Evil Skins

Evil Skins est un groupe de rock anticommuniste français. Formé en 1983, ils publient deux disques sur les labels Intensive Produc. et Evil Records (réalisé par Rock-O-Rama). Le groupe est dissous en 1987.

Ne doit pas être confondu avec Zyklon (groupe).

Evil Skins
Autre nom Zyklon B
Pays d'origine France
Genre musical Rock Against Communism
Années actives 19831987
Labels Evil Records, Rock-O-Rama Records
Composition du groupe
Anciens membres Iman Zarandifar (Sniff)
Régis Kerhuel (Régis du Havre) †
William Deligny (P'tit Willy)
Cornette / Renaud / Bertrand

La réputation sulfureuse du groupe et leur attitude provocante, leur permettent de constituer une certaine légende dans le milieu skinhead d'extrême droite, où ils restent jusqu'à présent une référence sur le plan historique. Après la séparation du groupe pour cause de changement d'idées, Sniff, P'tit Willy et Bertrand, forment en 1990 un autre groupe, apolitique, appelé les Teep'n Teepatix.

Biographie

Débuts et notoriété (1983–1987)

Le groupe, dans un premier temps nommé Zyklon B, originaire de la région parisienne et de Le Havre, est formé en 1983. Il est d'abord composé d'Iman Zarandifar (alias Sniff ou Fesni) au chant, à la guitare William Deligny (connu par le surnom P'tit Willy), Régis Kerhuel (1965-2019)[1] à la basse, et Cornette à la batterie. Puis Renaud joint le groupe à la guitare et Bertrand à la basse à la place de Régis et devient également le manager.

Au début des années 1980, Sniff et P'tit Willy, rencontrent Madskin (qui a des notions de basse) et Cornette, skinheads du Havre, avec qui ils décident de monter un groupe de rock anti-communiste. En 1984, à la sortie d'un bar-concert, à Paris, dans le quartier festif d'Oberkampf, une bagarre oppose le chanteur, Sniff, à Laurent Jacqua, un jeune de 17 ans. Sniff est blessé d'un coup de revolver : il est atteint à la colonne vertébrale et restera paralysé. À la suite de cet événement, le chanteur continue malgré tout au sein des Evil Skins, chantant désormais en chaise roulante.

En 1986, ils publient leur premier 45 tours Docteur Skinhead sur leur label Intensive Produc., qui fera connaître le groupe dans le milieu skinhead. Pour leur premier concert, ils assistent à une scène ouverte et prennent d'assaut la scène, virent les musiciens qui y jouent, prennent leurs instruments, et jouent. C'est la photo qu'il y a sur le premier 45 tours des Evil Skins.

L'année suivante, sortira leur album intitulé Une force, une cause, un combat sur le label Evil Records (réalisé par Rock-O-Rama Records). Parmi leurs titres les plus connus du groupe, peuvent être mentionnés : La Zyklon Army, Bêtes et méchants, Paris by Night, Marcel ne regrette rien, Vivre pour frapper, Docteur Skinhead, Le Poisseux, Un amour perdu, et Luxembourg.

Années 1990

Après la séparation du groupe pour cause de changement d'idées en 1987, Sniff, P'tit Willy et Bertrand, forment en 1990 un autre groupe appelé les Teep'n Teepatix (sans Feils), groupe totalement apolitique qui fera la première partie d'un concert des Wampas en 1990. A partir des années 1990, Ils se démarquent et s'éloignent rapidement de la mouvance skinhead. Il apparaît désormais que P'tit Willy, ex-guitare du groupe, est en train de remonter un groupe dont les paroles traitent notamment de la non-violence, du végétarisme, et de la discrimination religieuse et raciale.

En 1995, leur ancien label, Evil Records, publient une compilation éponyme en hommage à Evil Skins.

Lors de cette décennie, Sniff change de mode de vie et s'installe à Ibiza. Dans une interview accordée en 1992, il s'explique sur son appartenance passée en affirmant qu'il s'agissait davantage d'une manifestation du rejet de la société que d'une réelle adhésion au néo-nazisme. En 1996, le chanteur, s'oriente vers la spiritualité[2].

Années 2000 et 2010

Régis Kerhuel, l'ex-bassiste du groupe, et militant des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR) où il est réputé être le second de Serge Ayoub, est condamné en octobre 2000 à vingt ans de réclusion criminelle pour sa participation au meurtre de James Dindoyal au Havre, le 18 juin 1990. Il est libéré en 2010 après avoir effectué la moitié de sa peine[3],[4],[5] (il avait été arrêté en 1998)[6]. Il décède le 8 août 2019, à l'age de 54 ans[7].

Depuis, le guitariste du groupe, quant à lui, se considère comme un skinhead repenti et est à présent moine Vaishnava dans une communauté hindoue[8]. Auteur de livres religieux, Il ouvre un centre puis un monastère à Rouen en 2003. En 2013, Il témoigne dans le cadre de l'affaire Clément Méric[9].

Idéologie et symbolisme

Le premier nom du groupe est Zyklon B[10] et la bande qui s'agglomère autour de lui est appelée la Zyklon Army. Mais d'après le sociologue et journaliste Eric Rossi, ancien des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires, Serge Ayoub décide rapidement de se débarrasser des membres non-européens pour remplacer la Zyklon Army par le Nazi Klan dont les skins de Luxembourg viennent alors grossir les rangs[11]. Le Nazi Klan a un uniforme et un insigne : la rune d'Odal rouge sur fond noir que les Evil Skins porteront au bras gauche et représenteront sur leurs disques et leurs affiches.

La rune d'Odal rouge est un abrégé de la philosophie politique relativement succincte des Evil Skins et du Nazi Klan. Le symbole est emprunté à la Wiking Jugend, mouvement allemand de scoutisme national-socialiste recréé par d'anciens cadres de la Hitler Jugend. Il renvoie à l'idéologie Blut und Boden de Richard Walther Darré et signifie l'attachement de la race (le sang) à la terre (le sol), tout groupe humain étant d'après Darré indissociable du seul territoire où son potentiel peut s'exprimer[12].

Au début de la Seconde Guerre mondiale, la rune d'Odal est adoptée par la 7e division SS « Prinz Eugen » composée de volontaires Volksdeutsche, c'est-à-dire d'Allemands qui, à la suite du démembrement de l'Empire allemand et par le jeu du redécoupage territorial de l'Europe, s'étaient retrouvés derrière les frontières nationales et avaient résisté à la fois à la déportation (enracinement dans le sol) et à l'assimilation (préservation du sang)[13]. Le port de la rune d'Odal rouge sur fond noir est désormais interdit dans la Communauté européenne du fait de la jurisprudence allemande, le ministère de l'Intérieur de la République Fédérale d'Allemagne ayant dissous la Wiking-Jugend le , et déclaré ses insignes hors-la-loi[14].

Les Evil composeront aussi l'hymne des JNR sous le titre Croire, combattre, obéir qui est une traduction du mot d'ordre fasciste de Benito Mussolini Credere! Obbedire! Combattere!.

Style musical

Artistiquement très différents de leur rival Légion 88, les Evil Skins se singularisent sur les morceaux les plus originaux par une fusion de musique ska et punk, syncopé avec accompagnement et solos de cuivres. Le style des textes, rédigés dans un mélange de verlan et d'argot exubérant, est également insolite et invariablement teinté de clownerie nihiliste, mais ce caractère auto-parodique renforce l'impression menaçante de violence arbitraire et d'euphorie meurtrière. C'est le style « bête-et-méchant » qui n'a que très peu d'équivalents sur la scène musicale nationale ou internationale. Il participe d'une inspiration commune aux groupes punks et skinheads originaux : L'Orange mécanique d'Anthony Burgess, qui relate les exactions des « drougies » d'Alex DeLarge[15]. Ainsi, par exemple, « Luco » dans « skinhead de Luco » est un croisement manifeste entre Luxembourg, Lucotetia, et Ludovico technique.

Discographie officielle

EP

  • 1986 : Docteur Skinhead – (Intensive Produc.)

LP

  • 1987 : Une force, une cause, un combat – (Evil Records / Rock-O-Rama Records)

Compilations

  • 2017 : Bêtes Et Méchants – (Rappel A L'Ordre Productions)

Notes et références

  1. Fichier des décès de l'INSEE
  2. Auteur laterredabord, « Interview du vaishnave Yati Swami » (consulté le )
  3. Emmanuel Lemieux, Génération tonton, Paris, Don Quichotte, , 476 p. (ISBN 978-2-35949-008-4, OCLC 708737620), p. 323 et 403
  4. Benoït Marin-Curtoud, Planete skin : les groupuscules neo-nazis face a leurs crimes, Editions L'Harmattan, , 204 p. (ISBN 978-2-296-14717-1, OCLC 953222638, lire en ligne), p. 191 et suiv..
  5. Patricia Tourancheau, « Les deux skins nient nazisme et meurtre. », Libération.fr, (lire en ligne, consulté le ).
  6. Patricia Tourancheau, « Skins tueurs à la bière empoisonnée. Les meurtriers d'un Mauricien au Havre démasqués huit ans après », liberation.fr, 9 novembre 1998.
  7. Base de données des décès de l'INSEE
  8. « skinhead repenti ».
  9. « Meurtre de Clément Méric : témoignage d'un ancien skinhead sur l'ultraviolence », sur France 24, (consulté le )
  10. (de) Christian Dornbusch, Jan Raabe, RechtsRock: Bestandsaufnahme und Gegenstrategien, Unrast, 2002, p. 25 (ISBN 3-89771-808-1)
  11. Eric Rossi et Hugues Portelli (dir.), Jeunesse française des années 80-90 : la tentation néo-fasciste, Paris, Université Panthéon-Assas L.G.D.J, coll. « Travaux et recherches Pantheon-Assas Paris II », , 382 p. (ISBN 978-2-275-00272-9, OCLC 237363517).
  12. (de) Karlheinz Weissmann Droste, Schwarze Fahnen, Runenzeichen: die Entwicklung der politischen Symbolik der deutschen Rechten zwischen 1890 und 1945, 1991, p. 214 (ISBN 3-7700-0937-1)
  13. (en) John Angolia et Stan Cook, Cloth insignia of the SS, San José, Calif, R. James Bender Pub, , 496 p. (ISBN 978-0-912138-28-2, OCLC 21301811), p. 329.
  14. (de) Dirk Reuter, Verbotene Symbole: eine strafrechtsdogmatische Untersuchung zum Verbot von Kennzeichen verfassungswidriger Organisationen, Nomos, 2005, page 176 (ISBN 3-8329-1483-8).
  15. (en) Jack B. Moore, Skinheads Shaved for Battle : A Cultural History of American Skinheads, Bowling Green, OH, Bowling Green State University Popular Press, , 200 p. (ISBN 978-0-87972-582-2 et 978-0-879-72583-9, OCLC 924962750, lire en ligne), p. 49.
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