Edmond Ier

Edmond Ier, né en 920 ou 921, mort le , est roi d'Angleterre de 939 à sa mort.

Edmond Ier

Edmond dans une généalogie royale du XIIIe siècle.
Titre
Roi d'Angleterre
Couronnement aux alentours du , probablement à Kingston upon Thames
Prédécesseur Æthelstan
Successeur Eadred
Biographie
Dynastie Maison de Wessex
Date de naissance 920 ou 921
Lieu de naissance Wessex
Date de décès 25 ans)
Lieu de décès Pucklechurch
Nature du décès meurtre
Sépulture abbaye de Glastonbury
Père Édouard l'Ancien
Mère Eadgifu
Fratrie Æthelstan
Ælfweard
Edwin
Eadgifu
Eadhild
Eadgyth
Eadred
Conjoint Ælfgifu
Æthelflæd de Damerham
Enfants Eadwig
Edgar
Liste des rois d'Angleterre

Fils d'Édouard l'Ancien, Edmond hérite d'une Angleterre unifiée par son demi-frère aîné Æthelstan. Son bref règne est marqué par la lutte avec les rois de Dublin Olaf Gothfrithson et Olaf Sihtricson pour le contrôle du royaume d'York et des Cinq Bourgs, une lutte dont il sort victorieux. Il meurt assassiné à l'âge de vingt-cinq ans et son frère cadet Eadred lui succède. Ses deux fils Eadwig et Edgar deviennent rois à leur tour après Eadred.

Contexte

Au début du Xe siècle, l'Angleterre est partagée en deux : au nord et à l'est se trouve le Danelaw, une colonie de peuplement danoise née des invasions vikings du siècle précédent, tandis que le sud et l'ouest sont occupés par le royaume anglo-saxon du Wessex, qui a victorieusement résisté aux assauts vikings sous le règne d'Alfred le Grand (871-899). Son fils et successeur Édouard l'Ancien (899-924) conquiert la région des Cinq Bourgs et l'Est-Anglie[1].

Le fils d'Édouard, Æthelstan (924-939), parachève l'unification de l'Angleterre en s'emparant du royaume viking d'York en 927, chassant le roi Gothfrith. Il reçoit également la soumission des autres souverains de Grande-Bretagne : le roi d'Écosse, le roi de Strathclyde, le seigneur de Bamburgh (une poche anglo-saxonne ayant subsisté au nord du Danelaw, dans l'ancien royaume de Northumbrie) et les divers roitelets du pays de Galles[2]. Sa suprématie est contestée en 937 par le fils de Gothfrith, le roi de Dublin Olaf Gothfrithson, qui s'allie avec Constantin d'Écosse et Owain de Strathclyde pour envahir l'Angleterre, mais leurs armées coalisées sont vaincues par Æthelstan à la bataille de Brunanburh[3].

Noms

Le nom vieil-anglais Ēadmund, à l'origine de l'anglais moderne Edmund et du français Edmond, est composé des éléments ead « richesse, fortune » et mund « protection[4] ». L'utilisation de nombres cardinaux pour distinguer les rois portant le même nom n'est pas encore généralisée à l'époque anglo-saxonne, si bien qu'Edmond est souvent appelé simplement Edmund dans les sources secondaires de langue anglaise. L'Oxford Dictionary of National Biography l'appelle néanmoins « Edmund I » pour le distinguer du deuxième roi ayant porté ce nom.

Les sources médiévales attribuent différents surnoms à Edmond, mais aucun n'est réellement entré dans l'usage. La Chronique anglo-saxonne l'appelle dædfruma, « celui qui accomplit de hauts faits », dans son poème sur la capture des Cinq Bourgs, un épithète souvent rendu en anglais moderne par Deed-Doer. Dans la chronique de Jean de Worcester, il reçoit le surnom de magnificus, « le Magnifique ».

Biographie

Origines

Edmond est l'aîné des fils issus du troisième mariage d'Édouard l'Ancien avec Eadgifu, fille de l'ealdorman de Kent Sigehelm. Il est âgé de dix-huit ans lorsqu'il monte sur le trône en 939, ce qui situe sa date de naissance en 920 ou en 921. Deux ans avant son avènement, il participe à la bataille de Brunanburh sous les ordres de son demi-frère aîné Æthelstan[5].

Campagnes militaires et diplomatie européenne

Æthelstan meurt le , et comme il n'a pas laissé d'enfants, Edmond lui succède. Il est sacré aux alentours du , probablement à Kingston upon Thames[6]. Olaf Gothfrithson met immédiatement à profit la disparition de son vieil ennemi pour envahir une nouvelle fois l'Angleterre. York tombe entre ses mains avant la fin de l'année, et de là, il dirige ses armées sur la région des Cinq Bourgs début 940. Il est repoussé devant Northampton, mais parvient à s'emparer de Tamworth. Edmond lève une armée et intercepte Olaf à Leicester, alors qu'il rebroussait chemin vers York. Les deux archevêques d'Angleterre, Oda de Cantorbéry et Wulfstan d'York, interviennent pour négocier un compromis avant qu'une bataille ne s'engage : Edmond doit céder à Olaf tout le nord-est des Midlands au nord de Watling Street[7].

Après une campagne contre les Anglais de Northumbrie, Olaf meurt à son tour en 941 et son cousin Olaf Sihtricson lui succède à la tête du royaume d'York. Edmond parvient à reconquérir les territoires perdus des Midlands en 942, un événement relaté en vers allitératifs dans la Chronique anglo-saxonne[8]. La même année, il écrase la révolte du roi Idwal Foel de Gwynedd, qui meurt au combat[9]. Edmond devient le parrain d'Olaf en 943, ainsi que celui de Ragnall, le frère d'Olaf Gothfrithson, récemment arrivé de Dublin. Tous deux sont chassés d'Angleterre par Edmond en 944, qui rétablit ainsi l'autorité anglaise à York.

En 945, Edmond mène une campagne contre le Strathclyde, peut-être avec le soutien du roi gallois Hywel Dda de Deheubarth[10]. Le royaume est occupé et les fils du roi Dyfnwal ab Owain aveuglés sur ordre d'Edmond, qui remet ses conquêtes au roi écossais Malcolm en échange d'une alliance militaire, vraisemblablement contre les Vikings de Dublin. Ce geste prouve qu'Edmond est conscient des limites septentrionales de son royaume et soucieux de ne pas les dépasser. Le Strathclyde ne tarde cependant pas à recouvrer son indépendance[11].

Du fait de la politique matrimoniale menée par son père, Edmond est apparenté à plusieurs souverains du continent européen : l'empereur Otton Ier (936-973) est son beau-frère, et le roi de Francie occidentale Louis IV (936-954), qui a grandi à la cour d'Æthelstan, est son neveu[5]. En 945, Louis est capturé par les Normands et reste captif du duc Hugues le Grand jusqu'à ce qu'Otton et Edmond intercèdent en sa faveur. Ils obtiennent sa libération en 946[12].

Politique intérieure et réforme monastique

Penny d'argent au nom d'Edmond Ier (Eadmund Rex).

Il subsiste trois codes de lois promulgués sous le règne d'Edmond. Le premier concerne principalement les affaires religieuses, et semble avoir été rédigé à l'instigation de l'archevêque Oda. Les deux autres sont consacrés aux affaires temporelles : le second cherche à réguler les vendettas et le versement des wergelds, tandis que le troisième, proclamé à Colyton, traite des peines encourues par les voleurs, en particulier les voleurs de bétail. Ces deux derniers codes témoignent de l'importance des serments de fidélité et du lien qui unit les seigneurs à leurs serviteurs[5].

Le versant anglais de la réforme bénédictine du Xe siècle trouve ses origines sous le règne d'Edmond, avec la nomination d'Oda le Sévère à l'archevêché de Cantorbéry et celle de Dunstan à la tête de l'abbaye de Glastonbury. Le roi fait néanmoins bon accueil aux moines de Saint-Bertin qui fuient la réforme imposée à leur maison par Gérard de Brogne en 944, et leur accorde refuge à l'abbaye de Bath[13].

Mort et succession

Le , Edmond est tué par un voleur nommé Léofa ou Liofa à Pucklechurch, une propriété royale. D'après Jean de Worcester, le roi aurait trouvé la mort lors d'une échauffourée en voulant porter secours à son sénéchal, attaqué par Léofa. Il est inhumé en l'abbaye de Glastonbury[5].

La première femme d'Edmond, Ælfgifu, lui donne deux fils, Eadwig (né vers 940) et Edgar (né vers 943-944). À sa mort, en 944, elle est inhumée à Shaftesbury, où un culte se développe autour de sa personne. Edmond se remarie avec Æthelflæd de Damerham, qui ne lui donne pas d'enfants. Elle lui survit et épouse par la suite l'ealdorman Æthelstan Rota. En raison du jeune âge des fils d'Edmond, c'est son frère cadet Eadred qui monte sur le trône à sa mort[14].

Références

  1. Stenton 1971, p. 319-321.
  2. Stenton 1971, p. 339-340.
  3. Stenton 1971, p. 342-343.
  4. (en) « Edmund », dans Patrick Hanks, Kate Hardcastle et Flavia Hodges, A Dictionary of First Names, Oxford University Press, , 2e éd. (lire en ligne).
  5. Williams 2004.
  6. (en) Simon Keynes, « Appendix I: Rulers of the English, c.450-1066 », dans Michael Lapidge, John Blair, Simon Keynes et Donald Scragg (éd.), The Wiley Blackwell Encyclopedia of Anglo-Saxon England, Wiley Blackwell, , 2e éd. (ISBN 978-0-470-65632-7), p. 536.
  7. Stenton 1971, p. 357.
  8. Swanton 1996, p. 110.
  9. Miller 2014, p. 164.
  10. (en) David E. Thornton, « Hywel Dda (d. 949/50) », dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, (lire en ligne).
  11. Stenton 1971, p. 359.
  12. Stenton 1971, p. 360.
  13. Stenton 1971, p. 447.
  14. Miller 2014, p. 165.

Bibliographie

Liens externes

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