Ervige

Ervige, Erwige, Erwich ou Herwig (en latin [Flavius] Ervigius, en espagnol [Flavio] Ervigio), né après 642[1] et mort en 687, est roi wisigoth d'Hispanie et de Septimanie de 680 à 687. Sous son règne, la décadence de la monarchie wisigothique s’accéléra.

Ervige

Ervige par Ramón Cortés.
Titre
Roi des Wisigoths d'Hispanie
Prédécesseur Wamba
Successeur Egica
Biographie
Date de naissance vers 645
Date de décès
Lieu de décès Monastère
Nationalité Espagnole
Père Ardabast
Mère Nièce du roi wisigoth Chindaswinth
Conjoint Liubigotona
Enfants Cixilo reine des Wisigoths
Religion Christianisme
Résidence Tolède

Biographie

Statue à Madrid (A. Carnicero, 1750-53).
Monnaie en or du roi Ervige frappée à Emerita Augusta.
+ID IN M N ERVIGIVS RX
+EMERITA PIVS

Comte goth lié à la famille du roi Chindaswinthe et marié à une fille du roi Swinthila, Liubigotona[2], il supplanta en 680 le vieux roi Wamba devenu notamment impopulaire à cause de ses réformes militaires et religieuses. Wamba prit l'habit monacal alors qu'il se croyait sur le point de mourir, et on le contraignit à abdiquer et à entrer dans un monastère alors qu'il s'était rétabli. Il fait d'Ervige son successeur et ce dernier est sacré à Tolède le 31 octobre 680. Par la suite, au IXe siècle, des légendes attribuèrent à Ervige l'empoisonnement du roi, que ses partisans poussèrent à faire repentance tandis que ceux d'Ervige le faisaient monter sur le trône. Les évêques du XIIe concile de Tolède, qu'Ervige inaugure le 9 janvier 681, attestent que les documents par lesquels Wamba renonçait au trône et confirmait Ervige comme son héritier sont authentiques et portent bien sa signature. Pourtant, certains historiens ont vu dans la rapidité du sacre d'Ervige après que le roi eut reçu les derniers sacrements la preuve d'une intrigue de palais bien préparée.

Ervige commence son règne au milieu des doutes concernant la façon dont il est monté sur le trône. Probablement, comme il se sent peu sûr de lui, nobles et évêques en profitent. Le nouveau roi favorise ceux qui avaient été écartés au temps de Wamba. Après le XIIe concile, un XIIIe (683) et un XIVe (684) se succèdent rapidement. Ils confirment une deuxième fois la légitimité d'Ervige et promulguent un grand nombre de lois pour protéger la vie et le règne du roi et de sa famille, sans oublier son épouse, la reine Liubagotona. Selon Henri Leclercq, le règne d'Ervige avait mis à nu l'irrémédiable faiblesse de la monarchie wisigothique qui reposait désormais sur le fondement tout artificiel des synodes nationaux de Tolède dont la convocation prenait l'apparence d'une institution d'état.
Ervige publie également vingt-huit lois contre les Juifs avec l'appui du XIIe concile. En personne il fait savoir au concile son désir de revenir à la législation du règne de Sisebut, bien que lui-même soit un peu plus indulgent et opposé à la peine capitale. Ces lois font partie d'une version révisée et développée du Liber Iudiciorum qui porte le nom d'Ervige . Le roi ordonna aux Juifs du royaume d'abjurer leur foi sous peine de confiscations de leurs biens et de leurs expulsions d'Espagne. Toutes les lois concernant les Juifs sont attribuées à l'influence de leur ennemi fanatique, l'archevêque de Tolède Julien II. Quand le code d'Ervige est promulgué en novembre 681, il ajoute encore six de ses propres nouvelles lois et trois lois de Wamba, plus quatre-vingts lois de Recceswinth révisées. Il n'y a aucune preuve, pourtant, que le code d'Ervige ait « remplacé » celui de Recceswinth et des manuscrits de l'un et de l'autre continuent à être copiés et vendus.

Pour se protéger des ambitions des grands nobles, il crée une garde de bucellaires (les gardingi), à l'origine de la vassalité dans le nord de la péninsule Ibérique, notamment en Castille.

Après être tombé sérieusement malade, Ervige proclame le 14 novembre 687 son gendre Egica, le mari de sa fille Cixilo[3], comme son héritier et le jour suivant prend sa retraite dans un monastère comme pénitent, après avoir donné congé à sa cour pour qu'elle retourne à Tolède avec Egica qui devait être sacré et couronné.

Famille

Descendance

Il serait le père du duc Pierre de Cantabrie[4], lui-même père du roi Alphonse Ier des Asturies mais des historiens modernes remettent en cause cette théorie.

Ascendance

Selon la Chronique d'Albelda (IXe siècle), il est le fils d'un certain Ardabast, un aristocrate byzantin qui était venu de Constantinople en Hispanie durant le règne du roi Chindaswinthe (642-653), dont il avait épousé la nièce[5]. Selon l'historien espagnol Luis de Salazar y Castro (es), Ardabast était le fils d'Athanagilde, fils du prince wisigoth Herménégilde et de la princesse franque Ingonde, et d'une certaine Flavia Juliana, nièce de l'empereur byzantin Maurice[4]. Par son père, Ervige serait donc le descendant direct du roi Léovigilde (568-586).

Cependant, Christian Settipani propose de voir en la mère d'Ardabast une princesse issue d'une branche réfugiée à Byzance de la famille Mamikonian, parmi lesquels le prénom Artabastos (ou son équivalent arménien Artavazd) est répandu[6]. Mais il existe un empereur byzantin du nom de Bardanès Philippicos d'origine arménienne dont le premier prénom indique une probable appartenance à la famille Mamikonian et le second prénom une parenté avec le général byzantin Philippicos, beau-frère de l'empereur Maurice[7].

Notes et références

  1. Son père Ardabast quitte Constantinople pour l'Espagne sous le règne du roi Chindaswinth, règne qui débute en 642 ; son mariage avec la nièce du roi eut lieu peu après. Ervige naît autour de 645.
  2. Liuvigoto, Leuvigoto, Leuvitona, Leuvigotona.
  3. Cixillo, Cixilona, Cixillona.
  4. Salazar y Castro (1696), Vol 1, p. 45.
  5. Chronicon Albeldense III.
  6. Christian Settipani, Continuité des élites à Byzance durant les siècles obscurs. Les princes caucasiens et l'Empire du VIe au IXe siècle, Paris, de Boccard, , 634 p. [détail des éditions] (ISBN 978-2-7018-0226-8), p. 224-231.
  7. Christian Settipani, Continuité des élites à Byzance durant les siècles obscurs. Les princes caucasiens et l'Empire du VIe au IXe siècle, Paris, de Boccard, , 634 p. [détail des éditions] (ISBN 978-2-7018-0226-8), p. 217-219.

Voir aussi

Sources anciennes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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