Démographie du Liban

Cet article contient des statistiques sur la démographie du Liban.

Démographie du Liban

Évolution démographique du Liban
Dynamique
Population 6 100 075 hab.
(2018)[1]
Évolution de la population −3,13 % (2018)[2],[3]
Indice de fécondité 1,72 enfant par [4]
(2018)[5]
Taux de natalité 14,1  (2018)[6],[7]
Taux de mortalité 5,1  (2018)[8],[9]
Taux de mortalité infantile 7,2  (2018)[10]
Âges
Espérance de vie à la naissance 77,9 ans (2018)[11]
Hommes : 76,6 ans
Femmes : 79,3 ans
Âge médian 31,3 ans (2018)[12]
Hommes : 30,7 ans
Femmes : 31,9 ans
Structure par âge 0-14 ans : 23,32 %
15-64 ans : 69,65 %
65 ans et plus : 7,03 %
Sex-ratio (2018)
Population totale 100 /100
À la naissance 105 /100
Par tranche d'âge 0-14 ans : 105 /100
15-24 ans : 105 /100
25-54 ans : 103 /100
55-64 ans : 90 /100
65 ans et + : 76 /100
Flux migratoires (2018)
Taux de migration −40,3 
Composition linguistique
Arabe (officiel)  
Français  
Anglais  
Arménien  
Composition ethnique
Arabes 95 %
Arméniens %
Autres %
Composition religieuse
Islam 54 %
Christianisme 45 %
Autres  

Histoire

Recensement de 1932

Le seul recensement officiel (basé sur l'appartenance communautaire) de la population libanaise fut réalisé en 1932[13] lorsque le Grand Liban était sous administration de la France, sur mandat de la Société des Nations.

Le recensement de 1932 ne prend en compte que les citoyens libanais résidents au Liban en 1932, c’est-à-dire qu'il exclut les Libanais ayant émigré. Certains villages frontaliers avec la Syrie n'auraient pas été pris en compte dans le recensement. C'est le cas de Wadi Khaled, situé dans le gouvernorat du Akkar, dont la population a échappé au recensement, et est de fait devenue apatride, avant qu'elle ne soit naturalisée par le décret n°5247 de 1994.

Les résultats de ce recensement avançaient les chiffres suivants.

Total des citoyens libanais : 785 542

Chrétiens

  • Maronites : 226 378 soit 28,8 %
  • Grecs orthodoxes : 76 522 soit 9,7 %
  • Grecs catholiques : 46 000 soit 5,9 %
  • Autres (Arméniens en majorité) : 53 463 soit 6,8 %
    • Total : 402 363 soit 51,2 %

Musulmans

  • Sunnites : 194 208 soit 24,7 %
  • Chiites : 135 925 soit 17,3 %
  • Druzes : 53 047 soit 6,8 %
    • Total : 383 180 soit 48,8 %

Évolution des principaux indicateurs démographiques[14]

Période Naissances annuelles Décès annuels Solde naturel annuel Taux de natalité (‰) Taux de mortalité (‰) Solde naturel (‰) Indice de fécondité Taux de mortalité infantile
1950 - 1955 61 000 24 000 38 000 39,9 15,4 24,4 5,74 90,0
1955 - 1960 70 000 23 000 47 000 39,3 12,7 26,6 5,72 72,8
1960 - 1965 77 000 22 000 55 000 37,6 10,7 26,9 5,69 61,1
1965 - 1970 81 000 21 000 59 000 34,5 9,2 25,3 5,34 53,4
1970 - 1975 83 000 21 000 62 000 31,9 8,1 23,8 4,78 47,0
1975 - 1980 85 000 22 000 63 000 30,5 7,8 22,7 4,31 44,2
1980 - 1985 84 000 21 000 62 000 29,5 7,6 21,9 3,90 40,6
1985 - 1990 78 000 21 000 57 000 26,7 7,3 19,4 3,31 36,8
1990 - 1995 80 000 23 000 57 000 24,8 7,1 17,8 3,00 31,4
1995 - 2000 81 000 26 000 56 000 22,6 7,1 15,5 2,70 28,1
2000 - 2005 69 000 27 000 42 000 17,7 6,9 10,8 2,09 25,6
2005 - 2010 66 000 28 000 38 000 15,9 6,9 9,1 1,86 22,7
2010 - 2015 63 000 29 000 34 000 14,8 7,1 7,7 1,81 18,7

Situation actuelle

La population du Liban est estimée à 6,2 millions d'habitants en 2016 d'après The World Factbook publié par la CIA, 6,6 millions d’habitants en 2018 selon l'Organisation des Nations unies[15][source insuffisante], puis 5,5 millions en 2020[16]. Les chiffres qui circulent ne sont pas officiels, aucune recensement n'ayant eu lieu depuis le mandat français en 1932.

L'Union européenne estime en 2020 que le Liban a accueilli plus de 1,5 million de réfugiés depuis que la guerre a éclaté en Syrie en 2011, ce qui représenterait environ 30 % de la population du pays[17]

L'émigration a créé une importante diaspora libanaise qui compte entre 8 et 14 millions de personnes hors du Liban en 2015[18].

Religions

Estimation donnée sur le site de la CIA :

Aucun recensement officiel n'a été fait depuis 1932 pour ne pas alimenter les tensions politiques et religieuses. Cependant les estimations les plus fréquentes avancent les chiffres de 40-45 % pour les chrétiens et de 50-60 % pour les musulmans. La véracité de ces estimations est difficile à évaluer, toutes les communautés ayant tendance à surévaluer leurs effectifs : le Hezbollah avance le chiffre de 65 % de musulmans dont 40 % de chiites alors que l'Église maronite cite le chiffre de 50 % pour les chrétiens. Les chiites sont généralement considérés comme étant la communauté la plus nombreuse et ayant eu la progression démographique la plus forte ces dernières décennies.

D'autres éléments sont à prendre en compte dans l'analyse de la démographie libanaise.

Apatrides libanais

Le Liban compte une importante population apatride, dont le nombre est cependant extrêmement difficile à estimer en l'absence de recensement officiel ou de statistiques fiables. Il y aurait aujourd'hui entre 27 000[20] et 200 000 apatrides libanais[21] dans le pays, c'est-à-dire des personnes qui pourraient obtenir la nationalité libanaise, mais en sont privées pour un certain nombre de raisons. Ces estimations ne prennent pas en compte les réfugiés apatrides qui se sont installés au Liban, comme les Palestiniens ou les Syriens.

Réfugiés palestiniens

Les Palestiniens au Liban sont sunnites à plus de 90 %, et à 9 % chrétiens ; ils ne sont pas comptabilisés dans les statistiques démographiques au Liban. Au 31 mars 2005, 4 000 000 étaient enregistrés sur les listes de l'UNRWA. À la fin de 2007, ce nombre était encore plus élevé; l'UNRWA avait enregistré environ 411 000 réfugiés palestiniens[22]. La plupart des réfugiés palestiniens vivaient dans 12 camps ainsi que dans d'autres refuges improvisés à travers le pays. Certains avancent un chiffre plus proche de 250 000 à 270 000, car l'ONU n'a pas effacé de ses listes les réfugiés partis dans d'autres pays mais aucune étude fiable ne permet de mesurer cette émigration. Selon des statistiques non officielles qui couvrent la période entre 2011 et 2014, le nombre varie entre 290 000 et 320 000 réfugiés[23].

Leur naturalisation est improbable en raison de l'opposition des différentes communautés : chrétiens, chiites et druzes redoutent de diluer leurs électorats. De plus une partie de l'opinion publique libanaise considère que la naturalisation des réfugiés est un cadeau à Israël (en cela la position du Liban n'est pas différente de la Syrie, de l'Égypte ou des pays du Golfe), car cela reviendrait à reconnaître de fait l'existence de l'État hébreu dans les frontières de la Palestine : les Palestiniens demeurent donc des « invités ». Malgré tout, leur retour dans une Palestine économiquement exsangue est incertain, même après un accord de paix. Du reste la majorité d'entre eux sont des Palestiniens réfugiés après le conflit de 1948 et non de celui de 1967, c'est-à-dire qu'ils viennent de territoires qui ne feront pas partie d'un éventuel accord de paix entre Israël et les Palestiniens.

En décembre 2017, le premier recensement des réfugiés palestiniens au Liban évalue leur nombre à 174 422[24],[23].

La diaspora libanaise

Les chrétiens y sont surreprésentés et un retour partiel, mais improbable, pourrait changer la balance démographique du pays. La diaspora est majoritairement constituée de chrétiens avec une forte représentation chiite. La diaspora n'est pas comptabilisée dans les statistiques et les décomptes officieux de la population globale du pays (près de 3 600 000 personnes). Ce décompte des citoyens expatriés a lieu dans la plupart des pays du monde mais pas au Liban où les expatriés n'ont pas le droit de vote (une des principales revendications des communautés chrétiennes est le droit de vote pour les émigrés). Là encore les effectifs sont sujets à caution. Il y a plus de 10 millions de personnes d'origine libanaise dans le monde[réf. souhaitée] mais ce chiffre prend en compte l'émigration libanaise depuis le XIXe siècle[réf. souhaitée]. Or beaucoup de ces descendants de Libanais ont été assimilés par leur pays d'accueil et ne considèrent plus le Liban comme leur pays, le seul critère de distinction devrait alors être la détention de documents d'identité libanais en bonne et due forme. La diaspora libanaise moderne (post-1975), dont les membres sont susceptibles de jouer un rôle sur la scène politique locale, compterait entre un et deux millions de personnes.

L'émigration a fortement augmenté ces dernières années pour toucher l'ensemble de la société, y compris les communautés musulmanes et druzes (notamment les grandes familles telles que les Hamadé ou Amadet). Les classes moyennes supérieures (c'est-à-dire les personnes éduquées sans être fortunées) et les classes les plus pauvres sont les plus touchées par l'émigration. Selon une étude publiée dans le journal libanais de langue arabe Assafir[25] en 2002, 27 % des Libanais qui choisissent l'expatriation sont des chiites et 30 % des maronites. Les sunnites semblent être les moins enclins à l'expatriation.
De nombreuses actions sont menées par des organismes internationaux, pour fédérer l'ensemble de la diaspora. C'est entre autres l'action de cheikh Khaled Frarid Hamadé à travers le ministère de l'immigration.

Les naturalisés

Ce sont des ressortissants arabes (majoritairement syriens mais aussi des palestiniens ou des bédouins) qui ont été naturalisés en masse en 1994 (décret 5247 du ) dans des conditions qui ont été très contestées par la communauté chrétienne. La plupart ne vivent pas au Liban et une partie a été inscrite sur les listes électorales des régions chrétiennes pour influer sur les élections. Le nombre exact est sujet à contentieux, les estimations allant de 87 000 (ce qui correspond au nombre de naturalisations contestées par le ministre de l'intérieur Elias el-Murr en mai 2003 et non pas à l'ensemble des naturalisations) à plus de 400 000 (Forces libanaises, Ligue maronite). Les chiffres les plus courants se situent entre 150 000 et 300 000 naturalisés.

Parmi les naturalisés de 1994, on compte un grand nombre d'apatrides libanais (Maktoum al-Qayd, Qayd al-Dars), bien que ceux-ci ne représentaient pas la majorité des naturalisés. Malgré cette naturalisation de "masse", il reste une très importante population apatride au Liban aujourd'hui.

Autres

Depuis 1973, le Liban fait venir d'Asie et d'Afrique des femmes très pauvres qui servent le plus souvent de domestiques. On estime à plus de 200 000 femmes[26], provenant principalement du Sri Lanka, des Philippines, d'Éthiopie, et d'autres du Nigeria, du Soudan et d'Érythrée. Le Liban accueille aussi des ouvriers peu ou pas qualifiés dont 12 000 indiens au Liban. Il existe dans les maisons et les appartements libanais des chambres spéciales au femmes de ménage. Elles sont nourries et logées aux frais de la famille d’accueil, qui leur fournit la plupart du temps des vêtements et du nécessaire du quotidien, mais malheureusement elles sont parfois maltraitées et leur taux de décès est élevé.

Il existe aussi au Liban quelques ressortissants européens le plus souvent français. Un bon nombre d'entre eux sont des religieux qui enseignent dans une des nombreuses écoles catholiques du Liban.

Estimation de la population immigrée au Liban

2015
Population Totale au Liban 5 850 002
Population immigrée totale 1 997 776
Syrie 1 255 494
Irak 120 668
Égypte 83 312
Sri Lanka 3 271
Bangladesh 3 046
Indonésie 2 729
Chine 2 428
Inde 1 548
Arabie saoudite 1 319
Philippines 1 007

Source : Estimation de l'I.O.M : http://www.iom.int/world-migration

Voir aussi

Référence

  1. Indicateurs du World-Factbook publié par la CIA.
  2. Le taux de variation de la population 2018 correspond à la somme du solde naturel 2018 et du solde migratoire 2018 divisée par la population au 1er janvier 2018.
  3. Indicateurs du World-Factbook publié par la CIA.
  4. L'indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) pour 2018 est la somme des taux de fécondité par âge observés en 2018. Cet indicateur peut être interprété comme le nombre moyen d'enfants qu'aurait une génération fictive de femmes qui connaîtrait, tout au long de leur vie féconde, les taux de fécondité par âge observés en 2018. Il est exprimé en nombre d’enfants par femme. C’est un indicateur synthétique des taux de fécondité par âge de 2018.
  5. Indicateurs du World-Factbook publié par la CIA.
  6. Le taux de natalité 2018 est le rapport du nombre de naissances vivantes en 2018 à la population totale moyenne de 2018.
  7. Indicateurs du World-Factbook publié par la CIA.
  8. Le taux de mortalité 2018 est le rapport du nombre de décès, au cours de 2018, à la population moyenne de 2018.
  9. Indicateurs du World-Factbook publié par la CIA.
  10. Le taux de mortalité infantile est le rapport entre le nombre d'enfants décédés à moins d'un an et l'ensemble des enfants nés vivants.
  11. L'espérance de vie à la naissance en 2018 est égale à la durée de vie moyenne d'une génération fictive qui connaîtrait tout au long de son existence les conditions de mortalité par âge de 2018. C'est un indicateur synthétique des taux de mortalité par âge de 2018.
  12. L'âge médian est l'âge qui divise la population en deux groupes numériquement égaux, la moitié est plus jeune et l'autre moitié est plus âgée.
  13. « Sur 5,5 millions de Libanais, près de 24% vivent à l'étranger, selon un recensement privé », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le ).
  14. World Population Prospects: The 2010 Revision
  15. « Liban », sur PopulationData.net (consulté le ).
  16. (en) « Middle East - Lebanon », The World Factbook, sur Central Intelligence Agency, (consulté le ).
  17. Protection Civile et Operations d'Aide Humanitaire Européennes, Commission européenne (consulté le 16 aout 2020) [PDF].
  18. (en) Joseph Kechichian, « Lebanon contemplates a new citizenship law », Gulf News, .
  19. (en)https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/le.html
  20. MARCH Lebanon, The Plight of the Rightless. Mapping and Understanding statelessness in Tripoli (mars 2019), p. 28, URL : https://www.marchlebanon.org/report/plight-of-the-rightless/
  21. Frontiers Ruwad Association, Invisible citizens. Humiliation and a Life in the Shadows (2011), p. 31. Cette estimation est donnée par un représentant de l’UNHCR au Liban, interviewé dans le cadre de cette étude en juin 2011.
  22. U.S. Committee for Refugees and Immigrants. 2008. World Refugee Survey 2008
  23. « Il y a 174.422 réfugiés palestiniens au Liban, annonce Hariri< », sur L'Orient, (consulté le ).
  24. (ar) Le Bureau central des statistiques palestinien annonce les principaux résultats du recensement général de la population et du logement dans les camps et rassemblements palestiniens au Liban
  25. As-Safir Newspaper - ط§ظ„طµظپطط© ط§ظ„ط£ظˆظ„ظ‰
  26. "Être domestique au Liban": protéger les droits des travailleurs domestiques immigrés

Liens externes

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