Danièle Linhart

Danièle Linhart est une sociologue française, née en 1947, travaillant sur l'évolution du travail et de l'emploi. Elle est directrice de recherche au CNRS et a été professeure à l'Université Paris-Nanterre.

Danièle Linhart
Danièle Linhart, vendredi 24 mars 2017, Rencontre de Sophie, Lieu Unique, Nantes
Biographie
Naissance
Frères Robert Linhart
Thématique
Titres Directrice de recherche émérite au CNRS
Profession Sociologue
Intérêts Évolution du travail et de l'emploi, précarité au travail
Données clés

Parcours

Elle effectue des études d'histoire et de sociologie[1]. Elle est titulaire d'un doctorat en sociologie[2].

En 1980, elle entre au CNRS. En 1982, elle est chargée de mission auprès du Ministère de la recherche et de l'enseignement supérieur sur la thématique « Mieux comprendre la vie au travail »[1].

Habilitée à diriger des recherches, elle a dirigé plus de quinze thèses[3].

Elle est directrice émérite du laboratoire GTM (Genre travail mobilités) au CNRS.

Elle est également membre du comité de rédaction de La Nouvelle Revue du travail.

Thèmes de recherche

Elle travaille sur la modernisation des entreprises et les stratégies managériales, l'évolution du travail, les nouvelles formes de mobilisation des salariés et la place du travail dans la société[4].

Sur la précarité et l'emploi, elle développe notamment la notion de précarité subjective, le sentiment de malaise et d'incertitude dans son travail, du fait de l'individualisation amenée par les stratégies managériales récentes[5]. Membre de l'Observatoire du stress et des mobilités forcées à France Télécom Orange et en entreprise, elle dénonce les nouvelles méthodes de management, qui entraînent des souffrances pour les salariés[6].

Elle observe dans son livre Travailler sans les autres ? les conséquences sur les collectifs de travail des nouvelles méthodes managériales (toyotisme ou lean management). L'apparition de celles-ci dans les années 70 se traduit par de profonds remaniements dans les organisations des entreprises. Bien que le travail soit objectivement "moins dur", il perd de son sens. La menace des plans de licenciements, le recours permanent à des intérimaires, la désagrégation des liens interpersonnels entre travailleurs... rendent le travail plus difficile à endurer psychologiquement. Par ailleurs, les capitaux s'étant déplacés d'un patronat à portée de main à un actionnariat mondialisé, la révolte paraît inefficace, et est de moins en moins courante. En effet, la coopération et la solidarité entre salariés ont été remplacées par la compétition. Avec l'arrivée de ces nouvelles méthodes managériales et le mouvement politique de libéralisation de l'économie lancé sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing s'opère un chassé-croisé entre secteur public et secteur privé. Alors que le privé emprunte au secteur public l'implication subjective dans le travail par la création par exemple d'une "culture d'entreprise", les méthodes de gestion du privé s'implantent dans le service public, remettant en question l'implication subjective des fonctionnaires dans leur travail. Cette implication subjective, c'est-à-dire le fait de "donner un sens" à son travail, de l'exercer comme une mission, ne se fait pas par décret. Elle apparaît "naturellement" chez les fonctionnaires du fait de l'impression qu'ils ont d'effectuer une mission d'intérêt général, régie par des principes républicains, d'égalité de traitement notamment. Dans le privé au contraire, la "culture d'entreprise" est créée a priori, et entend s'imposer aux travailleurs, la relation est inversée et ne prend pas. On entend en effet imposer à des travailleurs des valeurs universalistes, alors que leur travail s'effectue dans un cadre privé, c'est-à-dire concurrentiel, et exclusivement orienté vers l'intérêt des détenteurs du capital.

Dans son dernier livre, La comédie humaine du travail, elle montre une évolution logique entre le taylorisme, puis le fordisme, jusqu'aux nouvelles méthodes de management qui nient le statut de professionnel du salarié, et lui enlèvent les possibilités d'avoir un regard critique sur son travail[7].

Hommages et distinctions

2015 : Prix de l'écrit social pour son ouvrage, La comédie humaine du travail, De la déshumanisation taylorienne à la sur-humanisation managériale[8].

Publications

  • Cuando la humanización del trabajo enferma a los trabajadores. Teuken Bidikay Vol. 7 N° 8. pp. 25–38. Medellín, 2016
  • La Comédie humaine du travail, de la déshumanisation taylorienne à la sur-humanisation managériale, Toulouse, éditions Erès, 2015
  • La Modernisation des entreprises, Paris, La Découverte, coll. Repères, troisième édition, 2010.
  • Travailler sans les autres ?, Paris, Le Seuil, coll. Hors Normes, 2009.
  • avec Nelly Mauchamp, Le Travail, Le Cavalier Bleu « Idées reçues », 2009.
  • avec Barabara Rist et Estelle Durand, Perte d’emploi, perte de soi, Erès, 2009.
  • A desmedida do capital, Boitempo (Brésil), 2007

Notes et références

  1. Propos recueillis par Antoine Bondéelle et Katia Delaval., « « Une insécurité permanente vis-à-vis du travail » », Travail et sécurité,
  2. « Danièle LINHART : sa biographie, son actualité, ses livres », sur Lisez! (consulté le )
  3. theses.fr, « Intérim : risques au travail, risques de l'emploi : le cas des travailleurs intérimaires du bâtiment en France », theses.fr, (lire en ligne, consulté le )
  4. « Genre, travail, mobilités - GTM - Linhart Danièle », sur www.gtm.cnrs.fr (consulté le )
  5. Danièle Linhart, « Modernisation et précarisation de la vie au travail », Papeles del CEIC, no 43, , p. 19 (ISSN 1695-6494, lire en ligne)
  6. « Danièle Linhart "La responsabilité de la souffrance au travail ne revient pas aux individus" », sur L'Humanité, (consulté le )
  7. Marc-Antoine Pencolé, « Danièle Linhart, La comédie humaine du travail. De la déshumanisation taylorienne à la sur-humanisation managériale », Lectures, (ISSN 2116-5289, lire en ligne, consulté le )
  8. Super Utilisateur, « Prix Ouvrage 2015 », sur www.arifts.fr (consulté le )

Liens externes

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