Emmanuel Fournier

Emmanuel Fournier est un philosophe et dessinateur français, né le à Albi.

Pour les articles homonymes, voir Fournier.

Emmanuel Fournier
Emmanuel Fournier en 2014.
Nom de naissance Fournier
Naissance
Albi (France)
Activité principale
Distinctions
Prix Maurice Rapin 2008, Prix du livre insulaire 2015
Auteur
Langue d’écriture Infinitif, français et dessin
Genres
Essais philosophiques, littéraires et artistiques, poésie
Adjectifs dérivés fournié(e), fourniant(e)

Œuvres principales

  • Croire devoir penser (1992) et L'infinitif des pensées (1999)
  • 36 morceaux et Mer à faire (diptyque, 2005)
  • Philosophie infinitive (en 4 livres, 2012-13) : Penser à être, Penser à croire, Penser à penser, Penser à vivre

Ses travaux en éthique, en métaphysique et en dessin entreprennent de décloisonner les questionnements, d’en alléger les formes et d'explorer les possibilités libérées. Il est l’inventeur de la langue et de la philosophie infinitives, une façon radicale d’ouvrir et de recomposer les manières d'être et de penser, en se confiant aux verbes à l'infinitif et à leurs opérations, sans déterminer d'avance les êtres et les choses par des noms[1].

Biographie

Emmanuel Fournier commence ses études secondaires au lycée Lapérouse à Albi, où il est l’élève de Pierre Rieucau en français-latin et philosophie, et de Pierre Biraben en dessin (1968-72). Il vient terminer ses études secondaires à Paris en 1973. Il s’oriente en 1975 vers l'étude de la philosophie (université Paris I-Sorbonne, EHESS) et du dessin (ateliers de la Ville de Paris, académie de la Grande Chaumière). À Paris I, il suit notamment les cours de Jacques Bouveresse sur Wittgenstein; et à l’EHESS, ceux de Pierre Jacob et de François Recanati sur la philosophie du langage. Une part de son apprentissage se fait dans des traductions d'œuvres philosophiques et des transcriptions au trait d'œuvres picturales.

Il approfondit l'étude de la logique où il effectue ses premières recherches à la fin des années 1970, et entreprend des formations complémentaires en médecine (faculté de médecine Pitié-Salpêtrière), mais aussi en mathématiques, électronique, informatique et neurosciences (université Paris VI), afin d'apprendre comment fonctionnent le corps, le cerveau, la matière, et « quelle pensée, quelle part de l'humain y relier »[2]. Il s’intéresse en particulier aux cours de neurophysiologie de Jean Scherrer, ainsi qu'aux enseignements de Louis Gougerot sur les modélisations comparées et les transformations. La difficulté de se plier à des formations normatives et la découverte de biais dans les pratiques scientifiques le dissuadent de s’engager davantage dans ces voies d’essai parallèles, en dépit d’innovations méthodologiques et technologiques qu’il y ébauche. Il démissionne de l’internat des hôpitaux de Paris, aussitôt reçu au concours (1981), et se détourne des études en sciences pour se consacrer à l'art et à ses recherches entamées en logique et en philosophie[3].

Les travaux artistiques se font d'abord en dessin et en photographie (1981-86), puis plus spécifiquement en dessin au trait à partir de 1986, sous forme de livres et de séries qui interrogent la diversité des façons de faire attention aux choses et de se les représenter. L'invention de la méthode domino en 1990 constitue une libération vis-à-vis des craintes de figer quoi que ce soit par un mode d’approche déterminé. Il fonde en 1989 les éditions Corduriès où ces livres en dessin sont initialement publiés, avant que d’autres éditions ne prennent en charge les suivants.

Les premiers essais menés en philosophie durant les années 1980 se heurtent à des difficultés de positionnement vis-à-vis des manières de poser les questions et de mener les réflexions. Il hésite à plusieurs reprises à faire entrer ces essais dans la forme académique d’une thèse de philosophie. Avec l'élaboration de l'écriture à l'infinitif en 1992 à Ouessant, débute une série d’approches visant à « surmonter les obstacles inhérents au principe même d’une écriture en philosophie, toujours exposée à s’enfermer dans ce qu'elle dit et à se mettre ainsi en contradiction avec son projet originel (écouter, penser, faire penser, libérer, créer…) ». Désormais les recherches se feront en formes multiples qui tenteront par divers procédés, notamment en verbes, de « laisser s'exprimer, se déployer ou se replier ce qui demande plus de retenue »[4]. Il écrit et dessine à Paris, à Roscoff et à Ouessant. Ces travaux sont publiés en philosophie par les éditions de l’Éclat depuis 1996, et en poésie par les éditions Éric Pesty et les éditions Contrat maint depuis 2005.

Parallèlement, il prend des postes dans les domaines connexes où il a suivi des formations complémentaires. Il s’y engage en faisant de ces essais des mises à l’épreuve des méthodes infinitive et domino. Il enseigne d'abord la logique de 1981 à 1986, comme attaché d’enseignement à l'université Paris VI (1981-83), puis également la physiologie et l'éthique, comme assistant (1983-86), maître de conférences (1986-2009) et professeur (depuis 2009) dans la même université. Du corps physiologique à la personne morale, les sujets enseignés sont abordés comme des lieux d'interrogation plutôt qu’en savoirs constitués. Les livres accompagnant ces travaux sont publiés par les éditions Les Belles Lettres et les PUF. Il est responsable des enseignements et du département d'éthique médicale qu'il a créés en 1993 dans l'université Paris VI (devenue ensuite « Sorbonne Université »)[5]. Outre l’enseignement, il remplit des missions d’éthique pratique sur le terrain, dans les hôpitaux de La Pitié-Salpêtrière et de Charles-Foix, ou pour des comités. Il s'implique aussi dans une branche auxiliaire de la médecine, l’électromyographie, dont il travaille à améliorer les techniques et les modes de mise en œuvre au service des patients et de leurs attentes. En sont issus aux éditions Lavoisier des livres qui revisitent les principes et les pratiques de la discipline.

Travaux

Emmanuel Fournier a publié des ouvrages dans plusieurs domaines (philosophie, dessin, mais aussi sciences et médecine), où il étudie les moyens de surmonter les conditions formelles et matérielles de la pensée (grammaticales, sociales, cérébrales…), de les alléger ou de les retourner à notre avantage, en jouant notamment sur leurs modes d'expression. En commun à ces travaux, l’hypothèse que les contraintes régissant l’existence et le réel doivent une part non négligeable de leur pouvoir aux idées et aux formes qui les modèlent.

« Faut-il s'encombrer de déterminations qui limitent ou enferment plus qu'elles n'ouvrent, et qui ne sauraient représenter la seule possibilité de s'engager et de se libérer ? D'un autre côté, faut-il s'en priver dès lors qu'on peut ou bien s'en affranchir, ou bien les transformer, ou encore les aviver, par une confrontation en douceur des unes aux autres, qui souligne la valeur et les qualités propres de chacune ? »

Sur la lecture, 1989, éd. Corduriès, 2007


Les différents ouvrages s'appuient sur l'essai de formes nouvelles et sur la mise en œuvre de déplacements (infinitisation, transcription, transposition, spatialisation en domino). Leur principe est d'expérimenter des façons de faire diverses dans chaque domaine – en entrant dans la pratique de chacune, en s’y plongeant et en y adhérant sans distance –, et d’en rapprocher les fruits. L'attention portée du dedans aux matériaux, aux formes, aux styles et à leurs codes de lecture permet d'appréhender les particularités et les possibilités des différentes manières, mais aussi d'explorer les perspectives ouvertes entre elles et, ce faisant, de se donner de l'air et du champ, dans une esthétique de circulation, non sans humour et autodérision.

« Nos représentations universelles, nos constructions éternelles, nos affirmations définitives peuvent être d’autant plus joyeuses et confiantes que nous savons échapper de l’une par l’autre, circuler de l’une à l’autre, nous attacher à l'une et à l'autre, savourer chacune. Le mystère – on peut penser qu'il y en a – se trouvera bien une place dans les entre-deux. »

Les ouvrages sur la mer (36 morceaux, Mer à faire) et sur l'idée d'île (Se confier à l'île) peuvent constituer des portes de côté pour entrer dans l'œuvre. En chacun se répondent des manières différentes d'interroger un même motif, entre lesquelles le lecteur peut trouver un espace où se constituer[6].

Méthode et philosophie infinitives

« Aller en verbes, sans noms, à l’infinitif, c’est laisser à autrui (laisser aux choses, se laisser) la place la plus large, la plus libre. Comme si tout était possible et restait à faire, à essayer. C’est donc aussi s’appeler à une pratique effective : à s’engager, à s’y mettre (à vivre, à être, à penser), chacun à sa manière. »

La philosophie en verbes, ou « infinitive », est une tentative d'alléger le réel et la vie en les formulant en verbes non conjugués, sans les particulariser par les noms, pronoms et qualificatifs qui les prédéterminent habituellement dès les abords et les prémisses, et tout au long des cheminements et des analyses ensuite. La langue dépouillée, ainsi esquissée, « toute en verbes et en conjonctions », est mise en œuvre par Emmanuel Fournier pour explorer ce que les questionnements existentiels et métaphysiques doivent aux opérations des verbes entre eux (un champ ouvert et potentiellement inaccompli), mais aussi pour déjouer, dans une ironie radicale, les préjugés, les stéréotypes et les dogmatismes qui fondent leurs certitudes sur des substantifs, et pour se moquer de soi pensant[7]. Elle permet à la fois d’étudier les règles de composition des verbes à l’origine des questionnements philosophiques, et d’expérimenter les possibilités de « non prédétermination » ou peut-être de libre inconsistance des existences.

« Sembler ne pas pouvoir douter d’être, ne pas nécessiter d’y penser. Pourtant se croire appelé à être, se sentir tenu à y veiller, ou bien s’y laisser appeler. (…) N’étant peut-être rien encore. N’y ayant peut-être rien eu. »

La langue infinitive a été inaugurée en 1992 dans Croire devoir penser, et approfondie en 2012 dans les quatre livres frères, Penser à être, à croire, à penser, à vivre, rassemblés sous le titre Philosophie infinitive ou La Comédie des verbes. Elle relève à l'origine d'une révolte contre les déterminations et les préjugés que l'usage inscrit dans les noms et dans les pronoms. Il s'agit au fond de désamorcer ces idées préconçues (et les limitations ou discriminations morales, sociales, psychologiques ou culturelles qui les engendrent et s’en nourrissent), en s'en prenant à leurs moyens d'inscription dans la langue, pour aller voir ce qui se passe au-delà, dans l'algèbre des modes impersonnels (infinitif, mais aussi participe et gérondif), avec les moyens les plus légers possible. En demandant d'aborder la vie par les verbes, la formulation à l'infinitif conduit à s'affranchir des assises habituelles, notamment des sujets et des objets, mais aussi des croyances, illusions ou superstitions que les substantifs entretiennent, et des rôles de propagande qu’ils sont parfois chargés de tenir (« au nom du bien, de la liberté, de la justice, de l’éthique… »). En se passant des noms qui véhiculent de « trop belles assurances », en se dépouillant des conjugaisons qui restreignent les interrogations, elle déplace l'être, la pensée et les questions de vie du côté des verbes et d'une éthique en acte, « à faire » et à refaire, à composer verbe contre verbe et à pratiquer : penser, être, vivre, s'y engager sans s'arrêter à des représentations qui en parlent comme d'objets trop définis et qui figent à la fois les postures et les choses[8].

« S’abstenir de nommer, et déjà penser, sans plus se soucier de préciser quoi. Étreindre et embrasser, sans se limiter. Et tout raviver, et tout vivifier ! Pouvoir enfin penser sans saisir ! Penser sans avoir à posséder ! Et poursuivre sans jamais atteindre ! S’alléger ! Aller courir penser ! »

Mis en œuvre de façon réflexive et interrogative, l’infinitif devient un outil de distanciation vis-à-vis des modes de pensée usuels et un lieu d’expérimentation de modes inconnus, s’appuyant sur l’algèbre générale des verbes pour récrire à neuf les questionnements et pour relier des domaines et des questions que l'habitude de nomination sépare ou occulte. Loin de couper les questions de vie et de philosophie des personnes qui se les posent et du réel particulier où elles prennent sol, l’abstraction effectuée révèle la généralité et l'extension de ces questions en montrant qu'elles impliquent et embrassent des contextes d'emblée plus vastes : une langue sans noms permet de s’attacher sans ségrégation aux personnes et aux choses les plus diverses, et de les considérer dans leurs particularités d’autant plus librement qu’il leur est laissé de l’espace pour être. Le déplacement opéré amène à envisager d'une façon résolument différente les manières d'être, de donner sens à vivre et de faire place à autrui[9].

« Comment parler de, sans le faire être ? Et comment dire sans imposer ? En nommant, empêcher parfois d’être. Et déjà aussi se séparer, morceler, diviser, cloisonner. »

L’une des caractéristiques principales de la langue infinitive est de former les questions d’une façon qui ne pose pas d’emblée les êtres, les personnes et les choses (qui ne les enferme pas, qui ne les empêche pas d'être) et qui n’installe pas tout de suite la réflexion dans une solution arrêtée. L'entreprise constitue un approfondissement des critiques philosophiques et littéraires du sujet, notamment des critiques de la grammaire et de la métaphysique inaugurées par Nietzsche et Wittgenstein ou tout autrement par Foucault, Beckett ou Barthes. On peut y voir aussi une radicalisation des efforts de Heidegger et de Levinas pour accéder à la question d’« être » (au verbe), efforts embarrassés par l’usage des substantifs qui conduisent invariablement à réduire « l'être » (le nom) en « étant », en sujet, en substance ou en principe[10]. La radicalisation consiste d’une part à mettre en pratique des critiques du sujet qui restaient théoriques (et incomplètes, voire contradictoires, en s’exprimant avec des sujets), et d’autre part à les étendre à « l’objet », aux êtres présumés. En somme, délivrer penser de ses divers assujettissements non nécessaires, en les abstrayant; s’en remettre à une langue épurée permettant de considérer autrement les contraintes.

« Commencer par nommer, sans y penser, en parlant et sans s’en apercevoir, sans se méfier, juste pour s’aider à voir, à percevoir, à concevoir, ou même à interroger et douter. Mais aussitôt se laisser entraîner. Et déjà trop dire, préjuger déjà, disposer déjà, admettre déjà. Nommer, et se laisser faire déjà. Déjà supposer, ou plutôt poser, s’abandonner à hypostasier. »

Dans son principe, le passage par les verbes ne vise pas une réduction ontologique radicale ou une suppression de l'Être, des choses et de leur langage, mais à porter sur eux un regard dégagé des routines de lecture ordinaires et à les remettre en mouvement. C’est avant tout une méthode pragmatique. Plutôt que d'essayer de saisir dans les noms ce qui est ou ce qu'il faut faire, il s'agit en se plaçant du côté des verbes de laisser venir (ou échapper) ce qui le peut (de même qu’un dessinateur s'en remet aux traits à tracer). Au lieu de parler de l’être ou de la vie (de « parler sur »), les infinitifs « être » et « vivre » appellent directement à être, à vivre, à s'y mettre, et les participes, « étant », « vivant », font plonger dans être et dans vivre. La langue des verbes sollicite ainsi une pensée effective : le jugement n'est pas suspendu dans une sorte d'épochè, mais engagé à se mettre sans cesse et sans fin en action, dans une vigilance constante[11].

« Comment pouvoir être sans y participer ? Comment accepter de se laisser conduire ? et de se laisser peut-être déterminer ! S’inquiéter de vivre sans s’y investir. Se tourmenter d’être sans en avoir été, sans avoir rien eu à faire ou à penser. »

Le remaniement infinitif conduit à repenser les principales questions de vie en laissant une place à l’incertitude, à l’indétermination (au non-défini) ou à l’inachèvement (au non-fini), mais aussi à l'illimité (à l'in-fini), à l'inconsistance (au non-être). Penser à l’infinitif, sans nommer, n'élimine ni la diversité du réel (à différencier, dont jouir) ni notre finitude (à surmonter, dont profiter), mais y renvoie avec une autre délicatesse que celle des noms, un autre respect[12]. Poésie ? ou encore et plus que jamais philosophie ? Cette exploration (qui se refuse aux savoirs arrêtés et où il reste toujours à faire, à chercher, à essayer) se réclame du désir commun de la philosophie et de la poésie de déchiffrer, de questionner, de résister aux réponses toutes faites, d'expérimenter les possibilités de s'échapper, de se dépasser ou de se déplacer[13]. La « vita infinitiva » avance donc vers une « terra incognita » plutôt que sur une « tabula rasa ».

« Trop aimer pour réduire en nommant. (…) Pour avoir voulu s'épanouir, n'avoir pas voulu se limiter. Pour avoir refusé d’obéir, n’avoir pas voulu s’endoctriner. Vouloir vivre, mais pas pour brider. (…) Penser pour trouver jusqu'où aimer. Pourquoi penser devoir s'arrêter ? »

S’ensuit un travail de clarification et de composition sans précédent des motifs philosophiques : être et dire, plutôt qu’édifier une métaphysique de l’Être (Penser à être) ; savoir, vouloir et pouvoir, plutôt qu’une doctrine de La Vérité, de La Volonté ou du Pouvoir (Penser à croire) ; chercher et libérer, plutôt qu’une théorie de La Liberté (Penser à penser) ; vivre, plutôt qu’une systématisation de La Vie (Penser à vivre). Cependant, si la méthode infinitive opère une critique radicale de la philosophie, elle se présente avant tout comme une manière autre de philosopher, contrepoint aux philosophies qui procèdent par concepts et théories pour dire ce qui est, et qui assoient leurs contours, leurs savoirs et leurs pouvoirs sur les noms (de concepts ou d’auteurs) auxquelles elles se consacrent. Au-delà de la critique, l’implication active et effective à laquelle appelle l’infinitif fait de la pensée sans noms une remobilisation des différentes spécialités philosophiques qu’elle traverse du même appel. Ce faisant, l’exploration du continent des verbes et des pensées sans noms ouvre une interrogation particulièrement prégnante sur les rôles habituellement prêtés aux mots, notamment sur la peur qu’il n’y ait rien sans eux (« Ne rien être et ne rien atteindre (qui se nomme). »).

« D’abord, comment se passer de nommer ? Car devoir tout de même témoigner ! Être ! Voir être ! Devoir le marquer ! — Pas question de s'enfermer après s'être libéré. Si l'infinitif constitue une critique radicale salutaire, il faut en même temps se donner la possibilité de s'en distancier. Le garder d'un dogmatisme. Rire de notre jeu de verbes devant le grand mystère présumé de ce qui est et de ce que nous sommes. Il faut une comédie des noms qui se moque de la comédie des verbes. Qu'elles se comprennent comme alliées. »

Le livre La Comédie des noms, écrit tout en noms, sans verbes, se présente comme une mise en abîme ou une parodie du projet infinitif, mais en constitue plus profondément un prolongement, permettant aux verbes de se comprendre du dehors, par les noms, et réciproquement, dans un dépouillement et une surabondance où les uns et les autres dialoguent et s'éclairent mutuellement, par contraste. Il apparaît que les noms, mis en œuvre en solo, peuvent s’affranchir des fonctions de réification qu’on leur assigne d’ordinaire, se remettre en branle et se prêter, comme les verbes, à un travail de « désessentialisation » et de libération : mettre en mouvement ce qui paraît défini, libérer des possibilités d’interrogation, rendre à chacun cette liberté en lui donnant une place non assignée.

« Boiterie d’hypostases, borgnerie de théories, turpitude de morales, surditude de dogmatismes, clopinade d’ontologies, estropiade de conceptures… Tout un appareillage de cannes, béquilles, attelles et prothèses au service de mes évasions. Et gabegie de néologismes, et gaspillage de raisonnades ! Foin des plus belles philosophies sans ma licence et ma fantaisie ! »

Les investigations menées à l'infinitif alternent dans la bibliographie avec des études « en français » qui s’interrogent sur le sens et la portée de penser sans noms (L'infinitif des pensées, L'infinitif complément, Se confier à l'île). Là où l’infinitif cherche à dire sans rien dire qui s'achève, ces études critiques en appellent à des formes qui puissent parler de l'expérience infinitive sans en faire une théorie ou un objet figé, ni faire revenir parallèlement un sujet envahissant. Elles s'en remettent à des discours déjà constitués qu'elles déplacent de leur sujet d'origine, en tablant sur le déplacement pour laisser se dire ce qui cherche à se dire de façon non arrêtée : transpositions (Les verbes de la désolation, Les verbes de la consolation, Hommage à Michel Foucault), transcriptions à l'infinitif de pages de journal (Mer à faire) ou de textes de Descartes, Nietzsche, Wittgenstein, Heidegger, Beckett, Celan (L'infinitif des pensées, Philosophie infinitive).

«  Être sans l’avoir su. En s’entre-regardant. En regardant et en se laissant regarder. Sans avoir eu alors à se demander d’être. Ni même songé à réclamer être encore. S’estompant, s’effaçant, là où avoir été. Regardant s’unir et ne plus se séparer. (Transcription de Paul Celan) »

Ces recherches s'étendent du côté de la musique par un travail sur la métrique des propositions infinitives et d'autre part sur la voix susceptible de les actualiser et de leur donner chair (Parler d’aimer). Des concerts et des enregistrements en ont résulté.

Investigations en dessin

La même chose n°15, 1993, éd. Corduriès, 2007

L'utilisation du dessin au trait comme moyen d'interrogation obéit à des préoccupations semblables : alléger les langages de questionnement, dépouiller les manières, procéder par ébauches et esquisses non achevées, ouvrir des écarts entre les modes de représentation, réenvisager ce qui semble aller de soi. Les travaux d’Emmanuel Fournier sur la grammaire des traits et les langages du dessin ont précédé ceux qu'il a menés sur l'algèbre des verbes, de sorte qu’on peut considérer les seconds comme une transposition en écriture et une extension des premiers. Les recherches au trait ont donné lieu à des expositions et à une série de livres écrits en dessin (Sur la lecture, La même chose, 36 morceaux...)[14] qui utilisent la variété des manières de dire pour interroger ce qui est (« Questionner le qui, le quoi et le pourquoi à travers le comment. »)[15].

« Nous tentons de cerner les choses par la variété des regards que nous portons sur elles, mais cette variété les rend toujours autres et les fait échapper, en même temps qu’elle nous détache de nous-mêmes. Peut-être même, les choses ne sont-elles rien d’autre que ces espoirs opposés qui nous tiennent en activité. »

La méthode de transcription, développée à partir de 1986, est parue dans Sur la lecture en 1989. Elle consiste à mettre en regard des dessins des mêmes choses pour explorer conjointement ces « choses » (leur « être » ?) et les manières de les approcher ou de les fabriquer. Chacune se découvre par l’autre, dans la confrontation avec cette autre : « la même chose » pour un regard qui veut rassembler, « autre chose » pour qui veut explorer la diversité. Dans les premières œuvres, l'exploration ne se fait pas, comme à l’infinitif, en éludant le sujet, mais en le surjouant ou, du moins, en le jouant, en le répétant (pour interroger le sujet dessiné) et en en variant le style (pour interroger le sujet dessinant).

Catalogue de mers, exposition CIPM, Marseille, juin 2007 et éd. Corduriès, 2007

La question des rapports d'une chose à son être et à ses représentations s’aiguise lorsque le motif se fait plus insaisissable. Les livres suivants (36 morceaux, Catalogue de mers) tentent de relever les lignes à la surface de la mer avec divers instruments de trait (plume, crayon, compas, pinceau…). La « chose », la chose réelle, est-elle alors dans sa partition ? dans ses interprétations ? Les tentatives d’approcher le fluide par ces transcriptions pour plusieurs instruments rapprochent le travail du « dessineur » de celui du musicien et rejoignent les tentatives pour saisir le questionnement philosophique avec des moyens aussi légers que possible (traits ou verbes)[16]. D'un motif à l'autre, d’un mode à l’autre, dessins et écrits placent la pensée dans une entreprise de déchiffrage actif où elle peut en même temps œuvrer et se voir œuvrer (faire et se voir faire)[17].

Dans cette perspective, dessiner au trait (notamment à la plume et à l'encre de Chine sur papier), c'est se confier à des éléments simples (les traits, les matières, les formes, les rythmes) ne pouvant porter l'illusion que tout est déjà donné, et demandant, par leur nature non déterminée, non encore chargée de signification, d'y mettre de soi, d'être là, de s'impliquer, tant dans la lecture que dans l'écriture. Le principe d'entrer dans les procédés de fabrication avec peu de moyens et de se mettre à distance des styles, des déterminations et des représentations incite à une réappropriation du monde et de la vie (ou plutôt d'être et de vivre) en se plaçant à leur égard dans un rapport d’ouverture et d’implication.

Travaux sur les relations cerveau-pensée

Se voir voir, 1990, In Creuser la cervelle, 2012

Les travaux sur le langage neuroscientifique et sur le rôle donné au cerveau prolongent l’étude des conditions grammaticales de la pensée du côté de ses conditions cérébrales. Ils constituent une critique de notre propension actuelle à nous « encerveler » et à penser nos vies en termes cérébraux[18]. Le souci de ces travaux est de ne pas laisser « l'organe de la pensée » penser, s'émouvoir, douter, aimer… à notre place (de même que la langue infinitive vise à ne pas laisser les mots parler à notre place). Ils s’interrogent avec une douce ironie sur la solidité des fondements et des repères que nous cherchons dans les replis du cerveau (Creuser la cervelle, 2012)[19] et, avec une ironie plus incisive, sur la croyance que nous devrions laisser les neurosciences nous déterminer à leur idée et nous dire comment nous comporter (Insouciances du cerveau, 2016)[20].

« Si le cerveau abrite toutes nos pensées, s’il faut lui reconnaître la capacité d’avoir engendré toutes sortes d’idées, les plus folles comme les plus sages, il faut le tenir pour responsable de toutes nos théories et idéologies, de toutes nos obéissances et impertinences. Mais alors, qu’on n’aille pas chercher dans son étude des preuves qu’une manière de penser vaut mieux qu’une autre. »

Il ne faut donc pas attendre des neurosciences qu'elles nous apprennent ce que nous sommes ou ce que nous aurions à faire, mais plus modestement qu'elles révèlent les conditions cérébrales nécessaires à cela. Dès lors, le cerveau apparaît d'une part comme un mode d’accès matériel à nous-mêmes, via les possibilités techniques de nous modifier et de nous traiter, dont il donne l'espoir, mais aussi et surtout comme un moyen symbolique de nous représenter, via les images que nous fabriquons de lui – notamment par les techniques d’IRM cérébrale fonctionnelle. L’analyse montre que nous nous servons du cerveau avant tout comme d'un double de nous-mêmes, pour une part imaginaire, un prête-nom derrière lequel nous nous cachons, à la fois excuse, alibi et tremplin de nos pensées, allégué comme responsable de nos actes, que ce soit pour justifier nos soumissions ou pour dynamiser nos vies[21].

« Le cerveau, comme les noms, vaut s’il nous libère et nous grandit – ou s’il nous fait rire de nos illusions –, pas s’il nous rapetisse et nous referme sur une représentation arbitraire et étriquée de nous-mêmes ; pas s’il n’est pour nous qu’une nouvelle occasion de nous asservir et de nous tenir captifs de nos savoirs, myopes ou irréfléchis. »

L'écriture critique des livres sur le cerveau d’Emmanuel Fournier consiste à révéler la « neurolangue » qui s’insinue en nous, en lui opposant d'autres manières de dire et de représenter, et en jouant sur des transpositions[22].

« Les langues sont des sortes de lieux qui nous font sortir de notre lieu ordinaire et qui nous font penser autrement. Nous sommes en quête de celles qui sauront nous dédoubler (…). La langue neuroscientifique est un de ces lieux possibles pour nous, entre d’autres lieux et d’autres langues. »

Partant d’une insouciance « écervelée », qui consisterait à s’en remettre innocemment au nouvel ordre cérébral et aux neurodiscours qui structurent celui-ci, le travail sur les langages porte à une toute autre insouciance, qui en appelle à explorer les libertés ou les distances à prendre avec l’idée de cerveau, à côté des libertés à gagner grâce à elle[23].

Prolongements en médecine et en sciences

Les travaux sur les relations de la technique à ce qu’elle révèle se sont traduits en médecine par des recherches sur les méthodes d'étude électrophysiologique du système nerveux, notamment d'examen électromyographique, et sur les façons d'accorder leur point de vue à ceux des patients. Comment mettre en forme des signes « artificiels » qui fassent voir et comprendre la réalité ? Comment rendre une technique à la fois plus parlante, plus légère et indolore ? Comment l'adapter à un patient particulier et la lui rendre éclairante ? Comment en faire une occasion de rencontre et de dialogue avec celui-ci ? Les recherches d'Emmanuel Fournier sur ces questions sont à l'origine de méthodes nouvelles dans le domaine, et ont constitué une occasion de mettre en question et en forme un champ de savoir livré jusque-là aux querelles d'écoles et aux recettes empiriques[24].

Greffe de visage Duchenne-Vinci, E Fournier, collage d'images, 2009, In La fabrique du visage, 2010

La mise en perspective systématique des troubles ressentis par les patients et des représentations physiopathologiques qui peuvent en être données a permis de donner des fondements aux techniques, de les conceptualiser, mais aussi d’en mettre les principes à l'épreuve et d’en améliorer les conditions de réalisation pratique. Ces travaux ont été publiés dans des livres qui effectuent un travail de rationalisation et de simplification des pratiques, et en même temps de redéfinition de la place de la technique comme moyen d'échange et de rapport humain, dont les personnes constituent le lieu de sens.

D'un autre côté, la pensée de l'indéterminé et de l'inachevé et les interrogations sur la transcription se sont poursuivies par des travaux sur les questions d'identité posées par les greffes (médicales, végétales ou littéraires : « Qui sommes-nous ? Quelle sorte d'identité ont les êtres et les choses pour accepter de se greffer ? ») et d'autre part sur les questions de dénomination dans les situations de fin de vie[25]. La confrontation de paroles de malades mourants (Dire mourir) à celles de médecins de soins palliatifs (Les mots des derniers soins) a conduit à réviser la place donnée à « l’autre » et à proposer la notion de « médecine de l'incurable » afin de repenser la mission de soin de la médecine à l'égard de ceux qui sont atteints de maladies chroniques, inguérissables ou inachevables[26].

Méthode et espace domino

Les explorations conduites en dessin et en écriture s’appuient sur la « méthode domino », une nouvelle méthode de composition des œuvres et d'appréhension de l'espace, proposée en 1990 (Diptyc'Domino, L'Espace Domino). En s’inscrivant dans un double, comme une part de domino, chaque ébauche – en même temps qu’elle affiche sa particularité et sa contingence – en appelle à d'autres qui la complètent, la contredisent ou la varient. L’œuvre se crée dans un espace de juxtapositions et de confrontations où elle peut se déployer en multiples dimensions, comme autant de numéros de domino, et faire travailler les tensions entre ses tentations contraires sans chercher à les résorber ou à les estomper. Procédé de variation et d’extension plutôt que principe d'unification, la spatialisation en domino permet de prendre en compte différentes perspectives et de remettre en mouvement ce qui, s'étant constitué, risque de se figer.

Diptyc'Domino - Le dessineur luttant contre le dragon (extrait de 3 dominos), 1990, éd. Corduriès, 2007

La forme globale de l'œuvre d’Emmanuel Fournier expérimente elle-même la méthode domino. Fragments à assembler, les ouvrages successifs s'associent en dominos (livres en diptyques, en deux volumes, en deux langues ou à deux voix) qui se répondent ou s'opposent, à la recherche de marges de manœuvre et d'espaces de circulation dans les entre-deux, les dédoublements, les déplacements et les rapprochements. Il en résulte une bibliographie mobile qui se compose et se recompose sans cesse, en interrogeant la question de son inachèvement[27].

Exposition Diptyc'Domino, chez Françoise Acat, Paris, juin 1990

Complémentaire de la méthode infinitive et des transpositions-transcriptions, la méthode domino est aussi une manière d'appréhender la vie (et notamment de sortir d'une position exclusive, en y intégrant d'autres positions possibles). Elle peut servir de mode de compréhension et de déploiement des ressources personnelles et sociales opposées de chacun.

« Accueillir par des dédoublements et des appariements les accidents qui nous surprennent et les élans qui nous traversent; s'en saisir, les varier, les distribuer, les opposer, leur donner des sens pluriels et non arrêtés, les rendre actifs, vivants, féconds. »

Œuvres

Expositions

Exposition La même chose, Salon Découvertes, Paris, mars 1994
  • Diptyc’Domino, chez Françoise Acat, Paris, 1990
  • La charogne, FIAC, Paris, 1993
  • La même chose, salon Découvertes, Paris, 1994
  • Le dessineur luttant contre le dragon, FIAC, Paris, 1994
  • 36 morceaux (transcriptions pour trois instruments), Galerie Pierre Colt, Nice, 1995
  • Catalogue de mers, cipM (Centre international de poésie Marseille), Marseille, 2007

Livres de dessin ou sur le dessin

  • Journal de la Grande Chaumière, en 4 livres, 1986-1988
  • Incarnations et repentirs, 1989

Questions au trait :

  • Dessins d'identité, Éditions Corduriès, 1re éd. 1992, 2e éd. Éditions Sauramps , 2007
  • La même chose, Éditions Corduriès, 1re éd. 1993, 2e éd. 2007

Dénuer Dessiner Désirer :

  • 36 morceaux (Livre I, 1995), Éditions Éric Pesty, 2005

La méthode domino :

Livres de philosophie

Vita infinitiva :

Théorie des verbes :

S'encerveler, s'écerveler :

Philosophie infinitive ou La Comédie des verbes, en 4 livres :

  • Penser à être, 2012, Éditions de l'Éclat, 2014, 2018
  • Penser à croire, 2012, Éditions de l'Éclat, 2014, 2018
  • Penser à penser, 2013, Éditions de l'Éclat, 2014, 2018
  • Penser à vivre, 2013, Éditions de l'Éclat, 2014, 2018

Par noms et par verbes :

  • La Comédie des noms, Un carnet de Venise, 2014, Éditions Éric Pesty, 2016
  • Minimal nominal, ou Ockham ockhamiser, 2016, à paraître

Nouvelles expéditions à l'infinitif :

Œuvres à deux voix

  • Lettre/Lettre (avec Pierre Rieucau), Éditions Contrat maint, 2016
  • Parler d’aimer, chants d'Ouessant, textes : Emmanuel Fournier, 2004 :
    • 1re interprétation : Marianne Arzel et sa chorale, sur des airs gallois, CD Gallois2/1, 2005
    • 2e interprétation et musique : Malik Richeux, 2015
  • Les mots des derniers soins (Livre à deux voix avec Jean-Christophe Mino) incluant Dire mourir, Éditions Les Belles Lettres, 2008, Prix d'Éthique médicale Maurice Rapin
  • Se confier à l'île (Livre à deux voix avec Françoise Péron), 2013, Éditions Locus Solus, 2015, Prix du livre insulaire

Contributions à des ouvrages

Comptes rendus d'exposition en dessin :

  • Picasso et les choses ou Le trait et l’objet, In : Saxifrage vol. 1, 1992
  • Yves Klein, Monet, Fragonard ou Le trait et le regard, In : Saxifrage vol. 2, 1993
  • Copier Créer. De Turner à Picasso ou Le trait et l'expression, In : Saxifrage vol. 3, 1993
  • De Cézanne à Matisse ou Le trait et la forme, In : Saxifrage vol. 3, 1994
  • Mondrian, Sol LeWitt, Rembrandt ou Le trait et la lumière, In : Saxifrage vol. 4, 1994
  • Nicolas Poussin ou Le trait et la couleur, In : Saxifrage vol. 5, 1995

Études de philosophie :

  • Introduction à la logique, Université Paris VI, 1981
  • Croire devoir penser (extraits). In : Saxifrage vol. 4, 1994
  • Chercher-à-vériter, en un seul verbe. In : Poésie & Philosophie, Éditions du cipM et Éditions Farrago, 2000
  • L’infinitif complément. In : Mélanges pour Jacques Roubaud, Éditions Langues’O (INALCO), 2001
  • Onze conclusions & Les verbes de la désolation. In : Issue vol. 3, 2003
  • Dessiner ou écrire. In : Le Cahier du Refuge, no 157, Éditions du cipM, 2007
  • Une identité à façonner. In : La fabrique du visage (dir. F. Delaporte, E. Fournier et B. Devauchelle), Brepols Publishers, 2010
  • Propositions infinitives, mode d'emploi, Éditions de l'Éclat, 2014, 2018

Études sur le cerveau :

Directions d'ouvrages collectifs

Textes de médecine et de sciences

Éthique médicale :

  • Introduction à l'éthique médicale, Université Paris VI, 1993, 2015

Physiologie :

  • Introduction à l'étude du corps, Université Paris VI, 1995
  • La pathologie revisitée par les canaux, Conférence à l’Académie de Médecine le 4 février 2014, Bulletin de l’Académie nationale de Médecine, 2014

Électromyographie : 1re et 2e éd. en deux livres Examen électromyographique et Atlas d’électromyographie (Éditions E.M.Inter-Lavoisier), 3e éd. en 4 livres :

  • L’électromyographie sans douleur, Éditions Lavoisier, 1998, 2008, 2014
  • Sémiologie électromyographique élémentaire, Éditions Lavoisier, 1998, 2008, 2013
  • Atlas d’électromyographie, Éditions Lavoisier, 2000, 2013
  • Syndromes électromyographiques, Éditions Lavoisier, 1998, 2008, 2013

Préfaces, hommages

Références

  1. Robert Maggiori, « Penser à l'infinitif », sur Libération,
  2. Presses Universitaires de France, « Emmanuel Fournier », sur puf.com
  3. Sorbonne Université-Paris VI, « Emmanuel Fournier », sur sorbonne-universite.fr
  4. « Conversation entre Emmanuel Fournier et Pascal Poyet », Le Printemps de septembre, L’Adresse, Toulouse, (lire en ligne)
  5. Sorbonne Université-Paris VI, « Département d'éthique », sur sorbonne-universite.fr
  6. François Delaporte, « L’île, une tâche d’incertitude », L'Humanité, (lire en ligne).
  7. Alain Veinstein, « Philosophie infinitive », sur franceculture.fr,
  8. Anne Malaprade, « Philosophie infinitive d'Emmanuel Fournier », sur Sitaudis,
  9. Dominique Dussidour, « L’infinitif complément d’Emmanuel Fournier », sur remue.net
  10. Dominique Janicaud, « L'infinitif des pensées », Philosophie, no 69,
  11. Anne Malaprade, « Se confier à l'île d'Emmanuel Fournier », sur Sitaudis,
  12. Anne Malaprade, « La poésie jusqu’à l’infini », Action poétique, n° 197, , p. 95-96
  13. Emmanuel Fournier, « Philosophie infinitive, Mode d'emploi », sur eclat.net
  14. Harry Bellet, « De merveilleux moutons », Le Monde,
  15. Dominique Dussidour, « Dénuer Dessiner Désirer. Un diptyque d’Emmanuel Fournier », sur remue.net
  16. Ixchel Delaporte, « Une mer phrasée », L’Humanité, (lire en ligne)
  17. Philippe Coubetergues, « Au moindre trait », Le Cahier du Refuge, no 157, , p. 11 (lire en ligne)
  18. Cairn.info, « Encerveler », sur cairn.info
  19. Jean-Paul Thomas, « Que faire d’un cerveau ? », Le Monde, suppl. Le Monde des livres, (lire en ligne)
  20. Jean-Paul Thomas, « Par-delà la matière grise », Le Monde, suppl. Le Monde des livres, (lire en ligne)
  21. Patrick Dupouey, « L'objet cerveau sous toutes les coutures », L’Humanité, (lire en ligne)
  22. Pascal Poyet, « Insouciances du cerveau d'Emmanuel Fournier », sur Sitaudis,
  23. Emmanuel Fournier, « Insouciances, mode d'emploi », sur éclat.net,
  24. Knoops P., « Emmanuel Fournier, Examen électromyographique », Neurophysiol. Clin., no 29, , p. 292-293
  25. Dany Stive, « Un portrait d’homme mourant, réflexion sur la médecine palliative », L'Humanité,
  26. François Delaporte, « Soins palliatifs : un concept philosophique », La Revue du praticien, no 58,
  27. Éric Pesty, « Le philosophe et le dessineur », Le Cahier du Refuge, no 157, , p. 15-17 (lire en ligne)

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