Cyril Ramaphosa

Matamela Cyril Ramaphosa, né le à Soweto, est un homme d'État sud-africain, président de la république d'Afrique du Sud depuis le .

Cyril Ramaphosa

Cyril Ramaphosa en 2018.
Fonctions
Président de la République d'Afrique du Sud
En fonction depuis le [N 1]
(3 ans, 7 mois et 3 jours)
Élection 15 février 2018
Réélection 22 mai 2019
Vice-président David Mabuza
Gouvernement Ramaphosa I et II
Prédécesseur Jacob Zuma
Président de l'Union africaine

(11 mois et 27 jours)
Prédécesseur Abdel Fattah al-Sissi
Successeur Félix Tshisekedi
Président du Congrès national africain
En fonction depuis le
(3 ans, 8 mois et 30 jours)
Vice-président David Mabuza
Prédécesseur Jacob Zuma
Vice-président de la République d'Afrique du Sud

(3 ans, 8 mois et 12 jours)
Président Jacob Zuma
Lui-même (intérim)
Prédécesseur Kgalema Motlanthe
Successeur David Mabuza
Vice-président du Congrès national africain

(5 ans)
Président Jacob Zuma
Prédécesseur Kgalema Motlanthe
Successeur David Mabuza
Biographie
Nom de naissance Matamela Cyril Ramaphosa
Date de naissance
Lieu de naissance Soweto (Afrique du Sud)
Nationalité sud-africaine
Parti politique ANC
Conjoint Tshepo Motsepe
Diplômé de Université d'Afrique du Sud
Université du Limpopo
Profession Avocat
Syndicaliste
Vice-présidents de la République d'Afrique du Sud
Présidents de la république d'Afrique du Sud

Syndicaliste et homme d'affaires, il est vice-président de la République d'Afrique du Sud de 2014 à 2018. Élu président du Congrès national africain (ANC) en 2017, il devient président de la République en 2018, à la suite de la démission de Jacob Zuma. Il est élu président de l’Union africaine en 2020.

Biographie

Origines, jeunesse et formation

Matamela Cyril Ramaphosa est né en 1952 à Johannesbourg dans le Western Native Township, dans une famille modeste originaire du Venda, d'un père policier et d'une mère au foyer. Alors qu'il est encore enfant, le quartier est rasé et sa famille relogée à Soweto. Cyril Ramaphosa passe ainsi son enfance dans le quartier de Tswhiahelo, parmi les membres de la communauté Venda[1].

À 20 ans, il entre à l'université du Nord pour étudier le droit. Il adhère à l'Organisation des étudiants sud-africains (SASO), et est arrêté en 1974. Il reste emprisonné pendant onze mois, puis de nouveau en 1976, après les émeutes de Soweto.

Syndicalisme et entrée en politique

Il termine ses études d'avocat à l'université d'Afrique du Sud en 1981, et est embauché par le Conseil des syndicats sud-africains (CUSA) comme conseiller juridique. En 1982, il devient le secrétaire général du Syndicat national des mineurs (NUM), nouvellement créé, et est à ce poste lors des grèves de 1987, les plus grandes de l'histoire du pays[2].

Très respecté en tant que négociateur habile et stratège redoutable, il joue un rôle crucial au cours des négociations du début des années 1990 pour parvenir à une issue pacifique à l'apartheid et orienter le pays vers ses premières élections nationales non raciales au suffrage universel en avril 1994. Le , il est élu président de l'Assemblée constituante[2].

Il surveille la rédaction de la constitution admise en 1996[3]. En 1997, il perd les primaires de l'ANC face à Thabo Mbeki, alors qu'il est un temps considéré comme le dauphin de Mandela[4],[5] et refuse le poste de ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de Mandela[3]. Il entame alors une traversée du désert politique[4].

Carrière dans le privé

Devenu ensuite un homme d'affaires[6], il est considéré comme un autodidacte qui a su prospérer après l'instauration de la politique de discrimination positive en faveur des Noirs dans les années 1990[4]. À la direction du fonds d’investissement Shanduka, il prend des participations variées, notamment dans les mines, dans l’immobilier, et dans les chaînes sud-africaines de McDonald’s et Coca-Cola[1]. En 2005, d’après le magazine Forbes, il est la 42e plus grande fortune du continent, avec un capital estimé à près de 450 millions de dollars[1].

En 2012, alors qu'il est au conseil d'administration de la mine de Marikana, il est favorable à l'intervention des forces de l'ordre alors qu'une grève éclate, faisant 34 morts parmi les mineurs. Blanchi par une commission d'enquête, il présente ses excuses en 2017 pour son rôle dans ce drame[7].

Retour à la vie politique

En décembre 2012, il effectue son retour en politique en devenant vice-président du Congrès national africain (ANC)[8].

Vice-président de la République (2014-2018)

Il accède à la vice-présidence de la République d'Afrique du Sud le 3 juin 2014[1].

Le 18 décembre 2017, il est élu président de l'ANC avec 2 440 suffrages, contre 2 261 pour sa rivale, Nkosazana Dlamini-Zuma (ex-femme de Jacob Zuma et ex-présidente de la commission de l'Union africaine). Capitaliste et pragmatique, il s'est opposé à la vision radicale et panafricaine de son adversaire. Pour lutter contre les inégalités, il veut rendre l'université gratuite pour les plus pauvres[9]. Cette victoire est considérée, du fait du poids de l'ANC dans le pays, comme un boulevard vers la prochaine élection présidentielle, en 2019. La situation de l'ANC est cependant compliquée, ayant perdu des villes importantes lors des dernières élections locales, alors que le président de la République Jacob Zuma est touché par des affaires de corruption, que le chômage atteint 30 % et que les inégalités sont criantes[4].

Président de la République (depuis 2018)

Début , des négociations se tiennent entre l'ANC et Jacob Zuma au sujet de la démission de celui-ci au profit de Cyril Ramaphosa[10]. Zuma, après avoir dans un premier temps refusé, accepte finalement de démissionner le 14 février 2018, après avoir été menacé de destitution, et Ramaphosa lui succède comme président de la République par intérim[11],[12]. Le , le Parlement élit formellement Cyril Ramaphosa président de la République[13].

Alors que Cyril Ramaphosa appelle à une réforme agraire « radicale », le Parlement adopte fin février 2018, à une très large majorité, un projet de loi prévoyant l'expropriation sans compensation de terres agricoles appartenant à des fermiers blancs[14]. L’ANC justifie cette mesure par sa volonté de « corriger les inégalités » héritées de l'apartheid – en 2018, 72 % des fermes appartiennent à 8 % de fermiers blancs[15]. Une partie de l'opposition invoque une violation du droit de propriété, tandis que des investisseurs et l'Institut sud-africain des relations raciales déclarent craindre que cette réforme ne porte atteinte à l'agriculture commerciale et ne provoque une crise durable à l'instar de celle ayant frappé le Zimbabwe après l’expropriation de fermiers blancs en 2000[16],[14],[17]. Dans ce contexte, et alors que des dizaines de fermiers blancs ont été tués et des centaines d’autres attaqués entre avril 2016 et mars 2017, l'Australie propose d'accueillir les Blancs persécutés[15],[18],[19].

Cyril Ramaphosa annonce en août 2018 suspendre le programme controversé de relance du parc nucléaire civil, et privilégier les énergies renouvelables pour sortir de la dépendance de l'Afrique du Sud au charbon[20]. Il ne remet pas en question la politique économique libérale de Jacob Zuma[réf. souhaitée].

Il est réélu chef de l’État le , à l’issue d’élections générales lors desquelles l’ANC a obtenu le plus faible score de son histoire (57,5 %), conformément aux prévisions : le parti paye les scandales de l'ère Zuma, son prédécesseur[21],[22].

Une enquête est ouverte à son encontre le mois suivant en raison d'une contribution lui ayant été versée par une entreprise lors de sa campagne pour prendre la présidence de l'ANC en 2017[23]. Il doit également faire face à une opposition interne au sein de l'ANC, avec un clan resté fidèle à Jacob Zuma, ayant à sa tête le secrétaire général de l’ANC, Ace Magashule, et son adjointe, Jessie Duarte[24].

Le 10 février 2020, Cyril Ramaphosa prend le relais de la présidence de l'Union africaine, succédant à Abdel Fattah al-Sissi[25],[26].

Entendu devant la commission d’enquête sur la corruption sous la présidence Zuma le 11 août 2021, il reconnaît une corruption d’État endémique durant cette période et affirme ne pas avoir démissionné de ses fonctions de vice-président pour tenter de lutter contre ce fléau[27].

Vie privée

Il est marié à Tshepo Motsepe et il a quatre enfants.

Beau-frère du milliardaire Patrice Motsepe, Cyril Ramaphosa est classé en 2017 par le magazine Forbes comme l'un des hommes d'affaires les plus riches de son pays[28] et a par ailleurs été le premier milliardaire noir du pays[29].

Notes et références

Notes

  1. Par intérim du 14 au , sous le gouvernement Zuma.

Références

  1. Afrique du Sud : cinq choses à savoir sur Cyril Ramaphosa, le nouveau chef de l’ANC, Le Monde, 18 décembre 2017
  2. LM 1994, Le Monde.
  3. « [Portrait] Afrique du Sud: la «longue marche» de Cyril Ramaphosa », RFI, (lire en ligne, consulté le )
  4. Vincent Jolly, « Cyril Ramaphosa, nouveeau chef contesté de l'ANC », Le Figaro Magazine, semaine du 22 décembre 2017, page 26.
  5. Agence Ecofin, « Cyril Ramaphosa : l’homme que Nelson Mandela aurait voulu pour successeur », Agence Ecofin, (lire en ligne, consulté le )
  6. Liste des sociétés liées à Cyril Ramaphosa
  7. Afrique du Sud: les excuses de Ramaphosa sur le drame de Marikana, RFI Afrique, 8 mai 2017
  8. « Cyril Ramaphosa : qui est le nouveau président d'Afrique du Sud ? - Les Echos », sur www.lesechos.fr (consulté le )
  9. Caroline Dumay, « Le pari de Jacob Zuma pour sauver l'ANC », Le Figaro, samedi 8 / dimanche 9 juillet 2017, page 8.
  10. « Jacob Zuma a accepté de démissionner à certaines conditions, selon la presse », sur www.lorientlejour.com, (consulté le ).
  11. « Afrique du Sud : le président Jacob Zuma démissionne avec « effet immédiat » », sur Le Monde, (consulté le )
  12. « Cyril Ramaphosa, le nouvel homme fort de l'Afrique du Sud - France 24 », France 24, (lire en ligne, consulté le )
  13. « Cyril Ramaphosa élu président de l'Afrique du Sud », sur L'Orient-Le Jour (consulté le )
  14. « Le Parlement sud-africain ouvre la voie à l’expropriation sans compensation des terres », lemonde.fr, 28 février 2018.
  15. Rachel O'Donoghue, « South Africa becoming ZIMBABWE 2.0 amid plans to seize white farmers’ land, experts warn », Daily Star, (lire en ligne, consulté le ).
  16. (en) « Business & Financial News, U.S & International Breaking News / Reuters », sur reuters.com (consulté le ).
  17. « Afrique du sud, des fermiers blancs expropriés ? - BBC News Afrique », sur BBC News Afrique, (consulté le ).
  18. Béatrice Début, « L'Australie courtise les Sud-Africains blancs persécutés, Pretoria enrage », francesoir.fr, 15 mars 2018.
  19. Le Point Afrique, « Afrique du Sud  : des visas australiens pour les fermiers blancs « persécutés » », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  20. « L'Afrique du Sud suspend son projet de développement du nucléaire civil », RTBF Info, (lire en ligne, consulté le )
  21. M.-L.W. avec AFP, « Afrique du Sud : Cyril Ramaphosa réélu président », Le Parisien, (lire en ligne, consulté le ).
  22. Adrien Barbier, « En Afrique du Sud, l’ANC favori des élections malgré les scandales de l’ère Zuma », Le Monde, (lire en ligne)
  23. « Afrique du Sud: Ramaphosa à son tour visé par une enquête », Le Figaro, (lire en ligne)
  24. Jean-Philippe Rémy, « En Afrique du Sud, le vide s’installe à la tête de l’Etat », Le Monde, (lire en ligne)
  25. Pierre Boisselet, « L’Égypte prend la présidence de l’Union africaine, l’Afrique du Sud lui succédera », Jeune Afrique, (lire en ligne)
  26. « Afrique: Cyril Ramaphosa élu président de l’Union africaine », sur Actualite.cd, (consulté le )
  27. « En Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa reconnaît une corruption endémique sous Jacob Zuma », sur lemonde.fr, (consulté le )
  28. Caroline Dumay, « L'ANC se réunit pour choisir le futur président d'Afrique du Sud », Le Figaro, samedi 16 / dimanche 17 décembre 2017, page 9.
  29. « L’ANC, aux origines d’un parti-État », Le Monde diplomatique, (lire en ligne, consulté le )

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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