Courgenay (Yonne)

Courgenay est une commune française située dans le département de l'Yonne, en région Bourgogne-Franche-Comté.

Pour les articles homonymes, voir Courgenay.

Courgenay

L'abbaye de Vauluisant.
Administration
Pays France
Région Bourgogne-Franche-Comté
Département Yonne
Arrondissement Sens
Intercommunalité Communauté de communes de la Vanne et du Pays d'Othe
Maire
Mandat
Daniel Pagnier
2020-2026
Code postal 89190
Code commune 89122
Démographie
Population
municipale
571 hab. (2018 )
Densité 19 hab./km2
Géographie
Coordonnées 48° 17′ 14″ nord, 3° 32′ 56″ est
Altitude Min. 110 m
Max. 240 m
Superficie 29,87 km2
Type Commune rurale
Aire d'attraction Sens
(commune de la couronne)
Élections
Départementales Canton de Brienon-sur-Armançon
Législatives Troisième circonscription
Localisation
Géolocalisation sur la carte : France
Courgenay
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Courgenay

    Géographie

    Le finage de Courgenay est occupé par plusieurs fermes isolées.

    La Singerie

    Primitivement, la ferme porte pour nom : la Pierre aux Singes. En principe, le singe est au Moyen Age un animal maléfique associé au démon (voir le vitrail de la vie de saint Étienne dans le transept de la cathédrale de Sens). Mais on connait à peu près à la même époque, une famille Cinget qui gère des fermes. Le domaine appartient à l'abbaye de Vauluisant.

    Lors des braderies imposées par les Valois à l'Église pour lever des troupes et s'opposer à l'insurrection protestante, le domaine est « engagé » auprès d'un bourgeois de Sens nommé Guérard. La clause de réméré permettra le retour un demi-siècle plus tard dans le domaine monastique, et ce jusqu'à la Révolution.

    Livanne

    Un patronyme porte ce nom au Moyen Âge. Par la suite, une ferme dépend de l'abbaye de Vauluisant. Un chemin devenu actif au plus tôt vers 1200 et conduisant de Nogent-sur-Seine à Villeneuve-l'Archevêque, passe sous ses murs. Elle est qualifiée de château au tout début du XVIe siècle, et une chapelle y est alors citée.

    Le lieu a peut-être été abandonné au profit de la ferme-fief de la Verrière, sise sur le finage de Pouy.

    Communes limitrophes

    Urbanisme

    Typologie

    Courgenay est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 1],[1],[2],[3].

    Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Sens, dont elle est une commune de la couronne[Note 2]. Cette aire, qui regroupe 65 communes, est catégorisée dans les aires de 50 000 à moins de 200 000 habitants[4],[5].

    Occupation des sols

    Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).

    L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (74,6 % en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (74,7 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : terres arables (73,7 %), forêts (23,3 %), zones urbanisées (2 %), zones agricoles hétérogènes (0,9 %)[6].

    L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[7].

    Histoire

    Limites féodales et politiques

    Courgenay appartient au diocèse de Sens. De ce fait, on peut imaginer que le village relève aussi primitivement du comté de Sens. Ce comté perd sa frange oriental au profit du comté de Troyes dès 1110.

    Des moines champenois, arrivés de Preuilly, sont installés à la lisière sud de la paroisse : à Vauluisant. La jeune abbaye est sur le tracé d'un grand chemin aujourd'hui disparu, reliant les deux villes de foires de Provins et de Troyes par La Motte-Tilly, Trainel, Villechat et Mauny (à Bagneaux). Ce parcours n'est pas le plus direct entre les deux villes. A l'évidence, Nogent-sur-Seine forme un obstacle et il faut supposer que ses seigneurs contrarient les intérêts champenois. L'accord conjoint des sires de Nogent et de Villemaure (ces derniers étant clairement au service des comtes de Troyes) sera nécessaire pour permettre cette fondation pieuse établie en limite de leurs domaines féodaux. Les moines reçoivent des dons de terres sur la partie sud du finage et Lailly. Ils évitent de se manifester au nord du monastère.

    Le finage de Courgenay dépend de la seigneurie (puis châtellenie) de Nogent-sur-Seine. Nogent n'entrera dans le domaine comtal que vers 1190. Au même moment, des chevaliers assez rapidement titrés seigneurs, se manifestent à Courgenay[8]. Dès lors, on est assuré que le village est dans le comté de Champagne. Ces chevaliers disposeront d'un château près de l'Alain[9].

    Changement et rétablissement des fondamentaux économiques du village

    Vers 1190, l'entrée de Nogent au sein du domaine des comtes de Champagne, change radicalement le réseau routier local. Le vieil axe de Trainel est abandonné au profit de celui passant directement par Nogent. Un chemin secondaire apparaît, reliant Nogent à Villeneuve-l'Archevêque, ville neuve au développement rapide. Le franchissement de l'Alain, entre Courgenay et Pouy, est marqué par l'établissement du château de Livanne. Ce château deviendra la propriété des moines de Vauluisant.

    Au début du XIVe siècle, le dernier membre du lignage de Courgenay vend aux moines de Vauluisant ce château et ses biens concentrés sur la fraction nord du finage. Désormais, tout le finage est sous le contrôle de l'abbaye. Le bailli de Sens profite de ce que l'époux de la dernière comtesse de Champagne soit sur le trône de France pour s'imposer administrativement à Courgenay et dans les environs au détriment du bailli de Troyes désormais privé de chef [10]. Ce basculement administratif et judiciaire sera conservé en l'état jusqu'en 1789, et d'une certaine manière au travers la départementalisation, jusqu'à nos jours.

    Vauluisant est au centre d'un réseau économique. L'abbaye dispose de maisons à Provins, Sens, Troyes et Villeneuve-l'Archevêque. Un chemin relie directement le monastère à Sens. Si le chemin de Provins à Troyes ne passe plus à ses portes, celui de Nogent à Villeneuve-l'Archevêque le remplace[11]. Les moines promeuvent la métallurgie et la verrerie dans la contrée.

    Les moines disposent de plusieurs fermes pour exploiter le finage. Elles portent souvent un nom de famille d'exploitants : la Tournerie (famille Tourneur), la Picardie (famille Picard), etc. Courgenay se fortifie au frais de ses habitants. Les habitants profitent du voisinage du monastère. Le bourg connaît une belle prospérité. Il attire des familles de la région (les Hanoteau et les Pierre de Rigny-le-Ferron, les Clouan de Coulours), s'allie à des familles en pleine ascension (les Richer de Thorigny), envoie ses fils dans d'autres bourgs tenir des fonctions honorables (Blanchet et Pigeon à Thorigny, Blanchet à Rigny-le-Ferron). Cette expansion justifie la fortification du village sous François Ier[12].

    Ruralisation de Courgenay

    Durant les guerres dites de Religion, les fermes monastiques seront mises à l'encan par le pouvoir royal à la barre du bailliage de Sens. La dynastie est incapable de financer une armée pour mettre au pas les révoltes protestantes et ponctionne sans vergogne l’Église. Ces ventes à réméré provoquent l'émergence de petites seigneuries, que les moines du début du XVIIe siècle parviendront à racheter les unes après les autres au grand dam de leurs détenteurs nobliaux[13]. Courgenay perd sa petite bourgeoisie. L'installation de Pigeon à Courtenay (Loiret) où ils se hisseront au sommet de la vie locale vers 1650 est le chant du cygne.

    L'abbé Le Tellier, membre de la famille de Louvois, achève la remise à niveau de l'abbaye. Les titres patrimoniaux sont rangés et classés, des plans dressés. C'est donc une abbaye dans un état d'entretien impeccable qui va subir la tragédie révolutionnaire. L'abbatiale et les bâtiments conventuels sont détruits. Seul le logis abbatial et quelques granges sont épargnés. La mise au tombeau de l'abbatiale serait réfugiée à l'église paroissiale de Villeneuve-l'Archevêque. Des décombres subsistent encore de nos jours dans les environs, menacés par des prédateurs du patrimoine. Les fermes quittent le domaine dès les premiers mois des troubles.

    Vauluisant devient la propriété de la famille Javal, domiciliée à Paris. Elle en fait le centre d'un domaine agricole qui se veut en pointe dans le modernisme (électricité, etc.). Le journalisme agricole le met à l'honneur. Vers 1980, les propriétaires orientent la notoriété des lieux vers le domaine culturel (festival de musique, visites guidées).

    Le chemin de fer passe sur le finage au début du XXe siècle. Le village de Courgenay accueille des serres de belle superficie, fixant une petite population salariée.

    Politique et administration

    Liste des maires successifs
    Période Identité Étiquette Qualité
             
    mars 2001 mars 2014 Patricia Charpentier[14]    
    mars 2014   Daniel Pagnier SE  

    Démographie

    L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[15]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2008[16].

    En 2018, la commune comptait 571 habitants[Note 3], en augmentation de 4,2 % par rapport à 2013 (Yonne : −1,17 %, France hors Mayotte : +1,78 %).

    Évolution de la population  [modifier]
    1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851
    615639656673679713743773777
    1856 1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891 1896
    816806774755725682658657599
    1901 1906 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954
    574553551521520549521513473
    1962 1968 1975 1982 1990 1999 2006 2007 2008
    428472455408463446526538549
    2013 2018 - - - - - - -
    548571-------
    De 1962 à 1999 : population sans doubles comptes ; pour les dates suivantes : population municipale.
    (Sources : Ldh/EHESS/Cassini jusqu'en 1999[17] puis Insee à partir de 2006[18].)
    Histogramme de l'évolution démographique

    Culture locale et patrimoine

    Lieux et monuments

    Dans les années 1950, découverte d'un souterrain partant de l'église direction nord, il est partiellement effondré, il passe au centre de la cour de l'ancienne école, taillé dans le calcaire. Il est à trois mètres de profondeur. Route de Saint-Maurice à 50 mètres à droite, tombe ancienne avec un pot à la tête de chaque sépulture. L'arbre de la liberté a été planté au lendemain de la guerre de 1870 à l’avènement de la République : le premier avait été coupé à la restauration. Il a donc 140 ans.

    Personnalités liées à la commune

    • Antoine Pierre. Fils d'un marchand de Courgenay originaire de Rigny-le-Ferron, il devient moine de l'abbaye de Vauluisant. Il achève le rétablissement de la prospérité de l'abbaye, après les amples destructions de la guerre de Cent Ans. Il est élu abbé par ses frères. La signature du concordat de Bologne permet au roi François Ier d'imposer le système de la commande en France. Pressé par les politiques, l'abbé se démet de son abbatiat en faveur d'un archevêque de Sens attributaire de la commande abbatiale. En compensation, il devient évêque in partibus. Il a permis l'ascension sociale de la famille Pierre.
    • La famille de Léopold Javal depuis 1835, date de l'achat de la ferme de Vauluisant.
    • Louis Marteau.

    Pour approfondir

    Articles connexes

    Notes et références

    Notes

    1. Selon le zonage des communes rurales et urbaines publié en novembre 2020, en application de la nouvelle définition de la ruralité validée le en comité interministériel des ruralités.
    2. La notion d'aire d'attraction des villes a remplacé en octobre 2020 l'ancienne notion d'aire urbaine, pour permettre des comparaisons cohérentes avec les autres pays de l'Union européenne.
    3. Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2021, millésimée 2018, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2020, date de référence statistique : 1er janvier 2018.

    Références

    1. « Typologie urbain / rural », sur www.observatoire-des-territoires.gouv.fr (consulté le ).
    2. « Commune rurale - définition », sur le site de l’Insee (consulté le ).
    3. « Comprendre la grille de densité », sur www.observatoire-des-territoires.gouv.fr (consulté le ).
    4. « Liste des communes composant l'aire d'attraction de Sens », sur insee.fr (consulté le ).
    5. Marie-Pierre de Bellefon, Pascal Eusebio, Jocelyn Forest, Olivier Pégaz-Blanc et Raymond Warnod (Insee), « En France, neuf personnes sur dix vivent dans l’aire d’attraction d’une ville », sur insee.fr, (consulté le ).
    6. « CORINE Land Cover (CLC) - Répartition des superficies en 15 postes d'occupation des sols (métropole). », sur le site des données et études statistiques du ministère de la Transition écologique. (consulté le )
    7. IGN, « Évolution de l'occupation des sols de la commune sur cartes et photos aériennes anciennes. », sur remonterletemps.ign.fr (consulté le ). Pour comparer l'évolution entre deux dates, cliquer sur le bas de la ligne séparative verticale et la déplacer à droite ou à gauche. Pour comparer deux autres cartes, choisir les cartes dans les fenêtres en haut à gauche de l'écran.
    8. Étienne Meunier. Les chevaliers de la famille de Courgenay. CSGY, XIX, 2013
    9. Étienne Meunier. Les châteaux de Courgenay. Au courant de la Vanne, APVV, 9,2009
    10. Étienne Meunier. Le bailliage de Sens, 1194-1477. FACO, 1981
    11. Étienne Meunier. Villeneuve-aux-Riches-Hommes du XIIIe au XVe siècle. bulletin de l'Association des Amis de la chapelle de Villeneuve-aux-Riches-Hommes, 24, 2010
    12. Étienne Meunier. Les églises et les bourgs fortifiés du Sénonais et des pays de l'Yonne. BSAS, 33, 1990 (1992)
    13. La Singerie
    14. Conseil général de l’Yonne, Ma Commune, consulté le 17 décembre 2013.
    15. L'organisation du recensement, sur insee.fr.
    16. Calendrier départemental des recensements, sur insee.fr.
    17. Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui sur le site de l'École des hautes études en sciences sociales.
    18. Fiches Insee - Populations légales de la commune pour les années 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017 et 2018.
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