Darul Islam

Le Darul Islam (arabe : دار الإسلام, Dar al-Islam, littéralement "maison de l'islam") est un mouvement politique indonésien qui, de 1949 en 1963, voulait imposer par la force un État islamique en Indonésie (Negara Islam Indonesia). Il est aussi connu sous le sigle DI/TII (Tentara Islam Indonesia ou "Armée islamique d'Indonésie").

Histoire

Le Sekarmadji Maridjan Kartosoewirjo, un des chefs du Hizbullah, un des nombreux groupes de pemuda ("jeunes") nés dans le sillage de la proclamation de l'indépendance de l'Indonésie en 1945, proclame dans l'ouest de Java la création d'un "État islamique d'Indonésie". Kartosoewirjo faisait partie des éléments musulmans écartés de l'armée indonésienne qui s'opposaient à un compromis avec les Hollandais. L'Indonésie était alors encore en conflit armé et diplomatique avec l'ancienne puissance coloniale.

Le conflit prend fin avec le transfert de souveraineté le . L'Indonésie commence la démobilisation de nombreuses unités qui avaient combattu les Hollandais. En 1951 dans le sud de Célèbes un lieutenant-colonel, Kahar Muzzakar, refuse cette démobilisation et prend le maquis. L'année suivante, il rejoint formellement le Darul Islam, étendant ainsi le mouvement hors de son foyer ouest-javanais. En 1953 c'est au tour de Daud Beureueh, dirigeant de la Persatuan Ulama Se-Aceh ("union des oulémas d'Aceh") de rejoindre la rébellion islamiste.

Daud Beureueh signe un cessez-le-feu en 1957 et entame des négociations avec le gouvernement indonésien pour trouver une solution aux revendications d'Aceh. Aceh reçoit le statut de daerah istimewa ("territoire spécial") en 1959 lui accordant l'autonomie dans le domaine de la religion, de la coutume et de l'éducation.

Déçu du résultat des élections de 1955, les premières dans l'histoire de l'Indonésie, qui l'avaient mis en 3e position derrière le PNI soekarniste et la grande organisation musulmane Nahdlatul Ulama, le parti musulman Masyumi se rapproche du Darul Islam.

En 1957, une autre rébellion éclate dans le nord de Célèbes, la Permesta (Piagam Perjuangan Semesta ou « charte pour une lutte universelle »), hostile au projet de « démocratie dirigée » de Soekarno, qui souhaite mettre fin à la démocratie parlementaire. En 1958, c'est l'insurrection du PRRI (« gouvernement révolutionnaire de la République d'Indonésie ») à Sumatra occidental, qui demande le retour à la constitution de 1945. Les deux mouvements s'allient, raison pour laquelle les historiens de l'Indonésien parlent du "PRRI-Permesta". La rébellion prend fin en 1961.

L'armée peut désormais se concentrer sur la lutte contre le Darul Islam. Les hommes de Kartosoewirjo et de Kahar Muzzakar déposent à leur tour les armes, mais leurs chefs refusent de se rendre. Kartosoewirjo est arrêté et exécuté en 1962. Kahar Muzzakar est finalement tué en 1965. La rébellion islamiste est écrasée.

Contexte

En , alors que l'Indonésie est encore sous occupation japonaise, les "nationalistes" et les dirigeants politiques musulmans s'accordent sur un compromis sous la forme de la "charte de Jakarta" (Piagam Jakarta), qui entre autres dispose que dans le futur État indonésien, les musulmans auront obligation d'observer la shariah musulmane. Ce texte devait constituer le préambule de la future constitution indonésienne. Lorsque celle-ci est rédigée, plus aucune mention n'est faite de l'islam ni de la shariah.

Certains milieux musulmans continuent de ressentir cette omission comme une trahison. En 2002, les partis musulmans représentés à l'assemblée nationale indonésienne ont proposé un amendement à la constitution introduisant la shariah dans celle-ci. Le projet a été rejeté par l'ensemble des autres partis. Les partis se réclamant de l'islam ne représentent qu'environ 20 % des suffrages.

Bibliographie

  • Cayrac-Blanchard, Françoise, Indonésie - L'armée et le pouvoir, L'Harmattan, 1991
  • Feillard, Andrée et Rémy Madinier, La fin de l'innocence? L'islam indonésien face à la tentation radicale de 1967 à nos jours, Les Indes Savantes, 2006
  • Ricklefs, M. C., A History of Modern Indonesia since c. 1300, Stanford University Press, réimprimé en 1994
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