David Cage

David Cage, de son véritable nom David De Gruttola, est un créateur de jeux vidéo français né le à Mulhouse.

Pour les articles homonymes, voir Cage (homonymie).

Il est le fondateur et PDG du studio Quantic Dream, fondé en 1997, dans lequel il a réalisé les jeux The Nomad Soul, Fahrenheit, Heavy Rain, Beyond: Two Souls et Detroit: Become Human.

Carrière

Débuts

Durant son enfance et son adolescence, David De Gruttola développe une passion pour la musique et souhaite en faire son métier. Il grandit en même temps que l’explosion du marché du jeu vidéo et voit la démocratisation des consoles de salon durant son adolescence. Il jouera pour la première fois à un jeu vidéo sur un Oric 1 avant d’en devenir, aux côtés de son frère, un fervent adepte. Il passe des heures sur les jeux de son Amstrad 6128 et de sa Sega Master System[1].

Il entame des études d’économie à la faculté de Strasbourg mais choisit d’abandonner son cursus en cours de route et de se lancer dans la musique[2]. Lorsqu’il s'installe à Paris dans les années 1990, David De Gruttola commence par travailler dans une maison de disques et compose des musiques pour des jeux vidéo[3]. Il rachète en 1993 un studio privé, qu’il baptise Totem Interactive et qui fournira des compositions aussi bien aux milieux de la publicité, de la télévision qu'à celui des jeux vidéo[4].

Ses premiers travaux, réalisés sous son véritable nom ou sous celui de son studio, Totem, incluent les compositions musicales des jeux vidéo Super Dany (1994), Cheese Cat-Astrophe starring Speedy Gonzales (1995), Timecop (1995) et Hardline (1997).

Quantic Dream

Au début des années 1990 il décide d’écrire un scénario de jeu vidéo en parallèle de ses autres activités. David De Gruttola forme autour de lui une petite équipe composée de 5 amis et se concentre sur l’écriture de son premier script de jeu-vidéo, qu’il envisage de porter sur PC et PlayStation. Son élaboration leur demandera 1 an de travail. Le script final compte plus de 250 pages et des centaines de croquis et autres idées[1]. Il présente son projet aux grands éditeurs de jeu vidéo d’alors qui montrent de l’intérêt tout en refusant de s’engager en l’absence de structure claire de développement. En 1997, David De Gruttola crée alors Quantic Dream, un studio entièrement focalisé sur le développement de jeu vidéo. Une fois la structure finalisée, Quantic signe son premier contrat avec Eidos Interactive, pour le développement du jeu Omikron - The Nomad Soul[4]. Le développement de Nomad Soul amène Quantic Dream et David De Gruttola à créer une des premières villes ouvertes en 3D[5] et à utiliser la capture de mouvement pour animer les personnages[6]. Le jeu bénéficie également d'un gameplay très varié[6].

Depuis 1997, David De Gruttola est le scénariste, réalisateur et Game Director des jeux produits par son studio. Il a occupé le poste de directeur créatif sur les cinq jeux créés par Quantic Dream, à savoir :

Au cours de sa carrière, il collabore avec différents éditeurs : Eidos Interactive, Vivendi, Atari, Microsoft, puis finalement Sony Computer Entertainment, avec qui il signe un contrat d'exclusivité d'une durée de douze ans. Il travaille également avec des artistes venant du cinéma et de la musique, dont David Bowie, Elliot Page et Willem Dafoe[7], Hans Zimmer[8], Clancy Brown et Lance Henriksen[9].

La collaboration entre David Bowie et Quantic Dream pour le jeu The Nomad Soul débouche, entre autres, sur la composition de l’album « HOURS », comprenant 12 chansons et créé à Paris pour le jeu[10], ainsi que l'exécution de trois concerts virtuels dans les décors du jeu, en utilisant la capture de mouvement en temps réel[11],[12].

La création de chacun de ces jeux vidéo demande un important travail d’écriture. A titre d'exemple, le script d’Heavy Rain fait plus de 2 000 pages et celui de Detroit : Become Human plus de 4000 pages[4],[13].

En plus des postes qu'il occupe sur les différents jeux créés par sa société, David De Gruttola est également le PDG de Quantic Dream[4].

Style de ses jeux vidéos

Pour David De Gruttola, le jeu vidéo est un moyen de raconter des histoires dont le joueur serait le héros. Les jeux sur lesquels il a occupé le poste de directeur créatif mettent l'accent sur l'histoire et l'impact des choix des joueurs sur le déroulement de cette histoire[14]. Dès lors, les gameplays de ses jeux doivent se mettre au service du scénario, quitte à limiter l'interactivité. Cette manière de penser les jeux est appréciée par une partie de la presse vidéoludique, qui salue la qualité des scénarios et des gameplays des opus développés par Quantic Dream[15],[16],[17]. Mais dans le même temps, les jeux de David De Gruttola sont régulièrement critiqués par une autre partie de la presse spécialisée[18],[19],[20],[21] , qui estime que ses productions délaissent trop l'interactivité au profit des cinématiques[22],[23].

Malgré ces clivages au sein de la presse vidéoludique et les controverses nées autour du développement de Detroit : Become Human, la dernière production de David De Gruttola fut un gros succès auprès des joueurs[24]. Ses jeux ont également remporté depuis vingt ans la plupart des récompenses internationales, dont notamment 2 BAFTA[25].

Capture de mouvement

Quantic Dream et David De Gruttola sont parmi les premiers à avoir utilisé la technique de la capture de mouvement optique afin de créer des personnages de jeux vidéos plus réalistes. Le studio dispose d'ailleurs de son propre plateau de tournage en capture de mouvement[26]. La capture de mouvement est régulièrement utilisée par De Gruttola pour créer des personnages basés sur des acteurs réels. La première utilisation allant dans ce sens fut la recréation de David Bowie, en version rajeunie, et de sa femme, le top model Iman[27], dans Nomad Soul. Cette technique sera ensuite réutilisée pour les jeux Heavy Rain, puis Beyond : Two Souls, avec la participation d'Elliot Page et Willem Dafoe, et enfin Detroit : Become Human, avec la participation de Bryan Dechart, Valorie Curry et Jesse Williams[28].

Controverses

En janvier 2018, Quantic Dream est l'objet d'une enquête menée conjointement par Le Monde, Mediapart et Canard PC. Ceux-ci dénoncent les méthodes de management de l'entreprise : « une culture d’entreprise toxique, une direction aux propos et attitudes déplacés, des employés sous-considérés, des charges de travail écrasantes et des pratiques contractuelles douteuses »[29],[30],[31]. David De Gruttola est notamment accusé de racisme, de misogynie et d'homophobie[32]. Le créateur s'en est défendu en faisant valoir qu'il a travaillé avec l'acteur Elliot Page qui défend les droits LGBT et l'acteur Jesse Williams qui se bat pour les droits civils aux États-Unis[33]. Certains des ex-employés de Quantic Dream interrogé dans le cadre de cette enquête ont attaqué la société devant les Prud'hommes et Quantic Dream a été condamné le 21 novembre 2019 à verser 5 000 euros à l'un d'entre eux[34].

En avril 2018, Quantic Dream porte plainte en diffamation contre Le Monde et Mediapart[35]

Distinctions

David De Gruttola est Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres depuis le 21 décembre 2007[36] et Chevalier de la Légion d'honneur depuis le 13 mars 2014[37].

Vie Personnelle

Il déclare être athée lors d'une interview à propos du jeu Beyond: Two Souls[38].

Liens externes

Notes et références

  1. Marilys Vallet, « Quantic Dream : David Cage, le maestro de la console », sur lepoint.fr, (consulté le )
  2. Benoît Jacobo, « David Cage, l'Alsacien qui a fondé Quantic Dream, fleuron du jeu vidéo », sur francebleu.fr, (consulté le )
  3. Vincent Jolly, « David Cage, le Français qui révolutionne le jeu vidéo », sur lefigaro.fr, (consulté le )
  4. « Portrait : David Cage - Visage de la "méthode Quantic" », sur jeuxvideo.com, (consulté le )
  5. Nomad Soul est un des premiers, mais pas le premier. Le jeu Driver, sorti 4 mois avant Nomad, proposait déjà une ville ouverte en 3D
  6. « Omikron, The Nomad Soul: l'oeuvre initiatrice de David Cage », sur gameblog.fr, (consulté le )
  7. (en) Matt Kamen, « Beyond gaming with Willem Dafoe and Elllen Page », sur theguardian.com, (consulté le )
  8. « Hans Zimmer et Lorne Balfe à la BO du jeu "Beyond : Two Souls" », sur allocine.fr, (consulté le )
  9. Julien Foussereau, « Avec “Detroit : become human”, les androïdes ne nous ont jamais paru aussi beaux », sur telerama.fr, (consulté le )
  10. Stéphane Jarno, « “The Nomad Soul”, le jeu vidéo dans lequel “David Bowie s'était impliqué à fond”, est téléchargeable gratuitement », sur telerama.fr, (consulté le )
  11. (en) « Remembering David Bowie and The Nomad Soul », sur sandboxstrat.com, (consulté le )
  12. (en) Frank Allegra, « David Bowie's one and only gaming role, remembered », sur polygon.com, (consulté le )
  13. « David Cage : « Avec Detroit : Become Human, nous voulions créer un jeu porteur de sens » », sur cnc.fr, (consulté le )
  14. « David Cage : "Depuis 21 ans, on essaye de trouver comment raconter une histoire dont le joueur est le héros" », sur europe1.fr, (consulté le )
  15. « Test de Detroit : Become Human », sur jeuxvideo.com (consulté le )
  16. Carole Quintaine, « TEST de Beyond : Two Souls / Heavy Rain PS4 : un lifting réussi ? », sur gameblog.fr, (consulté le )
  17. « Test Beyond Two Souls : une expérience sublimée sur PC ? », sur jeuxactu.com (consulté le )
  18. (en) Terence Wiggins, David Cage's Message Is That David Cage Is a Bad Writer, 11 juillet 2017, Paste.
  19. Florent Deligia, Test de Beyond Two Souls : mauvais jeu, mauvais film sur PS3, 8 octobre 2013, Lyon Capitale.
  20. (en) Ben Kuchera, David Cage wants you to believe his games have no meaning, 22 juin 2017, Polygon.
  21. (en) Martin Robinson, David Cage on Detroit and its depiction of domestic violence, 31 octobre 2017, Eurogamer.
  22. (en) Kyle Orland, Beyond: Two Souls review: Beyond awful, 10 août 2013, Ars Technica.
  23. Gaël Fouquet (Poischich), Test : Heavy Rain, 23 février 2010, Gamekult.
  24. Gianni Molinaro, « Detroit Become Human : Un nouveau chiffre de ventes, gros succès pour Quantic Dream », sur gameblog.fr, (consulté le )
  25. (en) « BAFTA Awards Search », sur awards.bafta.org (consulté le )
  26. (en) Matt Martin, « Quantic Dream opens new motion capture studio », sur gamesindustry.biz, (consulté le )
  27. « Pourquoi fait-on appel à de vrais acteurs dans le jeu vidéo ? », (consulté le )
  28. « Quand les acteurs se prennent au jeu », sur senscritique.com (consulté le )
  29. William Audureau, Quantic Dream, un fleuron du jeu vidéo français aux méthodes de management contestées, 14 janvier 2018, Le Monde.
  30. Mathilde Goanec et Dan Israel, Les errements de Quantic Dream, pépite française du jeu vidéo, 14 janvier 2018, Mediapart.
  31. Maria Kalash, Drôle d’ambiance à Quantic Dream : Rififi au cœur d’un grand studio parisien, 14 janvier 2018, Canard PC.
  32. Quantic Dream et David Cage, accusés de harcèlement et de discrimination, 16 janvier 2018, Radio-Canada.
  33. (en) Paul Tamburro, David Cage Responds to Accusations of Homophobia and Racism Against Quantic Dream, 14 janvier 2018, Game Revolution.
  34. Quantic Dream : voici tous les détails du jugement aux Prud'hommes
  35. Steeve Mambrucchi (Jarod), Quantic Dream a porté plainte contre Le Monde et Mediapart, 23 avril 2018, Gamekult.
  36. « Nomination ou promotion dans l'ordre des Arts et des Lettres janvier 2008 », sur www.culture.gouv.fr, (consulté le )
  37. Guillaume Champeau, « Vidéo : La Légion d’honneur pour David Cage, créateur de jeux vidéo », sur numerama.com, (consulté le )
  38. (en) « David Cage: 'I remember how scared we were' », sur VideoGamer.com (consulté le )
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