Effet cobra

L’effet cobra est un phénomène non désiré qui se produit lorsqu'une tentative de résolution d'un problème quelconque a pour effet pervers une aggravation du problème original[1],[2]. Le terme est notamment utilisé pour illustrer les causes d'une stimulation incorrecte de l'économie et de la politique[2].

Origine

Le terme « effet cobra » trouve son origine dans une anecdote datant de l'époque de la domination britannique de l'Inde coloniale. Le gouvernement britannique était préoccupé par le nombre de cobras à Delhi[3] et offrit donc une prime pour chaque cobra mort.

Au début, cette stratégie fut une réussite : beaucoup de serpents furent tués pour recevoir la récompense. Cependant, des gens entreprenants et malins commencèrent à élever des cobras pour gagner facilement de l'argent. Lorsque le gouvernement en prit connaissance, le programme de récompenses fut supprimé, ce qui amena les éleveurs à relâcher dans la nature leurs cobras devenus sans valeur.

La population de cobra sauvages se retrouva supérieure à celle de départ, preuve que cette « solution » du problème avait en fait aggravé la situation[2],[4].

Exemple de la chasse aux rats au Viet Nam

Un incident similaire se produit à Hanoi au Viêt Nam, sous le régime colonial français. Le régime colonial créa un programme de primes en récompense de chaque rat tué[3]. Pour obtenir la prime, les gens devaient fournir la queue du rat coupée.

Les responsables coloniaux, cependant, commencèrent à remarquer des rats sans queue à Hanoi. En effet, les chasseurs de rats vietnamiens capturaient les rats, coupaient leurs queues puis les relâchaient dans les égouts, pour que ceux-ci puissent procréer et ainsi produire plus de rats, augmentant les revenus des chasseurs de rats[5].

Exemple de la chasse aux nuisibles en Chine populaire

Campagne d'extermination, notamment des moineaux, en Chine populaire lors du Grand Bond en avant, de 1958 à 1962, qui souffrit également d'un grave effet pervers associé.

Panneaux solaires en Espagne

En Espagne, les subventions (plus de 6 milliards d'euros en 2009) récompensant l'électricité produite via les énergies renouvelables ont encouragé la création de fermes solaires, grandes exploitations photovoltaïques. En 2010, la Commission nationale de l'énergie espagnole et le ministère de l'Industrie se sont étonnés de voir une production soutenue en pleine nuit ou pendant les saisons moins ensoleillées : le surplus provenait de groupes électrogènes. Les professionnels du secteur ont même proposé au gouvernement une baisse de 30 % des primes, signe que leurs marges étaient larges[6].

Vérifiabilité

L’historien Michael Vann affirme que l’exemple des cobras de l’Inde britannique ne peut pas être prouvé, mais que le cas des rats au Viet Nam peut être prouvé, de sorte que le terme pourrait être remplacé par « effet rat »[3].

Notes et références

  1. (en) Leslie H. Brickman, Preparing the 21st Century Church, Xulon Press, , 344 p. (ISBN 978-1-59160-167-8, lire en ligne).
  2. (de) Horst Siebert, Der Kobra-Effekt. Wie man Irrwege der Wirtschaftspolitik vermeidet, Munich, Deutsche Verlags-Anstalt, , 292 p. (ISBN 3-421-05562-9).
  3. (en) Stephen J. Dubner, « The Cobra Effect: A New Freakonomics Radio Podcast », sur freakonomics.com, .
  4. (en) Christian A. Schwarz, NCD Implementation Guide, Carol Stream Church Smart Resources, , 126 p.. Cité dans Brickman, p. 326.
  5. (en) Michael G. Vann, « Of Rats, Rice, and Race: The Great Hanoi Rat Massacre, an Episode in French Colonial History », French Colonial History, vol. 4, , p. 191–203 (DOI 10.1353/fch.2003.0027).
  6. Jean-Claude Hazera, « En Espagne, les panneaux solaires produisent même la nuit », Les Échos, .

Articles connexes

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