Factitif

En linguistique, le factitif est une forme verbale qui indique que le sujet fait faire (ou parfois laisse effectuer) l'action par un autre agent que lui-même.

En français, le factitif est typiquement exprimé par le verbe faire employé comme semi-auxiliaire :

Exemple :

Pierre a fait construire une maison.
Jean a fait tomber Paul.
Pierre fait conduire sa voiture par son chauffeur.

Lorsque le sens est « laisser faire, ne pas s'opposer à, tolérer, autoriser », on emploie laisser + infinitif :

Exemple :

Les policiers nous ont finalement laissé passer.[1]

Il faut distinguer forme factitive et sens factitif. Ainsi, un verbe comme construire peut être employé dans un sens factitif :

Exemple :

Pierre construit une maison en banlieue. [Il la construit lui-même, ou il la fait construire, selon le cas.] [2]

On appelle « transformation factitive » l'enchâssement d'une proposition en position objet dans une phrase comportant le verbe faire[2].

Exemple :

Pierre a fait que l'on construit une maison.

Le factitif est souvent assimilé au causatif, mais ce dernier a généralement le sens plus large de « faire en sorte que », ou « être cause d'un état résultant de l'action effectuée ».

Exemple :

Pierre a caramélisé du sucre [Pierre a fait (en chauffant) que le sucre est devenu caramel] [2]

Notes et références

  1. La question de l'accord du participe passé de laisser suivi d'un infinitif est traditionnellement qualifiée de délicate. Le Dictionnaire Larousse des difficultés (1971) indique que « la tendance est pour l'invariabilité du participe passé » dans ce cas, « que le sens soit actif ou passif », tout en « conseillant malgré tout » d'appliquer à laissé la même règle que pour les autres participes suivis d'un infinitif. Le Dictionnaire Robert d'orthographe et d'expression écrite (André Jouette, 1993) distingue : Je les ai laissés partir (ils ont fait l'action de partir) de Les meubles, je les ai laissé emporter (ils ont subi l'action d'être emportés). Les rectifications orthographiques de 1990 disent clairement (André Goosse, La « nouvelle » orthographe, 1991) que « le participe passé laissé suivi d'un infinitif reste invariable » dans tous les cas, « laisser, comme faire, pren[ant] un sens spécial devant un infinitif ».
  2. Dictionnaire de Linguistique Larousse, 1991, (ISBN 2-03-340308-4)

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