Eugen Haagen

Niels Eugen Haagen, né le à Berlin et mort le dans cette même ville, était un bactériologiste et virologue allemand. Il enseignait également à la Reichsuniversität Straßburg. Il est avant tout connu pour avoir pratiqué au camp de concentration de Natzwiller-Struthof des expériences « médicales » concernant le typhus sur des déportés. Après la guerre, il a été condamné pour ses expériences.

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Biographie

Au début des années 1930, dans le cadre de la Fondation Rockefeller, il est l'un des collaborateurs de Max Theiler pour ses travaux sur le virus de la fièvre jaune (culture sur embryon de poulet), étape importante vers un vaccin, dont la mise au point vaudra le Prix Nobel à Theiler en 1951[1]. Haagen lui-même est cité pour le Nobel de médecine en 1936[2].

En 1935, il est nommé professeur et chef de département à l’Institut des maladies contagieuses Robert Koch à Berlin. Il adhère au NSDAP (parti national-socialiste des travailleurs allemands) en mai 1937[3].

En 1941, il est appelé à la Reichsuniversität de Strasbourg, dont il doit assurer la renommée mondiale grâce à ses nombreuses publications. Il y travaille sur une variante du vaccin contre la fièvre jaune et sur un vaccin contre le typhus[4].

En mai 1943, il teste son vaccin contre le typhus sur 28 prisonniers polonais du camp de Schirmeck, près du Struthof. Puis, il leur inocule l'agent du typhus. Son vaccin se révèle inefficace et au moins deux prisonniers décèdent[5]. Il modifie son vaccin et le teste au camp de concentration de Natzweiler-Struthof, début 1944, sur 80 Tziganes. Ensuite, il met les vaccinés au contact de prisonniers auxquels il a inoculé l'agent du typhus. La maladie s’étend alors à tout le camp, faisant des centaines de victimes. Les vaccinés survivent, mais l’inoculation du vaccin provoque des symptômes presque aussi graves que la maladie[6]. En août 1944, il renouvelle ses expériences sur 200 prisonniers[7].

Eugen Haagen est arrêté par les Américains en avril 1945. Ces derniers l’utilisent comme témoin à charge dans le procès des médecins nazis et le libèrent en juin 1946. Recruté par les Soviétiques, on lui offre un poste de chef de département dans un institut de recherche de Berlin-Est. À la mi-novembre 1946, lors d’une incursion dans le secteur britannique, identifié comme criminel nazi, il est arrêté et remis aux autorités françaises[8].

Condamné d'abord le par le tribunal militaire de Metz aux travaux forcés à perpétuité, il est finalement condamné à Lyon le , en même temps que Otto Bickenbach, à vingt ans de travaux forcés, mais amnistié dès 1955. Il épouse ensuite Brigitte Haagen-Crodel, une assistante médicale. De 1956 à 1965, il effectue des recherches à l'Institut fédéral de recherche (Bundesforschungsanstalt) de Tübingen sur les maladies virales des animaux. Il retourne par la suite à Berlin, où il mourra en [9].

Notes et références

  1. (en) Erling Norrby, « Yellow fever and Max Theiler: the only Nobel Prize for a virus vaccine », The Journal of Experimental Medicine, vol. 204, , p. 2779–2784 (ISSN 0022-1007 et 1540-9538, PMID 18039952, PMCID 2118520, DOI 10.1084/jem.20072290, lire en ligne, consulté le )
  2. Serge Janouin-Benanti, Si ce sont des hommes… – Les médecins du Struthof, 3E éditions, , 302 p. (ISBN 979-10-95826-68-2), p. 8
  3. Serge Janouin-Benanti, Si ce sont des hommes… – Les médecins du Struthof, 3E éditions, , 302 p. (ISBN 979-10-95826-68-2), p. 10
  4. Serge Janouin-Benanti, Si ce sont des hommes… – Les médecins du Struthof, 3E éditions, , 302 p. (ISBN 979-10-95826-68-2), p. 15-18
  5. Serge Janouin-Benanti, Si ce sont des hommes… – Les médecins du Struthof, 3E éditions, , 302 p. (ISBN 979-10-95826-68-2), p. 24
  6. Serge Janouin-Benanti, Si ce sont des hommes… – Les médecins du Struthof, 3E éditions, , 302 p. (ISBN 979-10-95826-68-2), p. 42-54
  7. Serge Janouin-Benanti, Si ce sont des hommes… – Les médecins du Struthof, 3E éditions, , 302 p. (ISBN 979-10-95826-68-2), p. 56-59
  8. Serge Janouin-Benanti, Si ce sont des hommes… – Les médecins du Struthof, 3E éditions, , 302 p. (ISBN 979-10-95826-68-2), p. 61-64
  9. (de)Vgl. Ernst Klee: Das Personenlexikon zum Dritten Reich, Frankfurt am Main 2007, S. 213.

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