Eupolémos d'Élis

Eupolémos d'Élis (grec ancien : Εὐπόλεμος Ἠλεῖος) ou Eupolis d'Élis[N 1] est un athlète de la Grèce antique originaire de la cité d'Élis. Il remporta plusieurs pentathlons lors des jeux panhelléniques.

Sa victoire au stadion lors des XCVIes Jeux olympiques, en 396 av. J.-C., lui fut contestée par le deuxième, Léon d'Ambracie, qui remit en cause l'impartialité des juges, d'Élis eux aussi. Ce fait est quasiment unique dans l'histoire olympique antique. Au terme de la procédure d'appel initiée par Léon, les deux juges ayant décidé en faveur d'Eupolémos furent condamnés à verser une amende, mais sa victoire lui resta acquise.

Victoire olympique contestée

Eupolémos d'Élis remporta la course à pied du stadion d'une longueur d'un stade (environ 192 m) lors des XCVIes Jeux olympiques, en 396 av. J.-C.[1],[2],[3],[4]. Cependant, la course ayant été très serrée, sa victoire fut contestée par le deuxième, Léon d'Ambracie[5],[6],[7],[8],[9].

Trois juges-arbitres, les hellanodices, étaient chargés de superviser les épreuves de course à pied, tâche ardue[10],[N 2]. Il devait être particulièrement difficile de départager une vingtaine d'hommes nus répartis sur plus de 20 mètres de large à l'arrivée d'un sprint d'un peu moins de 200 mètres. Le mois d'entraînement obligatoire à Olympie avant les Jeux, supervisé par les hellanodices, avait aussi pour fonction de permettre à ces derniers de distinguer les athlètes entre eux. Cependant, avec la poussière soulevée par la course, une hésitation restait possible. Malgré tout, le public nombreux pouvait lui aussi juger de l'arrivée, et les sources n'évoquent pas de protestation des spectateurs lorsque les hellanodices annoncèrent la victoire d'Eupolémos. Néanmoins, celui-ci courait à domicile, alors que Léon arrivait d'une petite cité lointaine, Ambracie[11].

L'organisation des Jeux relevait en effet de la cité d'Élis et les juges-arbitres en étaient tous originaires. Deux des trois juges de la course à pied avaient attribué la victoire à Eupolémos, leur compatriote ; le troisième avait désigné Léon d'Ambracie. Ce dernier fit appel auprès du Conseil olympique[N 3], accusant les juges de s'être laissés corrompre financièrement. La victoire fut conservée à Eupolémos[5],[6],[7],[8],[9]. C'est en effet sa statue, réalisée par Dédale de Sicyone, que Pausanias décrit sur l'Altis[3],[6],[9],[12].

Cette remise en cause des hellanodices est une exception dans l'histoire des Jeux olympiques. Les auteurs antiques s'accordent en effet plutôt pour vanter leurs qualités et leur impartialité[N 4],[13]. Les deux juges ayant décidé en faveur d'Eupolémos furent pourtant condamnés par le Conseil olympique à payer une amende, dont le montant n'est pas connu[3],[7],[14]. Les amendes infligées aux athlètes étaient souvent très élevées ; celles des arbitres pourraient aussi l'avoir été[14],[15]. Il est possible que la somme ait été reversée à Léon d'Ambracie, en guise de compensation[14]. Ce verdict du Conseil olympique surprend[N 5], mais il est très probable que celui-ci n'ait pas eu la capacité de revenir sur une décision des hellanodices, avant tout pour des raisons religieuses, puisque les vainqueurs étaient considérés comme ayant été choisis par les dieux[16].

L'accusation de corruption portée par Léon d'Ambracie pose elle aussi problème. Si elle avait été avérée, Eupolémos d'Élis aurait été lui aussi condamné à une amende, or cela ne semble pas avoir été le cas. Il est cependant toujours possible que quelqu'un d'autre ait payé les juges pour décider en faveur d'Eupolémos. Il est aussi possible qu'ils aient favorisé leur compatriote, soit consciemment, soit inconsciemment : connaissant mieux Eupolémos que les coureurs étrangers, ils auraient pu croire, de bonne foi, le voir arriver en premier. Enfin, il y a une dernière possibilité : comme les hellanodices étaient tirés au sort parmi les citoyens d'Élis, les arbitres de la course à pied des XCVIes Jeux étaient peut-être incompétents[17].

Pentathlète

Eupolémos d'Élis remporta le pentathlon deux fois aux Jeux pythiques (probablement en 398 et 394 av. J.-C.) et une fois aux Jeux néméens (probablement en 397 av. J.-C.)[3],[6],[7],[18].

Annexes

Sources antiques

Bibliographie

  • (en) Paul Christesen, Olympic Victor Lists and Ancient Greek History, New York, Cambridge University Press, , 580 p. (ISBN 978-0-521-86634-7).
  • (en) Nigel B. Crowther, « ‘Sed quis custodiet ipsos custodes?’ The impartiality of the Olympic judges and the case of Leon of Ambracia », Nikephoros, no 10, , p. 149-160.
  • (en) Mark Golden, Sport in the Ancient World from A to Z, Londres, Routledge, , 184 p. (ISBN 0-415-24881-7).
  • (en) Harold Arthur Harris, Greek athletes and athletics, Londres, Hutchinson, , 244 p..
  • (en) Victor Matthews, « Olympic Losers: Why Athletes Who Did Not Win at Olympia Are Remembered », dans G. P. Schaus et S. R. Wenn, Onward to the Olympics : Historical Perspectives on the Olympic Games, Waterloo, Presse universitaire Wilfrid Laurier (Institut canadien en Grèce), (ISBN 978-0889205055, lire en ligne), p. 81-93.
  • (en) David Matz, Greek and Roman Sport : A Dictionnary of Athletes and Events from the Eighth Century B. C. to the Third Century A. D., Jefferson et Londres, McFarland & Company, , 169 p. (ISBN 0-89950-558-9).
  • (it) Luigi Moretti, « Olympionikai, i vincitori negli antichi agoni olimpici », Atti della Accademia Nazionale dei Lincei, vol. VIII, , p. 55-199.
  • (en) David Gilman Romano, « Judges and Judging at the Ancient Olympic Games », dans G. P. Schaus et S. R. Wenn, Onward to the Olympics : Historical Perspectives on the Olympic Games, Waterloo, Presse universitaire Wilfrid Laurier (Institut canadien en Grèce), (ISBN 978-0889205055, lire en ligne), p. 95-113
  • (en) Frank Zarnowski, The Pentathlon of the Ancient World, Jefferson et Londres, McFarland & Company, , 216 p. (ISBN 978-0-7864-6783-9 et 0-7864-6783-5, lire en ligne).

Notes et références

Notes

  1. Diodore de Sicile utilise cette graphie.
  2. Depuis les 95e Jeux, en 400 av. J.-C., le nombre d'hellanodices avait été augmenté, peut-être pour faire face aux difficultés d'arbitrage. (Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne] (5, 9, 5) et Crowther 1997, p. 153).
  3. Cette entité est assez mal connue, bien qu'elle soit présente dans de nombreuses inscriptions. Ce conseil pourrait avoir été composé d'anciens hellanodices ou de membres des principales familles d'Élis. La procédure d'appel n'est pas non plus connue. (Crowther 1997, p. 153).
  4. Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne], II, 160 ; Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne] « Vie de Lycurgue », 20, 3 ; Dion Chrysostome, 31, 111 ; Athénée, Deipnosophistes [détail des éditions] (lire en ligne), 8, 350c ; Philostrate d'Athènes, Vie d'Apollonios de Tyane, 4, 29.
  5. Voire, il est considéré comme incompréhensible. (Harris 1964, p. 160-161).

Références

  1. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique [détail des éditions] [lire en ligne] (14, 54).
  2. Matz 1991, p. 56 et 123.
  3. Golden 2004, p. 64.
  4. Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne] (8, 45, 4).
  5. Golden 2004, p. 64 et 78.
  6. Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne] (6, 3, 7).
  7. Matz 1991, p. 56.
  8. Matthews 2007, p. 88.
  9. Romano 2007, p. 107.
  10. Crowther 1997, p. 153.
  11. Crowther 1997, p. 153-156.
  12. Zarnowski 2013, p. 96 et 125.
  13. Crowther 1997, p. 151-152.
  14. Crowther 1997, p. 156.
  15. Golden 2004, p. 37.
  16. Crowther 1997, p. 156-157.
  17. Crowther 1997, p. 154, 157 et 160.
  18. Zarnowski 2013, p. 118.
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