de la céramiste Fureya Koral[6].

Carrière artistique

En 1941, elle revient définitivement à Istanbul et se concentre sur la peinture, s'engageant auprès du D Grubu[4] d'Istanbul, un groupe de peintres d'avant-garde présents dans la toute nouvelle république de Turquie de Mustafa Kemal Atatürk. Bien que cette association soit brève, les expositions auxquelles elle participe avec le collectif donne à Fahrelnissa Zeid la confiance nécessaire, à partir de 1945, pour exposer seule.

Sa première exposition personnelle se fait chez elle, dans son appartement de Maçka, à Istanbul, puis à Londres et Paris où elle est remarquée par le critique Charles Estienne et l'artiste André Breton.

Ses débuts à New York ont lieu dans les années 1950 avec une série de grandes toiles abstraites présentées à la Galerie Hugo. Elle participe à divers expositions en Europe, aux États-Unis et au Moyen-Orient[3],[7],[8],[9],[10],[11]. Elle est une grande admiratrice de Breugel[3].

À la fin des années 1960, elle intègre des os de volaille peints dans certains de ses œuvres intitulées Paléokrystalos[12], œuvres rappelant les vitraux[13].

Son second mari meurt en 1970. En 1975, elle s'installe à Amman, en Jordanie, où vit son fils Raad et où elle établit le Fahrelnissa Zeid Institute of Fine Arts.

Morte le , elle est enterrée au mausolée royal du palais Raghdan à Amman.

Postérité

Sa biographie, Fahrelnissa Zeid: Painter of Inner Worlds, est écrite par son ancienne élève Adila Laïdi-Hanieh, en 2017. Le livre reconstruit sa carrière et souligne l'importance de son immersion dans la culture européenne et de sa psychologie personnelle dans la formation de sa pratique artistique. Le livre réfute notamment les interprétations orientalistes de son art, et redéfinit Fahrelnissa Zeid comme une artiste moderniste majeure[14].

Références

  1. (en) « Fahrelnissa Zeid », extrait de la notice dans le dictionnaire Bénézit, sur Oxford Art Online, (ISBN 9780199773787).
  2. Karine Chevalier, « (Re)découvrir l’artiste turque Fahrelnissa Zeid », (consulté le ).
  3. (en) Suzy Gauntlett, « The Painter Princess », sur Tate Gallery, (consulté le ).
  4. Adila Laïdi-Hanieh, « Fahrelnissa Zeid », AWARE : Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, (lire en ligne).
  5. Voir sur Wikipedia en anglais.
  6. (en) Archives, Museums and Collecting Practices in the Modern Arab World, publiées par le professeur John Pedro Schwartz et le professeur Sonja Mejcher-Atassi.
  7. (en) « Fahrelnissa Zeid in four key works », sur Tate Gallery (consulté le ).
  8. (en) Bonhams sets new world record for Turkish Artist Fahrelnissa Zeid (1901-1991).
  9. (en) Dirimart, pdf.
  10. WorldCat, Midi nocturne ; lithos de Fahr-el-Nissa Zeid ; texte de Charles Estienne, éditions de Beaune, 1951.
  11. Galerie Dina Vierny.
  12. Hélène Gheysens, « « Fahrelnissa Zeid », le miel de la vie à la Tate Modern », AWARE : Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, (lire en ligne).
  13. (en) « Fahrelnissa Zeid: 13 June – 8 October 2017 », sur Tate gallery (consulté le ).
  14. Laïdi-Hanieh 2017.

Annexes

Bibliographie

  • (en) Sirin Devrim, A Turkish Tapestry: The Shakirs of Istanbul, Londres, Quartet, 1996 (ISBN 978-0704370630)
  • (en) Kerryn Greenberg, The Evolution of an Artist, Londres, Tate Publishing, 2017 (ISBN 9781849764568).
  • (en) Adila Laïdi-Hanieh, Fahrelnissa Zeid : Painter of Inner Worlds, Londres, Art/ Books, (ISBN 978-1-908970-31-2, présentation en ligne)
  • Clotilde Scordia, Istanbul Montparnasse, les peintres turcs de l'Ecole de Paris, éd. Déclinaison 2021 (ISBN 978-2955331040)

Liens externes

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