Deucalion (fils de Prométhée)

Dans la mythologie grecque, Deucalion (en grec ancien Δευκαλίων / Deukalíôn), fils du Titan Prométhée et de Pronoia (ou de Clymène selon les traditions), est le seul survivant, avec sa femme Pyrrha, du Déluge décidé par Zeus[1].

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Deucalion et Pyrrha, illustration de Virgil Solis pour une édition des Métamorphoses (1562)

Mythe antique

Le Déluge et la renaissance de l'humanité

Réfugiés sur le mont Parnasse, Deucalion et Pyrrha reçoivent l'ordre de l'oracle de Thémis de jeter derrière eux les os de leur grand-mère afin de repeupler la terre. Comprenant qu'il s'agit de Gaïa (la Terre), dont les pierres sont les os, ils ramassent des pierres et les jettent derrière eux : celles que jette Deucalion se changent en hommes, et celles que jette Pyrrha, en femmes. Cette fable paraît fondée sur le double sens du mot grec laos, qui signifie à la fois pierre et peuple[réf. nécessaire].

Descendance

Deucalion et Pyrrha ont pour enfants Hellen, Amphictyon, Protogénie, et Pandore et Thyia[2].

Postérité après l'Antiquité

Peinture

Giovanni Maria Bottalla, Deucalion et Pyrrha, vers 1635. Musée national des beaux-arts du Brésil.

Deucalion et Pyrrha fournissent le sujet de plusieurs tableaux de la peinture mythologique à la Renaissance et ensuite. Vers 1635, le peintre baroque italien Giovanni Maria Bottalla (it) les représente jetant des pierres derrière eux pour faire renaître l'humanité. Le peintre italien Giovanni Benedetto Castiglione leur consacre une toile en 1665.

Philosophie

Le mythe de Deucalion est cité par Emmanuel Levinas dans Totalité et Infini, afin de critiquer l'idée aristotélicienne d'une société qui serait créée par la réunion naturelle de plusieurs familles, ou par une appartenance à un genre humain, mais bien plutôt par la rencontre du visage de l'autre qui est par soi signification et expression de l'humanité  :

« Le statut même de l'humain implique la fraternité de l'idée du genre humain. Elle s'oppose radicalement à la conception de l'humanité unie par la ressemblance, d'une multiplicité de familles diverses sorties de pierres jetées par Deucalion derrière son dos et qui, par la lutte des égoïsmes aboutit à une cité humaine[3]. »

Dans le second de ses deux ouvrages majeurs, Autrement qu'être au-delà de l'essence :

« Tous les autres qui m'obsèdent en autrui, ne m'affectent ni comme des « exemplaires » du même genre réunis avec mon prochain par ressemblance ou par communauté de nature individuations du genre humain ou fragments du même bloc telles les pierres métamorphosées en homme par Deucalion et qui, derrière son dos, devaient s'agglomérer en cités avec leur cœur de pierre[4] »

Emmanuel Levinas permet de penser la société autrement que comme agrégat d'individus qui prennent sens par leur agrégation. La société ne se construit pas comme une cité où chaque individu constituerait une pierre mais sur une relation de visages. Elle rassemble des cœurs de chair dont les relations - diachroniques - sont irréductibles à une construction synchronisée dans un espace.[réf. incomplète]. Il ne s'agit pas de sa part d'une étude de mythologie comparée ni de religion grecque mais de la projection anachronique de ses propres conceptions sur un mythologème selon N. Chomsky, « a case of a priori instrumentalization ».

Sources

Notes et références

  1. Brisson 2008, p. 2183
  2. Catalogue des femmes [détail des éditions], fragment 7 MW.
  3. Levinas 1991, p. 236
  4. Levinas 1991, p. 247

Articles connexes

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