Dora Marsden

Dora Marsden, née le et morte le , est une anarcha-féministe, individualiste libertaire, suffragette, rédacteur en chef de journaux littéraires et philosophe du langage.

Biographie

La manchette de The Egoist (1914).

En 1890 son père abandonne sa famille, après la faillite de son usine textile.

Elle étudie à l'Université de Manchester et travaille comme un enseignante.

Féministe radicale, elle est influencée par l'anarchiste allemand Max Stirner et est en relation avec Benjamin Tucker, partisan américain de l'anarchisme individualiste au XIXe siècle.

Elle a commencé à militer au sein de la Women's Social and Political Union puis s’est écartée du mouvement suffragiste afin de fonder des journaux qui lui permirent de donner voix à ses idées les plus radicales. Au cours des sept années qui suivirent, Marsden dirigea trois journaux d’avant garde. Elle y publia les premières œuvres de plusieurs modernistes Anglo-Americains et Français.

Elle édite entre 1911 et 1914 plusieurs magazines : The Freewoman de novembre 1911 à octobre 1912 ; The New Freewoman, de juin 1913 à décembre 1913 et The Egoist de janvier 1914 à décembre 1919.

L’importance de Marsden sur le modernisme littéraire a souvent été mis en doute, mais des articles plus récents soulignent son impact sur la naissance du modernisme. On l’a même comparé à une ‘sage femme délinquante qui aurait donné naissance à cette tradition littéraire’.

Enfance

Dora Marsden est née le 5 Mars 1882, de parents ouvriers: Fred et Hannah, vivants à Marsden dans le Yorkshire. Des revers économiques dans l'usine de Fred le força à émigrer en Amérique en 1890, et il s’installa à Philadelphie avec son fils aîné. Hannah travaillait comme couturière pour faire vivre les autres enfants. Bénéficiant de la Loi sur l'Éducation Élémentaire de 1870, Marsden fut en mesure d’aller à l’école, en dépit de la pauvreté de sa famille. Elle fut une élève brillante et travailla comme tutrice dès l'âge de treize ans, avant de recevoir une ‘Queen Scholarship’ à dix-huit ans. Cela lui permit d’étudier au Lycée Owens de Manchester (qui devint par la suite l’Université de Manchester).

En 1903 Marsden obtint son diplôme et enseigna durant plusieurs années, pour finalement devenir la directrice du centre Enseignant-Eleve d’ Altrincham en 1908. Lors de son passage au Lycée Owen, Marsden fit la connaissance de Christabel Pankhurst, Teresa Billington-Greig ainsi que d’autres féministes de renom. Elle s’impliqua dans la branche militante des suffragettes de Manchester, qui prenait de l’ampleur. Passionnée par la cause féminine, on la trouvait ‘brave et de bel esprit’, (phrase utilisé par son biographe, Les Garner.) Ce dévouement la poussa à commettre des actes de sabotages à plusieurs reprises. En Octobre 1909, elle fut arrêtée avec d’autres membres de la Women’s Social and Political Union (WSPU), pour avoir interrompu le discours de leur alma mater alors qu’elles étaient habillées en tenue de cérémonie, exigeant qu’il dénonce l’alimentation forcée des étudiantes, suffragettes, qui faisaient la grève de la faim.

Quelques mois plus tard, elle s’infiltra dans le théâtre ‘Southport Empire’ et se hissa à l’intérieur de son dôme, où elle se cacha durant quinze heures pour invectiver Winston Churchill, (qui allait bientôt devenir Secrétaire de l’Intérieur), ve nu faire un discours lors d’un meeting électoral.

Le dévouement de Marsden à la cause féminine lui valut une emploi administratif dans le WSPU de Christabel et Emmeline Pankhurst, pour lequel elle quitta son poste d’enseignante en 1909. Malgré sa passion pour le féminisme, ses idées fortes et son indépendance la mirent en conflit avec la direction du WSPU, qui la trouvait impossible à gérer. En 1911, en accord avec les Pankhursts, Marsden accepta de quitter le WSPU. Déçue par cette organisation, mais toujours passionnée par le féminisme, elle chercha d’autres supports pour s’exprimer.

Editrice

Marsden ne fut pas la première Anglaise à protester contre la rigidité au sein du WSPU des Pankhursts et elle lança son propre journal: La Femme Libre (The Freewoman), qui allait mettre en vitrine un large éventail de voix discordantes au sein des mouvements radicaux. Les journaux de Marsden, qui reflétaient sa mouvance politique et ses intérêts esthétiques.

A partir de 1911 Marsden s'intéressa de plus en plus à l'égoïsme et à l’individualisme anarchique. Un glissement intellectuel dont le développement se fit pleinement visible dans ses articles. Plusieurs penseurs anarchistes étaient attirés par les mouvements avant-gardistes qui allaient par la suite apporter le ‘modernisme’. Alors que les critiques littéraires et les calendriers culturels apparaissaient à l’occasion dans ‘La Femme Libre’ à partir de 1913 ses journaux ne publièrent que des auteurs modernes. On trouve, parmi eux : ‘’A Portrait of the Artist as a Young Man’ de James Joyce, ‘Tarr’ de Wyndham Lewis ainsi que plusieurs pages de ‘l’Ulysse’ de Joyce. D’autres auteurs suivirent: Ezra Pound, H.D., William Carlos Williams, Richard Aldington, Amy Lowell, D. H. Lawrence, and T. S. Eliot.

La Femme Libre

Ce magazine fut de courte durée. Marsden l’avait créé pour critiquer le WSPU des Pankhurst. Selon elle, cette organisation se centralisait beaucoup trop sur les femmes de classe moyenne. Cette revue explorait également le milieu littéraire de Londres et offrit un lieu de discussion entre féministes et autres groupes aux idées bien arrêtées. La Femme Libre était également célèbre pour les publicités ouvertement féministes apparaissant dans ses pages. On y trouvait des annonces pour des agences en brevets, orientés vers les femmes, pour une banque, et pour une boutique internationale sur le thème du suffrage.

Cette revue parlait également de sujets controversés tels que le mariage et l’amour libre, que Marsden et d’autres auteurs encourageaient. Selon Marsden, la monogamie avait quatre pierres angulaires: l’hypocrisie des hommes, la résignation sourde des femmes célibataires, la déchéance gênante des prostituées et le monopole des femmes mariées. L’écrivain Rebecca West allant jusqu'à écrire que, en donnant son corps à un homme, obligeant ce dernier à lui apporter un soutien financier, la femme concluait un marché scandaleux.

La Femme Libre publia aussi une série de cinq articles, rédigés par Marsden. Ceux-ci exploraient l’idée qu’on avait forcé les femmes à réprimer leur appétit pour la vie et qu’il en résultait une vie dédiée uniquement à la reproduction. Ceci la poussa à critiquer de nouveau le mouvement des Suffragettes et leur image de petites bourgeoises pures. Cette revue fit faillite et fut relancée sous le nom de Nouvelle Femme Libre.

La Nouvelle Femme Libre

Cette revue abandonna le point de vue radicalement féministe pour adopter une opinion idéaliste, anarchique et orientée sur l’expérimentation littéraire. Les publicités audacieuses furent remplacées par des annonces simples, sans images. À la suite de cette nouvelle approche, Marsden, fortement influencée par Ezra Pound, développa un point de vue différent sur l’égoïsme en tant que philosophie.

Ces deux revues furent également influencée par Rebecca West et Mary Gawthorpes. Celles-ci augmentèrent le tirage de La Nouvelle Femme Libre en offrant un contenu plus littéraire. Cette revue ne dura cependant pas longtemps, et évolua vers une autre publication: L'Égoïste.

L'Égoïste

Cette revue fut inspiré par Max Stirner, philosophe égoïste du dix neuvième siècle. Le titre de cette revue fut choisi par Marsden et Ezra Pound, ce dernier s'intéressant de plus en plus à la poésie et à la politique. Le mot ‘égoïste’ était associé à l’époque à Friedrich Nietzsche et Maurice Barrès. Lorsque le livre de Stirner, intitulé ‘The Ego and its Own’ fut publié, Marsden ne l’examina que partiellement. Elle fit cependant l’éloge de ce livre et écrivit deux articles sur les concepts développés par Stirner. Dans le numéro de Septembre 1913 de La Nouvelle Femme, elle décrivait le livre de Stirner ainsi: ‘L’ouvrage le plus puissant qui ait jamais émergé de l’esprit humain.’ Elle renia cependant cette phrase plus tard, car elle était en désaccord avec Stirner sur la nature de Dieu. Le philosophe voyait Dieu comme une idée répressive, imposée par la société afin de contrôler les individus. Pour Marsden, Dieu était une invention du Soi, pour essayer de comprendre et dominer le monde, faisant de lui une idée positive et libératrice.

Ezra Pound

Poète né dans l’Idaho le 30 Octobre 1885. Il étudia la littérature et les langues. Tout comme Marsden, il défendait ses idées sans restrictions. Il fit un discours pro-fasciste en Italie durant la Seconde Guerre Mondiale, qui mena à son arrestation. Pound devint un auteur à succès dès 1909, avec des titres tels que ‘Personae’ et ‘Exultations’. Il se fit également critique littéraire pour l'Égoïste, qu’il orienta vers les poètes imagistes. Ceci fut très positif pour cette revue, qui dura quatre ans. Cependant, sur la fin, le tirage passa de 2000 copies à tout juste 500.

Héritage Philosophique de Marsden

En 1920 Marsden se retira de la vie littéraire et politique et passa quinze années dans la solitude. Durant ce temps, elle rédigea un ‘opus magnum’ sur la philosophie, les mathématiques, la physique, la biologie et la théologie. Il fut publié par Harriet Shaw Weaver en deux volumes, sous le titre: The Definition of the Godhead in 1928 and Mysteries of Christianity in 1930 . (Définition de la Divinité en 1928 et Mystère de la Chrétienté en 1930).

Ce livre volumineux fut très mal reçu et elle fit une dépression nerveuse en 1930. Celle-ci empira lors du décès de sa mère en 1935. Ses humeurs fluctuaient entre une vue très optimiste ou très pessimiste de ses écrits, qui tournaient au délire. En 1935 elle fut admise au Crichton Royal Hospital de Dumfries, ou elle passa le reste de sa vie, souffrant d’une grave dépression.

Marsden mourut d’une crise cardiaque en 1960.

Bibliographie

Notices

Articles connexes

Références

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