Félix Kir

Félix Kir, né le à Alise-Sainte-Reine (Côte-d'Or) et mort le à Dijon, connu surtout sous le titre de chanoine Kir, est un prêtre séculier, un chanoine et un homme politique français. Résistant, il fut, après-guerre, député-maire de Dijon durant 22 ans. Dans les années 1950, son nom a été donné à un cocktail, le kir.

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Félix Kir

Le chanoine Kir en 1963.
Fonctions
Maire de Dijon

(22 ans, 11 mois et 12 jours)
Élection
Réélection 1947, 1953, 1959 et 1965
Prédécesseur Georges Connes
Successeur Jean Veillet
Député de la Côte-d'Or

(22 ans)
Législature 1re et 2e Assemblée constituante
Ire, IIe et IIIe (Quatrième République)

Ire et IIe (Cinquième République)

Groupe politique RI (1945-1955)
IPAS (1956-1962)
RD (1962-1967)
Successeur Robert Poujade
Biographie
Nom de naissance Félix Adrien Kir
Date de naissance
Lieu de naissance Alise-Sainte-Reine ( France)
Date de décès
Lieu de décès Dijon ( France)
Parti politique CNI

Biographie

Origines et carrière ecclésiastique

Issu d'une famille originaire d'Alsace et installée à Alise-Sainte-Reine[1], Félix Kir naît dans ce village en 1876. En 1891, il entre en quatrième au petit séminaire de Plombières-lès-Dijon et est ordonné prêtre en 1901. Il est successivement vicaire à Auxonne ; curé de Drée ; vicaire à l'église Notre-Dame de Dijon de 1904 à 1910 ; curé de Bèze de 1910 à 1924, ministère au cours duquel il est mobilisé pendant la guerre dans les services de santé. De 1924 à 1928, il est curé de Nolay. En 1928, l'évêque de Dijon le nomme directeur des œuvres et groupements d'hommes et des œuvres de presse. Il s'installe alors à Dijon. Il est nommé chanoine honoraire en 1931.

Résistant

La Seconde Guerre mondiale permet au chanoine Kir d'exercer des responsabilités publiques. Le , alors que le maire de Dijon, Robert Jardillier, a quitté la ville, le chanoine Kir est nommé membre de la délégation municipale de Dijon. Il fait évader 5 000 prisonniers de guerre français du camp de Langres[2]. Cet acte lui vaut d'être détenu par les Allemands d'octobre à décembre 1940, puis relâché ; mais il perd alors ses fonctions municipales. Il est à nouveau arrêté, deux jours, en 1943. Son attitude patriote lui attire l'hostilité des collaborateurs. Le 26 janvier 1944, il est victime à son domicile d'un attentat perpétré non pas par la Milice, mais par des membres de la Ligue Française, une organisation collaborationniste[3]. Blessé de plusieurs balles, hospitalisé, il se soustrait aux recherches de la Gestapo en quittant Dijon, où il revient le , jour de la Libération de la ville.

Il est nommé chevalier de l'ordre national de la Légion d'honneur en 1946 et cité à l'ordre de l'armée. En 1957, il est élevé au rang de commandeur de la Légion d'honneur[4].

Député-maire de Dijon

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En mai 1945, le chanoine Kir est élu maire de Dijon et le reste jusqu'à sa mort, étant réélu en 1947, 1953, 1959 et 1965. Il est conseiller général de Côte-d'Or et député à l'Assemblée nationale de 1945 à 1967, et inscrit au CNI. Il fut le doyen de l'Assemblée nationale de 1958 à 1967 et présida, en tant que doyen d'âge, la première séance de la Ve République[5].

À Dijon, sa réalisation la plus notable est le lac artificiel à l'ouest de la ville, créé pour agrémenter la ville et réguler les crues de l'Ouche. Inauguré le 20 juin 1964, il reçoit officiellement en 1965 le nom de lac du chanoine Kir. Sous les mandats du chanoine Kir, de nouveaux quartiers de Dijon sont urbanisés, notamment celui de la Fontaine-d'Ouche.

Le maire de Dijon apprécie les jumelages : il jumelle sa ville avec York et Dallas en 1957, Mayence en 1958, Reggio d'Émilie en 1963, Meknès en 1967. Dijon et Stalingrad sont associées en 1959.

Monument au chanoine Kir, au lac Kir de Dijon.

C'était un personnage truculent, aux réparties mordantes. Il travailla de son vivant à créer sa propre légende, en s'attribuant des actions exceptionnelles. Il n'hésita pas à prendre le képi pour faire la circulation dans les rues de Dijon. À un député communiste qui l'invectivait sur sa foi, refusant qu'on pût croire en Dieu sans jamais l'avoir vu, il répondit :

« Et mon cul, tu l'as pas vu, et pourtant il existe ! »

Prêtre député, il portait, comme l'abbé Pierre, la soutane sur les bancs et à la tribune de l'Assemblée nationale[6]. À la tribune de l’assemblée, il eut cette formule :

« Mes chers confrères, on m’accuse de retourner ma veste et pourtant, voyez, elle est noire des deux côtés. »

Lors d'une visite officielle en France, le premier secrétaire du Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS), Nikita Khrouchtchev, vint à Dijon le 28 mars 1960 pour rencontrer le chanoine Kir. Cette entrevue ne put avoir lieu, le chanoine en ayant été dissuadé par l'évêque de Dijon, soutenu par la Commission permanente de l'Épiscopat, en raison des persécutions commises contre les catholiques dans les pays communistes. L'après-midi du 28 mars 1960, Félix Kir quitta Dijon et n'y revint que le soir, pour éviter que se déroulent des manifestations devant son domicile, au moment de la visite de Khrouchtchev. Cet épisode, déformé par la presse, fut présenté comme un « enlèvement » du chanoine Kir. Cependant, le chanoine rencontra quelques semaines plus tard Nikita Khrouchtchev à l'ambassade soviétique à Paris, le 17 mai 1960. Puis il fut invité à lui rendre visite en septembre 1964 à Moscou, et il s'entretint avec lui au Kremlin[7].

Cette rencontre, ainsi que le jumelage (officiellement « protocole d'amitié ») de Dijon avec Stalingrad (aujourd'hui Volgograd) en 1959, firent de lui le plus célèbre « anticommuniste pro-bolchevik de l'Histoire de France ». Cela lui valut un désistement en sa faveur du candidat communiste au second tour des élections législatives de 1962 (alors qu'il était membre d'un parti nettement à droite, le Centre national des indépendants et paysans). Il fut alors réélu face au candidat gaulliste, réélection qui n'aurait pas été assurée sans ce désistement.

Décès

Le chanoine Kir meurt à 92 ans le 25 avril 1968, des suites d'une chute dans des escaliers. Son adjoint, le Docteur Jean Veillet, le remplace pour trois ans à la tête du conseil municipal, mais ne se présente pas aux élections municipales en 1971. Robert Poujade lui succède alors pour trente années à la mairie de Dijon.

Kir, l'apéritif

Le chanoine donna son nom à une recette de vin blanc-cassis, le kir, que la mairie servait à ses invités depuis plusieurs décennies. En 1952, le chanoine concéda l'exclusivité du nom à la maison Lejay-Lagoute. Néanmoins, pour ne pas peiner les autres liquoristes de Dijon, il leur permit également d'utiliser son nom, ce qui provoqua un conflit : un arrêt de la Cour de cassation du 27 octobre 1992 réserva l’exclusivité du Kir à la maison Lejay-Lagoutte, mais cet arrêt ne fut jamais appliqué[2]. Lorsqu'il se rendait à l'Assemblée, il emportait un cabas contenant une bouteille de vin blanc et une bouteille de liqueur de cassis et il offrait un kir à ses compagnons de voyage.

Décorations

Œuvres littéraires

  • Félix Kir, Le Problème Religieux à la portée de tout le monde, Dijon, Imprimerie R. de Thorey, 1924, 119 p.
  • Réédition : Chanoine Kir, Le Problème Religieux à la portée de tout le monde, Paris, Imprimerie des Orphelins d'Auteuil, 1950, 136 p., avec préface de Maurice Feltin, archevêque de Paris, du 6 janvier 1950.

Adaptation télévisée

Références

  1. Devance 2007, p. 14-15.
  2. Jean Vitaux, « Des bienfaits du cassis et de la truculence du Chanoine Kir », chronique « Histoire et gastronomie » [audio], sur Canal Académie.
  3. Devance 2007, p. 94.
  4. « Notice de Félix Kir », sur BNF (consulté le ).
  5. « Débats parlementaires : séance du mardi  », Journal officiel de la République française, , p. 1 (lire en ligne)
  6. Anne Chemin, « « La loi de 1905, étape fondamentale de la laïcisation de la République française, est libérale et tolérante » », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
  7. Devance 2007, p. 308-321.
  8. , http://www2.culture.gouv.fr/public/mistral/leonore_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=NOM&VALUE_1=KIR

Annexe

Liens externes

Bibliographie

  • Jean-François Bazin et Alain Mignotte, Le chanoine Kir a-t-il existé ?, Dijon, Massebœuf, , 183 p. (OCLC 489744287, notice BnF no FRBNF35173750).
  • Jean-François Bazin et Alain Mignotte, Pour le meilleur et pour le kir, le roman d'un mot-culte, Mâcon, JPM, , 209 p. (ISBN 2-84786-008-8 et 978-2-84786-008-5, OCLC 469982601, notice BnF no FRBNF38916037).
  • Jean-François Bazin, Le chanoine Kir : la vie fantasque d'un homme politique en soutane, Paris, Colin, 2018.
  • Louis Muron, Le Chanoine Kir, Paris, Presses de la Renaissance, , 235 p. (ISBN 2-85616-801-9 et 978-2-85616-801-1, OCLC 319800634, notice BnF no FRBNF39118908).
  • Charles Marquès, Le XXe siècle à l'hôtel de ville de Dijon, Précy-sous-Thil, Éditions de l'Armançon, , 316 p. (ISBN 2-84479-100-X et 978-2-84479-100-9, OCLC 77266090, notice BnF no FRBNF40957228).
  • Louis Devance, Kir, je te pardonne : Le chanoine et son assassin, Précy-sous-Thil, Éditions de l'Armançon, , 271 p. (ISBN 2-84479-095-X et 978-2-84479-095-8, OCLC 75252331, notice BnF no FRBNF40923641).
  • Louis Devance, Le chanoine Kir : L'invention d'une légende, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, coll. « Sociétés », , II-471 p. (ISBN 2-915552-66-5 et 978-2-915552-66-9, OCLC 470906867, notice BnF no FRBNF41030660).
  • René Rémond, L'Anticléricalisme en France de 1815 à nos jours, Paris, Fayard, (1re éd. 1976), X-420 p. (ISBN 2-213-60260-3 et 978-2-213-60260-8, OCLC 612532023, notice BnF no FRBNF37181491), p. 338 sqq.
    Sur l'« enlèvement » du chanoine Kir.
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