Eni

Eni (anciennement le sigle de l'italien Ente Nazionale Idrocarburi, pour société nationale italienne des hydrocarbures) est une société italienne privée d'hydrocarbures créée en 1953 sous la présidence d’Enrico Mattei. Elle a été privatisée en 1998. L’État italien conserve une minorité du capital (environ 30 %).

Pour les articles homonymes, voir ENI.

Eni

Logo d'Eni

Siège social d'Eni à Rome en Italie

Création 1953
Fondateurs Enrico Mattei
Personnages clés Emma Marcegaglia (présidente)
Claudio Descalzi (DG)
Forme juridique SA, S.p.A. (sigle italien)
Action Borsa Italiana : ENI
Slogan Il futuro è di chi lo sa immaginare
Siège social Rome
Direction Claudio Descalzi (DG)
Actionnaires Cassa Depositi e Prestiti (0,26 )[1] et ministère de l'Économie et des Finances (0,04 )[1]
Activité Exploration - Production - Distribution d'énergies
Produits Pétrole - Gaz naturel - Pétrochimie - Électricité
Filiales Agip, AGI, Snam, Saipem
Effectif 39 934 (2017)
TVA européenne IT00905811006
Site web eni.com

Capitalisation 120,57 milliards
Chiffre d'affaires 66,919 milliards € (2017)
Résultat net 5,803 milliards € (2017)

Elle est présente dans les secteurs du pétrole, du gaz naturel, de la pétrochimie, de la production d’énergie électrique et de l’ingénierie. Présente dans 68 pays, son effectif est de 31 400 salariés environ. Son chiffre d’affaires s’est élevé à 43 milliards d’euros en 2020[2].

Eni, première société italienne par sa capitalisation boursière, est en 2008 le cinquième groupe pétrolier mondial (classement par chiffre d’affaires) derrière ExxonMobil, BP, Royal Dutch Shell, Total[3].

Histoire

Immédiatement après la Première Guerre mondiale, l'Italie lance une politique de recherche de pétrole et de gaz sur son territoire. En 1926, la société Azienda generale italiana petroli (Agip) est constituée à cette fin. Les prospections d'hydrocarbures commencent en Italie ainsi qu'en Roumanie, Albanie et Irak qui ont confié pareille mission à AGIP sur leur territoire.

En 1936, Anic est créée.

Les recherches se poursuivent jusqu'en 1939 et sont interrompues avec la Seconde Guerre mondiale. Elles reprennent dès la libération de l'Italie.

En 1941, la Snam est créée. En 1945, Enrico Mattei est nommé commissaire liquidateur d'Agip.

Le réseau distribution Agip (dont le logo sera un chien à six pattes crachant une flamme) est créé tandis que l'activité de prospection se poursuit avec un succès plutôt mitigé. Mais, après la découverte du gisement de gaz naturel de Caviaga, dans la plaine du Po, le processus de liquidation est arrêté par Enrico Mattei lui-même.

Les années 1950-60, le boom économique italien

Palais de l'ENI, Rome, construit 1959-1962[4]. Photo par Paolo Monti, 1967.

La loi 136 du 10 février 1953 décide de la création de ENI, Ente Nazionale Idrocarburi. Enrico Mattei en sera son premier président. L'organisme a pour objectif de fournir de l'énergie à l'Italie, en contribuant au développement industriel du pays. Mattei compromet le monopole des principales compagnies de production de pétrole, américaines notamment, en introduisant une nouvelle formule contractuelle avec les pays producteurs. Cette formule, adoptée pour la première fois en Égypte et en Iran, permet aux autorités de l’État local de partager les profits du développement de la production de gaz et de pétrole. C'est le fameux fifty-fifty.

D'importantes découvertes sont effectuées dans la mer Adriatique : près de Ravenne le premier gisement de gaz offshore européen et en Tunisie le gisement de El Borma, un des plus importants d'Afrique.

En 1954, la société Nuovo Pignone est acquise par ENI. En 1957, Saipem est créée. En 1958, le site pétrochimique de Ravenne est inauguré.

En 1962, le site pétrochimique de Gela en Sicile est inauguré. La même année, le groupe textile spécialiste lainier Lanerossi est acquis et Enrico Mattei décède dans un accident d’avion.

En 1963, la raffinerie de Sannazzaro de' Burgondi est inauguré dans la province de Pavie. En 1967, la société Italgas (en) est acquise et intégrée dans le groupe ENI. En 1968, Eni devient le premier actionnaire de Montedison.

Les années 1970-80

Les dirigeants d'ENI voient dans le gaz naturel la source d'énergie pour faire face à la crise provoquée par le premier choc pétrolier et signent des accords pour importer du gaz de l'Union soviétique et des Pays-Bas.

Le record mondial de profondeur de forage est battu par ENI avec la découverte du gisement de Malossa, près de Milan avec 5 500 mètres. ENI installe, au large de la Sicile la première plateforme contrôlée à distance, sur le gisement de Perla.

La Snam inaugure le gazoduc Transmed qui, avec plus de 2 500 km de longueur, relie Hassi-R-Mel, dans le désert algérien, à la vallée du . Le Transmed traverse le canal de Sicile où il est posé à plus de 650 m de profondeur.

Un nouveau record de forage offshore est battu au large d'Otranto en Italie du sud, avec plus de 800 m.

Avec le forage de Villafortuna (en), près de Novare, un nouveau record de 6 000 m de profondeur sur terre ferme est atteint.

En 1974, Agip rachète le réseau des distributeurs Royal Dutch Shell Italie renommés Ip, Eni met en service des gazoducs provenant d'URSS et des Pays-Bas.

En 1977, ENI rachète EGAM.

En 1980, ENI cède sa participation dans Montedison et rachète les sociétés SIR et Liquichimica.

En 1982, Eni regroupe ses activités de son pôle chimie avec la création de la holding EniChimica, renommée ensuite EniChem.

En 1986, Eni cède Lanerossi et toutes ses activités dans le secteur textile.

En 1989, Eni signe un accord stratégique avec Montedison pour regrouper une partie des sociétés chimiques de chaque groupe avec la création d'Enimont.

Les années 1990

En 1991, Eni rompt ses relations avec Raul Gardini propriétaire de Montedison et intégration de tous les sites chimiques de Montedison.

En 1992, Eni, qui était jusqu'alors une société publique, est privatisée et devient une société anonyme Eni SpA, mais avec comme seul actionnaire le Trésor italien. La même année, Nuovo Pignone est scindée et un commissaire est nommé pour restructurer le groupe et procéder à des cessions dans les spécialités hors cœur de métier.

En 1995, le Trésor italien vend 15 % d'Eni SpA à travers son entrée à la Bourse de Milan. Entre 1995 et 1998, quatre offres publiques de vente (OPV) placent sur le marché environ 63 % du capital.

Agip accroît ses activités internationales par de nouvelles acquisitions en Algérie, Chine, Angola, en mer du Nord et en Égypte. La société signe des contrats importants avec le Kazakhstan, l’Azerbaïdjan, le Nigeria et l'Angola. Dans ces deux derniers pays, les accords concernent le développement d'activités en eaux profondes.

Agip met en production le puits Aquila dans les eaux profondes du canal d'Otrante.

En 1998, Eni incorpore Agip qui devient la Division Exploration & Production. La production atteint un million de barils équivalent pétrole (bep) par jour.

21e siècle

En 2001, à la suite de la libéralisation du marché du gaz, le monopole d'Eni sur les importations et la distribution en Italie prend fin. En parallèle avec la création d'EniPower, Eni fait son entrée dans le secteur de l'énergie électrique.

En 2002, EniChem réorganisée et réduite aux seuls polymères devient Polimeri Europa, la holding pétrochimique du groupe.

Eni consolide sa position dans les activités de prospection et de production par l'acquisition des sociétés British Borneo et Lasmo. Achèvement de la réalisation du Blue Stream, un gazoduc de 1 250 km qui relie la Russie à la Turquie en traversant la mer Noire. La profondeur maximale atteint 2 150 m sur les fonds marins.

L'importante découverte du gisement géant Kashagan est le premier d'une série de succès dans la mer Caspienne.

Le processus d'intégration se poursuit : SNAM et AgipPetroli confluent dans Eni et deviennent respectivement la Division Gas & Power et la Division Refining & Marketing du groupe[5].

En 2012, Polimeri Europa devient Versalis.

Le projet Western Libya Gas, premier grand projet pour valoriser le gaz naturel produit en Libye avec exportation et commercialisation en Europe, est lancé. Le gaz est acheminé par le Greenstream, le plus long gazoduc sous-marin de la Méditerranée (520 km), qui atteint les 1 127 m de profondeur.

En 2016, Eni annonce son intention d'investir trois milliards d’euros dans l'énergie renouvelable sous trois ans, notamment au Pakistan, en Italie et en Égypte. Le groupe investissait déjà 500 millions d'euros dans l'énergie solaire[6].

En janvier 2017, Eni et Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC) signe un accord afin de développer les activités pétrolières au Nigéria[7].

En mars 2018, Amnesty International presse le Nigeria d'ouvrir une enquête sur 89 déversements d'hydrocarbures qui ont eu lieu dans la région pétrolifère du Delta (sud-est), devenu « l'un des endroits les plus pollués de la planète », accusant Eni et Shell d’être à l'origine de ces pollutions et de les avoir dissimulées[8].

En juillet 2021, Eni annonce l'acquisition de Dhamma Energy, un groupe espagnol de production d'électricité par énergie renouvelable, lui permettant d'ajouter 120 MW d'énergie renouvelable en France et en Espagne. En parallèle, Eni a acquit les actifs regroupant 230 MW d'énergie renouvelable du fonds Azora Capital[9]. En août 2021, Eni annonce l'acquisition de Be Power, spécialisée dans l'infrastructure électrique pour les véhicules électriques[10].

Eni en France

Eni est présent en France depuis 1968, via les stations-services Agip[11].

En 2007, dans le cadre de la libéralisation du marché de l’énergie, Eni a pris part au capital d’Altergaz, une start-up commercialisant du gaz naturel.

Fin 2012, Altergaz disparaît au profit d’Eni Gas & Power France[12].

Eni est en 2020 le deuxième plus grand fournisseur alternatif d'électricité et de gaz en France. Il a d'ailleurs été le premier à mettre en avant des offres à prix fixes révisables à la baisse[13][source insuffisante].

Organisation

Eni est organisée en trois grandes divisions opérationnelles :

  • Exploration & production : recherche et production d’hydrocarbures ;
  • Gas & Power : gaz et électricité ;
  • Refining & Marketing : raffinage et commercialisation de produits pétroliers.

Le groupe pétrolier italien Eni est tourné à la fois vers la production et la distribution d'hydrocarbures. Le groupe comprend cinq filiales principales :

  • Snam, 52,07 % - gestion du réseau de gaz naturel en Italie, qui contrôle à 100 % Italgas - production et vente de gaz naturel ;
  • EniPower, 100 % - production d’électricité en Italie, 1 400 MW installés ;
  • Saipem, 43 % - services aux sociétés pétrolières : forage, construction et installation de plates-formes en mer, pose de canalisations ;
  • Distrigas : une compagnie de gaz basée en Belgique ;
  • Versalis : société pétrochimique.

Actionnariat

  • 2018 : État italien 30 %, marché 70 %[2].

Présidents - commissaires

  • Enrico Mattei (1953-1962)
  • Marcello Boldrini (1962-1967)
  • Eugenio Cefis (1967-1971)
  • Raffaele Girotti (1971-1975)
  • Pietro Sette (1975-1979)
  • Giorgio Mazzanti (1979)
  • Egidio Egidi (commissaire, 1979)
  • Egidio Egidi (1980)
  • Alberto Grandi (1980-1982)
  • Enrico Gandolfi (commissaire, 1982)
  • Umberto Colombo (1982-1983)
  • Franco Reviglio (1983-1989)
  • Gabriele Cagliari (1989-1993)
  • Luigi Meanti (1993-1999)
  • Gian Maria Gros-Pietro (1999-2002)
  • Roberto Poli (2002-2011)
  • Giuseppe Recchi (2011-2014)
  • Emma Marcegaglia (depuis 2014)

Controverses pour démarchage abusif

En 2017 et 2018, Eni est arrivé en tête des fournisseurs d’électricité dénoncés pour leurs pratiques commerciales douteuses en France. Depuis 2015, Eni cumule plus de deux-cents litiges par an auprès du médiateur de l’énergie[14],[15].

En mai 2019, le rapport du médiateur de l'énergie pointe une nouvelle fois les mauvaises pratiques d'Eni. C'est l'entreprise qui compte le plus grand nombre de litiges[16]. Jean Gaubert, médiateur de l'énergie, constate : « Chez ENI, dès qu'il y a un grain de sable, on ne sait pas l'enlever, on ne sait pas le régler. Cela fait plusieurs années que ça dure, je suis médiateur depuis cinq ans et demi, j'ai toujours connu des problèmes avec ENI »[17].

À la fin du mois de juin 2019, les locaux d'Eni en France ont été perquisitionnés par la direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes dans le cadre d'une enquête nationale pour démarchage abusif[18].

En février 2020, Eni est condamné à payer une amende de 315 000 euros pour « ne pas avoir accepté de résilier des contrats signés à la suite d'actes de démarchage »[19].

En juin 2020, le rapport annuel du médiateur de l'énergie souligne qu'ENI est « le plus mauvais fournisseur de l’année » 2019[20].

Mécénat culturel

De 2008 à 2015, Eni a été mécène exceptionnel du musée du Louvre[21]. Le groupe s'est ainsi associé à des expositions telles que Mantegna en 2008[22], Rivalités à Venise en 2009[23], L'Antiquité Rêvée en 2010[24], Raphaël : les dernières années en 2012[25] ou encore Poussin et Dieu en 2015[26].

Dans le cadre du quatrième objectif de son développement durable « Assurer une éducation de qualité inclusive et équitable et promouvoir des possibilités d'apprentissage tout au long de la vie. », Eni Congo a rénové un ancien bâtiment colonial pour le transformer en Musée du Cercle Africain de Pointe-Noire (république du Congo). L'inauguration a eu lieu le 3 décembre 2018 en présence de du directeur général d'Eni Congo, Marco Rotondi[27].

Notes et références

  1. « https://www.eni.com/en-IT/about-us/governance/shareholders.html »
  2. https://www.eni.com/assets/documents/eng/reports/2020/Annual-Report-2020.pdf.
  3. Classement Forbes 2008
  4. (it) La costruzione dell'architettura: temi e opere del dopoguerra italiano, Gangemi Editore, , 190– p. (ISBN 978-88-492-9096-7, lire en ligne).
  5. « Eni SpA (E) », Reuters, (lire en ligne).
  6. « Energies renouvelables : ENI va investir un milliard d'euros en trois ans », sur La Tribune, (consulté le ).
  7. (en) NNPC, « ENI Set to Double Investment in Nigeria », sur nnpcgroup.com (consulté le ).
  8. « Pays-Bas : un groupe défendant l'environnement menace d'attaquer Shell en justice », Sciences et Avenir, (lire en ligne, consulté le ).
  9. (en) « Eni strikes green capacity deals in France and Spain », sur Reuters,
  10. (en) « Eni agrees to buy Be Power to boost electric car charging services », sur Reuters,
  11. « Eni poursuit son développement sur le marché de l'énergie français », Le Figaro, (lire en ligne).
  12. « Altergaz se rebaptise ENI pour mieux conquérir les particuliers », La Tribune, (lire en ligne).
  13. « Eni : offres, tarifs en 2020 et contacts 100 € offerts », sur Fournisseurs-electricite.com, (consulté le ).
  14. « Pratiques commerciales contestables : Eni et Engie répondent au médiateur de l'énergie », sur Le Figaro, (consulté le ).
  15. « Total Spring, Engie, Direct Energie… Les pratiques trompeuses se multliplient dans le gaz et l'électricité », sur Marianne, (consulté le ).
  16. Le Point magazine, « Énergie : le médiateur s'inquiète des mauvaises pratiques persistantes des fournisseurs », sur Le Point, (consulté le ).
  17. « Rapport du médiateur de l'énergie : le nombre de litiges liés aux factures augmente de 60% », sur Franceinfo, (consulté le ).
  18. « Haro sur le démarchage dans l’énergie », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  19. BFMTV, « Démarchage abusif: lourde amende pour le fournisseur d'énergie Eni », sur BFMTV (consulté le ).
  20. Simon Chodorge, « Quelles sont les arnaques sur lesquelles vous alerte le médiateur national de l’énergie ? », L'Usine Nouvelle, (lire en ligne).
  21. Studio Demarque, « Le Louvre - Mécénat »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur louvremecenat.fr (consulté le ).
  22. « Exposition Mantegna - Musée du Louvre ».
  23. « Titien, Tintoret, Véronèse : Rivalités à Venise - Musée du Louvre », sur mini-site.louvre.fr (consulté le ).
  24. « L’Antiquité rêvée - Innovations et résistances au XVIIIe siècle - Musée du Louvre - Paris », sur louvre.fr (consulté le ).
  25. « Exposition - Raphaël, les dernières années - Musée du Louvre - Paris », sur louvre.fr (consulté le ).
  26. « Exposition - Poussin et Dieu - Musée du Louvre - Paris », sur louvre.fr (consulté le ).
  27. « Eni Congo opens Musée du Cercle Africain – the first museum in Pointe Noire », sur eni.com, (consulté le ).

Bibliographie

  • (en) Marcello Boldrini, Mattei, Rome, Colombo, 1969
  • (it) Marcello Colitti, Energia e sviluppo in Italia, Bari, De Donato, 1979
  • (en) Paul H. Frankel, Oil and Power Policy, New York - Washington, Praeger, 1966
  • (it) Nico Perrone, Enrico Mattei, Bologna, Il mulino, 2001 (ISBN 88-15-07913-0)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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