Empire de Nicée

Vestige de l’Empire byzantin ayant résisté à la prise de Constantinople par les croisés en 1204, l’Empire de Nicée, le plus étendu des États grecs, occupait, en Asie Mineure occidentale, une large bande de terre s’étendant de la mer Égée à la mer Noire. Si Nicée demeura sa capitale et le siège du patriarcat pendant toute sa brève histoire (1204 – 1261), les empereurs établirent leur résidence et le siège du gouvernement à Nymphaion (aujourd’hui Kemalpaşa), ville de Lydie, moins exposée aux armées ennemies. Se défendant à la fois contre les États successeurs et le sultanat seldjoukide, Théodore Ier Laskaris réussit à édifier un État politiquement stable et économiquement viable en Asie Mineure. Ses successeurs, Jean III Doukas Vatatzès et Théodore II Laskaris, étendirent le territoire de l’empire en Europe, encerclant progressivement Constantinople. Après avoir écarté Jean IV Lascaris, le successeur légitime de Théodore II, Michel VIII Paléologue parvint à reprendre la ville en 1261.

Empire de Nicée

12041261

Carte de l'Asie Mineure et des Balkans en 1204 ; l'Empire de Nicée est indiqué en bleu.
Informations générales
Statut Monarchie, successeur local de l'Empire byzantin
Capitale Nicée
Langue(s) Grec
Histoire et événements
1204 Quatrième croisade et création
Reconquête de Constantinople

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Les États successeurs

La chute de Constantinople aux mains des croisés laissa l’Empire byzantin divisé entre plusieurs États, grecs et latins : l’Empire latin de Constantinople, l’Empire de Nicée, l’Empire de Trébizonde, le despotat d’Épire[N 1], le royaume de Thessalonique, ainsi que de nombreux États plus petits, fiefs de seigneurs rebelles et d’empereurs déposés.

Tombeau du doge Enrico Dandolo dans la cathédrale Hagia Sophia.

L’Empire latin était lui-même morcelé conformément aux usages de la féodalité occidentale. Boniface de Montferrat, la figure dominante des chevaliers francs pendant la croisade, s’attendait à être élu empereur aux termes du traité conclu entre le doge de Venise, Enrico Dandolo, et les chevaliers francs. Mais c'est Baudouin de Flandre qui fut élu et reçut ainsi conformément aux dispositions de l’accord, outre les cinq-huitièmes de Constantinople, la Thrace et la partie nord-ouest de l’Asie Mineure ainsi que diverses îles de la mer Égée comme Lesbos, Chios et Samos. Boniface se vit attribuer le reste de l’Asie Mineure ; mais préférant un territoire européen, il s’empara de Thessalonique, annexant la Macédoine et la Thessalie adjacentes. De là, il se dirigea vers l’Attique et la Béotie où il créa le duché d’Athènes, confié à Otton de la Roche, et vers le Péloponnèse où il établit la principauté d'Achaïe, confiée à Guillaume de Champlitte d’abord, à Godefroy de Villehardouin ensuite[1]. Pendant ce temps, Michel Ange Comnène Doukas, fils illégitime du sébastokrator[N 2] Jean Doukas et cousin d’Isaac II et d’Alexis III, après avoir suivi Boniface de Montferrat à Thessalonique, alla s’établir en Épire et fixa sa capitale à Arta où sa famille possédait déjà de grands domaines. Il ne porta jamais lui-même le titre de despote mais il étendit rapidement son territoire en offrant aux Vénitiens de devenir leur vassal pour l’ensemble de l’Épire. Préoccupés plus de commerce que d’administration, ceux-ci acceptèrent l’offre avec empressement[2].

Toutefois, Baudouin ne contrôlait pas les territoires qu’on lui avait octroyés en Asie Mineure. Plus tôt, le despote Théodore Laskaris, gendre et héritier présomptif d’Alexis III, s’était enfui de Constantinople après la déposition de son beau-père (1203) et s’était installé à Nicée d’où il avait étendu son pouvoir sur la Bithynie et les seigneurs locaux. Après la chute de Constantinople, il accueillit les Grecs fuyant la ville et entreprit d’organiser la résistance aux Latins, jetant ainsi les bases d’un État grec viable en Asie Mineure[3].

L’Empire de Trébizonde fut lui aussi créé quelque peu avant la chute de Constantinople et ne dut pas son existence au traité de partage. Après la chute de l’empereur Andronic Ier Comnène en 1185, deux de ses petits-fils, David et Alexis Comnène, s’étaient réfugiés à la cour de Géorgie où ils furent élevés par la reine Thamar. Avec l’aide de celle-ci et pour continuer la lutte contre la dynastie des Anges, ils avaient déjà capturé Trébizonde en . Alexis s’y installa avec le titre d’empereur, pendant que David, poursuivant l’expansion du nouvel empire vers l’ouest, réussit à en étendre les frontières jusqu’à Héraclée du Pont[4].

À cela s’ajoutaient nombre de territoires tenus par des nobles byzantins et gouvernés par des monarques déposés ou des seigneurs rebelles. Ainsi, Alexis V, après avoir fui Constantinople, s’était réfugié à Tzurulon (aujourd’hui Çorlu) en Thrace orientale, alors qu’Alexis III, également déposé, régnait à Mosynopolis d’où il contrôlait la Thrace occidentale et la région de Thessalonique. Léon Sgouros, seigneur rebelle, gouvernait la région située autour de Nauplie, Corinthe et Thèbes. Un autre magnat grec, Léon Gabalas, détenait l’ile de Rhodes, alors qu’Antalya avait été conquise par un condottiere italien, Aldobrandini. En Asie Mineure, la vallée du Méandre était partagée entre Sabas Asidénos autour de Priène, Théodore Mancaphas autour de Philadelphie, et Manuel Maurozomès dans l’est[5].

Formation de l’Empire de Nicée en Asie Mineure

Effigie de Théodore Ier Laskaris d'après un manuscrit de la Bibliothèque universitaire de Modène

Ayant fui Constantinople après la déposition de son beau-père Alexis III, Théodore Laskaris (né vers 1174, empereur 1205, décédé ) qui, à titre de despote pouvait prétendre au trône, s’était réfugié en Asie Mineure et s’était établi à Brousse d’abord, puis à Nicée, avec l’appui du sultan seldjoukide d’Iconium. Cette ville, située à la croisée de routes importantes et à l’extrémité d’un grand lac, bien protégée par des défenses naturelles, pouvant s’enorgueillir d’avoir été le siège de deux conciles œcuméniques, devint bientôt le centre de ralliement des Grecs fuyant les Latins[6].

Cependant, jouissant de la légitimité impériale, Théodore dut imposer son pouvoir à divers seigneurs en passe de créer des États indépendants dans la région comme Théodore Mangaphas à Philadelphie, Manuel Maurozomis dans la vallée du Méandre, Sabas Asidénos à Sampson, près de Milet. De plus, David Comnène, laissant son frère Alexis comme empereur à Trébizonde, s’était mis à étendre les frontières de cet empire à travers la Paphlagonie et s’était avancée jusqu’à Héraclée du Pont. Quelques mois après la conquête de Constantinople, réalisant l’importance de cette région qu’avait d’abord dédaignée Boniface de Montferrat, les Latins sous la conduite de l’empereur Baudouin et de son frère, Henri de Flandres, entreprirent de conquérir le territoire. Encore mal organisé, Théodore Laskaris fut défait par les forces des Latins, supérieures en nombre, à la bataille de Poimanénon (probablement aujourd’hui Eski Manyas) d’où elles poussèrent leur avance le long de la côte de Bithynie jusqu’à Brousse[7],[8].

À peine né, le nouvel empire était menacé d’extinction. Le salut vint de Thrace où l’aristocratie rurale byzantine, après s’être rebellée contre les Latins, appela à l’aide le tsar bulgare Kaloyan qui devait infliger une défaite cuisante à l’empereur Baudouin Ier à Andrinople, le . Baudouin fut fait prisonnier forçant ainsi son frère à rentrer à Constantinople ; il ne devait pas revenir de cette guerre. Profitant du répit qui lui était ainsi accordé, Théodore reprit les villes perdues, arrêta l’avance de David Comnène et soumit les seigneurs rebelles d’Anatolie. Il se mit aussitôt à organiser son empire en y reconstituant l'État byzantin. Le patriarche de Constantinople, réfugié à Didymotique ayant refusé de quitter son refuge, un synode procéda à l’élection d’un nouveau patriarche dans la personne de Michel IV Autoreianos qui devint, à titre de patriarche œcuménique de Constantinople, le seul chef légitime de l’Église grecque. Il ne restait plus à Théodore qu’à se faire élire empereur en 1205, puis après le départ de Henri de Hainaut avec qui il conclut une trêve de deux ans en 1207, à être couronné, à Pâques 1208, par le nouveau patriarche, devenant ainsi le véritable successeur des empereurs byzantins[9],[10].

Le sultanat seldjoukide de Roum en 1190 montrant la location des batailles de Dorylaeum (1147), de Myriokephalon (1176) et d'Antalya (1207)

La naissance du nouvel empire n’inquiétait pas que les Latins. Il empêchait également les Seldjoukides du sultanat de Roum d’avoir accès à la mer. Aussi, le nouveau sultan Kay Khusraw Ier (il existe plusieurs orthographes dont Gıyaseddin Keyhüsrev Ier), après avoir réussi à reprendre son trône à Konya, conclut une alliance secrète avec l’empereur latin en 1209 et accueillit l’empereur déposé Alexis III revenu de son exil en Italie. Sous prétexte de rétablir l’empereur légitime, Kay Khusraw voulut reprendre le combat contre Théodore qui s’était entretemps allié avec le roi de la Petite Arménie, Léon II de Cilicie. En dépit de la faiblesse de ses forces, Théodore réussit à défaire et à tuer Kay Khusraw au cours d’un combat singulier lors de la bataille d’Antioche-sur-le Méandre au printemps 1211 et à capturer l’ex-empereur Alexis III qui alla finir ses jours dans un monastère[11],[12],[13].

Ce succès et la reconstitution d’une flotte par Théodore Laskaris alarma Henri de Hainaut, successeur de Baudouin Ier, qui décida d’envahir l’Empire de Nicée pour prévenir une attaque sur Constantinople. Affaiblie par les récentes batailles contre les Seldjoukides, l’armée de Théodore ne put résister et fut battue à la bataille du fleuve Rhyndakos le (aujourd’hui Mustafakemalpaşa Çayı). Les Latins prirent ainsi le contrôle de la côte nord-ouest de l’Asie Mineure depuis Nicomédie jusqu’à Adramyttion, coupant ainsi les communications entre Nicée et Smyrne[14],[12].

En 1214, le successeur de Kay Khusraw, Kay Kâwus Ier, s’allia à Théodore pour attaquer l’Empire de Trébizonde où David Comnène venait de mourir. Vainqueurs, les Seldjoukides s’emparèrent de la partie est de l’empire, alors que Nicée récupérait la partie ouest[15].

La même année, Théodore conclut un traité de paix avec l’Empire latin à Nymphaion qui fixait les frontières entre les deux empires : les Latins gardaient l’angle nord-ouest de l’Asie Mineure jusqu’à Adramyttion au sud, alors que l’Empire de Nicée conservait le reste du pays jusqu’à la frontière seldjoukide. Les deux empires reconnaissaient ainsi leur droit mutuel à l’existence ; en 1219, Théodore Laskaris scella ce traité en épousant en troisièmes noces Marie, fille de Yolande, une nièce des deux premiers empereurs latins[16].

L’Empire de Nicée apparaissait ainsi de plus en plus comme le véritable successeur de l’Empire byzantin tant sur le plan politique que religieux. En 1219, Théodore conclut un accord avec Venise qui donnait à celle-ci la même liberté de commerce et les mêmes immunités que celles dont elle avait joui dans l’ancien Empire byzantin. Et alors qu’Stefan Nemanja avait reçu en 1217 sa couronne royale de Rome, c’est vers l’Empire de Nicée que se tourna son successeur pour obtenir la consécration d’un archevêque autocéphale de Serbie[17].

La succession morale de l’Empire de Nicée fut toutefois contestée par Théodore l’Ange, successeur du fondateur du despotat d’Épire. À titre de fils légitime du sébaste Jean l’Ange Doukas et de petit-fils d’Alexis Ier Comnène, celui-ci considérait ses droits à la succession supérieurs à ceux de Théodore Laskaris. Après avoir fait prisonnier l’empereur latin de Constantinople, Pierre Ier de Courtenay, à son retour de Rome où il s’était fait couronner par le pape, Théodore l’Ange rejeta la suzeraineté de Venise et envahit le royaume latin de Thessalonique, si bien que le despotat couvrit bientôt toute la largeur de la Grèce du Nord, y compris la Thessalie et une bonne partie de la Macédoine. Fort de ses conquêtes et refusant de reconnaitre les empires de Nicée et de Trébizonde ainsi que l’autorité du patriarche de Nicée, le despote Théodore revendiqua alors la couronne impériale et se fit couronner par le métopolite d’Ohrid, Démétrios Chomatianos, comme basileus et autokrator des Romains[18],[19],[20].

À la fin du règne de Théodore Laskaris, la situation dans l’ancien Empire byzantin était beaucoup moins confuse qu’en 1204. À l’exception de la Crète aux mains des Génois, de Rhodes indépendante et d’Antalya aux mains des Turcs, il ne restait plus que quatre puissances. L’Empire de Nicée s’étendait sur l’ensemble de l’Anatolie occidentale sauf la partie nord-ouest détenue par les Latins ; l’Empire de Trébizonde comprenait la Crimée et la côte orientale de l’Anatolie, l’Épire était dirigé par Michel Doukas qui n’avait pas encore le titre de despote ; tout le reste de la Grèce et presque toute la Thrace était sous la suzeraineté de l’empereur latin de Constantinople et de ses vassaux[21].

Extension de l’empire en Europe

Jean III Doukas Vatatzès

Les empires successeurs tels qu'ils apparaissaient en 1230

La mort de Théodore Laskaris, en devait déclencher une querelle de succession. Malgré les protestations de deux de ses quatre frères, Théodore qui n’avait eu que des filles laissa le trône au mari de l’une d’elles, Jean III Doukas Vatatzès (né vers 1192, empereur , mort ). Alors âgé de 29 ans celui-ci était issu d’une famille noble originaire de Didymotique apparentée aux Doukas. Jugeant Nicée un peu trop rapprochée de l’Empire latin, celui-ci prit la décision d’établir le siège de son gouvernement à Nymphaion, beaucoup plus au sud[22],[23].

Les deux frères de Théodore se hâtèrent d’aller à Constantinople demander l’appui de l’empereur latin. Le jeune empereur Robert de Courtenay s’empressa de les obliger et lança une expédition qui fut anéantie par les forces de Jean Vatatzès à Poimanénon, l’endroit même où vingt-deux ans auparavant son beau-père avait été défait par les Latins. Les Latins furent forcés d’évacuer tous les territoires qu’ils possédaient encore en Anatolie laissant l’Empire de Nicée seul maître des lieux jusqu’aux territoires seldjoukides et à l’Empire de Trébizonde qui ne constituait plus une menace. De plus, la flotte de Nicée s’empara bientôt des iles de Lesbos, Chios, Samos et Icarie et obligea Rhodes à reconnaitre la souveraineté de l’empereur[24],[25].

Hyperpyron de Jean III Doukas Vatatzès

Bien établi sur terre et sur mer, l’Empire de Nicée pouvait ainsi espérer reprendre Constantinople. Mais il n’était pas seul à pouvoir le faire : le nouveau tsar de Bulgarie, Jean Asen II (1218-1241) de même que Théodore Doukas, despote d’Épire qui venait de se faire couronner empereur, concevaient le même dessein. Jean Asen suggéra d’abord de prendre l’Empire latin sous sa protection et proposa un mariage entre sa fille Isabelle et le successeur de Robert de Courtenay, Baudouin II alors âgé de onze ans, proposition qui fut rejetée. Peu après, en 1230, Théodore d’Épire décida d’attaquer Jean Asen avec qui il avait pourtant signé un traité de paix deux ans auparavant. Cette erreur devait lui être fatale. Jean Asen s’étant porté à sa rencontre, les deux armées s’affrontèrent près du petit village de Klokotnitsa sur le fleuve Maritsa entre Andrinople et Philippopolis. L’armée de Théodore fut vaincue et lui-même fut capturé et jeté en prison après avoir été aveuglé. De là, Jean Asen s’avança à travers la Thrace, la Macédoine et l’Albanie, s’appropriant tout le nord des Balkans, de l’Adriatique à la mer Noire. De plus, il usa de son influence pour faire remplacer l’empereur serbe Étienne Radoslav, le beau-fils de Théodore, par quelqu’un qui lui était tout dévoué, Étienne Vladislav[26].

L’Empire latin, affaibli, ne survivait manifestement que grâce à la lutte entre les puissances qui voulaient la conquérir. L’Épire étant hors de combat, ne restaient plus que l’Empire de Nicée et l’Empire bulgare. Cette menace pour l'Empire latin devint d’autant plus grande que l’Empire de Nicée eut bientôt l’occasion de reprendre pied sur le continent européen. Un appel à l’aide de la population d’Andrinople avait permis à Jean Vatatzès d’envoyer ses troupes en Thrace où elles s’emparérent de plusieurs villes côtières avant de parvenir à Andrinople. Constantinople était ainsi prise en tenailles entre les empires bulgare et latin[25].

Jean II Asen, tsar de Bulgarie (1218-1241). Tout comme l'empereur de Nicée, le tsar valaque de Bulgarie rêvait de reprendre Constantinople.

En 1231, la ville de Thebasion fut prise à l'Empire de Nicée par Ertuğrul, chef d'une tribu turque et père d'Osman Ier, fondateur de l'Empire ottoman qui y naquit vers 1258. Elle devint la première capitale de la dynastie ottomane.

À peu près d’égale force, Jean Vatatzès et Jean Asen décidèrent de faire alliance. L’occasion était d’autant plus favorable qu’en 1232 Jean Asen après s’être querellé avec le pape avait décidé de quitter le giron de l’Église de Rome. Avec l’appui du patriarche de Nicée et des patriarches orientaux, la Bulgarie revint à l’orthodoxie et un nouveau patriarche orthodoxe fut installé à Trnovo, lequel reconnaissait la suprématie du patriarche de Nicée, officiellement patriarche de Constantinople. Trois ans plus tard, Jean Asen signait un traité d’alliance avec Nicée scellé par le mariage de sa fille, Hélène, et du fils de Jean Vatatzès, Théodore Lascaris (celui-ci ayant repris le nom de sa mère). À l’été 1235, les forces nicéennes et bulgares se rejoignaient aux portes de Constantinople assiégeant la ville par terre et par mer[27],[28].

La ville ne dut son salut qu’à un nouveau revirement de la situation. Lorsque le siège reprit après l’hiver de 1235-1236, Jean Asen réalisa qu’un Empire de Nicée qui s’étendrait jusqu’aux frontières de la Bulgarie constituerait un danger beaucoup plus sérieux que l’État tampon impuissant qu’était l’Empire latin. Aussi, non seulement abandonna-t-il le siège de Constantinople, mais il envoya des ambassadeurs reprendre l’infortunée Hélène et, à l’automne 1237, il conduisit une armée de Bulgares, Coumans et Latins contre Tzurulon, l’un des principaux bastions nicéens en Thrace. Toutefois, pendant le siège, un désastre, domestique cette fois, força Jean Asen à changer une nouvelle fois d’intention. La peste ayant éclaté à Trnovo, sa femme, l’un de ses fils et le patriarche moururent l’un après l’autre. Y voyant le châtiment divin punissant son parjure à l’endroit de Jean Vatatzès, Jean Asen se hâta de faire la paix avec ce dernier avant de rentrer chez lui. Il ne devait plus créer de problème jusqu’à sa mort en 1241 et la puissance bulgare allait bientôt s’effacer devant l’arrivée des Mongols[27],[29].

L’Empire de Trébizonde étant réduit au rang de vassal du sultan seldjoukide, l’Empire latin ne consistant plus que dans la ville de Constantinople et ses environs immédiats, l’éphémère empereur d’Épire étant prisonnier du tsar bulgare, l’Empire de Nicée demeurait la seule véritable force de la région. Seule Thessalonique se refusait à reconnaitre sa légitimité ; Théodore, sorti de prison après être devenu le beau-père de Jean Asen, avait chassé son frère Manuel et couronné son propre fils, Jean, avec le titre d’empereur. Résolu à en finir, Jean Vatatzès invita Théodore à Nicée. Celui-ci fut reçu avec les plus grands honneurs, mais on lui fit comprendre qu’il était maintenant prisonnier. Après avoir conclu une trêve de deux ans avec l’Empire latin et s’être allié aux Coumans contre la promesse de terres, Jean Vatatzès à la tête d’une puissante armée raccompagna le vieillard à Thessalonique où ce dernier dut convaincre son fils d’abandonner le titre d’empereur pour reprendre celui de despote, comme ses prédécesseurs, et de reconnaitre la suprématie de Nicée[30],[31],[32],[33].

C’est à ce moment que les hordes mongoles, poussant devant elles le peuple des Coumans, traversa la Russie et l’Arménie et vint envahir l’Europe et le Proche-Orient. Une partie de cette armée fondit sur le royaume seldjoukide où le sultan Kaï-Khosrou II dut se reconnaitre vassal du Grand Khan en 1243. De même, l’empereur de Trébizonde dut transférer aux Mongols la vassalité qui le liait au sultan d’Iconium. Curieusement, les armées mongoles qui étaient maintenant aux frontières de l’Empire de Nicée, ne cherchèrent pas à pousser leur avantage. Non seulement l’Empire de Nicée était-il indemne, mais il était aussi débarrassé du danger qu’avait représenté depuis le début le sultanat d’Iconium[34],[35],[36].

Ceci laissait Vatatzès libre d’agir en Europe. Après avoir resserré les liens avec Frédéric II en épousant l’une de ses filles illégitimes, Constance, âgée de douze ans, il put s’attaquer à son but ultime, la reconquête de Constantinople. Bien qu’il ait passé vainement des années à chercher des appuis en Europe, Baudouin II ne pouvait compter que sur une centaine de chevaliers et la flotte vénitienne. Après la mort du tsar bulgare Coloman, Vatatzès s’empara des places fortes de la vallée du Strymon et de celles du haut Axius, y compris Thessalonique qui lui ouvrit ses portes en décembre 1246. Le jeune Michel de Bulgarie dut signer un traité qui livrait à Jean Vatatzès la moitié de son empire. La trêve avec Constantinople ayant expiré, Vatatzès en profita pour reprendre Tzurulon. Située dans la région de Thrace orientale, cette ville constituait une des clés donnant accès à Constantinople. Le territoire de l’Empire de Nicée était maintenant aussi étendu en Europe qu’en Asie Mineure. L’empereur aurait sans doute continué sa progression, mais dut en 1249 envoyer une expédition reprendre l’île de Rhodes occupée par les Génois[37],[38],[39],[40],[41].

Sa dernière campagne, en 1252, fut à nouveau dirigée contre l’Épire où Michel II, poussé par le vieux despote Théodore, avait attaqué des villes frontières de l’État nicéen. À partir de sa nouvelle base de Thessalonique, Vatatzès s’empara de Vodena, résidence de Théodore, et réussit à capturer Michel II qui dut lui reconnaitre la suzeraineté de l’ensemble des villes dont il s’était emparé[42],[43],[44],[45].

Expansion du despotat d'Épire de 1205 à 1230

Au cours de ses deux dernières années, Jean Vatatzès, considérant sans doute ses seules forces insuffisantes pour reprendre Constantinople qu’il encerclait maintenant complètement, chercha à parvenir à ses fins par des moyens diplomatiques. Reprenant le thème de l’union des Églises qu’il avait soulevé sans succès une quinzaine d’années plus tôt avec Grégoire IX, il entreprit des négociations avec Innocent IV au grand dam de son gendre, Frédéric II. Ce n’est qu’après la mort de ce dernier en décembre 1250 que les négociations purent reprendre avec Rome. Entretemps, Vatatzès avait réussi à convaincre le patriarche d’accepter l’autorité du pape auquel le clergé prêterait serment d’allégeance, contre la remise de la ville impériale. Les premières réactions du pape en 1254 étaient favorables. Il offrait de se constituer arbitre entre Vatatzès et Baudouin II sur le sujet de Constantinople et d’y tenir un concile pour régler les questions religieuses. Toutefois, la mort de Jean Vatatzès le 3 novembre 1254 et celle du pape le 7 décembre de la même année mirent fin à ces espoirs[46],[47],[48].

Jean Vatatzès ne fut pas seulement un général habile, ce fut aussi un administrateur consciencieux qui non seulement doubla la surface de son empire, mais sut également le faire prospérer économiquement.

Soucieux de maintenir les traditions byzantines, il repeupla une bonne partie des territoires conquis en donnant des terres aux soldats en retour du service militaire. C’est ainsi que les Coumans, chassés par les Mongols, purent s’établir en Thrace, en Macédoine, en Phrygie et dans la vallée du Méandre. Sans s’attaquer directement à Venise, il mena une politique visant à encourager l’agriculture et l’industrie locales tout en promouvant les exportations vers les nouveaux territoires mongols qui achetaient fort cher les denrées de luxe et en interdisant les importations, ce qui diminuait considérablement l’emprise des États italiens. Lui-même tenait une ferme modèle dont la vente des œufs permit d’acheter une couronne pour son épouse Irène Laskaris. Celle-ci participa à ses efforts et de concert ils créèrent un nombre impressionnant d’hôpitaux, d’orphelinats et d'œuvres charitables en plus de doter nombre d’églises et de monastères. Les arts et la littérature ne furent pas oubliés et c’est grâce à eux que Nicée pourra vivre, sous le successeur de Jean Vatatzès, un renouveau culturel qui la fit presque égaler en renommée les beaux jours de Constantinople[49],[50].

Théodore II Laskaris

Théodore II Laskaris d'après un manuscrit de l’Histoire de Georges Pachymère conservé au Musée de l'État de Bavière, Munich

Âgé de trente-deux ans à son avènement, Théodore II Laskaris (né 1221, empereur 1254, décédé 1258) qui avait repris le nom de famille de sa mère, était effectivement un intellectuel de haut niveau, profondément conscient de ses devoirs et faisant preuve de courage à la tête de ses troupes. Mais atteint comme son père d’épilepsie, il était en proie à des crises violentes qui diminuaient ses forces physiques et intellectuelles. Il s’aliéna l’aristocratie dont il se méfiait en confiant les postes les plus élevés à d’humbles fonctionnaires au rang desquels, le protovestiaire[N 3] Georges Muzalon et à ses deux frères, Théodore et Andronic. Dominant l’État, il voulut aussi dominer l’Église en nommant au trône patriarcal un moine, Arsène, qui n’avait pas encore reçu les ordres ecclésiastiques[51],[52],[53],[54].

À l’extérieur, son court règne fut surtout occupé à défendre les nouvelles frontières de l’empire plus étendu que solide sans se rapprocher de la reconquête de Constantinople. N’ayant rien à craindre du côté de l’Asie Mineure, Théodore laissa Nicée aux soins de Georges Muzalon pour se diriger vers l’Europe où le tsar bulgare Michel essayait de reprendre les villes cédées à Nicée en 1246. Théodore fit preuve d’un remarquable esprit de commandement face à des troupes indisciplinées. Il fut bientôt à Bulgarophygon où il mit l’ennemi en déroute et força le tsar, après la défaite de la Maritza, à lui restituer toutes les villes qu’il avait prises en plus de la forteresse de Tzepaina donnant accès à la Thrace. Les relations s’améliorèrent lorsque le tsar Michel Asen fut assassiné en 1256 ; son successeur, un boyard du nom de Constantin Tıch divorça immédiatement son épouse pour prendre comme femme une fille de Théodore du nom d’Irène[55],[56].

Une autre alliance matrimoniale devait au contraire ranimer l’antagonisme entre l’Empire de Nicée et le despotat d’Épire. Conformément à l’accord de 1250, Théodora, femme du despote Michel II, amena son fils à Nymphaion pour épouser la fille de Théodore II. Avant la cérémonie, on la força à signer un accord qui abandonnait à l’Empire de Nicée Dyrrachium (aujourd’hui Durazzo) et Sérvia. Furieux, Michel II rétorqua par une campagne contre Thessalonique à laquelle se joignirent Serbes et Albanais. Bientôt toute la Macédoine se soulevait. Théodore II envoya pour réprimer la rébellion Michel Paléologue (le futur Michel VIII), mais avec des troupes trop faibles pour empêcher les forces du despote d’avancer en Macédoine. Michel II fut également conforté par une alliance avec Manfred, maitre des Deux-Siciles et d’une partie de l’Italie. Celui-ci épousa une fille du despote qui lui apporta en dot la même ville de Dyrrachium ainsi qu’Avlona et Belgrade, permettant ainsi le retour de la puissance sicilienne dans les Balkans, retour qui aurait des conséquences importantes par la suite[55],[57],[58],[59].

Usurpation de Michel Paléologue et reprise de Constantinople

Jean IV Lascaris et Michel Paléologue

Michel VIII Paléologue

Sur son lit de mort, Théodore II avait nommé son favori Georges Muzalon et le patriarche Arsénios comme régents pour son fils unique Jean IV Lascaris (né  ; empereur 1258-1261 ; décédé vers 1305). L’aristocratie, désirant laver les affronts subis pendant le règne de Théodore, fit assassiner Muzalon après seulement neuf jours de régence.

On nomma à sa place Michel Paléologue qui avait été megas konostavlos, c’est-à-dire grand connétable responsable des mercenaires latins sous Jean III et Théodore II. Lui aussi avait eu à souffrir du tempérament instable de Théodore. Tout comme son père qui avait accusé Michel de haute trahison et l’avait presque obligé à subir l’épreuve du fer rouge, Théodore II se méfiait de Michel Paléologue. Lui aussi l’accusa de haute trahison, le forçant à fuir en 1256 chez le sultan d’Iconium où il prit la direction des mercenaires luttant contre les Mongols. Mais devant les attaques de Michel II et l’incapacité de ses généraux indisciplinés, Théodore fut obligé de le rappeler et de garantir sa sécurité. Cette méfiance instinctive explique sans doute pourquoi il ne lui avait pas donné suffisamment de troupes pour remplir sa mission. Après son échec, Théodore II l’avait fait emprisonner ; il ne sortit de prison qu’à la mort de Muzalon, meurtre dont il était probablement l’instigateur[60],[61].

Il reçut immédiatement le titre de megas doux[N 4] auquel fut ajouté, à l’insistance du clergé, celui de despote. En [N 5], il fut couronné coempereur. Mais alors que Michel et Théodora furent couronnés en premier avec des diadèmes sertis de pierres précieuses, le petit Jean ne reçut après eux qu’une calotte ornée de perles, symbole des jours à venir. Le jour de Noël suivant la prise de Constantinople, Michel VIII devait faire crever les yeux du jeune homme qui fêtait ce jour-là ses onze ans et le laisser en prison[N 6],[62],[63],[64],[65].

Dès son arrivée au pouvoir, Michel Paléologue dut faire face à Manfred de Sicile qui ravivait la politique antibyzantine d’Henri VI. Après s’être emparé en 1258 de Corfou, il reprit Dyrrachium avant de s’attaquer à l’Albanie et à Corcyre qui appartenaient au despote Michel II d’Épire. Michel, qui désirait se faire un allié de Manfred dans sa lutte contre l’Empire de Nicée ne protesta pas mais lui donna plutôt la main de sa fille, Hélène, considérant les villes perdues comme la dot de ce mariage. Puis, il maria sa seconde fille, Anne, au prince d’Achaïe, Guillaume de Villehardouin, qui était alors le souverain latin le plus puissant de la région puisqu’il régnait non seulement sur la Morée, mais aussi sur Athènes et l’Eubée. Cette alliance reçut l’appui du roi des Serbes Ouroch Ier. Face à cette importante coalition d’Albanais, Serbes, Germains et Latins, Michel Paléologue confia à son frère, le grand domestique puis sébastocrate Jean une armée comportant d’importants contingents de Coumans et de Seldjoukides. Jean parvint à défaire la coalition à l’automne de 1259 dans la vallée de Pélagonia, près de Kastoria. Guillaume de Villehardouin y fut fait prisonnier et Jean Paléologue occupa Arta, la capitale du despote, avant d’envahir la Thessalie et de descendre vers Thèbes. Peu après toutefois, le fils du despote, Nicéphore, parvint à reprendre une partie du terrain perdu et à faire prisonnier Alexis Stratégopoulos, qui fut délivré après que Michel Paléologue eut conclu un traité avec le despote d’Épire[66],[67],[68],[69],[70].

Après avoir abandonné le sultan d’Iconium, pourtant son allié, en signant un accord avec les Mongols, Michel VIII put se consacrer à son but principal qui avait été aussi celui de ses prédécesseurs, la reconquête de Constantinople. Il fit alliance avec l’empereur de Trébizonde, Manuel Comnène, puis passa en Europe. Il s’avança jusqu’à Selymbria (aujourd’hui Silivri), mais ne put pousser plus loin. Avant de retourner à Nicée, il conclut une trêve avec Baudouin dont les seuls alliés demeuraient le pape, qui restait sourd à ses appels à l’aide, et Venise dont une trentaine de navire défendaient l’entrée de la Corne d’Or[71],[72].

Une lutte sans merci opposera Venise et Gênes pour le contrôle des routes commerciales en Méditerranée.

Incapable de prendre Constantinople par terre, Michel VIII se tourna vers la mer. Pour y parvenir, il fallait neutraliser Venise. À cette fin, il conclut en mars 1261 avec Gênes le traité de Nymphaion par lequel les deux États se promettaient assistance mutuelle contre Venise et Baudouin II, traité en tous points similaire à celui signé en 1082 entre Constantinople et Venise. Cependant, ce traité ne faisait que remplacer le monopole économique de Venise par celui de Gênes et eut des conséquences aussi funestes dans les années subséquentes puisque Gênes et Venise continueront à s’affronter au détriment des faibles forces de l’empire reconstitué[73],[74],[75],[76].

Prise de Constantinople et réunification

Une des nombreuses icônes représentant la Vierge, dite Hodegetria, ou celle qui montre le salut

Après tant d’efforts sans résultat, la capture de Constantinople releva plutôt de la chance que de la stratégie. En juillet 1261, Michel VIII avait envoyé en Thrace le général Alexis Stratégopoulos (fait césar après la prise d’Arta), lui demandant de passer par Constantinople pour évaluer les forces latines avant que la trêve d’un an conclue avec les Latins en août 1260 n’expire. Lorsqu’il arriva, Stratégopoulos apprit que la flotte vénitienne était partie avec une bonne partie de la garnison latine pour une expédition contre la petite île de Daphnousia qui contrôlait l’entrée du Bosphore sur la mer Noire. Il apprit également qu'une entrée était accessible dans les murs de la cité. La nuit même, un détachement de ses meilleurs hommes pénétrait dans la ville, mettait les veilleurs hors d'état de nuire et allait ouvrir les portes de la ville. Il ne restait plus à Alexis qu’à y entrer avec le reste de son armée le matin du et à mettre le feu au quartier vénitien pour décourager le retour des défenseurs. L’empereur latin s’enfuit aussitôt sur un bateau vénitien avec le podestat vénitien et quelques chevaliers vers l’ile d’Eubée. Michel VIII, le « nouveau Constantin » comme il se qualifia, put ainsi faire son entrée triomphale dans la ville le . La population vint à sa rencontre avec l’image de l’Hodegetria, attribuée à saint Luc[N 7]. À pied, attribuant la conquête de la ville plus à la volonté divine qu’à ses prouesses militaires, il se rendit d’abord au Monastère du Stoudion, avant de continuer vers Sainte-Sophie rendue au culte orthodoxe. C’est là que lui et sa femme, Théodora, furent couronnés par le patriarche Arsène le mois suivant. En même temps le jeune fils de l’empereur, Andronic II Paléologue, fut proclamé coempereur et successeur de Michel VIII[77],[78],[75],[79],[80].

Notes et références

Notes

  1. Le titre de despote fut créé par Manuel Ier Comnène en 1163 pour Bella III, héritier présomptif du trône byzantin. Sous les Paléologues, le titre est conféré aux souverains d’apanages importants comme Thessalonique ou la Morée. Cfr Rosser 2006, p. 116.
  2. Le titre de sébaste fut créé par Alexis Ier Comnène pour Isaac Comnène, le frère de l’empereur et ne devait être conféré qu’aux membres de la famille impériale ; il venait immédiatement après celui de basileus et, depuis Manuel Ier Comnène, de despote. Rosser 2006, p. 354.
  3. Techniquement, gardien de la garde-robe impériale ; en fait, du IXe au XIe siècle, celui qui commandait les armées, négociait les traités de paix et autres fonctions publiques importantes ; à partir du XIIe siècle le titre devint honorifique et était conféré aux parents de l’empereur, Cfr Rosser 2006, p. 336
  4. Le titre de megas, signifiant suprême ou grand fut introduit par Alexis Ier précisément pour la fonction de commandant suprême de la marine ou megas doux. L’armée de terre était sous la conduite du megas domestikos Cfr Rosser 2006, p. 265
  5. La date exacte du couronnement fait toujours l’objet de discussions. Norwich opte pour novembre 1258, date probable de son élévation sur le pavois, mais Laiou tout comme Bréhier mentionnent plutôt , moment du couronnement officiel
  6. Ce dernier survécut cependant à Michel VIII et mourut aux environs de 1305. Andronic II, successeur de Michel VIII lui rendit visite en 1284 pour lui demander pardon
  7. Littéralement « celle qui montre la direction », en référence à la représentation de la mère de Dieu ou Theotokos tenant l’enfant Jésus sur son bras gauche, le bras droit indiquant la voie du salut. On disait que cette icône avait été peinte par saint Luc lui-même. Cfr Rosser 2006, p. 193

Références

  1. Ostrogorsky 1983, p. 447-448
  2. Laiou 2006, p. 313
  3. Kazhdan 1991, p. 1463
  4. Treadgold 1997, p. 673
  5. Treadgold 1997, p. 710
  6. Bréhier 1969, p. 304
  7. Ostrogorsky 1983, p. 448-449
  8. Norwich 1996, p. 188-189
  9. Ostrogorsky 1983, p. 450-451
  10. Norwich 1996, p. 189
  11. Ostrogorsky 1983, p. 451-452
  12. Norwich 1996, p. 190
  13. Treadgold 1997, p. 717
  14. Laiou 2006, p. 7-8
  15. Laiou 2006, p. 8
  16. Ostrogorsky 1983, p. 452
  17. Ostrogorsky 1983, p. 453
  18. Ostrogorsky 1983, p. 457-458
  19. Norwich 1996, p. 192-193
  20. Treadgold 1997, p. 716-722
  21. Treadgold 1997, p. 716
  22. Treadgold 1997, p. 719
  23. Kazhdan et 1991 « John III Vatatzes », p. 1047
  24. Norwich 1996, p. 193-194
  25. Ostrogorsky 1983, p. 459
  26. Norwich 1996, p. 196
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  54. Norwich 1996, p. 204-205
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  73. Ostrogorsky 1983, p. 473
  74. Bréhier 1969, p. 321
  75. Treadgold 1997, p. 733
  76. Norwich 1996, p. 210
  77. Laiou 2006, p. 12
  78. Norwich 1996, p. 210-211
  79. Bréhier 1969, p. 320-321
  80. Ostrogorsky 1983, p. 471

Bibliographie

Sources primaires

L’Histoire de Nicétas Choniatès décrit la période des derniers Comnènes et des Anges. Elle s’étend jusqu’à 1206 et fut terminée à Nicée, après la prise de Constantinople.

Viennent ensuite les Chroniques de Georges Acropolite. Compagnon d’études, puis maitre de Théodore II Laskaris, il fut à la fois un intellectuel et un fonctionnaire de haut rang, ayant exercé la fonction de grand logothète ou premier ministre. Il est l'auteur d'une Chronique (Χρονική συγγραφή), qui est conçue comme la continuation de l'ouvrage de Nicétas Choniatès et raconte l'histoire de l'empire depuis 1203, veille de la prise de Constantinople par les Latins, jusqu'à la reprise de cette ville par Michel Paléologue en 1261.

L’histoire d’Akropolitès se poursuit dans l’Histoire (Χρονική συγγραφή) de l'Empire byzantin en treize volumes de Georges Pachymère qui va de 1255 à 1308 et constitue un exposé historique contemporain de Michel VIII Paléologue.

Un demi-siècle plus tard, Nicéphore Grégoras consacre un grand ouvrage à la période allant de 1204 à 1359. Il traite en particulier de la période de l’Empire de Nicée et des premières années qui suivirent la restauration byzantine.

Outre ces quatre historiens, dont les textes peuvent diverger sur nombre de points importants, on peut également mentionner les lettres de Nicéphore Blemmydès, maitre de Georges Akropolitès et du futur empereur Théodore II Laskaris. Si celles-ci traitent peu de l’histoire, elles sont importantes pour leur description de la situation de la cour et de l’Église de l’époque.

Théodore II Laskaris a également écrit de nombreuses lettres qui nous renseignent sur son époque.

On pourra consulter à ce sujet :

  • Nicetæ Choniatæ Historia, ed. J.P. Migne (Patrologia Graeca vol. 140) reproduit le texte et la traduction antérieurs de Wolf. (PDF).
  • O City of Byzantium: Annals of Niketas Choniates, trans. Harry J. Magoulias, 1984 (ISBN 0-8143-1764-2).
  • George Akropolites. The History, intr. and comm.. Ruth Macrides, coll. Oxford Studies on Byzantium. Oxford, Oxford University Press, 2007.
  • Nicéphore Blemmydes. Œuvres théologiques, introduction, texte critique, traduction française et notes par Michel Stavrou, Sources chrétiennes no 517, 2007.
  • Rodolphe Guilland. Essai sur Nicéphore Grégoras. L'homme et l'œuvre, Geuthner, 1926.
  • Pantélis Golitsis. "Georges Pachymère comme didascale. Essai pour une reconstruction de sa carrière et de son enseignement philosophique," Jahrbuch der Österreichischen Byzantinistik, 58 (2008),

Sources secondaires

  • Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, Paris, Albin Michel, coll. « L’évolution de l’humanité », (1re éd. 1946)
  • Alain Ducellier, Byzance et le monde orthodoxe, Paris, Armand Colin (1re éd. 1986) (ISBN 2200371055)
  • (en) Alexander Kazhdan (dir.), Oxford Dictionary of Byzantium, New York et Oxford, Oxford University Press, , 1re éd., 3 tom. (ISBN 978-0-19-504652-6 et 0-19-504652-8, LCCN 90023208)
  • Angeliki Laiou et Cécile Morrisson, Le Monde byzantin III, L’Empire grec et ses voisins, XIIIe-XVe siècle, Paris, Presses universitaires de France, coll. « L’Histoire et ses problèmes » (ISBN 9782130520085)
  • (en) John Julius Norwich, Byzantium, The Decline and Fall, New York, Alfred A. Knopf, (1re éd. 1995) (ISBN 0679416501)
  • Georges Ostrogorsky, Histoire de l’État byzantin, Paris, Payot, (1re éd. 1956) (ISBN 2228070610)
  • (en) John H. Rosser, The A to Z of Byzantium, Lanham, Maryland, The Scarecrow Press, coll. « The A to Z Guide Series, No.16 » (1re éd. 2006) (ISBN 9780810855915)
  • (en) Warren Treadgold, A History of the Byzantine State and Society, Stanford, California, Stanford University Press (ISBN 0804726302)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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