Dario Argento

Dario Argento /ˈdaːrjo arˈd͡ʒɛnto/[1], né le , à Rome (Italie), est un réalisateur et scénariste italien.

Pour les articles homonymes, voir Argento.

Dario Argento
Dario Argento en 2007.
Naissance
Rome
Italie
Nationalité Italienne
Profession Réalisateur, scénariste
Films notables L'Oiseau au plumage de cristal
Les Frissons de l'angoisse
Suspiria
Inferno
Ténèbres

Biographie

La jeunesse

Fils du producteur Salvatore Argento et de la photographe de mode brésilienne Elda Luxardo, Dario Argento baigne dès son plus jeune âge dans l'univers du cinéma ce qui l'aidera beaucoup à ses débuts de réalisateur. Durant son adolescence, ses rapports avec ses parents sont très bons. Dario souhaite quitter le lycée et son père l'envoie en France pour apprendre la langue. Pendant cette période, il fréquente assidûment la Cinémathèque française où il découvre des films invisibles en Italie, et il vit d'expédients (il est notamment plongeur dans un modeste restaurant parisien).

À son retour, il est embauché comme critique pour divers journaux comme le quotidien romain Paese Sera (it). Ses critiques sont en avance sur les évènements qui auront lieu quelques années plus tard, dans les années 1960, en Italie et ailleurs : il y exprime des opinions à contre-courant, dénonçant la censure à plusieurs reprises, piégeant le lecteur plus habitué à des critiques conformistes et consensuelles. C'est durant cette période qu'il prend conscience de son talent d'écriture et décide de devenir scénariste.

Les débuts

En 1967, en collaboration avec Sergio Amidei, il écrit son premier scénario pour le film Scusi, lei è favorevole o contrario? réalisé par Alberto Sordi. Suivront Une corde, un Colt... de Robert Hossein (1968), La stagione dei sensi, La rivoluzione sessuale, Probabilità zero (Les héros ne meurent jamais), Comandamenti per un gangster, La Légion des damnés (La legione dei dannati) d'Umberto Lenzi et Metti una sera a cena de Giuseppe Patroni Griffi. Outre sa participation aux scénarios, il co-réalisera Cinq gâchettes d'or (Oggi a me… domani a te!), Cinq hommes armés (Un esercito di cinque uomini). Il n'est cependant pas crédité au générique de ce dernier.

En 1969, Sergio Leone, désireux de s'entourer de jeunes cinéphiles fait appel à lui et à Bernardo Bertolucci pour écrire le scénario du film Il était une fois dans l'Ouest. Cette expérience est pour lui une révélation et il décide de se mettre à la réalisation.

Le giallo

Peu de temps après, en vacances en Tunisie, Bertolucci lui fait lire Screaming Mimi (traduit en français sous le titre La Belle et la bête) de Fredric Brown qu'il rêve de pouvoir adapter à l'écran. Aucun d'eux ne pouvant obtenir les droits, beaucoup trop élevés, Dario Argento s'en inspire pour écrire le scénario du giallo L'Oiseau au plumage de cristal, qu'il souhaite réaliser lui-même. Malheureusement, étant réalisateur débutant, il ne trouve pas de financement. Lui et son père créent alors la société de production SEDA (pour Salvatore E Dario Argento) et s'associent avec la Titanus de Goffredo Lombardo pour coproduire le film (Goffredo Lombardo essaiera en vain, grâce au contrat d’Argento, de le remplacer après seulement dix jours de tournage). Le film sortira en 1969 et profitera d'une publicité inattendue, bien que macabre : un tueur en série sévit dans la région de Florence depuis 1968.

Au début de sa carrière de réalisateur, il se concentre principalement sur le giallo. Ces films, tout comme les romans à couverture jaune (giallo signifiant jaune en italien) dont ils se réclament, mêlent mystère et meurtres et s'inspirent des films à suspense américains auxquels s'ajoutent des scènes baroques de violence et d'excès. Mario Bava se voit généralement attribuer la paternité du genre, mais c'est la passion d'Argento pour celui-ci qui a permis la popularisation du Giallo en dehors de l'Italie. Ce genre lui a apporté la reconnaissance, et sa vision unique, le statut d'auteur. Son style est alors influencé par Mario Bava, Sergio Leone, Alfred Hitchcock, Michelangelo Antonioni et Federico Fellini.

Après avoir réalisé deux autres thrillers à succès, Le Chat à neuf queues en 1971 et Quatre mouches de velours gris en 1972 (ces deux films ainsi que le précédent forment ce que certains ont baptisé la trilogie animale), il s'éloigne du giallo, réalisant deux épisodes de la série télévisée La Porta sul buio ainsi qu'une comédie, Cinq jours à Milan (Le Cinque giornate en version originale), en 1973. Démoli par la critique, ce film est celui que Dario Argento apprécie le moins de son œuvre. Il revient au thriller en 1975 avec Les Frissons de l'angoisse, souvent considéré comme le meilleur giallo jamais réalisé. Ce film lui apporte une reconnaissance internationale et inspire de nombreux autres réalisateurs. Il marque aussi le début d'une longue collaboration avec le groupe de rock progressif italien Goblin.

C'est durant cette période que, de sa liaison avec Daria Nicolodi, naît sa fille, Asia Argento.

Les années surnaturelles

Son film suivant, Suspiria, sorti en 1977, thriller surnaturel extrêmement violent, est considéré par beaucoup comme son meilleur film. Libéré des contraintes du format plus conventionnel du giallo, Suspiria est un essai irréel où l'histoire et les personnages ont moins d'importance que le son ou l'image. Argento avait prévu que ce film serait le premier opus d'une trilogie sur les trois mères (Mater suspiriarum, Mater tenebrarum et Mater lachrimarum), trois anciennes sorcières vivant dans trois villes modernes différentes (Fribourg, New York et Rome). Le second volet, Inferno, sorti en 1980, va encore plus loin dans l'art pur. La trilogie des trois mères s'achèvera sur La Troisième Mère sorti en Italie le 31 octobre 2007. Faute de distributeur, le film (tourné avec Asia Argento et Daria Nicolodi) ne sort pas dans les salles françaises.


En 1978 il participe au scénario et à la production de Zombie de George Romero et se charge du montage de la version européenne du film. Il retrouve Romero en 1990 pour la réalisation du film à sketches Deux yeux maléfiques inspiré des écrits d'Edgar Allan Poe.

Après Inferno dont la bande originale a été écrite et interprétée par Keith Emerson, il retourne au giallo conventionnel avec Ténèbres en 1982 puis entreprend de combiner giallo et surnaturel en 1985 avec Phenomena, l'un des premiers films de Jennifer Connelly. Ce film montre aussi l'attirance d'Argento pour les nouvelles technologies avec ses nombreuses prises avec Steadicam. Ces deux films sont moyennement bien accueillis à leur sortie (bien que tous deux seront réévalués par la suite), aussi Argento décide d'abandonner temporairement la réalisation et d'écrire deux scénarios pour Démons en 1985 et Démons 2 en 1986 de Lamberto Bava, le fils de Mario Bava.

Il tourne ensuite Opera qui, selon Dario Argento, a été une « expérience très déplaisante ». Tourné pendant une représentation, à la Scala de Milan du Macbeth de Verdi, le film subit de nombreux incidents qu'Argento impute à la « malédiction » pesant sur Macbeth. Le père d'Argento meurt durant le tournage, l'actrice principale pressentie, Vanessa Redgrave, se décommande avant le début du tournage, Dario a de plus en plus de mal à travailler avec sa compagne et collaboratrice Daria Nicolodi, les comédiens et l'équipe sont la proie d'incidents mineurs. Le film sort en 1987, ce n'est pas un succès en dépit de la qualité du travail d'Argento sur la couleur et la composition, et de la virtuosité de la caméra.

Les années 1990

Dario Argento au festival de Cannes 2012.

En dépit de cet échec, d'un essai de production hollywoodienne, Trauma en 1993, et d'une version du Fantôme de l'Opéra en 1998, il continue d'innover. Il est par exemple le premier réalisateur italien à utiliser des images générées par ordinateur (CGI) dans son film de 1996, Le Syndrome de Stendhal. Dans ces trois films, sa fille Asia Argento apparaît dans la distribution, qui marqua ainsi ses débuts dans le cinéma avec de solides rôles principaux.

Les années 2000

Argento fait un retour au giallo en 2001 avec Le Sang des innocents, un film écrit en collaboration avec le romancier Carlo Lucarelli et dont la vedette est Max von Sydow qui incarne un policier à la retraite hanté par une vieille affaire.

Argento reste dans la même veine avec son film suivant Card Player, une histoire de tueur en série, qui est un échec commercial. Pour la télévision, il tourne Aimez-vous Hitchcock ?, un hommage amusé au 'Maitre du suspense'. Il tourne également deux épisodes de l'anthologie américaine Les Maîtres de l'horreur, une télé-série dont chaque épisode est réalisé par un expert du genre (John Carpenter, Joe Dante, Tobe Hooper, …).

En 2007, il présente La Troisième Mère, dernier volet de la trilogie amorcée trente ans plus tôt avec Suspiria. Le film marque ses retrouvailles professionnelles avec sa fille Asia, dix ans après Le Syndrome de Stendhal, ainsi qu'avec son ex-épouse Daria Nicolodi. Présenté en première mondiale au festival du film de Toronto, La Troisième Mère est un échec cuisant autant critique que public.

Études critiques

Ses travaux comportent une profusion d'allusions, obscures ou non, à d'autres films, à la littérature, depuis les classiques grecs jusqu'aux romans populaires, à la politique, aux théories sur le cinéma ou sur la littérature, et même à ses propres films. Ce réseau dense d'allusions, combiné à sa négligence de l'histoire, sa mise en scène détaillée, son obsession pour les scènes de morts gore ainsi que ses imprévisibles et erratiques mouvements de caméra sont difficiles à interpréter.[réf. nécessaire]

Peu de travaux sur lui ont été publiés : les deux plus importantes publications anglophones sont une étude de Maitland McDonagh, Broken Mirrors/Broken Minds: The Dark Dreams of Dario Argento, et une collection d'affiches et d'essais critiques publiée par Chris Gallant intitulée Art of Darkness. En France, Jean-Baptiste Thoret lui a consacré plusieurs études dont, en 2002, un essai qui fait autorité : Dario Argento. Magicien de la peur, édité par les Cahiers du cinéma.

Bien que les travaux sur lui soient peu nombreux et ne sont très souvent plus édités, il a acquis un réseau de fans en Italie et dans le reste du monde. Il est d'ailleurs peu reconnu aux États-Unis. Son genre de prédilection, le Giallo, n'est quasiment pas reconnu et ses films se voient souvent étiquetés « Slasher Trash » ou « film d'horreur », et ne sont guère diffusés que dans des salles spécialisées ou des écoles de cinéma.[réf. nécessaire]

La Septième Obsession lui consacre un hors-série de 132 pages en juin 2019, à l'occasion d'une rétrospective intégrale au Festival de La Rochelle[2]. Le maître de l'horreur accorde à la revue un long entretien exclusif à Rome[3].

Filmographie

Cinéma

Prochainement
  • Préproduction (sortie prévue en 2022[4] Date sujette à modification) : Occhiali neri

Télévision (films ou séries)

Scénariste seulement

Producteur

Acteur

Bibliographie

Écrits de Dario Argento

  • Les Frissons de l'angoisse : scénario du film / de Dario Argento, L'Avant-scène cinéma no 560, juillet 2007. (ISBN 978-2-84725-055-8)
  • Peur : autobiographie / Dario Argento ; traduit de l'italien par Bianca Concolino Mancini et Paul Abram. Pertuis : Rouge profond, coll. "Raccords", février 2018, 350 p. (ISBN 979-10-97309-05-3)
Le cinéaste évoque sa vie privée, sa rencontre avec un fantôme, ses parcours artistiques, ses débuts dans la critique de cinéma. Il évoque ses relations avec Sergio Leone, Bernardo Bertolucci, son goût pour les films de Fritz Lang, Alfred Hitchcock ou la Nouvelle Vague. Il fait également le récit de sa plongée dans le cinéma de genre, notamment le giallo dont il a renouvelé les codes.
  • Horror / Dario Argento ; traduit de l'italien par Bianca Concolino Mancini et Paul Abram. Pertuis : Rouge profond, juin 2019, 189 p.

Études sur Dario Argento

  • Guy Astic, Frédéric Astruc, Cécile Carayol... [et al.], Quand soupirent les mystères : le cinéma de Dario Argento, Pertuis , Rouge profond, 2021, 200 p. (Raccords) (ISBN 979-10-97309-25-1)
  • Julien Astorino, Voyage au cœur des Ténèbres. Nancy : Wotan Editions, 2014, 192 p. (ISBN 9781326061678)
  • Giovanni Aloisio, Alberto Pallotta, Universo Dario Argento, Ultra, 2017,  (ISBN 8867765310)
  • Luigi Cozzi, Profondo Argento. Il cinema e la televisione di Dario Argento, Profondo Rosso, 2014, (EAN 9788898896219)
  • Tristan Grünberg, « Méduse au miroir. Fascination esthétique et regards meurtriers dans le cinéma de Dario Argento », dans Les œuvres d'art dans le cinéma de fiction, Presses universitaires de Rennes, (ISBN 9782753561540), p. 133-147
  • Bernard Joisten, Crime designer : Dario Argento et le cinéma. Maisons-Alfort : Ère ; Paris : diff. Belles lettres, 2007, 154 p. (ISBN 978-2-915453-33-1)
  • Thibault Loucheux, Dario Argento : le règne animal. Nîmes : Lacour-Ollé, 2015, 105 p. (ISBN 978-2-7504-4096-1)
  • Gérard Noël, Dario Argento : le montreur d'ombres, photographies. Cahors : G. Noël, 1988, 31 p. (Horror pictures) (ISBN 2-9502269-2-2)
  • Gérard Noël, Dario Argento : acte 2. Cahors : G. Noël, 1988, 31 p. (Horror pictures) (ISBN 2-9502269-3-0)
  • Antonio Tentori, Dario Argento : sensualità dell'omicidio. Alessandria : Edizioni Falsopiano, 1997, 196 p. (Falsopiano cinema ; 2) (ISBN 88-87011-09-5)
  • Alda TeodoraniAlda Teodorani racconta Dario ArgentoVideo de Enrico Pagliara
  • Antonio Tentori, Tutto Dario Argento dalla A alla Z, Profondo Rosso, 2013 (EAN 9788895294902)
  • Jean-Baptiste Thoret, Les Frissons de l'Angoisse - Livret d'analyse, Wild Side Films, Paris, 2004
  • Jean-Baptiste Thoret, Dario Argento, magicien de la peur. Paris : "Cahiers du cinéma", 2002, 160 p. (Auteurs) (ISBN 2-86642-345-3)
  • Vivien Villani, Dario Argento : toutes les facettes de la créativité du "Maître de l'horreur". Rome : Gremese, 2008, 127 p. (Grands cinéastes de notre temps) (ISBN 978-88-7301-617-5)

Films sur Dario Argento

Notes et références

  1. Prononciation en italien standard retranscrite phonémiquement selon la norme API.
  2. « Dario Argento attendu à La Rochelle »
  3. Alessandro del Re, « "Un monde qui existe, mais perçu par le prisme de mes cauchemars" - Entretien avec Dario Argento », La Septième Obsession, , Hors-série (numéro spécial 132 pages) (ISSN 2431-1731)
  4. « Occhiali neri », sur imdb.com

Sources

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