Dominique Quéhec

Dominique Quéhec, né le à Toulouse, est un comédien.

Biographie

Son père est officier de marine multi-décoré pour états de service et faits de guerre, il est le benjamin de cinq enfants. Enfance heureuse en dépit de la guerre, qui brusque leur départ précipité vers la Bretagne, terre ancestrale du père.

Après avoir obtenu plusieurs prix au Conservatoire d'art dramatique de Rennes, le jeune homme fera ses premiers pas de comédien professionnel avec la Comédie de l'Ouest (Centre dramatique national codirigé par Georges Goubert et Guy Parigot), où il joua une saison entière de tournées et de festivals en 1957-1958. Il étudia ensuite, pendant trois ans de octobre 1959 à juin 1962, à l’École supérieure d'art dramatique de Strasbourg, dirigée par Hubert Gignoux. Il rejoignit alors la Comédie de Saint-Étienne, centre dramatique national où, d'octobre 1962 à juin 1966, il fut distribué dans de nombreux spectacles sous les directions de Jean Dasté, Armand Gatti et Jacques Lecoq notamment, spectacles largement diffusés en France et à l'étranger. Fin 1966, il participa à la création en France de La Mère de Bertolt Brecht, sous la direction de Jacques Rosner au Grenier de Toulouse, centre dramatique national. Début 1967, il jouera dans La Guerre des paysans, d'après Thomas Müntzer, mise en scène de José Valverde, au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis.

En septembre 1967, il fonde le Théâtre municipal populaire de Goussainville (T.M.P.G.), dans la banlieue nord de Paris, première expérience culturelle novatrice qui le fit remarquer de la presse nationale et des pouvoirs publics. Le metteur en scène est né. Il sera ainsi parmi les premiers théâtres de création qui s'implantèrent dans la banlieue parisienne, poursuivant le grand mouvement de renouveau de la scène et du public amorcé avec tant d'éclat par le Théâtre national populaire de Jean Vilar. Patrice Chéreau et Antoine Vitez, pour s'en tenir aux seuls défunts, commencèrent aussi leur glorieux parcours dans la banlieue de Paris.

En 1970 il est appelé par le directeur du Théâtre national populaire de Chaillot à Paris, Georges Wilson, successeur immédiat de son fondateur Jean Vilar, afin de réaliser une vaste enquête sur la public du T.N.P., laquelle fera l'objet d'un rapport circonstancié remis aux autorités de tutelle. Dans le même temps, il fut également chargé de cours à l'UER d'Études théâtrales de Paris III Sorbonne sur le thème : L'Action culturelle aujourd'hui.

En 1971, le ministre de la Culture Jacques Duhamel nomme Dominique Quéhec à la direction de la Maison de la culture d'Amiens, où il restera dix ans. Premier équipement spécifique complet inauguré en 1966, sous la présidence du général de Gaulle, par le fondateur du ministère de la Culture lui-même, André Malraux, lequel prononça en la circonstance un discours resté célèbre par sa portée civilisationnelle sans précédent. Établissement pluridisciplinaire ouvert à tous les courants de la création artistique contemporaine, la Maison de la Culture d'Amiens fut un rendez-vous pour les artistes du monde entier avec un vaste public régional et national. Cette confrontation permanente entre tous les arts de la scène et du concert, de l'image et des formes plastiques, aiguillonnée encore par les grands débats d'idées, fit de ce lieu unique un des pôles majeurs de la culture du XXe siècle, les témoignages en font foi.

Pendant son directorat amiénois, Dominique Quéhec fut invité par le Département d'État américain pour une visite de plusieurs semaines qui allait successivement le conduire de la côte Est (Washington, New York, Boston) à la côte Ouest (San Francisco, Los Angeles), et du nord au sud des États-Unis. Ce long périple, outre l'approche concrète et documentée des états et des villes traversées, lui permit de rencontrer les plus hautes personnalités du monde politique et culturel, avec un champ d'observation très ouvert dans les domaines les plus divers, jusqu'à longuement s'attarder non loin d'Albuquerque dans une tribu Navajos du Nouveau-Mexique, et de tisser des liens utiles pour de futurs échanges avec ce continent Nord-américain trop souvent caricaturé, alors qu'il offre le plus surprenant exemple de toutes les virtualités et de toutes les contradictions du monde. Impossible de ne pas souligner l'entière liberté de choix et d'initiatives qui fut laissée à l'hôte dans l'établissement de son programme sans exclusive aucune, programme diligemment exécuté par le Département d'État et le remarquable interprète associé à ce voyage.

Le ministre de la Culture Jack Lang nomme Dominique Quéhec à la direction du Centre dramatique national de Bretagne en 1981. Ses obligations se résument ainsi : offrir au public de cette région la meilleures propositions théâtrales, en lien avec les plus vivantes expressions de cet art sur le terrain et en faisant une juste place aux nouveaux talents. Huit spectacles, parmi d'autres programmes, formeront la contribution personnelle du metteur en scène directeur pendant les quatre années de sa présence à Rennes.

Une phase nouvelle s'ouvre en 1985, lorsqu'il fonde à Paris sa propre compagnie : le Théâtre de la Pierre Blanche. Celle-ci se déploiera à travers le secteur privé comme dans les salles subventionnées de la capitale, selon des périodicités variables, allant des trois saisons 1990-1993-1994 au Théâtre du Rond-Point des Champs-Élysées, où s'achevait à peine la légendaire aventure de Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault (ils venaient encore chaque jour dans ce théâtre qui avait été leur ouvrage inspiré, tels des personnages de fable qui hantent sans fin nos mémoires orphelines...) ; à l'Opéra national de Paris-Bastille qui, en février 1992, programme sa mise en scène nouvelle des Cinq nôs modernes de Yukio Mishima, dans une adaptation de Marguerite Yourcenar et la musique originale d'Isabelle Aboulker. En 1990, l'Opéra Bastille avait déjà accueilli sa mise en scène des Troyennes d'Euripide, interprété par les jeunes acteurs du Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris.

Échos lointain d'une longue tournée qu'il fit en Algérie avec la Comédie de Saint-Étienne de Jean Dasté en 1965, à l'invitation de son gouvernement ? Alors qu'il s’apprête à réaliser deux spectacles sur des textes de Rachid Boudjedra, une carte blanche placée sous son entière responsabilité, lui est proposée par la Maison de la Poésie à Paris en janvier-février 1995, dans laquelle 17 poètes algériens feront entendre leurs voix, avec le concours des acteurs Laurence Bourdil, Gérard-Henri Durand, Nadia Samir et Jean-Pierre Vincent, notamment. Parmi les écrivains présents à ces lectures-conférences, toutes présentées par Dominique Quéhec, on pouvait voir entre autres Rachid Boudjedra, Mohammed Dib, Assia Djebar... et entendre les disparus : Taos, Jean Amrouche, Jean Sénac et Kateb Yacine.

Metteur en scène, Dominique Quéhec aura, par ses créations, contribué à faire découvrir les auteurs contemporains, vivants pour la plupart d'entre eux, lesquels connurent ainsi le succès pour la première fois : « Dominique Quéhec a été l'un des premiers, à l'échelle nationale, à introduire au théâtre des cinéastes ou auteurs allemands comme Peter Handke ou Fassbinder » (Annie Daubenton, Les Nouvelles littéraires, 11 au 18 octobre 1979).

Comme le remarquera Jean-Marie Lhôte, son successeur à Amiens : « Cette place prépondérante réservée aux auteurs allemand n'est pas banale. La question lui ayant été posée, Dominique Quéhec voit sa source dans la défaite et l'occupation 1940-1944, choc ressenti d'autant plus rudement que son père est officier de marine, multi-décoré pour états de services et faits de guerre. Il y a là en lui comme un noyau dur, mystérieux et irréductible. Cela ne suffirait pas si les œuvres en question étaient mineures ; force est de reconnaitre qu'à l'époque, les auteurs français n'offrent pas cette puissance. Encore faut-il avoir connaissance de ces auteurs allemands. Ici intervient, au sens propre, un bon génie en la personne de Robert Voisin. Son nom tend à s'effacer comme tant d'autres... Rappelons qu'il est le créateur des Éditions de l'Arche, que ces éditions ont publié pendant des années la Revue du Théâtre populaire, accompagnant Jean Vilar, et possèdent aussi un beau catalogue d’œuvres dramatiques, dont le théâtre complet de Bertolt Brecht, ce qui n'est pas rien. Quéhec et Voisin se sont rencontrés, sont devenus amis ; c'est ainsi que l'éditeur a fait connaitre au metteur en scène les auteurs que sont Weiss, Henkel, Dorst, Handke, Fassbinder, en lui donnant, d'une certaine manière, la primeur quand il a été conquis par les premiers résultats ».

Mises en scène

Notes et références

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