Ella Cara Deloria

Ella Cara Deloria () (Aŋpétu Wašté Wiŋ, « Dame belle journée » en lakhota) est une anthropologue, linguiste, ethnographe, enseignante, et écrivaine yankton sioux. Elle est la tante de Vine Deloria, Jr..

Le cratère vénusien Deloria a été nommé en son honneur.

Biographie

Deloria est née en 1889 dans le district de White Swan de la réserve indienne de Yankton, dans le Dakota du Sud. Ses parents étaient Mary (ou Miriam) (Sully) Bordeaux Deloria et Philip Joseph Deloria, et sa famille avait des origines sioux, anglaise, française et allemande. Son nom de famille remonte à François-Xavier Delauriers, un ancêtre trappeur français. Son père fut l'un des premiers Sioux à être ordonné prêtre épiscopal. Sa mère était la fille d'Alfred Sully, un général de l'armée américaine et d'un Yankton Sioux métis. Ella était le premier enfant du couple, dont chacun avait plusieurs filles issues de mariages antérieurs. Ses frères et sœurs étaient la sœur Susan et son frère Vine Deloria Sr., devenu prêtre épiscopal comme leur père.

Deloria a été élevée dans la réserve indienne de Standing Rock, à Wakpala, et a d'abord été scolarisée à l'école missionnaire de son père, St. Elizabeth’s. Elle alla ensuite dans un pensionnat à Sioux Falls. Après avoir obtenu son diplôme, elle étudia à Oberlin College, Ohio, où elle avait obtenu une bourse. Après deux ans à Oberlin, Deloria fut mutée au Teachers College de la Columbia University à New York où elle obtint une licence en sciences en 1915.

Elle devint

"une des premières figures biculturelles vraiment bilingues de l’anthropologie américaine et une érudite, enseignante et esprit extraordinaire qui a poursuivi ses travaux et ses engagements dans des conditions notoirement adverses. À un moment de sa vie, elle vivait dans une voiture tout en collectant des matériaux pour Franz Boas."[1]

Tout au long de sa vie professionnelle, elle a souffert d'un manque d’argent et de temps libre pour ses études. Elle s'est engagée à soutenir sa famille: son père et sa belle-mère étaient âgés, et sa sœur Susan dépendait d'elle financièrement.

À côté de ses travaux en anthropologie et en linguistique (voir ci-dessous), Deloria a occupé plusieurs emplois, dont l'enseignement (danse et éducation physique). Elle a donné des conférences sur la culture sioux, et a travaillé pour les Camp Fire Girls et la YWCA. Elle a également occupé des postes au Sioux Indian Museum de Rapid City, dans le Dakota du Sud, et a été directrice adjointe au W.H. Over Museum à Vermillion. Son frère, Vine V. Deloria, père, était un prêtre épiscopal, connu pour son charisme et ses récits superbes. Il a été déçu par le racisme au sein de l'Église épiscopale. Son neveu était Vine Deloria, Jr., qui devint écrivain, activiste et intellectuel.

Travaux académiques

Ella Deloria rencontra Franz Boas au Teachers College et commença avec lui une association professionnelle qui a duré jusqu'à la mort de celui-ci en 1942. Boas la recruta comme étudiante et l'engagea à travailler avec lui sur la linguistique des langues amérindiennes. Elle travailla également avec Margaret Mead et Ruth Benedict, anthropologues renommées qui avaient été des doctorantes de Boas. Pour son travail sur les cultures amérindiennes, elle avait l'avantage de parler couramment le dakhota et le lakhota, en plus de l'anglais et du latin.

Ses compétences linguistiques et sa connaissance intime de la culture sioux (aussi bien traditionnelle que christianisée), ont permis à Deloria de mener à bien un travail important, souvent novateur, en anthropologie et en linguistique. Elle traduisit également en anglais plusieurs textes historiques sioux, tels que les textes lakota de George Bushotter (1864-1892), premier ethnographe sioux, ainsi que les textes de Santee enregistrés par les missionnaires presbytériens Gideon et Samuel Pond.

En 1938-1939, Deloria a fait partie d'un petit groupe de chercheurs chargés de réaliser une étude socio-économique sur la réserve de Navajo pour le Bureau of Indian Affairs, financée par le Fonds Phelps Stokes. Ce projet permit à Deloria d'obtenir davantage d'invitation à donner des conférences, ainsi que des fonds pour soutenir ses recherches sur les langues autochtones. En 1940, elle et sa sœur Susan se rendirent à Pembroke, en Caroline du Nord, pour mener des recherches auprès du peuple Lumbee du comté de Robeson. Le projet a bénéficié de l'appui du Bureau of Indian Affairs et de l'administration fédérale de la sécurité agricole.

Deloria reçut des financements de Columbia University, de la American Philosophical Society, la Bollingen Foundation, la National Science Foundation, et la Doris Duke Foundation pour effectuer ses recherches durant les années 1929-1960s. Elle était en train de compiler un dictionnaire lakota au moment de son décès. Les archives qu'elle a laissées se sont révélées précieuses pour les chercheurs qui ont poursuivi son travail.

Liste partielle de publications

Fiction

  • 1988: Waterlily (reprinted 1990, University of Nebraska Press; (ISBN 0-8032-6579-4)). Traduction française : Nénuphar, éditions de l’Étincelle, 1989, (ISBN 978-2890191921).
  • 1993: Ella Deloria's Iron Hawk (single narrative, ed. Julian Rice. University of New Mexico Press; (ISBN 0-8263-1447-3))
  • 1994: Ella Deloria's the Buffalo People (collection of stories, ed. Julian Rice. University of New Mexico Press; (ISBN 0-8263-1507-0))

Essais

  • 1928: The Wohpe Festival: Being an All-Day Celebration, Consisting of Ceremonials, Games, Dances and Songs, in Honor of Wohpe, One of the Four Superior Gods... Games, of Adornment and of Little Children
  • 1929: The Sun Dance of the Oglala Sioux (American Folklore Society)
  • 1932: Dakota Texts (reprinted 2006, Bison Books; (ISBN 0-8032-6660-X))
  • 1941: Dakota Grammar (with Franz Boas) (National Academy of Sciences; reprinted 1976, AMS Press, (ISBN 0-404-11829-1))
  • 1944: Speaking of Indians (reprinted 1998, University of Nebraska Press; (ISBN 0-8032-6614-6))

Autres références citées

  • Jan Ullrich, New Lakota Dictionary. (2008, Lakota Language Consortium). (ISBN 0-9761082-9-1). (comprend un chapitre détaillé sur la contribution de Ella Deloria à l'étude de la langue lakota)

Liens externes

  • Ella Deloria Archive. American Indian Studies and Research Institute, Indiana University Bloomington.

Références

  1. « Ella C. Deloria Undergraduate Research Fellowship », Department of Anthropology, Columbia University (consulté le )
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