Ela Bhatt

Ela Ramesh Bhatt, née le dans la ville d'Ahmedabad (État du Gujarat, Inde), est une avocate et militante indienne. Elle est une des instigatrices de la micro-finance en Inde et la fondatrice de la SEWA (Self-Employed Women's Association). Elle a reçu de nombreuses distinctions pour l'ensemble de son œuvre auprès des plus démunis.

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Biographie

Née dans une famille de brahmanes privilégiés, l'enfance d'Ela Bhatt se passe dans la ville de Surate où son père, Sumantrai Bhatt, a un cabinet d'avocat prospère. Sa mère, Vanalila Vyas, est active dans le mouvement des femmes. Ela entre au Sir Shah LA Law College à Ahmedabad. En 1954, elle obtient son diplôme en droit et une médaille d'or pour son travail sur la loi hindoue. Elle commence à travailler comme avocate au bénéfice du syndicat d'une entreprise textile.

En 1956, Ela Bhatt épouse Ramesh Bhatt (aujourd'hui décédé), mari qu'elle a choisi.

Ahmedabad devient le lieu de naissance du mouvement SEWA, pionnier de la microfinance, mais surtout mouvement atypique à la fois syndicat, coopérative et banque pour des centaines de milliers de femmes[1]. Pourtant en 1972, la municipalité s'étonne lorsque Ela Bahatt fait part de sa volonté de créer un syndicat de femmes travailleuses : « Mais pourquoi vouloir créer un syndicat, si vous n'avez pas de patron contre lequel manifester ? »[2] Pour Ela Bath : « Un syndicat ne sert pas qu'à faire de l'agitation ou à s'opposer. Un syndicat, c'est aussi... pour la solidarité »[3]. Cette attitude ne l'empêche pas de fonder l’Association des Femmes travailleuses indépendantes en Inde (Self-Employed Women’s Association, SEWA). Ce syndicat au profit des plus pauvres a désormais 1 million de membres.

En 1974, lors de la création de Banque coopérative de SEWA, 4 000 femmes versent alors 20 roupies (1 euro) pour constituer le premier capital[4]. En 1979, elle fonde la Women's World Banking avec Esther Afua Ocloo et Michaela Walsh, organisme dont elle assure la présidence de 1980 à 1998.

Dès 1981, elle se spécialise dans la défense des femmes, en particulier celles gagnant leur vie dans le secteur informel (ramasseuses de chiffons, vendeuses de légumes, porteuses d'eau, tireuses de charrettes...), et qui, à ce titre, ne bénéficiaient d'aucun droit ni protection légale[2].

De 1986 à 1989, Ela Bhatt siège à l’Assemblée des États et préside la commission nationale des femmes indépendantes. De 1989 à 1991, elle est membre de la Commission du Plan[3].

Jusqu'en 2005, elle est présidente du Comité directeur WIEGO, un réseau mondial de recherches politiques qui vise à améliorer la situation des travailleurs pauvres, surtout celle des femmes dans l'économie informelle.

Malgré son statut aisé, Ela Bhatt vit modestement à Ahmedabad avec sa famille, dans un petit bungalow exigu et spartiate. Son lit lui sert en même temps de fauteuil de bureau. Elle est actuellement présidente de la Banque coopérative de SEWA, de HomeNet, et de l'Alliance internationale des vendeurs de rue. Elle est également administratrice de la Fondation Rockefeller.

Elle fait partie du groupe des Global Elders (anglais signifiant les anciens, ou sages, universels), créé par Nelson Mandela afin de promouvoir la paix et les droits humains dans le monde.

Distinctions

Citation

« Les femmes, en s'organisant entre elles, ont abandonné l'acceptation passive de toutes les injustices; elles ont le courage de se lever et de se battre, la capacité de penser, d'agir, de réagir et de gérer. L'autonomie est ce qu'elles veulent en définitive. Il n'y a pas de développement sans autonomie. Mais il n'y a pas de route vers l'autosuffisance, sans organisation. »

Œuvres

Notes et références

    • (fr) von Lüpke / Erlenwein le « Nobel » alternatif : 13 portraits de lauréats, Sète, La Plage, 2008
    1. >Article de Jean-Joseph Boillot, paru dans Alternatives Économiques, décembre 2009.
    2. Lorraine Rossignol, « Femmes et indépendantes », Le Monde, 15 novembre 2002.
    3. Entretien d'Ela Bhatt avec Rajni Bakshi septembre 2008 http://base.d-p-h.info/fr/fiches/dph/fiche-dph-7658.html
    4. Henri Rouille d'Orfeuil, « Rien n'est dérisoire », Le Monde, 9 juillet 1987.
    5. Article paru dans Business Standard 18 juillet 2009 http://www.business-standard.com/india/news/us-secretarystate-mrs-hillary-clinton%5Cs-visit-to-%5Chansiba%5C/364282/

    Annexes

    Bibliographie

    • Geseko von Lüpke et Peter Erlenwein (trad. de l'allemand), "Nobel" alternatif, 13 portraits de lauréats, Sète, La Plage, , 213 p. (ISBN 978-2-84221-191-2), p. 173 à 183
    • Dominique Hoeltgen, Inde, la révolution par les femmes, Arles, Philippe Picquier, , 265 p. (ISBN 978-2-8097-0127-2, LCCN 2009515319)

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