Déwé Gorodey

Déwé Gorodey (ou Gorodé) est une femme politique indépendantiste et écrivain kanak de Nouvelle-Calédonie, née dans la tribu de l'Embouchure à Ponérihouen (Nouvelle-Calédonie) le . Elle est, au , la personne à avoir participé le plus longtemps aux Gouvernements néo-calédoniens, puisqu'elle en a été membre sans discontinuer de la création de cette institution en 1999 jusqu'en 2019.

Déwé Gorodey

Déwé Gorodey à Sète en 2016
Fonctions
Membre du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
chargé du secteur de la Culture, de la Condition féminine et de la Citoyenneté
Également pour la Jeunesse et les Sports jusqu'au
Également pour les Affaires coutumières et les Relations avec le Sénat coutumier du au

(20 ans, 1 mois et 3 jours)
Élection
Réélection












Président Jean Lèques
Pierre Frogier
Marie-Noëlle Thémereau
Harold Martin
Philippe Gomès
Harold Martin
Cynthia Ligeard
Philippe Germain
Gouvernement Lèques
Frogier I, II
Thémereau I, II
Martin I, II
Gomès
Martin III, IV, V, VI
Ligeard
Germain I
Germain II
Vice-présidente du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie

(1 an, 9 mois et 15 jours)
Élection
Président Harold Martin
Gouvernement Martin II
Prédécesseur Annie Beustes
Successeur Pierre Ngaiohni

(6 ans et 4 mois)
Élection
Réélection

Président Pierre Frogier
Marie-Noëlle Thémereau
Gouvernement Frogier I, II
Thémereau I, II
Prédécesseur Léopold Jorédié
Successeur Annie Beustes
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Ponérihouen
Nationalité Française
Parti politique FLNKS-UNI-Palika
Diplômée de Université de Montpellier Paul Valéry
Profession Professeur, Écrivain
Vice-président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie

Formation et vie professionnelle

Elle passe sa scolarité à Houaïlou avant de descendre à Nouméa pour passer son baccalauréat (Philosophie Bac A) au Lycée La Pérouse, en 1968. Ensuite, elle part faire ses études en Métropole et obtient une licence de lettres modernes de l'Université de Montpellier Paul Valéry, en 1973. De retour au pays, elle s'engage ensuite dans une carrière de professeur de français dans l'enseignement privé, d'abord au collège catholique de Marie-Reine Thabor au Mont-Dore de 1974 à 1976 puis dans le lycée protestant de Do Néva à Houaïlou de 1983 à 1985. Par la suite, elle enseigne le paicî au sein de l’École populaire kanak (les établissements scolaires créés par les indépendantistes pendant les Évènements des années 1980) de l'Embouchure de 1985 à 1988, puis de nouveau à Do Néva de 1988 à 1996 et finalement au lycée public de Poindimié de 1996 à 1997. Elle donne enfin des cours d'histoire de la littérature du Pacifique et de littérature mélanésienne contemporaine à l'Université de la Nouvelle-Calédonie à Nouméa de 1999 à 2001.

La militante indépendantiste

Déwé Gorodey s'est très tôt engagée dans la lutte pour l'indépendance. Elle milite ainsi dans les années 1970 au sein des Foulards Rouges et du Groupe 1878, deux groupes d'indépendantistes révolutionnaires. Elle participe en 1976 à la création du Palika (Parti de libération kanak), le parti indépendantiste d'extrême gauche dont elle fait toujours partie et qui est aujourd'hui l'une des composantes du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS). Dans les années 1980, pendant les évènements, elle participe à des missions du front indépendantiste dans le Pacifique, en Australie, en Algérie, au Canada, à Mexico et à l'ONU. De plus, militante féministe se battant pour la cause des femmes kanaks aux côtés de Marie-Claude Tjibaou (la veuve de l'ancien leader indépendantiste Jean-Marie Tjibaou), elle participe ainsi avec cette dernière à une mission de femmes au Mali en 1992.

La défense de la culture kanak

Ayant tempéré ses positions, comme la plupart des autres leaders indépendantistes, depuis les Accords de Matignon et de Nouméa, tout en militant toujours fermement pour la souveraineté, elle s'est surtout recentrée sur la défense de la reconnaissance de la culture et de l'identité kanak prévue par les accords. Prônant le développement de l'enseignement des langues kanak (étant elle-même enseignante dans ce domaine) dès le plus jeune âge, elle a sinon travaillé de 1994 à 1995 au sein de l'Agence de développement de la culture kanak (ADCK).

Les fonctions politiques

Lors des élections du , elle est, avec Léonie Tidjite Varnier, la première femme à être élue à l'Assemblée de la Province nord. Lors des élections du gouvernement, elle est deuxième sur la liste indépendantiste menée par Rock Wamytan et est élue membre du gouvernement Lèques chargée de la Culture, de la Jeunesse et des Sports. Elle gardera ce poste, avec en plus la fonction de vice-présidente dans les deux gouvernements de Pierre Frogier d'avril 2001 à juin 2004. Elle a été réélue vice-présidente dans le premier Gouvernement avorté de Marie-Noëlle Thémereau et, une fois le deuxième gouvernement Thémereau élu, elle retrouve sans peine la vice-présidence le . Elle garde le secteur de la Culture mais laisse la Jeunesse et les Sports pour la Condition féminine et la Solidarité.

Après la démission de Marie-Noëlle Thémereau, et donc de l'ensemble de son gouvernement, elle est réélue dans le nouvel exécutif le mais démissionne immédiatement avec l'ensemble des membres de sa liste à la suite d'un litige sur une voix indépendantiste perdue en bulletin nul. Elle est finalement maintenue dans le deuxième gouvernement Martin dont elle devient une nouvelle fois la vice-présidente le , toujours chargée du secteur de la Culture, de la Condition féminine et de la Citoyenneté, avec de plus la responsabilité des Affaires coutumières et des Relations avec le Sénat coutumier. Elle est reconduite le au sein du gouvernement issu des élections provinciales du (au cours desquelles elle avait été réélue en Province Nord et au Congrès en seconde position sur la liste UNI de Paul Néaoutyine, elle a dû, comme auparavant, abandonner ces deux mandats à la suite de son entrée dans l'exécutif local), en ne conservant que les dossiers de la Culture, de la Condition féminine et de la Citoyenneté. Elle est toutefois désormais l'unique membre Palika du gouvernement, tandis qu'elle ne réussit pas à s'imposer comme vice-présidente, ses collègues ne réussissant pas à la départager d'avec le candidat de l'UC à ce poste, d'abord Jean-Louis d'Anglebermes le 5 juin puis Pierre Ngaiohni le 11 juin, elle se désiste finalement quatre jours plus tard face à ce dernier. À la suite d'un nouveau changement d'exécutif le , elle retrouve à nouveau un siège de membre du gouvernement (la seule de l'UNI) mais pas celui de vice-présidente, qui échoie cette fois au maire de Canala Gilbert Tyuienon, membre de l'UC.

Depuis son entrée au gouvernement, elle a été chargée de deux dossiers importants prévus dans l'Accord de Nouméa et qui lui tiennent particulièrement à cœur : l'enseignement des langues kanak et les signes identitaires. Elle a ainsi largement contribué à la rédaction puis à l'adoption par le Congrès de la délibération no 265 du portant création et organisation de l'Académie des langues kanak, puis à mettre en place le le comité de pilotage sur les signes identitaires du pays (CPSIP), qu'elle préside, et qui réunit 25 membres dont des hommes politiques de tous bords, des représentants des différents cultes présents en Nouvelle-Calédonie, des dirigeants syndicaux et des membres de la société civile et du monde associatif. Ce Comité a eu pour mission de définir les modalités des concours lancés auprès des artistes locaux pour trois des cinq signes identitaires : l'hymne, la devise et le graphisme des billets de banque. Ces concours se terminent le et à partir de ce moment le CPSIP se transforme en jury et présente son choix au gouvernement en . Ils sont adoptés par une loi du pays par le Congrès le . Pour les deux autres signes, le drapeau et le nom du territoire, plus sensibles, il n'y a pas eu de concours mais uniquement des débats au sein du comité.

Elle a également milité pour transformer la date controversée du 24 septembre (fériée en Nouvelle-Calédonie, date anniversaire de la prise de possession de l'archipel par la France en 1853 et revêtant ainsi un aspect négatif pour les indépendantistes) en une célébration plus consensuelle de la citoyenneté néo-calédonienne, surtout après le déplacement le du Mwâ kâ (un grand totem symbolique réalisé en 2003 pour marquer le 150e anniversaire du rattachement à la France) de la cour de l'Hôtel de la Province Sud à son site définitif, en face du musée de Nouvelle-Calédonie et du marché de Port Moselle à Nouméa. Il est implanté dans une pirogue de béton et végétale dont il sert de mât, représentation du destin commun, tandis que les flèches faitières latérales des aires coutumières sont replacées par des enfants issus de toutes les communautés de la Nouvelle-Calédonie[1]. Par la suite, des manifestations ont lieu chaque 24 septembre (le 25 septembre en 2006 pour des raisons techniques) autour de ce Mwâ kâ. Déwé Gorodey est alors la première à employer le terme de « journée citoyenne » en 2006, puis de « fête de la citoyenneté », pour désigner ces festivités, où se retrouvent certains représentants des institutions (du Gouvernement local, du Congrès et des trois Provinces, avec une fréquentation irrégulière selon les années) et une très forte présence du FLNKS et des Kanak en général. Le Rassemblement-UMP (et donc la mairie de Nouméa et les trois parlementaires) ne s'y rend pas en 2004 et de 2006 à 2010 (en 2005, pour l'installation de la sculpture du barreur sur la pirogue de pierre, le maire de Nouméa Jacques Lafleur participe aux célébrations pour la première fois), préférant organiser de son côté des « pique-niques républicains ». Le petit mouvement indépendantiste de Libération kanak socialiste (LKS) parle en 2006, pour la première « journée citoyenne », de « mascarade folklorique »[2]. La fête du , couplée avec la clôture du 4e festival des arts mélanésiens qui se déroulait cette année en Nouvelle-Calédonie et la levée des deux drapeaux sur la place du Mwâ kâ (accompagnée par l'air du nouvel hymne), est toutefois nettement plus fréquentée et plus plurielle que les éditions précédentes, avec pour la première fois depuis 2005 la présence du maire de Nouméa Jean Lèques et d'une représentante du président Rassemblement-UMP de la Province Sud Pierre Frogier (cela même si ni l'État, ni la Province Nord n'ont alors dépêché d'émissaires officiels)[3]. En 2011, la « Fête de la Citoyenneté » s'étale sur plusieurs jours avec des manifestations itinérantes sur le thème « Assumons ensemble notre histoire commune » : à Balade (Pouébo, lieu du premier contact avec des Européens en 1774, de l'arrivée de la première mission catholique en 1843 et de la prise de possession en 1853) les 23 et 24 septembre (avec pour la première fois la participation du président du Rassemblement-UMP Pierre Frogier), à Ponérihouen le lendemain, à Bourail le 27, à La Foa le 28, à Dumbéa le 29, à Ouvéa le 30 et enfin à Nouméa au Centre culturel Tjibaou et au Mwâ kâ le 1er octobre[4].

Production littéraire

Sa volonté de faire connaître la culture et les traditions kanak, tant sur le plan oral (elle est conteuse traditionnelle) qu'écrit pour la faire connaître au monde, a poussé Déwé Gorodey a écrire de nombreux poèmes, contes et nouvelles :

  • Sous les cendres des conques, éd. Edipop, 1985 : recueil de poèmes
  • Utê Mûrûnû, petite fleur de cocotier, éd. Grain de Sable, 1994 : nouvelle
  • L'Agenda, éd. Grain de Sable, 1996 : nouvelle
  • Par les temps qui courent, éd. Grain de Sable, 1996 : recueil d'aphorismes
  • Dire le vrai-To Tell the Truth, en collaboration avec Nicolas Kurtovitch, éd. Grain de Sable, 1999 : recueil de 18 poèmes bilingues, traduits en anglais par Raylene Ramsay et Brian Mackay
  • Kënâké 2000, pièce de théâtre mise en scène par Pierre Gope au Centre d'Art de Nouméa (Théâtre de Poche) lors du VIIIe Festival des Arts du Pacifique en 2000
  • Le vol de la parole, en collaboration avec Weniko Ihage, éd. Edipop, 2002 : recueil de nouvelles
  • The Kanak Apples Season, éd. Pandanus, Sydney, 2004 : anthologie de l'ensemble de ses nouvelles traduites en anglais par Peter Brown
  • Sharing as Custom Provides, éd. Pandanus, Sydney, 2005 : anthologie bilingue de ses poèmes traduits en anglais par Raylene Ramsay et Deborah Walker
  • L'Épave, éd. Madrépores, Poindimié, 2005 : roman psychologique sur les violences faites aux femmes
  • Trente ans du Palika - En chemin vers la citoyenneté, Edipop, Nouméa, 2006, essai
  • Graines de pin colonnaire, éd. Madrépores, Nouméa, 2009, roman
  • Tâdo, Tâdo, wéé ! ou "No more baby", éd. Au Vent des Iles, Pirae, 2012, roman
  • A l’orée du sable, Paris, Vents d’ailleurs, 2014

L'Épave

  • 8 chapitres : La fête ; le pêcheur ; Lila ; la cabane ; le cimetière des pirogues ; Tom ; le paradis des femmes ; Léna ; l'épave.
  • Personnages : Lila est unique (Dalila), mais Tom et Léna désignent à la fois le personnage actuel et un de ses ascendants ou/et un de ses descendants.

Divers

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  • Particulièrement respectueuse des traditions, l'une de ses activités favorites est de cultiver et de récolter le taro dont le cycle est au cœur de la culture kanak.
  • Mariée, elle porte normalement le nom de son époux (Pourouin) à l'état civil mais elle a gardé en politique et pour signer ses ouvrages son nom de jeune fille, Gorodey.
  • Son nom de baptême est Epéri, mais elle préfère porter son deuxième prénom.
  • Son grand-père maternel est le pasteur Eleisha Nebay.

Références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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