Déclaration d'indépendance des États-Unis

Déclaration unanime des treize États unis d’Amérique

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Déclaration d'indépendance des États-Unis
Présentation
Titre Déclaration unanime des treize États unis d’Amérique
Pays États-Unis
Langue(s) officielle(s) Anglais
Adoption et entrée en vigueur
Rédacteur(s) Thomas Jefferson et la Commission des Cinq
Signature
Signataire(s) les 56 délégués du Second Congrès continental

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La Déclaration unanime des treize États unis d’Amérique[1] (en anglais : The unanimous declaration of the thirteen united States of America), généralement appelée « Déclaration d'indépendance des États-Unis d'Amérique », est un texte politique par lequel les Treize Colonies britanniques d'Amérique du Nord ont fait sécession de la Grande-Bretagne le , pour former les « États-Unis d'Amérique ». Ce texte est marqué par l'influence de la philosophie des Lumières et tire également les conséquences de la Révolution anglaise de 1688 : d'après les abus constatés, les délégués des colons estiment qu'ils ont le droit et le devoir de se révolter contre la monarchie britannique (en fait, le Parlement britannique a voté de lourds impôts et taxes frappant les colonies). Depuis, le 4 juillet est devenu la fête nationale des États-Unis : l'Independence Day (« Jour de l'Indépendance » en français).

Depuis 2005, elle est classée sur la Liste Mémoire du monde de l'UNESCO.

Déclaration d'indépendance des Etats-Unis présentée par A. Szyk, 1950.

Histoire

La Déclaration d'indépendance est une étape majeure dans l'histoire des relations anglo-américaines : après une série de crises entre la métropole et les colonies, principalement sur les questions de taxation des produits (dont le fameux Stamp Act), le texte proclame la naissance d'une nouvelle nation et représente un acte révolutionnaire.

En , Thomas Paine prend parti pour les insurgés (insurgents) américains dans son Sens commun (1776) qui remporte un vif succès (environ 500 000 exemplaires vendus[2]). Son livre est un plaidoyer pour la rupture avec la Grande-Bretagne et aurait inspiré George Washington. En effet, dans ce petit livre, il estime ridicule qu'un pays si petit que la Grande-Bretagne gouverne et impose des lois à l'immense et lointaine Amérique. Il oppose aussi une Amérique des Lumières à une Angleterre puritaine et moins développée philosophiquement.

Le , la Virginie se dote d'une Déclaration des droits de l'État de Virginie (Virginia Declaration of Rights). Le Second Congrès continental, composé de délégués des Treize colonies réunis à Philadelphie, décide de rédiger la Déclaration d'indépendance. Le projet est confié à un comité de cinq représentants (Committee of Five : John Adams, Roger Sherman, Benjamin Franklin, Robert Livingston et Thomas Jefferson).

Copie manuscrite, de la main de Thomas Jefferson, d'une ébauche de la déclaration d'indépendance, soulignant les passages éliminés.

C'est finalement Thomas Jefferson qui élabore une ébauche[3],[4]. Il devient de fait le principal auteur du texte. Il finit son travail le et le soumet au comité qui fait quelques modifications. La déclaration est encore amendée au cours des débats du Congrès : les passages sur la traite et l'esclavage sont supprimés, afin de ne pas mécontenter les régions du Sud[5]. Le document définitif, écrit sur du papier de chanvre, est approuvé et signé le 4 juillet par 56 délégués réunis à l'Independence Hall[6]. Jefferson fait six copies du manuscrit du et il souligne les passages éliminés[4].

La Déclaration est ensuite envoyée à l’imprimerie pour être largement diffusée. La nouvelle de la Déclaration d’indépendance prit le même temps (soit 29 jours) pour aller de Philadelphie à Charleston que de Philadelphie à Paris[7].

Le texte initial dénonçait les propriétaires « déterminés à garder ouvert un marché où les hommes peuvent être achetés ou vendus » et le roi George III accusé de pratiquer la traite des esclaves. Le paragraphe est finalement supprimé, l'esclavage étant maintenu[8].

Fac-similé de la Déclaration d'indépendance américaine avec les portraits des signataires.

Analyse

L'auteur

Statue de Jefferson devant le préambule de la Déclaration d'indépendance américaine. Jefferson Memorial, Washington, D.C.

Il fallut trois semaines à Thomas Jefferson pour rédiger le premier texte[3]. Même si à l'époque, on voulut faire penser que la Déclaration était une œuvre collective, les recherches des historiens et des juristes ont démontré que Jefferson en était bien le principal rédacteur. Jefferson était un Virginien âgé de 33 ans en 1776. Il fut formé comme avocat comme bien d'autres acteurs de la révolution américaine. Homme des Lumières, il avait beaucoup lu et restait influencé par la pensée des philosophes Alfred F. Jones, John Locke et Henry Home. Jefferson était également un planteur qui possédait des esclaves[9].

Le plan

La déclaration d'indépendance américaine peut être découpée en trois parties :

  1. un préambule qui énumère les droits fondamentaux ;
  2. la liste de griefs : les atteintes britanniques à ces droits ;
  3. la conclusion qui s'impose : la rupture avec la Grande-Bretagne et la création de treize États indépendants.

Influences

L'acte de La Haye, rédigé par les états généraux des Pays-Bas le , proclamant de facto l'indépendance des Provinces-Unies, fut l'une des sources d'inspiration de la Déclaration. Thomas Jefferson s'appuya également sur le Second Traité sur le Gouvernement de John Locke ; mais il remplaça le droit de propriété par celui de la recherche du bonheur. Le texte reprend aussi la tradition anglaise républicaine, qui s'était exprimée au cours des révolutions du XVIIe siècle.

Thomas Jefferson fut aussi influencé par la Ligue des Iroquois, confédération pacifique organisée autour d'une constitution, la « Grande loi de l'Unité » ou Gayanashagowa : en 1787, Jefferson déclarait à propos des Iroquois : « Je suis convaincu que les sociétés indiennes qui vivent sans gouvernement jouissent globalement d'un degré de bonheur bien supérieur à ceux qui vivent sous les régimes européens ».

Les principales idées

L'idée centrale du texte est la liberté : pour la première fois, les idées des philosophes des Lumières sont mises en application, en particulier celles de John Locke. Il ne s'agit plus des libertés collectives des époques précédentes, mais de libertés individuelles qui sont proclamées haut et fort. La Déclaration est donc un texte universel, qui pose des droits : « Tous les Hommes sont créés égaux ».

  • La tyrannie : elle vient de la rupture du contrat entre le roi de Grande-Bretagne et les colons américains.
  • Le texte a aussi ses limites, compréhensibles dans le contexte du XVIIIe siècle : si l'égalité est proclamée, elle est uniquement valable pour les hommes blancs, car l'esclavage n'est pas aboli, bien que la première version (rédigée par Thomas Jefferson) fût en faveur de cette décision.

Portée

La Déclaration d'indépendance est universelle. Elle s'adresse à l'opinion de l'humanité et elle énonce que tous les hommes sont créés égaux.

Dans l'histoire américaine

La Déclaration d'Indépendance eut un grand retentissement en Amérique du Nord. Le texte servit de propagande aux révolutionnaires américains pendant la guerre d’indépendance. Il fait partie des textes fondateurs de la nation américaine, aux côtés de la Constitution et de la Déclaration des Droits. Le 4 juillet marque « le véritable acte de naissance des États-Unis[10] ». Elle fut lue en 1776 dans les églises de Boston[11], placardée dans les villes et les villages[12].

La déclaration d’indépendance servit de modèle à la Déclaration des Sentiments (Declaration of Sentiments) en 1848, signée par les délégués de la première convention sur les droits des femmes, à Seneca Falls (en), New York. Pendant la guerre de Sécession, dans son discours de la Gettysburg Address (1863), le président américain Abraham Lincoln mit en valeur l’importance de la Déclaration dans l’histoire du pays : « Four score and seven years ago our fathers brought forth on this continent, a new nation, conceived in liberty, and dedicated to the proposition that all men are created equal. » Le texte fut également repris par Martin Luther King, dans son fameux discours I have a dream. Le texte original est conservé aux Archives nationales des États-Unis, à Washington, D.C..

Dans le monde

Certaines sources affirment que le Maroc fut, en 1777, le premier pays à reconnaître l'indépendance des États-Unis[13],[14]. Selon d'autres sources, la France aurait officiellement reconnu les États-Unis en 1786[15], faisant ainsi de celle-ci le premier pays à reconnaître l'indépendance des États-Unis en 1778[16]. La Déclaration d'indépendance américaine fondait aussi la première nation décolonisée du monde, bien que l’indépendance ne fût officiellement reconnue qu’en 1783 avec le traité de Versailles. Elle influença les rédacteurs de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Au XIXe siècle et au XXe siècle, elle servit de référence aux chefs indépendantistes comme Hô Chi Minh au cours de la décolonisation.

Au Japon, la déclaration fut traduite en 1883 par Chōmin Nakae, en chinois classique, sous le titre "Déclaration d'indépendance de la confédération d'Amérique du Nord". Le texte servit de modèle pour les partisans du Mouvement pour la liberté et les droits du peuple, réclamant alors une constitution démocratique et un parlement[17].

Dans la culture populaire

Signataires

Portraits et autographes des signataires de la Déclaration d’indépendance américaine.

Liste des signataires par État et ordre de signature :

Bibliographie et autres médias

Richard Hétu, « Jefferson, Trump, et le triomphe de l'ignorance »,

Notes et références

  1. Texte intégral sur Wikisource.
  2. N. Bacharan, Faut-il avoir peur de l’Amérique ?, 2005, p. 25.
  3. Claude Fohlen, Thomas Jefferson, 1992, p. 31.
  4. Hétu 2017
  5. Claude Fohlen, Thomas Jefferson, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 1992, p. 31-32.
  6. Élise Marienstras, Naomi Wulf, Révoltes et révolutions en Amérique, Atlande, 2005, (ISBN 2-35030-015-3), page 69.
  7. Fernand Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme, tome 3 : Le temps du monde, Paris, Armand Colin, LGF-Le Livre de Poche, (ISBN 2253064572), 1993, p. 484.
  8. Pierre Dommergues, « L'esclavage dans le développement de la société et de l'économie », Le Monde diplomatique, (lire en ligne, consulté le )
  9. Thomas Jefferson sur le site de l'Encyclopédie Larousse.
  10. Élise Marienstras, Naomi Wulf, Révoltes et révolutions en Amérique, Atlande, 2005, p. 69.
  11. Bernard Cottret, La Révolution américaine : La quête du bonheur 1763-1787, Paris, Perrin, 2003, (ISBN 2-262-01821-9), p. 194.
  12. Élise Marienstras, Naomi Wulf, Révoltes et révolutions en Amérique, Atlande, 2005, p. 79.
  13. (en) The White House, Office of the Press Secretary, « Joint Statement by the United States of America and the Kingdom of Morocco », 22 novembre 2013.
  14. (en) Les défis de la politique américaine en Afrique du Nord, discussions préalables à la rencontre des représentants de la Chambre des représentants, p. 24 et 29.
  15. « Morocco - Countries - Office of the Historian », sur history.state.gov (consulté le ).
  16. « France - Countries - Office of the Historian », sur history.state.gov (consulté le ).
  17. nakae chômin (trad. du japonais), Ecrits sur Rousseau et les droits du peuple, Paris, Les Belles Lettres collection chinoise, , 150 p. (ISBN 978-2-251-44880-0), pp.39-44

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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