Dermanyssus gallinae

Dermanyssus gallinae, communément appelé Pou rouge, est une espèce d'acariens de la famille des Dermanyssidae. C'est un ectoparasite hématophage des volailles. Il est impliqué comme vecteur de plusieurs maladies pathogènes majeures[2]. Malgré ses noms communs, il a une large gamme d'hôtes, y compris plusieurs espèces d'oiseaux et de mammifères sauvages, humains inclus[3],[4]. Par sa taille et son apparence, il ressemble au Pou noir, Ornithonyssus sylviarum[5].

Dermanyssus gallinae

CIM-10 B88.0

Mise en garde médicale

Dermanyssus gallinae est un hématophage obligatoire qui attaque d'ordinaire la nuit[6] mais se nourrit occasionnellement pendant la journée[7]. Les adultes (0,75–mm de long) ont de longues pattes et généralement un corps blanc grisâtre, qui devient brun rougeâtre après leur repas[8]. Après s'être nourris, ils se cachent dans des fissures et des crevasses loin des sources de lumière, où ils s'accouplent et pondent des œufs. Les acariens progressent à travers 5 stades biologiques: œuf, larve, protonymphe, deutonymphe et adulte[9]. Dans des conditions favorables, ce cycle de vie peut être achevé en sept jours, de sorte que les populations peuvent croître rapidement, provoquant une anémie chez les volailles gravement atteintes[10]. Les jeunes oiseaux sont les plus sensibles. Les acariens peuvent également affecter indirectement la santé des oiseaux, car ils peuvent servir de vecteurs pour des maladies telles que la salmonellose, la spirochaétose aviaire et Erysipelothrix rhusiopathiae[11]. Dermanyssus gallinae peut survivre jusqu'à 10 mois dans un poulailler vide. Cependant, des températures supérieures à 45°C (113°F) ou inférieures à -20°C (-4°F) lui sont fatales[12].

Infestation chez les poules

Les acariens se nourrissent normalement autour de la poitrine et des pattes des poules, provoquant des douleurs, des irritations et une diminution de la production d'œufs. Des pustules, des croûtes, une hyperpigmentation et une perte de plumes peuvent se produire.

S'ils sont présents en grand nombre, Dermanyssus gallinae peut provoquer une anémie chez les poules[10] qui présente comme une pâleur de la crête et de la caroncule.

Diagnostic

Un diagnostic présomptif peut être établi chez les poules pondeuses, généralement basé sur des antécédents de diminution de la production d'œufs, d'anémie et de mortalité chez les jeunes ou les oiseaux malades. Les taches de sang sur les œufs indiquent une infestation dans le cloaque d'une poule atteinte. Le diagnostic définitif n'est obtenu qu'après identification des œufs, des excréments ou des acariens eux-mêmes.

Prévention

Il existe plusieurs méthodes pour prévenir l'infestation dans les poulaillers, notamment :

  • chauffer le poulailler à une température supérieure à 55°C (131°F) ;
  • le laver régulièrement ;
  • traiter les murs et le sol avec de la poussière de silice ou du carbolineum avant l'introduction des nouvelles poules[13].

Traitement

Les ectoparasiticides peuvent être utilisés pour traiter les individus affectée, mais doivent être utilisés en rotation pour éviter l'apparition de résistance. [14] L'insecticide spinosad est efficace contre les acariens résistants aux acaricides et peut même être utilisé sur place en présence des poules pondeuses[15]. Un nouveau produit, Exzolt a été introduit dans l'UE en 2017 [16]. Il contient du fluralaner, une isoxazoline, et est très efficace contre Dermanyssus gallinae, y compris ceux résistants aux anciens acaricides. Il est approuvé pour une administration orale mélangée à l'eau potable et possède un mode d'action systémique, c'est-à-dire qu'il agit par le sang des oiseaux traités. Il a été démontré dans une étudeque les lactones macrocycliques comme l'éprinomectine, la moxidectine ou l'ivermectine ont un impact sur la reproduction des acariens et la digestion des repas sanguins[17] bien que d'autres études aient trouvé que l'ivermectine était inefficace, sauf à des doses "défavorablement proches de celles qui causent la toxicité"[18].

Les acariens prédateurs comme Androlaelaps casalis et Hypoaspis miles peuvent être utilisés pour contrôler les populations de Dermanyssus gallinae[19].

L'exposition des acariens au dioxyde de carbone à l'aide de glace carbonique et de pulvérisation directe a été proposée comme nouveau traitement[20].

Les vaccins sont actuellement en cours de développement pour le traitement des volailles, qui cherchent à "stimuler une réponse immunitaire" chez les oiseaux et augmenter la mortalité de Dermanyssus gallinae[21] .

Infestation chez l'Homme

Dermanyssus gallinae perçant la peau avec ses longues chélicères pour atteindre les capillaires cutanés (pas à l'échelle).

Chez l'Homme, les infestations à Dermanyssus gallinae sont appelées gamasoïdose ou dermanyssose[22]. Les acariens sont capables de digérer[23] et de se reproduire entièrement sur le sang humain, de sorte que les infestations peuvent être persistantes[4]. En raison des habitudes alimentaires nocturnes de D. gallinae, les personnes infestées peuvent ressentir des démangeaisons et des piqûres au réveil le matin[24]. La gravité des symptômes varie, la dermatite, le prurit[25] et l'urticaire papulaire étant courants.

La prévention de l'infestation dans l'habitation humaine consiste à éliminer les vecteurs potentiels par exemple par le bais de la destruction des nids de pigeons et de moineaux[26] et le traitement des volailles de basse-cour infestées[27].

L'élimination d'une infestation dans une habitation humaine est mieux réalisée grâce à une combinaison d'élimination des vecteurs potentiels (pigeons nicheurs, volailles de basse-cour, etc.); réduction les cachettes potentielles (tapis, encombrement); utilisation judicieuse des pesticides; utilisation constante de déshumidificateurs pour maintenir un environnement à faible humidité; maintien d'une basse température dans l'environnement; nettoyage en profondeur fréquent; minimisation le temps passé à la maison; et maintien d'une excellente hygiène[28],[29].

Jane Ishka a fait part de son expérience avec une infestation humaine de D. gallinae dans son livre The Year of the Mite. [30]

Dermanyssus gallinae se nourrit également de mammifères, notamment de chats, de chiens, de rongeurs, de lapins et de chevaux[4]. L'infestation par Dermanyssus gallinae est rare chez les chats et les chiens ; généralement les extrémités et le dos sont mordus, provoquant des démangeaisons. [31]

Galerie

  • Acariasis
  • Gamasoidosis
  • Liste des acariens associés aux réactions cutanées

Notes et références

  1. BioLib, consulté le 24 mai 2020
  2. Desloire, Valiente Moro, Chauve et Zenner, « Comparison of four methods of extracting DNA from D. gallinae (Acari: Dermanyssidae) », Veterinary Research, vol. 37, no 5, , p. 725–732 (PMID 16820136, DOI 10.1051/vetres:2006031, lire en ligne )
  3. Sparagano, George, Harrington et Giangaspero, « Significance and Control of the Poultry Red Mite, Dermanyssus gallinae », Annual Review of Entomology, vol. 59, , p. 447–466 (PMID 24397522, DOI 10.1146/annurev-ento-011613-162101)
  4. « Should the poultry red mite Dermanyssus gallinae be of wider concern for veterinary and medical science? », Parasites & Vectors, vol. 8, , p. 178 (PMID 25884317, PMCID 4377040, DOI 10.1186/s13071-015-0768-7)
  5. Weisbroth, « The Differentiation of Dermanyssus gallinae from Ornithonyssus sylviarum », Avian Diseases, vol. 4, no 2, , p. 133–137 (DOI 10.2307/1587499, JSTOR 1587499)
  6. (en) Sokół, Koziatek-Sadłowska et Michalczyk, « The influence of Dermanyssus gallinae and different lighting regimens on selected blood proteins, corticosterone levels and egg production in layer hens », Veterinary Research Communications, vol. 43, no 1, , p. 31–36 (ISSN 1573-7446, DOI 10.1007/s11259-018-9743-z, lire en ligne)
  7. (en) Haag‐Wackernagel, « Parasites from feral pigeons as a health hazard for humans », Annals of Applied Biology, vol. 147, no 2, , p. 203–210 (ISSN 1744-7348, DOI 10.1111/j.1744-7348.2005.00029.x, lire en ligne)
  8. O.A.E. Sparagano et A. Giangaspero, Improving the Safety and Quality of Eggs and Egg Products, , 394–414 p. (ISBN 9781845697549, DOI 10.1533/9780857093912.3.394), « Parasitism in egg production systems: The role of the red mite ( Dermanyssus gallinae ) »
  9. (en) Bruneau, Dernburg, Chauve et Zenner, « First in vitro cycle of the chicken mite, Dermanyssus gallinae (DeGeer 1778), utilizing an artificial feeding device », Parasitology, vol. 123, no 6, , p. 583–589 (ISSN 1469-8161, DOI 10.1017/S0031182001008836, lire en ligne)
  10. Kilpinen, Roepstorff, Permin et Nørgaard-Nielsen, « Influence of Dermanyssus gallinae and Ascaridia galli infections on behaviour and health of laying hens (Gallus gallus domesticus) », British Poultry Science, vol. 46, no 1, , p. 26–34 (ISSN 0007-1668, PMID 15835249, DOI 10.1080/00071660400023839, lire en ligne)
  11. Chirico, Eriksson, Fossum et Jansson, « The poultry red mite, Dermanyssus gallinae, a potential vector of Erysipelothrix rhusiopathiae causing erysipelas in hens », Medical and Veterinary Entomology, vol. 17, no 2, , p. 232–234 (PMID 12823843, DOI 10.1046/j.1365-2915.2003.00428.x)
  12. Nordenfors, Höglund et Uggla, « Effects of Temperature and Humidity on Oviposition, Molting, and Longevity of Dermanyssus gallinae (Acari: Dermanyssidae) », Journal of Medical Entomology, vol. 36, no 1, , p. 68–72 (PMID 10071495, DOI 10.1093/jmedent/36.1.68)
  13. Mul et Koenraadt, « Preventing introduction and spread of Dermanyssus gallinae in poultry facilities using the HACCP method », Experimental and Applied Acarology, vol. 48, nos 1–2, , p. 167–181 (PMID 19221882, DOI 10.1007/s10493-009-9250-6, lire en ligne)
  14. Chauve, « The poultry red mite Dermanyssus gallinae (De Geer, 1778): Current situation and future prospects for control », Veterinary Parasitology, vol. 79, no 3, , p. 239–245 (PMID 9823064, DOI 10.1016/S0304-4017(98)00167-8)
  15. George, Shiel, Appleby et Knox, « In vitro and in vivo acaricidal activity and residual toxicity of spinosad to the poultry red mite, Dermanyssus gallinae », Veterinary Parasitology, vol. 173, nos 3–4, , p. 307–316 (PMID 20655147, DOI 10.1016/j.vetpar.2010.06.035)
  16. Brauneis, Zoller, Williams et Zschiesche, « The acaricidal speed of kill of orally administered fluralaner against poultry red mites (Dermanyssus gallinae) on laying hens and its impact on mite reproduction », Parasites & Vectors, vol. 10, no 1, , p. 594 (PMID 29197422, PMCID 5712167, DOI 10.1186/s13071-017-2534-5)
  17. Xu, Wang, Zhang et Huang, « Acaricidal efficacy of orally administered macrocyclic lactones against poultry red mites (Dermanyssus gallinae) on chicks and their impacts on mite reproduction and blood-meal digestion », Parasites & Vectors, vol. 12, no 1, , p. 345 (ISSN 1756-3305, PMID 31300011, PMCID 6624947, DOI 10.1186/s13071-019-3599-0)
  18. Zeman, « Systemic efficacy of ivermectin against Dermanyssus gallinae (De Geer, 1778) in fowls », Veterinary Parasitology, vol. 23, nos 1–2, , p. 141–146 (PMID 3564341, DOI 10.1016/0304-4017(87)90032-X)
  19. Lesna, Sabelis, Van Niekerk et Komdeur, « Laboratory tests for controlling poultry red mites (Dermanyssus gallinae) with predatory mites in small 'laying hen' cages », Experimental and Applied Acarology, vol. 58, no 4, , p. 371–383 (PMID 22773110, PMCID 3487000, DOI 10.1007/s10493-012-9596-z)
  20. (en) Kang, Hossain, Jeong et Park, « Application of carbon dioxide as a novel approach to eradicate poultry red mites », Journal of Veterinary Science, vol. 21, no 2, (ISSN 1976-555X, PMID 32233140, PMCID 7113580, DOI 10.4142/jvs.2020.21.e37, lire en ligne)
  21. Harrington, Canales, de la Fuente et De Luna, « Immunisation with recombinant proteins subolesin and Bm86 for the control of Dermanyssus gallinae in poultry », Vaccine, vol. 27, no 30, , p. 4056–4063 (PMID 19501789, DOI 10.1016/j.vaccine.2009.04.014)
  22. WD James, T Berger et D Elston, Andrews' Diseases of the Skin: Clinical Dermatology, 12, (ISBN 9780323319690), « Parasitic infestations, stings and bites: Gamasoidosis », p. 446
  23. Williams, « An infestation of a human habitation by Dermanyssus gallinae (Degeer, 1778) (Acarina: Dermanyssidae) in New York City resulting in sanguisugent attacks upon the occupants », The American Journal of Tropical Medicine and Hygiene, vol. 7, no 6, , p. 627–629 (ISSN 0002-9637, PMID 13595207, DOI 10.4269/ajtmh.1958.7.627)
  24. L Kos et S Galbraith, Pediatric dermatology, St. Louis, Mo., 4th, , 1576–1578 p. (ISBN 9780723436652), « Infections and infestations »
  25. Rosen, Yeruham et Braverman, « Dermatitis in humans associated with the mites Pyemotes tritici, Dermanyssus gallinae, Ornithonyssus bacoti and Androlaelaps casalis in Israel », Medical and Veterinary Entomology, vol. 16, no 4, , p. 442–444 (PMID 12510897, DOI 10.1046/j.1365-2915.2002.00386.x)
  26. Bellanger, Bories, Foulet et Bretagne, « Nosocomial Dermatitis Caused by Dermanyssus gallinae », Infection Control & Hospital Epidemiology, vol. 29, no 3, , p. 282–283 (PMID 18205530, DOI 10.1086/528815)
  27. Whitehead et Roberts, « Backyard poultry: Legislation, zoonoses and disease prevention », Journal of Small Animal Practice, vol. 55, no 10, , p. 487–496 (PMID 25109514, DOI 10.1111/jsap.12254)
  28. « Bird mites - prevention and treatment », www.sahealth.sa.gov.au (consulté le )
  29. Cafiero, Barlaam, Camarda et Radeski, « Dermanysuss gallinae attacks humans. Mind the gap! », Avian Pathology, vol. 48, no sup1, , S22–S34 (ISSN 0307-9457, PMID 31264450, DOI 10.1080/03079457.2019.1633010)
  30. Jane Ishka, The Year of the Mite, Bitingduck Press, (ISBN 9781938463433)
  31. Sue Paterson, Manual of skin diseases of the dog and cat, Chichester, 2nd, , 118–119 p. (ISBN 9781444309324), « Dermanyssus gallinae »

Références taxinomiques

Liens externes

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