Ergothérapie

L'ergothérapie est une profession de la santé visant la promotion de la santé et du bien-être des individus et des communautés, au travers de leurs occupations. Elle soutient les personnes dans la réalisation de ce qu'elles souhaitent ou doivent faire, en intervenant sur les composantes de l'individu, de l'activité ou de l'environnement physique ou social[1].

Ergothérapie
MeSH « D009788 »

L'ergothérapie se caractérise par l'éducation, la rééducation, la réadaptation ou encore la réhabilitation, par l'activité (ergon en grec). C'est par le biais d'activités de la vie quotidienne (soins personnels, travail et loisirs) et d'autres exercices globaux et analytiques que l'ergothérapeute organise une thérapie visant à améliorer des capacités d'agir et des compétences, cela individuellement ou en groupe.

S'intéressant à des clients de tous âges, notamment dans le secteur de la santé mentale, de la neurologie, de la rhumatologie ou encore de la rééducation fonctionnelle, les ergothérapeutes exercent à titre salarié en institution (hôpitaux, centres de réadaptation, services d'aides et de soins à domiciles, institutions de longs séjours, institutions éducatives, etc.) ou en pratique privée/libérale [2].

Cette profession se caractérise en outre par des confections d'orthèses, des conseils dans les aides techniques et dans l'aménagement du domicile de personnes en situation de handicap. L'ergothérapie joue un rôle primordial dans la réadaptation en milieu écologique, favorisant la rééducation lors de mise en situation, pour permettre un retour à l'indépendance, dans un cadre rééducationnel, afin de permettre à la personne d'évoluer avec un maximum d'autonomie dans son quotidien personnel, professionnel et dans ses loisirs et activités de sa vie quotidienne.

Dans la plupart des cas, les ergothérapeutes travaillent en collaboration avec des infirmiers, des psychomotriciens, des physiothérapeutes (en France : masseurs-kinésithérapeutes), des médecins, des psychologues, des neuropsychologues, des travailleurs sociaux, des orthophonistes, des assistants sociaux.

Dans certains cas, les ergothérapeutes collaborent également avec des intervenants scolaires (enseignants, techniciens en éducation spécialisée, etc.) [3].

Définition

Selon l'OMS :

« L'ergothérapeute est un professionnel de santé qui fonde sa pratique sur le lien entre l'activité humaine et la santé. Il intervient en faveur d'une personne ou d'un groupe de personnes dans un environnement médical, social, éducatif et professionnel ».

  • Il évalue les lésions, capacités, intégrités de la personne ainsi que ses compétences motrices, sensorielles, psychologiques et cognitives. Il analyse les besoins, les habitudes de vie, les facteurs environnementaux, les situations de handicap et pose un diagnostic ergothérapique.
  • Il met en œuvre des soins, des interventions de prévention, d'éducation thérapeutique, de rééducation, réadaptation, réinsertion et réhabilitation psychosociale visant à réduire et compenser les limitations et altérations d'activités, développer, restaurer, maintenir l'indépendance, l'autonomie et l'implication sociale de la personne.
  • Il conçoit des environnements sécurisés, accessibles, adaptés, évolutifs et durables. Afin de favoriser l'implication de la personne dans son milieu de vie, il préconise des aides techniques, des aides humaines, des aides animalières, des assistances technologiques et des modifications matérielles. Il préconise et utilise des appareillages de série, conçoit et réalise de petits appareils provisoires, extemporanés et entraîne les personnes à leurs utilisations.

Domaines de pratiques

L'ergothérapeute effectue des prestations de rééducation et de réadaptation, contribuant ainsi au traitement des déficiences motrices et handicaps physiques (structures et fonctions selon la CIF). Il peut offrir aux patients un apprentissage pour acquérir une plus grande autonomie en recourant à différentes techniques; il dispense également des conseils à la personne et à son entourage en vue d'une meilleure intégration dans son environnement personnel, professionnel et social.

L'ergothérapeute agit aussi au niveau de la prévention. Il peut intervenir dans les entreprises pour adapter au mieux les postes de travail et pour enseigner les gestes adéquats en lien avec l'activité professionnelle. Il a également une démarche prophylactique dans l'éducation thérapeutique du patient, notamment dans le positionnement lors d'activités de la vie quotidienne (soins personnels).

L'ergothérapeute considère le patient de façon holistique en évaluant et intervenant autant sur ses occupations, son environnement et sa personne. Cela dans le but de permettre à la personne de s'actualiser et de participer dans les activités significatives pour elle. Le développement de la recherche en ergothérapie a conduit à la naissance des sciences de l'occupation. L'ergothérapie se distingue par des procédés de rééducations environnement dépendant, car le déficit, au-delà de résulter d'une lésion, peut, en parallèle au traitement de la lésion, être diminué ou supprimé dans certaines conditions environnementales.

Histoire

En France, selon Lucien Bonnafé, ce serait le psychiatre catalan François Tosquelles qui aurait introduit dans les années 1940 l'ergothérapie à la ferme de l'hôpital Saint-Alban. Il s'inspire en cela de l'ouvrage du médecin allemand Hermann Simon Soignés et soignants[4].

Revues scientifiques en ergothérapie

Les revues scientifiques et professionnelles spécifiques à l'ergothérapie sont essentiellement anglophones, comme la Revue canadienne d'ergothérapie (en), l'American Journal of Occupational Therapy (en), le Scandinavian Journal of Occupational Therapy (en), Physical & Occupational Therapy in Pediatrics (en), Occupational Therapy in Health Care (en), le British Journal of Occupational Therapy, le Hong Kong Journal of Occupational Therapy ou l'Australian Occupational Therapy Journal. L'accès à la grande majorité de leurs articles est payant. Quelques revues gratuites et en libre-accès existent comme l'Open Journal of Occupational Therapy (en) (en anglais), les Cadernos de Terapia Ocupacional da UFSCar ou la Revista de Terapia Ocupacional da Universidade de São Paulo (en portugais) ou la Revista de Terapia Ocupacional Galicia (en espagnol).

Dans le monde francophone, les revues sont essentiellement des revues professsionnelles, nationales et payantes, comme la revue de l'ANFE (ergOThérapies[5]), la revue de l'ACE (Revue canadienne d'ergothérapie) ou la revue de l'association belge (Recueil Annuel belge francophone d'Ergothérapie)[6]. La Revue francophone de recherche en ergothérapie est pour sa part indépendante, gratuite et en libre-accès[7], mais elle est focalisée sur la recherche.

Conditions générales d'exercice

En France

En France, la profession d'ergothérapeute est réglementée par le Code de la Santé Publique (L4331-1 et R4331-1). Elle s'exerce sur prescription médicale. L'exercice de l'activité sous statut indépendant en France est limité dans la mesure où les actes d'ergothérapie ne font pas l'objet d'un remboursement par la Sécurité sociale, mais ces actes peuvent être remboursés par certaines mutuelles, et les maisons départementales des personnes handicapées. L'ergothérapeute peut prendre en charge des personnes ayant tout type de handicap. Les ergothérapeutes sont représentés au niveau national par l'Association Nationale Françaises des Ergothérapeutes, l'ANFE[8] et aussi par le SYNFEL pour les ergothérapeutes qui exercent en libéral. Plusieurs annuaires recensent ces professionnels du paramédical comme celui du site bonjoursenior.fr.

Au Québec

Au Québec, afin d'obtenir le titre d'ergothérapeute, il faut être membre de l'Ordre des ergothérapeutes du Québec (OEQ). Un permis est délivré par l'OEQ. L'ergothérapeute possède un titre réservé protégé par le code des professions du Québec[9].

En Suisse

Il n'existe pas de cadre légal fédéral spécifique pour la pratique de l'ergothérapie en Suisse, mais les ergothérapeutes sont listés dans le registre national des professionnels de la santé [10]. Par contre, il existe des législations cantonales qui exigent la détention d'une autorisation de pratique. L'ergothérapie est remboursée au niveau national par les assurances sociales et par l'assurance maladie de base, à condition que le traitement soit prescrit par un médecin[11]. Les ergothérapeutes sont représentés par une association professionnelle unique, l'Association Suisse des Ergothérapeutes (EVS-ASE)[12], qui est composées de sections cantonales/régionales.

Formation

Dans la plupart des pays européens, des études universitaires sont requises.

En France

Le diplôme d'état d'ergothérapeute est délivré à l'issue d'une formation de 3 ans dans un Institut de Formation en Ergothérapie. Il est reconnu comme un grade universitaire de licence et permet ainsi l'accès aux formation de niveau master, dans d'autres disciplines ou en ergothérapie (comme le master européen en ergothérapie[13] ou le master en sciences de la santé avec orientation ergothérapie[14]).

Il existe 26 instituts de formation en ergothérapie (IFE) en France, certains sont privés non lucratifs, d'autres publics.

L'entrée dans ces écoles, appelées Institut de formation en ergothérapie, se fait soit après la première année de médecine (comme celles de Bordeaux, Lyon, Mulhouse ou Nancy), soit par concours (pour les écoles de Paris (ADERE), Berck, (site de Berck sur mer et Lille), Créteil, Meulan les mureaux, Montpellier, Rennes ou Alençon).

En 2012, huit nouveaux instituts de formation en ergothérapie sont ouverts : Mulhouse, Hyères, Tours, Limoges, Marseille, Saint-Denis, à La Réunion, à Cébazat[15].

En septembre 2013, deux nouveaux instituts de formation en ergothérapie sont créés : Laval[16] et Saint-Sébastien-de-Morsent. L'IFE de Rouen ouvre à la suite, en 2014. En 2015, une nouvelle école ouvre ses portes à Poitiers[17]. En 2016, deux nouvelles écoles apparaissent à Toulouse et Amiens. Un nouvel institut voit le jour à Nevers en 2017. En 2018, le premier institut privé à but lucratif ouvre sur Paris, à l'école d'ASSAS[18].

Pour passer le concours, il faut avoir au moins 17 ans et être titulaire d'un bac ou équivalent. Le concours comporte trois épreuves, chacune d'une heure :

  • un résumé de texte ;
  • une épreuve de biologie/physique (du programme de première et terminale S) ;
  • une épreuve de tests psychotechniques.

La formation alterne entre cours (anatomie, physiologie, neurologie, traumatologie, cinésiologie pathologies, psychologie, analyse d'activités, etc.) et stages pratiques (CHU, cliniques, associations, cabinets libéraux, centre de rééducation fonctionnel, SSIAD, etc.) et dure trois ans. La validation des éléments de compétences est de 180 ECTS permet d'obtenir le diplôme d'État et le grade de Licence.

Un ergothérapeute peut accéder au bout de quatre années d'exercice à une formation de cadre de santé, qui lui confère des compétences de gestion, de formation et de management d'équipe. Depuis la rentrée de 2021, un Master Santé en ergothérapie est offert à l'UPEC. Il s'agit d'une formation à distance.

Un ergothérapeute doit, au cours de sa formation en France, valider des compétences qui lui permettront de parfaitement répondre aux attentes de sa profession. Ces compétences sont les suivantes :

  1. Évaluer une situation et élaborer un diagnostic ergothérapique ;
  2. Conduire et concevoir un projet d'intervention en ergothérapie et d'aménagement de l'environnement ;
  3. Mettre en œuvre des soins de rééducation, réadaptation, réinsertion et réhabilitation psychosociale ;
  4. Concevoir et réaliser des orthèses provisoires, extemporanées, à visées fonctionnelles ou d'aide technique, adapter et préconiser des orthèses de série, des aides techniques et animalières et des assistances technologiques ;
  5. Élaborer et conduire une démarche d'éducation et de conseil en ergothérapie et en santé publique ;
  6. Conduire une relation dans le contexte d'intervention ergothérapique ;
  7. Évaluer et faire évoluer la pratique professionnelle ;
  8. Rechercher, traiter et analyser des données professionnelles et scientifiques ;
  9. Coopérer avec les différents acteurs et organiser des activités ;
  10. Former et informer.

En Belgique

La profession d'ergothérapeute est accessible aux porteurs d'un diplôme de l'enseignement supérieur universitaire ou non universitaire. Actuellement 7 écoles[19] offrent une formation en ergothérapie en français et 8 écoles en néerlandais. Les 15 écoles sont reconnues par la Fédération Mondiale des Ergothérapeutes (WFOT)[20] et donnent le titre de « Bachelier en Ergothérapie » conformément aux normes européennes. Il ouvre l'accès aux formations de niveau master.

En Suisse

Il existe 3 écoles en Suisse dont la Haute école de travail social et de la santé à Lausanne qui est une haute école spécialisée (HES). Pour se présenter au concours d'admission, il faut détenir une maturité professionnelle ou effectuer une année de propédeutique santé après avoir obtenu une maturité de type gymnasiale. La formation dure 3 ans. Le titre obtenu est un Bachelor of science[21]. La formation peut être complétée par un Master of Science en Sciences de la santé, avec orientation ergothérapie[14] délivré conjointement par la HES-SO et l'Université de Lausanne.

Il existe deux autres HES proposant une telle formation, la ZHAW à Winterthour, en Suisse germanophone et la SUPSI (it)à Manno en Suisse italophone[22].

Toutes les écoles suisses sont reconnues par la Fédération Mondiale des Ergothérapeutes (WFOT)[20].

Au Québec

La formation est de niveau universitaire et se donne à l'Université Laval (ville de Québec), à l'Université McGill (Montréal) à l'Université de Montréal (Montréal), à l'Université de Sherbrooke (Sherbrooke) et à l'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).

Jusqu'à 2008, le niveau requis pour la pratique professionnelle était le baccalauréat. Depuis, l'exercice de la profession exige un diplôme de deuxième cycle (une maîtrise). Plusieurs universités offrent désormais le programme sous forme d'un continuum baccalauréat-maîtrise[23].

Le programme d'études porte en particulier sur les sciences fondamentales (sciences de l'occupation, anatomie, biomécanique, physiologie, psychologie). Il est également axé sur les méthodes d'évaluation et de traitements ergothérapiques dans le domaine de la médecine physique et de la psychiatrie chez une clientèle de tout âge.

En Tunisie

L'École supérieure des sciences et techniques de la santé de Tunis (ESSTST) est l'unique école en Tunisie où l'on peut faire une formation d'ergothérapie. Cette formation a débuté durant l'année universitaire 2000-2001 qui donna naissance en 2004 à la première promotion de Techniciens supérieurs en ergothérapie L'Association Tunisienne d'Ergothérapie est localisée à cette école depuis sa création en 2003.

Notes et références

  1. (en) World Federation of Occupational Therapists, « About Occupational Therapy », sur WFOT, (consulté le )
  2. « SYNFEL », sur http://www.ergolyon.fr/, (consulté le ).
  3. Emmanuelle Jasmin, Stéphanie Ariel, Anne Gauthier, Marie-Soleil Caron, Laurie Pelletier, Sylvie Ray-Kaeser et Gaby Currer-Briggs, « La pratique de l’ergothérapie en milieu scolaire au Québec », Canadian Journal of Education/Revue canadienne de l'éducation, vol. 42, no 1, , p. 222–250 (ISSN 1918-5979, lire en ligne, consulté le )
  4. Martine Deyres, « "Les Heures heureuses" », sur mediapart.fr, (consulté le )
  5. ANFE, « ErgOThérapies »
  6. « Recueil Annuel belge francophone d'Ergothérapie | Union Professionnelle des Ergothérapeutes », sur www.ergo-upe.be (consulté le )
  7. « Revue Francophone de Recherche en Ergothérapie », sur www.rfre.org (consulté le )
  8. « Accueil », sur www.anfe.fr (consulté le )
  9. Site de l'OEQ (Ordre des ergothérapeutes du Québec).
  10. « NAREG - Recherche de personnes », sur www.nareg.ch (consulté le )
  11. « Ergothérapie - Bases légales », sur ergotherapie.ch (consulté le )
  12. « Ergotherapie - Home », sur ergotherapie.ch (consulté le )
  13. (en) Amsterdam University of Applied Sciences, « European Master of Science in Occupational Therapy - Amsterdam University of Applied Sciences », sur www.amsterdamuas.com (consulté le )
  14. « MSc en Sciences de la santé, orientation ergothérapie », sur hes-so.ch (consulté le )
  15. Les futurs ergothérapeutes en formation article du 15 octobre 2012 sur www.auvergne.fr.
  16. Fiche informative sur www.chlaval.fr.
  17. Enseignement : ouverture d’un institut de formation en ergothérapie en septembre, sur www.chu-poitiers.fr.
  18. « IFE ERGOTHERAPIE », sur École d’Assas (consulté le )
  19. Site de la FNBE-NBFE (Fédération Nationale Belge des ergothérapeutes).
  20. (en) World Federation of Occupational Therapists, « WFOT Approved Education Programmes », sur WFOT, (consulté le )
  21. HES-SO: Bachelor of Science HES en Ergothérapie.
  22. Association Suisse des Ergothérapeute: Formation initiale.
  23. « Maîtrise en ergothérapie ».

Voir aussi

Bibliographie

  • Goubert, JP. et Remondière, R., Les origines historiques de l'ergothérapie en France, Revue Sociologie Santé, vol. 20, pages 247-268, 2004.
  • Goubert, JP. et Remondière, R., Le Journal d’ergothérapie, élément d’une identité professionnelle, 1979-1998, Revue Sociologie Santé, juin 2005, 22 : 233-241.
  • Wagner, C., Profession ergothérapeute, Édition l’Harmattan, Paris, 2005.
  • Dubochet, M. et Fragnière, J.-P., Les ergothérapeutes. Problèmes des professions paramédicales. Éditions Delta, Vevey, 1979.

Article connexe

Liens externes

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