Crise de l'îlot Persil

La crise de l'îlot Persil est un court conflit, impliquant les forces armées mais sans usage des armes, entre l'Espagne et le Maroc qui a eu lieu en sur l'îlot inhabité de Persil.

Crise de l'Îlot Persil
L'îlot Persil situé à l'extrême gauche, près de Ceuta.
Informations générales
Date 11-
Lieu Îlot Persil
Casus belli Débarquement de troupes marocaines sur l'îlot
Issue statu quo ante bellum : interdiction de toute présence d’autorité civile ou militaire et absence de tout symbole représentatif d’une appartenance nationale des pays.
Belligérants
Espagne Maroc
Commandants
José María Aznar
Antonio Moreno Barberá
Ahmed Midaoui[Qui ?][réf. nécessaire]
Forces en présence
48 soldats6 cadets
Pertes
1 blessé léger6 cadets capturés (relâchés)
Coordonnées 35° 54′ 50″ nord, 5° 25′ 08″ ouest

Contexte géographique

L'îlot Persil (Isla de Perejil en espagnol) est une petite île rocheuse entre l'Espagne et le Maroc, situé à 250 mètres des côtes marocaines et à 8 kilomètres de la ville espagnole de Ceuta, qui borde le Maroc à 13,5 kilomètres de l'Espagne continentale.

Occupation marocaine de Persil

Les relations entre les deux États ont dégénéré le 11 juillet 2002 lorsqu'un groupe de six soldats marocains a débarqué sur l'île et mis en place un avant-poste.

Le Maroc a affirmé que ses troupes étaient là pour mettre en place un avant-poste d'observation qui permettrait de surveiller l'immigration clandestine et de lutter contre le trafic de drogue qui utilise l'île comme une plate-forme logistique. L'Espagne a rejeté la déclaration marocaine et le ministère espagnol des Affaires étrangères a affirmé que les Marocains avaient planté deux drapeaux sur l'île.

Le 12 juillet, l'Espagne envoie des patrouilleurs près de la côte marocaine alors qu'un patrouilleur marocain est aperçu à proximité d'autres îles sous juridiction espagnole.

Opération Romeo-Sierra et médiation de la crise

Le 18 juillet, à 6 h 21, l'Espagne débarque sur l'île (opération Romeo-Sierra). L'attaque a été réalisée par 28 unités de commandos espagnols du Grupos de operaciones especiales déployés par 6 hélicoptères à partir d'Alicante. La marine et l'armée de l'air espagnole ont fourni un appui. Les Marocains n'ont toutefois pas offert la moindre résistance. Dans les quelques heures suivantes, tous les cadets de la marine marocaine ont été faits prisonniers et l'île a été reprise. La marine espagnole pensait au début qu'il y avait 12 soldats marocains sur l'île, mais finalement seulement six cadets ont été capturés[1] et évacués par hélicoptère vers le siège de la Guardia Civil à Ceuta, où ils ont été reconduits jusqu'à la frontière marocaine. Au cours de la même journée, les commandos espagnols sur l'île ont été remplacés par des soldats de la Légion espagnole.

D'une façon générale, le Maroc souligne l'absence de fondement juridique et légal solide à l'appartenance de l'îlot à l'Espagne[2]. Il a été soutenu durant cette crise par tous les pays membres de la Ligue arabe à l'exception de l'Algérie, tandis que l'Espagne fut soutenue par l'intégralité des pays de l'Union européenne à l'exception du Portugal et de la France[réf. nécessaire].

Conséquences

Les troupes de la Légion espagnole restent sur l'île après la fin de l'opération. Les États-Unis tentent une médiation de la situation et parviennent finalement à rétablir la paix. Toutes les troupes espagnoles ont été retirées et l'île reste inoccupée mais revendiquée toutefois par les deux camps. BBC News a par ailleurs interrogé des citoyens espagnols à Madrid après le conflit : la plupart des personnes ont soutenu l'opération. Gaspar Llamazares, homme politique de l'opposition du parti Gauche unie, a déclaré que l'Espagne ne devait pas tomber dans ce piège de provocation, de sorte qu'elle ne ruine pas son image en Afrique du Nord[3].

En juillet 2017, l’Espagne décide de lever le secret défense. Une commission de cinq officiers supérieurs des services spéciaux de l’armée espagnole a été autorisée à dévoiler les dessous de cette opération[4].

Notes et références

  1. (es) « España desalojará la isla Perejil si Marruecos se compromete a no ocuparla », El Pais (consulté le ).
  2. CF., par exemple : « Entretien de S. M. le [r]oi Mohammed VI [avec] "El Pais" », dans MAP, « S. M. le [r]oi à El Pais : L’objectif des auditions publiques est de "réconcilier le Maroc avec son passé" », Instance équité et réconciliation, — Traduction dont l'auteur est inconnu d'une interview issue de :(es) Jesús Cebario et Ignacio Cembrero, « Se ha restablecido el respeto mutuo entre España y Marruecos » Le respect mutuel a été restauré entre l'Espagne et le Maroc »], El País, Madrid, (lire en ligne).
    « On est même allé jusqu’à dire en Espagne que le Maroc avait envahi un territoire espagnol. La rétrocession au Maroc des provinces du Nord a commencé en 1956 et a duré jusqu’en 1959. Les Espagnols s’étaient alors retirés y compris de l’îlot. Tourah ne faisait pas partie du contentieux historique sur Sebta et Melillia.
    Au cours des années 60, il y avait même des forces marocaines installées à Tourah et Franco n’avait jamais réagi. Aznar serait-il plus franquiste que Franco ? »
  3. (es) « PNV e IU critican la operación, mientras los demás grupos muestran su apoyo », Periodico ABC (consulté le ).
  4. , article du Le360.ma.

Voir aussi

Bibliographie

  • Omar Dahbi (préf. Khalil Hachimi Idrissi), Maroc-Espagne : La Guerre des ombres (2000-2010), Casablanca, Alm Éditions, , 141 p. (OCLC 792760573) — Ouvrage racontant l'incident de l'îlot Persil tout en abordant la relation complexe entre le Maroc et l'Espagne.
  • (es) Julio Albert Ferrero, « La conducción operativa de la crisis del islote del Perejil », Revista Naval, Ferrol, (ISSN 1885-3331, lire en ligne) — Article détaillé sur l'opération Romeo-Sierra.

Article connexe

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