Cordonnier

Un cordonnier (au féminin une cordonnière ; altération de cordouanier, « artisan travaillant le cuir de Cordoue ») est une personne qui fabrique ou répare des chaussures.

Pour les articles homonymes, voir Cordonnier (homonymie).

Un jeune cordonnier dans la commune de Yopougon à Abidjan (Côte d'Ivoire).

Historique

Maison du cordonnier Châtillon-sur-Saône
Cordonnerie traditionnelle, Hambourg (2007)

Étymologie

Selon une étymologie populaire, cordonnier vient du mot corde, car les premiers cordonniers utilisaient des cordes pour fabriquer des chaussures. Une autre légende merveilleuse selon Pétrus Borel veut que cordonnier vient de « cors » (les chaussures donnant des cors)[1].

En réalité, il vient de cordouinier, de l’ancien français cordoan (mot attesté au XIIe siècle), « cuir de Cordoue », en référence à Cordoue, ville d'Al Andalus dont le cuir était jadis très réputé (cuir estampé puis patiné surtout posé en mural). Avec le temps le mot cordouinier est devenu cordonnier. Cordonnier a concurrencé et supplanté l'ancien français sueur (du latin sutor, celui qui coud, réalise une suture, mot employé jusqu'au XVe siècle) et corvoisier, du latin Cordubensis, « de Cordoue », devenu cordovensis puis cordovesarius. Le corvoisier fabriquait des souliers neufs ou de luxe, mais beaucoup de réparateurs de souliers ont usurpé ce titre, si bien que le terme de cordonnier s'est dissocié de celui de corvoisier et de ses usurpateurs.

Au sens premier le cordonnier est l'artisan qui fabrique des souliers, bottes, mules et pantoufles, en cuir, surtout en peau de cochon. Ceux qui les réparaient étaient appelés « Raccommodeurs de souliers » ou « Cordonniers » en vieux français.

De nos jours, on différencie le « cordonnier réparateur » du « cordonnier bottier » et du cordonnier multi-service.

De l'empire romain à la révolution française : la corporation des cordonniers

Les frères Crépin et Crépinien, venus de Rome, étaient chrétiens et cordonniers à Soissons. Ils fabriquaient des chaussures pour les pauvres, qu'ils ne faisaient pas payer, et pour les riches qui appréciaient leur production[2]. Ils furent martyrisés sur ordre de l'empereur Maximien (vers 285 ou 286).

Saint Crépin et Saint Crépinien arrêtés par les soldats ; gravure d'après une sculpture du XVIe siècle église de Troyes.

Ils sont les saints patrons des cordonniers (fête le 25 octobre).

Évolution de la profession à partir du vingtième siècle

La fabrication industrielle des chaussures au XXe siècle entraîne la disparition du savetier au profit du cordonnier qui s'est spécialisé dans la réparation[3]. Ce métier est aussi en voie de disparition, les souliers, bottes, se fabriquent en usine et non à la main[4]. Dans les pays plus pauvres, on trouve des « cordonniers » mais au contraire, dans les pays plus riches, ils sont fabriqués en usines.

Formations professionnelles

Il existe différents CAP pour devenir cordonnier:

- CAP cordonnier-bottier

- CAP cordonnerie multi-service

- CAP chaussure

Il y a aussi la possibilité de préparer un bac professionnel métiers du cuir, option chaussures (industrie du luxe), un brevet technique des métiers de cordonnier (BTM), ou encore un BTS métiers de la mode-chaussure et maroquinerie. Le Brevet de Maîtrise (BM), est un diplôme spécifique à l’artisanat et s’adresse aux salariés et chefs d’entreprises artisanales désireux de développer leurs compétences de professionnels et de gestionnaire.

Le métier peut également se pratiquer sans diplôme.

Un cordonnier débutant gagne le SMIC soit 1 467 euros brut mensuel (en 2016). Un jeune artisan débutant à son compte gagne entre 1 500  et 2 000  par mois[5]

Outils et matériel

Le cordonnier utilise les outils courants de découpe et de travail du cuir (alênes, tranchets), ainsi que des outils classiques mais adaptés à ses besoins[6] :

  • Bisaiguë ;
  • Chevilles, pour le ressemelage ;
  • Colles spéciales, dont la « poix de Suède noire » ;
  • Crampillons, pour le ferrage des sabots ;
  • Cuir, caoutchouc, patins ;
  • Embauchoirs (tendeurs à chaussures) : conformateur simplifié pour maintenir la forme d'une chaussure ou la lui redonner.
  • Emporte-pièce ;
  • Enclume universelle : enclume entièrement en fonte et à trois branches, permettant de maintenir toutes les chaussures ; dimensions maximales 20 × 12 cm, poids 3 à 4 kg ;
  • Fil de chanvre, fil de lin ;
  • Forme à monter et conformateurs : structure articulée en bois placée dans une chaussure pour en élargir une partie ou parfaire sa forme ;
  • Lacets ;
  • Marteau à battre : pour le travail de la semelle ;
  • Marteau à clouer : quand des pointes servent à l'assemblage, utilisé avec la lime à chaussures qui par ses courbures permet de réduire toute tête de pointe saillante ;
  • Marteau de cordonnier, à clouer ;
  • Marteau de galochier : tête longue et fine ;
  • Marteau Louis XV, aux panne et tête très longues ;
  • Œillets métalliques ;
  • « Outil pour faire les lacets » ;
  • « Pince à poser les œillets » et « pince à enlever les œillets » ;
  • Pince emporte-pièce, réalise les trous destinés aux lacets ;
  • Protecteurs : morceaux d'acier destinés à réduire l'usure des extrémités de la semelle ;
  • Semence ou pointe ;
  • Talons (bois ou caoutchouc) ;
  • Vernis, cirages, graisses ;

Le cordonnier ambulant mettait ses outils dans un sac et l'ensemble était nommé crépin ou saint-crépin[7].

Les réparations les plus courantes

  • Réparations des talons
  • Ressemelage : certaines paires de chaussures peuvent quasiment être ressemelées à l'infini, c'est le cas des chaussures type Goodyear->Goodyear. Il existe une très grande variante de ressemelages en fonction des cousus et des montages : trépointe, california, vissée, etc.
  • Mise sur forme des chaussures (ou plus communément appelé forçage) : cette technique d'élargissement des chaussures est relativement simple, cela suppose l'utilisation d'une machine spéciale sur la chaussure à l'endroit précis que l'on souhaite voir élargi; et cela sans altérer les coutures, ni la forme globale de la chaussure [8]. À ne pas confondre avec le fait de mettre ses chaussures sur des embauchoirs, qui sont parfois appelés "formes".
  • Le travail du cordonnier peut aussi consister à réparer d’autres objets en cuir (sacs, cartables, ceintures, gants, etc.), à poser des œillets... Certains artisans effectuent aussi des travaux de teintures sur cuir.
  • Le cordonnier vend également des accessoires : semelles intérieures, lacets, cirages et crèmes, embouchoirs.

En France

Cordonnerie traditionnelle, Paris (2009)

Convention collective

La convention collective nationale française Cordonnier a le numéro 3015.

L'accord constitutif date du 1er septembre 1989 et son extension (validation par le Ministère du Travail) le 22 décembre 1989, publication au JORF : le 29 décembre 1989. Elle a été élargie au secteur des cordonniers industriels par arrêté du 24 avril 1995, publication au JORF le 4 mai 1995.

Les partenaires sociaux signataires sont pour l'organisation patronale, la fédération nationale des cordonniers de France et, pour les syndicats de salariés :

  • La fédération nationale du textile, habillement et cuir CGT
  • La fédération des industries de l'habillement, du cuir et du textile (HACUITEX) CFDT
  • La fédération générale Force ouvrière des cuirs, du textile, de l'habillement (FO-CTH)
  • La fédération textile, habillement, cuir et industries connexes CFTC
  • La fédération du personnel d'encadrement de la production, de la transformation, de la distribution et des services et organismes agroalimentaires et des cuirs et peaux CFE-CGC.

Code APE

Le code APE correspondant à la cordonnerie est 95.23Z avec pour intitulé Réparation de chaussures et d’articles en cuir et sa description dans la nomenclature d’activités françaises (de 2008) est :

  • Un cordonnier en pleine journée de travail dans les rues d'Aboisso, une ville située au Sud de la Côte d'Ivoire.
    la réparation de chaussures, de bagages et d’articles similaires ;
  • la pose de talons.

Anecdotes

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  • Proverbe : « Les cordonniers sont les plus mal chaussés » ou « Fils de cordonnier est le plus mal chaussé » : on est souvent mal pourvu des avantages qu'on est le plus à portée de se procurer par son état, par sa position.
  • Citation : « Croiriez-vous que cordonnier vienne de ce que ceux qui exercent cette profession donnent des cors avec leurs chaussures ? Je le fis, l'autre jour, croire à un bien honnête homme » - Voltaire à Costard[Qui ?]

Notes et références

  1. Michel Juignet, La chaussure, son histoire, ses légendes, son compagnonnage et ses cordonniers célèbres, éd. chez l'auteur, 1977, p. 19
  2. Lacroix, Paul (1806-1884) et Alphonse Duchesne (ill. Ferdinand Seré (1818-1855)), Histoire de la chaussure, depuis l'antiquité la plus reculée jusqu'à nos jours, suivie de l'histoire sérieuse et drôlatique des cordonniers et des artisans dont la profession se rattache à la cordonnerie, 1852. Contenant 250 gravures sur bois, Paris, Ed. Séré, , 271 p. (Consultable sur Gallica)
  3. Jean Pruvost, Les cordonniers sont les plus mal chaussés, Canal Académie, 4 novembre 2011
  4. Étapes pour la fabrication sur mesure d'un soulier.
  5. « Cordonnier / Cordonnière : études, diplômes, salaire, formation | CIDJ », sur www.cidj.com (consulté le )
  6. Outils en partie proposés par le catalogue Manufrance, 1957
  7. Définitions lexicographiques et étymologiques de « saint-crépin » (sens A et B) dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  8. La Botte Chantilly - Mise sur forme des chaussures - forçage

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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