Eggert Reeder

Eggert Reeder, né à Poppenbüll, le et mort à Wuppertal, le était un juriste, un fonctionnaire, et un président de plusieurs gouvernements régionaux en Allemagne. Durant la Seconde Guerre mondiale, SS-Gruppenführer, il fut le chef de l'Administration militaire à Bruxelles[1].

Eggert Reeder
Naissance
Poppenbüll (Empire allemand)
Décès  65 ans)
Wuppertal (Allemagne de l'Ouest)
Origine Allemagne
Allégeance Empire allemand
 Reich allemand
Arme Deutsches Reichsheer (1914-1918)
Schutzstaffel (1939-1945)
Grade SS-Gruppenführer
Conflits Première Guerre mondiale
Seconde Guerre mondiale
Autres fonctions Chef de l'Administration militaire à Bruxelles

Éléments biographiques

En 1914, il rejoint l'armée de l'Empire allemand et sert sur différents fronts durant la Première Guerre mondiale. À l'issue de la guerre, il s'inscrit à l'université de Halle-Wittenberg à Halle (Saxe-Anhalt) pour y poursuivre des études de droit et de science politique.

Durant cette période, il rejoint le Corps Palaiomarchia et sera membre d'un corps franc local sous les ordres du Major-Général Georg Ludwig Rudolf Maercker (1865–1924), en 1918. Il sera ainsi impliqué dans les troubles survenus à Halle durant la Révolution de novembre qui conduira à l'abdication de la monarchie dans les premières heures de la République de Weimar.

Eggert Reeder poursuit alors sa formation à l'université de Kiel. À partir de 1921, il travaille comme greffier de tribunal, et, en 1922, comme greffier du gouvernement de Schleswig. De 1924 à 1929, il fut assesseur du district de Lennep puis de Cologne.

Parti national-socialiste

Le , Eggert Reeder rejoint le parti nazi NSDAP et devient le gouverneur de Flensbourg, puis, deux mois plus tard, d'Aix-la-Chapelle. Le , il est gouverneur de Cologne. En 1938, le roi Léopold III de Belgique le fait grand-croix de l'ordre de Léopold.

Le , à l'aube de la Seconde Guerre mondiale, il rejoint la SS et reçoit le grade de Brigadeführer ainsi que le gouvernorat de Düsseldorf. Durant la Drôle de guerre, Eggert Reeder devient un personnage-clef dans la planification de l'invasion de la Belgique.

Administrateur de la Belgique

Le , la Wehrmacht envahit la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas selon le plan Jaune (Fall Gelb).

La Belgique étant occupée à l'issue de la campagne des 18 jours, Adolf Hitler décide d'y installer une administration militaire (Militärverwaltung) supervisant la Belgique et le Nord de la France sous le commandement d'Alexander von Falkenhausen de la Wehrmacht. Ceci cristallisa des groupes d'extrême droite belges comme Verdinaso ou le mouvement Rex les plongeant dans une collaboration totale pour pouvoir gagner en influence. Hitler et le chef de la SS, Heinrich Himmler profitèrent de ce terrain fertile pour accroître la compétition entre les différents groupes ce qui permit de mettre sur pied des structures collaborationnistes comme la 27e division SS de grenadiers volontaires Langemarck, DeVlag, l'Algemeene-SS Vlaanderen, la Ligue nationale flamande.

Sous les ordres de von Falkenhausen, Reeder était le chef de l'administration militaire pour la Belgique et le Nord de la France qui avait en charge tout ce qui relevait de la sphère économique ou politique ainsi que la liaison avec l'administration belge. À cette époque, Reeder place son bras-droit William Brurandt (en) comme gouverneur a.i. à Düsseldorf mais garde son poste à Cologne. Le , Eggert Reeder est promu SS-Gruppenführer.

La solution finale en Belgique

Durant toute la période où il fut à la tête de l'administration, Reeder coopéra étroitement avec von Falkenhausen, puis, à partir de , avec Josef Grohé et l'administrateur de la France, Werner Best (le boucher de Paris). L'administration belge souhaitait voir respectée la première et la seconde convention de La Haye (1899-1907). L'occupant se devait de prendre en compte cette sensibilité car il ne disposait pas en Belgique d'un gouvernement militaire et était par conséquent tenu de s'appuyer sur l'administration en place. L'implication de la police belge, l'intervention de l'administration dans la mise en place des ordonnances anti-juives étaient autant de zones sensibles qui pouvaient éveiller les susceptibilités de l'administration belge. Début 1941, l'occupant placera toutefois des collaborateurs tout acquis à leur cause, comme Gérard Romsée, à des postes clefs ce qui permettra, partiellement du moins, de lever ces difficultés.

Dans le cadre de la mise en place de la solution finale en Belgique, Reeder s'appuie sur l'association des Juifs en Belgique (AJB), il leur impose de tenir des registres recensant l'ensemble des Juifs résidant sur le territoire belge. À cette époque la Belgique compte quelque 80 000 Juifs, la plupart issus d'une immigration récente. Les Juifs de Belgique ne représentaient qu'une petite minorité de ceux-ci. Reeder avait cependant en charge la destruction de l'influence juive au niveau économique mais pour s'assurer de la collaboration des Juifs belges de l'AJB, il obtint de ses instances une exemption de déportation - toute relative dans les faits - pour les ressortissants belges.

Eggert Reeder souhaite que la mise en œuvre de la solution finale soit planifiée dans le calme, il entre ainsi dans une colère noire lorsqu'il apprend les événements survenus lors du pogrom d'Anvers, le . Modérateur des tensions, il fait libérer des détenus juifs belges à la suite de l'intervention de la reine Élisabeth et du cardinal Van Roey. Sous sa direction, ce sont cependant 28 convois de déportations qui quitteront le territoire belge vers Auschwitz, scellant le destin de plus de 25 000 juifs.

Arrestation et jugement

Eggert Reeder est arrêté le et renvoyé en Belgique où il sera détenu jusqu'à l'été 1947. Reeder fut jugé le , son avocat était Ernst Achenbach. Reeder et von Falkenhausen furent jugés pour leur implication dans la déportation des Juifs résidant en Belgique mais non pour leur mort dans le camp d'extermination d'Auschwitz. Les deux furent déclarés coupables, le et condamnés à douze années de travaux forcés à purger en Allemagne. De retour en Allemagne de l'Ouest, le , ils reçurent le pardon du chancelier Konrad Adenauer et Reeder à la suite de sa demande obtint la permission de se retirer.

Références

  1. Insa Meinen (trad. de l'allemand), La Shoah en Belgique, Waterloo, RL, Renaissance du livre, , 299 p. (ISBN 978-2-507-05067-2, OCLC 823940246)

Bibliographie

  • Insa Meinen (trad. de l'allemand), La Shoah en Belgique, Waterloo, RL, Renaissance du livre, , 299 p. (ISBN 978-2-507-05067-2, OCLC 823940246).
  • (en) Max Rehm: Eggert Reeder, 22. Max Rehm: Eggert Reeder, 22 Juli 1894 - 22. July 1894 - 22 November 1959, Preussischer Regierungspräsident, Militärverwaltungschef, Staatsbürger, Nürtingen (Selbstverl), 1976 November 1959, Prussian government president, military chief administrator, citizen, Nürtingen (self-Verl), 1976
  • (de) Eggert Reeder/Walter Hailer: Die Militärverwaltung in Belgien und Nordfrankreich, in Reich, Volksordnung, Lebensraum Zeitschrift für völkische Verfassung und Verwaltung, Nr. 6, 1943, p. 7 – 52 Eggert Reeder / Walter Hailer: the military administration in Belgium and northern France, in Reich, Public Order, habitat Journal of ethnic and constitutional administration, No. 6, 1943, p. 7-52
  • (de) Katrin-Isabel Krähling: Das Devisenschutzkommando Belgien, 1940–1944; Magisterarbeit, Konstanz, 2005.
  • (en) Andreas Nielsen: The occupation of Belgium and France (1940–1944) and the archives of the German military administration
  • (en) Holocaust Education & Archive Research Team: The Destruction of the Jews of Belgium
  • (nl) Herwig Jacquemyn: Belgie in de Tweede Wereldoorlog, Deel 2 - En BeZet country; Chapter 4: Een paradoxaal Driespan (Falk home / Harbou / owner), 2008.
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