Corps de garde de Saint-Germain-sur-Ay

Le corps de garde dit chapelle du corps de garde ou encore chapelle du Grapillon se situe dans la commune de Saint-Germain-sur-Ay au lieu-dit le Jardin de la Loge sur un promontoire rocheux près du hameau la Gavérie. Il s’agit d’un bâtiment fortifié daté du XVIIe siècle[1] destiné à la surveillance du littoral pour les milices garde-côtes[2] puis pour les douaniers[3]. Ce corps de garde constitue un témoignage de la défense des côtes du Cotentin sous l’Ancien Régime[1].

Historique du monument

La presqu’île du Cotentin encerclée par la Manche a subi de nombreuses invasions étrangères sur ses terres. Les côtes sont successivement menacées par les Saxons, les Frisons, les Scandinaves puis par la marine britannique.

La commande de 1669 au maître d’œuvre « P. »

Face à ces incursions ennemies, le corps de garde s’inscrit dans les mesures prises visant la sécurisation du littoral du Cotentin. L’historien normand Pierre Mangon du Houguet répertorie dans ses mémoires les fortifications de la Manche[4]. Son travail sur des archives aujourd’hui perdues a permis de reconstituer tout un pan de l’histoire cotentinoise repris par les historiens régionaux. Il note la commande par le roi et le gouverneur de l’érection de vingt corps de garde. Le maître d’œuvre qui bâtit le corps de garde de Saint-Germain-sur-Ay, le fit pour « 140 » [5]. Le document nous livre également l’initiale de son nom, « P. ». Maître « P. » participe également à la construction de huit autres corps de garde situés à Carteret, Surville, Omonville-la-Rogue, Digulleville, Saint-Germain-des-Vaux, Sciotot, Le Rozel et Flamanville.

La compagnie du corps de garde au sein de la défense du havre, XVIIe-XIXe siècles

C’est en 1705 que la compagnie saint-germinaise des garde-côtes est créée. Elle est sous le commandement de la capitainerie de Portbail. Cette compagnie est composée de dix hommes appelés et âgés de 16 à 60 ans. À sa tête, un capitaine et un lieutenant tiennent le registre des rôles généraux de la paroisse[6] permettant en temps de guerre et sur ordre de la capitainerie la levée de mille hommes. Le corps de garde, doté d’un âtre et de trois fenêtres meurtrières, accueillait les garde-côtes qui s’y relayaient nuit et jour.

La datation du corps de garde

Les écrits de Pierre Mangon avancent de manière très précise la date de construction d’un corps de garde sans en indiquer l’emplacement. Pour Michel Pinel, le corps de garde actuel daterait plus vraisemblablement de 1900 et était utilisé par les douanes[3]. Suivant ce raisonnement, le corps de garde de 1669 se positionnait alors à la pointe du banc au bord de la mer. Une carte particulière des côtes de France de 1831 indique effectivement l’emplacement d’un corps de garde aujourd’hui disparu[7]. Pour l’historien Louis Le Blond, le corps de garde de la Gaverie est celui de 1669. Dans la Revue de la Manche, il relate l’alerte à l’invasion anglaise du [8]. « Trois petits bateaux anglais rôdant et cherchant à faire une descente » sur la côte[2] effraye la municipalité de la Haye-du-Puits qui exige la « construction d’un corps de garde à Saint-Germain-sur-Ay » à l’endroit nommé le « Bu du Banc »[9]. La population n’ignorant pas l’existence du premier corps de garde de Saint-Germain « situé à une lieue de la mer, près de l’église »[2] aurait ainsi décidé de compléter la défense du havre par un second ouvrage. Déjà en 1756, le détail des capitaineries situait le corps de garde comme « étant reculé dans les terres »[10]. Sur la carte particulière des côtes de France de 1831, on peut également discerner trois ensembles bâtis en ruine situés à l’emplacement actuel du corps de garde[7].

Des ruines de Notre-Dame-du-Rosaire à la renaissance de la chapelle du Grapillon 1949-1987

Alors que l’église était en reconstruction des suites de la guerre, le corps de garde devint dès 1949 le lieu d’une procession chrétienne aux flambeaux le . L’érosion marine rongea les fondations du corps de garde qui menaça de s’effondrer dans le havre. Un comité de sauvegarde fut créé en 1977 et mit dix ans à consolider l’édifice et à lui redonner son lustre d’antan[11]. Au cours de ces années de reconstruction, René Féret choisit de poser ses caméras en 1984 au pied de la chapelle et d’y tourner une des scènes de son film Le Mystère Alexina.

Architecture et mobilier

En pierre de taille, l’édifice repose sur un promontoire rocheux consolidé de part et d’autre par des apports successifs de blocs de roche. Il forme pratiquement un carré : 3,80 mètres de long pour 3,30 mètres de large. En son point le plus haut, le plafond atteint 3,50 mètres. Trois fenêtres meurtrières laissent pénétrer la lumière. Deux se situent sur l’embouchure du havre, tandis que la troisième s’oriente vers la rivière l’Ouve. Un âtre en état de fonctionner se trouve sur sa face nord. Un autel et deux porte-cierges soutiennent une Vierge Marie. La date 1984 est inscrite à l’extérieur sur le flanc sud du contrefort.

Notes et références

  1. « Ancien corps de garde, dit Chapelle du Corps de Garde », notice no PA00110665, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Miettes d’histoires révolutionnaires, in Revue de la Manche, fascicule 18, tome 5, avril 1963, p.114.
  3. Michel Pinel, Saint-Germain-sur-Ay, un village de la côte ouest du Cotentin, 2011, p.176.
  4. Histoire et Antiquité, Les mémoires de Pierre Magnon du Houguet, in Annuaire du département de la Manche, 63e année, Saint-Lô, 1891, p.33 et suivante.
  5. unité monétaire non précisée
  6. Jean Barros, Naufrages et sauvetages en côte des isles : La station de sauvetage et le phare de Carteret et de Portbail, édition Isoete, 2002, p.220.
  7. Michel Pinel, Saint-Germain-sur-Ay, un village de la côte ouest du Cotentin, 2011, p.183.
  8. Miettes d’histoires révolutionnaires, in Revue de la Manche, fascicule 18, tome 5, avril 1963, p.113.
  9. Miettes d’histoires révolutionnaires, in Revue de la Manche, fascicule 18, tome 5, avril 1963, p.116.
  10. Détail des Capitaineries garde-côtes de la généralité de Caen, in Michel Pinel, Saint-Germain-sur-Ay, un village de la côte ouest du Cotentin, 2011, p.180.
  11. Encart explicatif scellé à l’intérieur du corps de garde.

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