Dan Gertler

Dan Gertler (parfois désigné comme Daniel Gertner[1]), né en , est un homme d'affaires israélien[2],[3].

En 2016, Forbes estime sa fortune à 1,26 milliard de dollars US et le classe 1476e milliardaire de la planète, et 14e d'Israël[4].

Biographie

Famille

Dan Gertler est le petit-fils de Moshe Shnitzer, juif roumain émigré en Israël, co-fondateur en 1947 et premier président de la bourse de diamants en Israël qui porte son nom. Sa mère est la gérante d'une station de radio pop, et son père, après avoir été le gardien de but dans l'équipe professionnelle de Maccabi Tel-Aviv FC, devient vendeur de diamants. Son oncle est Shmuel Schnitzer, président de la fédération mondiale des bourses de diamants de 2002 à 2006[5].

À l'âge de 22 ans, il achète des diamants bruts. Il fait la navette entre l'Angola, le Liberia, les États-Unis, l'Inde et Israël pour acheter et vendre des diamants[5].

Selon Le Monde, Dan Gertler échangeait des diamants contre des armes lors de la guerre du Liberia dans les années 1990, en violation de l'embargo décrété par l'ONU[6].

Affaires en RDC

En 1997, Dan Gertler s'installe en RDC alors en pleine guerre civile, avec un intérêt pour l'industrie locale du diamant et le souhait de briser le monopole de De Beers. Il tisse des liens dans le nouveau gouvernement de Laurent Désiré Kabila et se tourne vers l'industrie du cuivre et du cobalt[7]. Il vend ses actifs dans le diamant pour investir dans les ressources du pays. Il achète sa première mine en 1997[4].

En 2000, Laurent Désiré Kabila lui accorde l’exclusivité de l’exportation des diamants congolais pour $20 millions. L'accord aurait également impliqué des livraisons d'armes depuis Israël[6]. En 2002, Joseph Kabila renégocie le deal[8]. Le nouveau deal, marchandé à $15 millions, autorise la société canadienne Emaxon Finance International appartenant à Dan Gertler à vendre 88 % des diamants produits par l'État sur une période de 4 an. Cette même année, les deux hommes se rendent ensemble à Washington pour solliciter l'aide des États-Unis dans le conflit congolais auprès de Condoleezza Rice[5].

En 2009, il met l'une de ses sociétés écrans, Emerald Star Enterprises, à profit pour permettre au kazakh ENRC de mettre la main sur l'autre moitié du capital de la Société Minière de Kabolela & Kipese SPRL (SMKK) qui appartenait alors à la Gécamines, propriété de l'État. Il achète 50 % de la SMKK 15 millions de dollars et la revend 6 mois plus tard à ENRC pour un total de 75 millions de dollars[5].

En 2011, à la veille des élections présidentielles, plusieurs de ses sociétés rachètent des mines appartenant à l'État, sans que ce dernier ne communique sur ces acquisitions[5]. En 2012, le FMI épingle Dan Gertler et l'opacité autour des mines de Comides, et interrompt son programme de prêts à Kinshasa[9] (soit $532 million[5]). Le , l'ONG Global Witness dévoile que l'État du Congo a racheté auprès de Nessergy, une société appartenant à Dan Gertler, les droits pétroliers qu'il avait lui-même concédés à cette société en 2006 pour un prix largement inférieur (380 fois moins). Dans un communiqué, Dan Gertler reconnaît les faits, mais insiste sur la légalité de cette cession à forte valeur ajoutée[3].

En 2015, son nom apparaît dans les listings de l'affaire Swissleaks liée à la banque HSBC, où il apparaît qu'il détient pour sa société Concordia Marketing Group un compte commun avec Daniel Steinmetz (frère de Beny Steinmetz)[6]. Il apparait également dans l'affaire des Panama Papers, un an plus tard.[10]

Des ONG [11] l'accusent d'avoir contourné les sanctions américaines [12], notamment avec la Gecamines. La banque Afriland[13] est citée dans des transactions[14] et montages financiers[15]. Afriland porte plainte à Paris contre PLAAF et Global Witness[14].

Sanctions

Le Trésor américain le déclare soumis à des sanctions fin 2017. Les sanctions, imposées en représailles aux « opérations minières et pétrolières corrompues » de Dan Gertler réalisées dans une certaine opacité, interdisent aux entreprises ou citoyens américains de traiter avec lui ou avec des sociétés dont il est majoritairement actionnaire. Les entreprises non américaines qui font affaire avec Dan Gertler risquent également de se voir infliger une amende ou d'être sanctionnées[16].

Le 8 Mars 2021, les Etats-Unis ont rétabli les sanctions à l'encontre de Dan Gertler. Ces sanctions avaient été allégées sous le mandat de Donald Trump [17].

Activités

Dan Gertler possède d'importants intérêts dans l'extraction des diamants et du cuivre en République démocratique du Congo[8]. Il est également présent dans le minerai de fer, l'or, le cobalt, l'agriculture, la banque et le pétrole. En 2012, Dan Gertler possédait via ses sociétés 9,6 % de la production mondiale de cobalt[5].

Dan Gertler opère à travers sa société Fleurette basée à Gibraltar[4]. Il est soupçonné de créer des sociétés écrans dans les Îles Vierges pour opérer des acquisitions en toute discrétion[8]. Fleurette possède des actifs dans le secteur minier congolais via une soixantaine de sociétés offshore[5].

Fleurette détient un partenariat privilégié avec l'anglo-suisse Glencore. En 2014, les deux sociétés annoncent un investissement de $360 millions dans la rénovation de 2 turbines à Inga II[18].

Vie privée

Sa résidence principale est à Bnei Brak où il vit avec sa femme Anat et ses neuf enfants[5].

Notes et références

  1. Il est désigné ainsi dans Wayne Madsen, Jaded Tasks: Brass Plates, Black Ops & Big Oil—The Blood Politics of George Bush & Co., Trine Day, 2006, partiellement consultable sur Google Livres.
  2. (en) Michael J. Kavanagh, Franz Wild et Jonathan Ferziger, « Rich Man, Poor Country », Bloomberg Markets, , p. 66–76
  3. Christophe Le Bec, « Pétrole : nouvelle opération controversée pour l'Israélien Dan Gertler en RD Congo », Jeune Afrique, 23 janvier 2014
  4. (en) « #1476 Dan Gertler », sur Forbes.com (consulté le )
  5. (en) Franz Wild, Michael J. Kavanagh, Jonathan Ferziger, « Gertler Earns Billions as Mine Deals Leave Congo Poorest », sur Bloomberg.com,
  6. « SwissLeaks en Afrique : des diamantaires en fuite », sur Lemonde.fr,
  7. « Qui est Dan GERTLER ? : Accusé d'être le «parrain de la corruption» en RDC », sur Kongotimes.info,
  8. Philippe Perdrix, « Dan Gertler : les diamants sont éternels », Jeune Afrique, 1er février 2011
  9. Christophe le Bec, « RD Congo : L’embarrassant Dan Gertler », sur Jeuneafrique.com,
  10. « « Panama papers » : Dan Gertler, roi du Congo et de l’offshore », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  11. « Undermining Sanctions: How mining magnate Dan Gertler appears to have dodged US penalties », sur Global Witness (consulté le )
  12. « En RDC, le jeu trouble du milliardaire israélien Dan Gertler face aux sanctions américaines », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  13. « RDCongo: Dan Gertler a contourné les sanctions américaines grâce au Congo », sur La Libre Afrique, (consulté le )
  14. « RDC-Dan Gertler : quand des montages financiers complexes brouillent les pistes – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
  15. « Opinion : D’Afriland Congo à Citigroup — Les Méandres Financières Obscures de Dan Gertler, Joseph Kabila et la Banque de Paul Fokam Qui Mettent la RD Congo En Péril | Congovox.com », sur www.congovox.com (consulté le )
  16. (en) « United States Sanctions Human Rights Abusers and Corrupt Actors Across the Globe », sur U.S. Department Of The Treasury,
  17. « L’homme d’affaires israélien Dan Gertler rattrapé par les sanctions américaines », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  18. « Revoici Dan Gertler et Glencore dans un nouveau feuilleton : 360.000.000 USD pour Inga II », sur 7sur7.cd,

Voir aussi

Articles connexes

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