Dámaso González

Dámaso González Carrasco, né le à Albacete et mort le à Madrid[1], est un matador espagnol.

Pour les articles homonymes, voir González et Carrasco.

González Carrasco est un nom espagnol. Le premier nom de famille, paternel, est González ; le second, maternel, souvent omis, est Carrasco.

Jacques Durand le présente dans la lignée des toreros de courage[note 1]. « Une lignée de toreros du courage immobile et des pieds joints part de Belmonte, [...] Litri père, Chicuelo II, [...] Dámaso González [...] et s'est arrêtée longtemps à Albacete, grande nourrice de la tauromachie imperturbable[2]. »

Cependant malgré son courage, il n'était pas aimé des foules autant qu'il le méritait. « Si Dámaso avait été plus grand, n'avait pas eu ce visage triste et souffreteux, les foules l'auraient sans doute davantage adulé et il apparaitrait comme une des plus grandes figures du toreo. Car ce matador savait se jouer de toutes les difficultés et dominer sans coup férir tous les taureaux qu'on lui opposait. [...] Bien que de petite taille, il a accepté des monstres qu'il est venu travailler dans les cornes, en se plaçant face à eux, et en maniant la muleta dans le dos »[3]. »

Carrière

Dámaso González est né dans une modeste famille d'agriculteurs manchegos. Il est d'abord livreur de lait avant de courir les capeas de village, période pendant laquelle il dort dans les granges avec les toros. Deux de ses compagnons se font tuer par des taureaux. En 1967 à Santisteban del Puerto il fait ses débuts de novillero avec Carnicerito de Úbeda. Ce jour là, il reçoit un coup de corne. Recousu sur un coin de table à égorger les cochons à peine recouvert d'un linge, il faudra rouvrir sa blessure et recoudre à Albacete[4]. Il fait des débuts semblables à ceux de Manolete en toréant dans la partie sérieuse des spectacles comiques en 1965[5]. Il a été sorti de l'anonymat des novilladas sans picador par Pedrés, torero d'Albacete, qu'un de ses anciens banderilleros lui avait indiqué. Il revêt l'habit de lumières pour la première fois lors d'un festival donné le 27 aout 1966 à Albacete. Il est alors seulement sobresaliente[6]. Sa première novillade piquée a lieu le 8 septembre 1968 à Albacete devant du bétail Villamarta.

La saison suivante il débute à Barcelone, il y remporte un succès éclatant, comme beaucoup de novilleros spectaculaires. Il y paraît sept fois. La Casa Camará qui est devenu son apoderado lui fait prendre l'alternative, le 24 juin de cette même saison, après seulement vingt novilladas piquées. Miguelín lui cède un taureau de Flores Cubero qui est l'élevage de l'apoderado. Blessé ce jour-là par son second taureau, le jeune matador qualifié de « torero-suicide » fait valoir ses qualités de temple, malgré quelques extravagances[7]. Son style angoissant lui vaut rapidement un succès populaire, tandis que les puristes le qualifie de tremendiste. Tout comme El Cordobes, qui, par ailleurs s'efforcera de lui faire obstruction, il partage le monde des aficionados : beauoup apprécient son efficacité, d'autres lui reprochent sa vulgarité[7].

Dans les saisons 1970 Dámaso González s'impose devant tous les types de taureaux, obligeant les taureaux mansos à charger, et jusqu'à sa première retraite en 1988, il force l'admiration de ses confrères. Son apport au toreo se vérifie lors de l'apparition de Paco Ojeda : on vérifie alors que les passes d'Ojeda avaient été précédemment inventées par González . « La seule différence, que souligne le critique taurin Joaquim Vidal dans le journal El Pais réside dans la taille de l'homme et l'irréprochable plastique d'Ojeda, qui fait défaut à González. Mais pour le reste, pour cette approche au fil des cornes, pour ce mouvement de balancier de la muleta [...], pour ses faenas réalisées dans un mouchoir de poche, le petit Dámaso avait tout inventé[8]. »

Francis Marmande, dans Le Monde du , reproche leur mépris aux « spécialistes de la spécialité » envers González et leur reconnaissance tardive. Il rappelle qu'il portait à ses tout débuts le nom de « Curro de Alba », et que « la fameuse chicuelina où le toréador se drape dans la cape au ras des cornes, la manoletina si prisée aujourd'hui depuis que Tomas les a remises à l'honneur sont issues du toreo-comique[9], » tel que le pratiquait le petit Dámaso.

Style

Bien que nombre d’aficionados, mais peu de critiques[note 2] aient condamné son manque d’esthétique, il a démontré sa personnalité sincère, sa capacité à affronter et dominer tous les taureaux, y compris ceux provenant des ganaderías les plus dures. Les tourbillons de passes circulaires, les nombreux desplantes plaisaient au « gros public », pendant que sa maîtrise de la muleta avait fini par convaincre même les aficionados les plus réticents.

En 1988 il se retire pour revenir en 1991 et prendre une nouvelle et définitive retraite en 1994 après la féria d’Albacete.

Les grandes dates

Hommage

En septembre 2015, la statue de Dámaso González a été inaugurée devant les arènes d'Albacete [11], vidéo de l'inauguration[12].

En décembre 2017, il reçoit la médaille d'or du mérite des beaux-arts à titre posthume[13].

Notes et références

Notes

  1. Qui affrontent plus volontiers les taureaux durs que les toreros dits artistes c'est-à-dire plus soucieux d'esthétique tel qu'ils sont définis par Casanova et Dupuy p. 165 du Dictionnaire tauromachique 1981
  2. Le nombre d'ouvrages où il apparaît comme un grand torero en témoignent ainsi que l'article élogieux de El Pais du 26 août 2017 éloges de la presse

Références

Voir aussi

Bibliographie

  • Robert Bérard (dir.), Histoire et dictionnaire de la Tauromachie, Paris, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins Laffont », , 1056 p. (ISBN 2-221-09246-5)
  • Jacques Durand, Humbles et Phénomènes, Lagrasse, Éditions Verdier, , 153 p. (ISBN 2-86432-184-X)
  • Paul Casanova et Pierre Dupuy, Dictionnaire tauromachique, Marseille, Éditions Jeanne Laffitte, , 180 p. (ISBN 2-86276-043-9)
  • Paul Casanova et Pierre Dupuy, Toreros pour l'histoire, Besançon, La Manufacture, (ISBN 2-7377-0269-0)
  • Claude Popelin et Yves Harté, La Tauromachie, Paris, Éditions du Seuil, , 311 p. (ISBN 2-02-021433-4)

Article connexe

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