Contraception

La contraception désigne l'emploi de moyens visant à empêcher qu'un rapport sexuel entraîne une grossesse. Elle est définie par l'Organisation mondiale de la santé comme étant « l'utilisation d’agents, de dispositifs, de méthodes ou de procédures pour diminuer la probabilité de conception ou l’éviter ».

Pilules contraceptives

Il existe plusieurs méthodes de contraception, d'action locale ou générale, à l'efficacité et aux contraintes variables. Parmi ces méthodes, le préservatif peut également être utilisé pour la prévention des infections sexuellement transmissibles.

Plus généralement, la contraception peut s'intégrer dans une stratégie de contrôle des naissances ou de planification familiale, à un niveau individuel ou collectif.

La contraception est souvent associée aux femmes, la majorité des solutions proposées (pilule, stérilet...) étant conçues pour elles. Il existe cependant des contraceptions masculines (contraception hormonale, thermique ou chirurgicale) qui restent moins connues.

Histoire

La contraception a été utilisée depuis la plus haute antiquité.

Le planning familial est du ressort du contrôle des naissances et de la contraception par l'information et la formation qu'il prodigue au sujet des méthodes de contraception.

En France, la légalisation sur la contraception est associée au droit des femmes. Pour la sociologue Cécile Thomé, « la pilule est devenue la contraception par défaut » et son développement a laissé de côté la contraception masculine[1]. L'association pour la recherche et le développement de la contraception masculine (Ardecom), fondée en 1979, cherche à changer les mentalités à ce sujet[1].

La fondation du Mouvement français pour le planning familial

Dès son lancement en 1960, la direction du Mouvement français pour le planning familial donne le feu vert pour l'importation et la vente des produits anticonceptionnels[2]. « En quelques années, constate Isabelle Friedmann dans son livre, le Planning familial a su créer un état de fait »[2]. Le mouvement compte 100 000 adhérents dès 1965. Dans les cent centres et permanences, 450 médecins prescrivent alors des contraceptifs illégaux[2].

Les résistances politiques : des projets de réforme avortés

À l’été 1962, la commission Prigent propose de réglementer la vente des contraceptifs, en interdisant la publicité, dans le respect de la jurisprudence, et de l'arrêt du 10 décembre 1965 de la Cour de Cassation, qui prohibe la vente des produits et objets anticonceptionnels, mais n’en interdit pas l’usage[2].

Mais la défiance à l’égard de la pilule se prolongera jusque dans les années 1970. Et s'affirme très tôt : le rapport de 1962 recommande, en conclusion, de l’exclure décret légalisant les contraceptifs féminins[2]. Les résistances à la « pilule » se manifestent de plus en plus, du coup, en mars 1965, un projet de décret prévoit d’autoriser la vente des contraceptifs chimiques (crèmes et gelées, inscrits au tableau A ou C), mais il est vite abandonné[2].

Le 27 octobre 1965, avant l'élection présidentielle française de 1965, le ministre de la santé Raymond Marcellin nomme une commission chargée d'étudier les effets éventuels d'absorption de produits anticonceptionnels ; c'est la « commission pilule » (comme elle est appelée par les journalistes), regroupant 14 professeurs de médecine et des spécialistes, pour étudier » les conséquences éventuelles sur la santé de l’absorption de produits anticonceptionnels ». Elle rend ses conclusions le 21 mars 1966 et ne voit aucune contre-indication médicale[2]. Il faut cependant attendre encore un an avant la loi Neuwirth de 1967.

Les résistances de l'Ordre des médecins

Le Conseil de l’Ordre des médecins n’a jamais fait mystère de ses résistances à la contraception[2]. Hostile aux initiatives du Mouvement Français pour le Planning Familial, il entretient le doute quant aux risques de cancer. Déçus, certains médecins refusent de payer leurs cotisations et forment le Groupe Information Santé (GIS)[2].

Les résistances de l'Église catholique

L'Église opère une timide ouverture par le discours aux sages-femmes italiennes du pape Pie XII qui a autorisé, en 1951, l'usage de la continence périodique durant la période féconde du cycle menstruel[3], mais au début des années 1960, le débat sur la contraception moderne a pris un tour nouveau au sein de l'Église catholique avec l'apparition de la pilule et de contraceptifs plus efficaces que la méthode Ogino-Knaus[3] : le sujet est retiré des discussions du Concile Vatican II (1962-1965) car jugé trop controversé[3].

En 1968, le Pape Paul VI suit la petite minorité, opposée à tout changement[3] et prend position contre la régulation des naissances et contre la pilule dans l'encyclique Humanæ vitæ[2], qui a marqué une rupture pour de nombreux catholiques[4], car étant ressentie comme une intrusion dans la vie intime du couple en raison du manque d'autonomie laissé à la conscience individuelle et du trop grand écart entre discours officiel et la pratique des croyants, en particulier sur la contraception[5]. Conséquence, la désaffection des fidèles, particulièrement chez les femmes opérant un "départ silencieux" de l'Église en Europe occidentale et en Amérique du Nord[6]. L'intervention du futur pape Jean-Paul II, alors archevêque de Cracovie, est décrite comme semblant avoir été déterminante dan la préparation de l'encyclique de 1968[3]. Le catéchisme de l'Église Catholique de 1992 promulguée par Jean-Paul II, dans le cadre général de la chasteté, soutient la méthode naturelle de régulation des naissances, mais rejette clairement la contraception[7]

La loi Neuwirth de 1967

La loi Neuwirth, adoptée par l'Assemblée nationale le 19 décembre 1967, autorise l’usage des contraceptifs, et notamment la contraception orale. Le gaulliste, Lucien Neuwirth, partisan de longue date de l'abrogation de la loi de 1920, mène un combat pour la libéralisation de la contraception malgré l'opposition de la majorité de droite. Il obtient d'être entendu par le général de Gaulle, qui l'ayant écouté une cinquantaine de minutes sans dire un mot, observe encore un long silence avant de répondre à son interlocuteur : « Vous avez raison, transmettre la vie, c'est important. Il faut que ce soit un acte lucide. Continuez ! »[8].

Les conséquences de la loi de 1967

À la fin de l’année 1969, selon le Service Central de la Pharmacie, environ 600 000 femmes prennent la pilule[2], ce qui représente 0,3 % des ventes de l’ensemble des produits pharmaceutiques, mais sous couvert d’indications thérapeutiques (elle ne peut pas être prescrite nommément comme contraceptif)[2]. Des cours d'éducation sexuelle ont déjà commencé dans les lycées, notamment, à Paris, au Lycée François- Villon[9]. La diffusion de la contraception orale est cependant très lente, alors que le rapprochement des trajectoires d’entrée dans la sexualité des hommes et des femmes, a été initiée dès les années 1960[10]. La période des années 1970 et 1980 ne sera pas celle de la plus grande baisse de l’âge au premier rapport chez les femmes, par exemple[10]. Cela s’est plutôt produit dans les années 1960, marquées par des records de conceptions pré-nuptiales. Du coup, la difficulté à appliquer la loi de 1967 est très mal ressentie. L'expression de « Libération sexuelle »[10] sera ainsi critiquée par le sociologue Michel Bozon, qui a interrogé des femmes de plus de cinquante-cinq ans, qui avaient pratiqué une sexualité peu protégée dans les années 1960, qui ont connu l’arrivée de la contraception orale quand elles avaient vingt-cinq/trente ans et évoquent à ce propos une « libération de la peur », une « libération de l’incertitude », la possibilité d’avoir une maîtrise du calendrier de leur vie, mais ne parlent pas en réalité de « libération sexuelle »[10] ! Selon lui, ce n’est pas la disponibilité de nouvelles techniques et de méthodes contraceptives qui a provoqué des changements dans les conduites sexuelles, mais au contraire des transformations de comportements, d’attitudes et d’aspirations qui expliquent la diffusion très rapide des nouvelles méthodes, mais seulement à partir du milieu des années 1970[10]. La liberté conférée par la contraception orale a d’ailleurs été critiquée très tôt par certaines féministes[10].

Le combat pour la liberté de l'avortement est perçu alors comme un moyen de sensibiliser l'opinion aux grossesses non-désirées et donc par ricochet aussi à la contraception, malgré les résistances de l'Église, du corps médical et d'une grande partie de la société. Du coup, quand les mouvements féministes se mobilisent au début des années 1970 autour de la lutte pour le droit à l'avortement, jugée prioritaire, c'est au détriment apparent du combat pour la contraception[2]. Le manifeste des « 343 salopes » déclarant avoir avorté, parait dans Le Nouvel Observateur du , suivi par le procès de Bobigny, où Gisèle Halimi défend en 1972 une jeune fille ayant avorté après un viol. C'est la période où le Planning familial écarte les médecins réformistes qui dirigent le mouvement et se lance dans la pratique des avortements clandestins[2].

De 1972 à 1974, la contraception se démocratise

Créé en 1972, les centres de planifications et d’éducation familiale (CPEF), ont pour mission, entre autres, de permettre aux mineurs un accès libre, gratuit et surtout anonyme à tous les types de contraceptifs.

En 1973, le gouvernement créé le Conseil supérieur de l'information sexuelle, de la régulation des naissances et de l’éducation familiale.

La tendance la plus à gauche gagne le congrès du Mouvement français pour le planning familial des 2 et 3 juin 1973 avec l'élection à la présidence de Simone Iff, cofondatrice et vice-présidente du Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception (MLAC), qui vient de se créer sur une ligne plus agressive.

Sur les 15 000 adhérentes recensées du MLAC, l'adhésion étant obligatoire pour bénéficier des services, l'analyse de 1 200 lettres a permis de tracer un portrait-robot où les femmes de milieu modeste dominent, la plupart ayant connu l’adresse par la presse nationale ou féminine (le magazine Marie-Claire est souvent cité avec Elle et Femme pratique). L'avortement est le combat le plus discuté[11]. Les mineures (moins de 21 ans) ne représentent que 11 % des demandes.

Le , le décret d'application de la loi de 1967 est enfin publié (il sera modifié par les décrets du 5 mai 1975), permettant une prescription plus libre. Le décret créé les Centres de planification et d'éducation familiale (CPEF), qui ont les mêmes missions que les EICCF (Établissements d'information, de consultation et de conseil familial) mais proposent, en plus, des consultations médicales et des prescriptions et surtout peuvent délivrer des contraceptifs gratuits aux mineur(e)s, et aux personnes ne bénéficiant pas de couverture social[2]. Alors que les E.I.C.C.F. sont gérés par des associations qui mettent toutes en avant les questions éducatives et préventives, souvent sur une approche non-médicale, les C.P.E.F. sont mis en place aussi par des collectivités locales et des hôpitaux[12].

Cependant, l’âge au premier rapport est resté sensiblement identique pour les hommes entre l’enquête du Docteur Pierre Simon de 1970 et l'enquête "Analyse des comportements sexuels en France" (ACSF) de 1992[10], mais il s’est abaissé pour les femmes[10]. Le professeur Bozon remarquera qu'après les années 1990, la régulation sociale de la sexualité juvénile se fera de plus par les pairs, ce qui n’est pas précisément une dérégulation sociale car le contrôle exercé par ces derniers est extrêmement pesant[10].

Méthodes

Préservatif masculin.
Dispositifs intra-utérins.

Plusieurs méthodes de contraception sont utilisées. Elles peuvent se décliner en plusieurs catégories selon qu'elles agissent par voie locale ou générale, ou selon leur mode d'action mécanique ou chimique, ou encore selon leur durée d'emploi. Pour la plupart, ces méthodes concernent essentiellement la femme.

Dispositifs à action locale

Les dispositifs de contraception à action locale interviennent au niveau du vagin ou de l'utérus.

Au niveau du vagin

Les dispositifs agissant au niveau du vagin sont utilisés ponctuellement pour un rapport sexuel. Ce sont le préservatif masculin ou féminin, le spermicide, le diaphragme et la cape cervicale. En dehors du spermicide, ils ont une action purement mécanique. Le préservatif et le spermicide sont à usage unique, tandis que le diaphragme et la cape cervicale sont réutilisables pendant plusieurs années.

Au niveau de l'utérus

Les dispositifs agissant au niveau de l'utérus sont appelés dispositifs intra-utérins ou stérilets. Ils peuvent être en cuivre ou hormonaux. Le cuivre a un effet spermicide tandis que les hormones obéissent au même principe que la pilule ou les patchs avec un effet anti-ovulatoire. Ils sont maintenus en place entre 4 et 10 ans selon le modèle. Ils peuvent avoir une action abortive[13]. En effet si le cuivre ou le dispositif hormonal peuvent empêcher la fécondation, le stérilet empêche la nidation de l'embryon dans l'utérus entraînant une fausse couche précoce. De ce fait, de nombreux gynécologues ne classent pas les stérilets dans les méthodes contraceptives.

Méthodes médicales par voie générale

Anneau vaginal.

Les méthodes de contraception médicale par voie générale sont des médicaments, dont la majorité ne concernent que la femme. Il existe cependant des solutions pour les hommes, assez confidentielles.

La contraception féminine par voie générale utilise des substances à activité hormonale de type œstrogène ou progestatif. Elles peuvent être administrés par voie orale (pilule, de type œstroprogestatif ou progestatif), cutanée (timbre, de type œstroprogestatif), sous-cutanée (implant, de type progestatif), intramusculaire (injection, de type progestatif), ou génitale (anneau vaginal, de type œstroprogestatif). Leur durée d'action est variable ; la prise est quotidienne pour la forme orale, le changement est hebdomadaire pour le timbre et mensuel pour l'anneau, l'administration est trimestrielle pour l'injection et la durée de vie est de 3 ans pour l'implant. La contraception hormonale met en œuvre trois mécanismes : elle bloque l'ovulation, épaissit la glaire cervicale, c'est-à-dire qu'elle empêche le passage des spermatozoïdes, et réduit l'épaisseur de l'endomètre (la paroi intérieure de l'utérus), ce qui fait obstacle à la nidation de l’embryon[14],[15],[16].

La contraception hormonale masculine utilise majoritairement des injections intramusculaires hebdomadaires de testostérone. Inventé dans les années 1970[1], le traitement est toujours au stade de recherche clinique[17] et ne doit donc pas excéder 18 mois[18].Elle se base sur un traitement hormonal progestatif à de la testostérone. Le procédé mis au point en 1978 et testé dans les années 1990 se basait sur des injections d'hormones au quotidien ainsi qu'à l'application d'un gel[1]. Cette contraception aurait pour effet d'augmenter la prise de muscle et la libido[1].

Contraception définitive: Méthodes chirurgicales

La chirurgie de stérilisation contraceptive vise à créer un obstacle physique interdisant la rencontre des gamètes avec l'ovule. Ces méthodes relèvent de la chirurgie ambulatoire.

Chez la femme, elle peut se faire par voie laparoscopique (ligature des trompes) ou hystéroscopique (méthode Essure), dans ce cas l'anesthésie n'est pas indispensable. Elle est a priori définitive et doit être présentée comme telle dans les recommandations françaises: il est possible au prix d'une intervention lourde et coûteuse de restaurer la perméabilité des trompes ; ce type de chirurgie a toutefois un taux de réussite plutôt faible, et même après réparation, les possibilités d'obtenir une grossesse ne concernent qu'une minorité de cas. Le recour à la Fécondation in vitro est théoriquement possible[19].

Chez l'homme, elle se fait par voie scrotale le plus souvent sous anesthésie locale. La méthode habituelle est la ligature des canaux déférents, appelée vasectomie. Elle est utilisée par les hommes de manière variable dans le monde : 14 % en Chine, 13 % aux États-Unis, 21 % en Grande-Bretagne, quelques centaines de personnes en France[20]. Elle est réversible dans 80 % des cas, avec un taux de grossesse de 50%. Dans certains cas la mise en banque de sperme est proposée préalablement à l'intervention.[20].

Méthodes d'observation du cycle

Cycle menstruel.

Les méthodes naturelles de contraception sont des méthodes n'utilisant pas d'éléments extérieurs au couple (préservatif, hormones...) pour réguler la fertilité. Cet ensemble disparate est formé de méthodes d'observation, permettant de déterminer les phases fertiles et infertiles du cycle. Y sont adjointes d'autres méthodes, considérée comme peu fiables, comme la méthode du calendrier dite « Ogino » ou celle des rapports sexuels incomplets (coït interrompu ou « retrait »).

Concernant le cycle menstruel, il peut être surveillé de plusieurs manières. Les signes cliniques à observer sont les menstruations, la température corporelle, l'aspect de la glaire cervicale, et les modifications du col de l'utérus. Ainsi, il existe la méthode des températures, la méthode Billings, ou encore la méthode symptothermique. Il est aussi possible de mesurer le taux d'hormones dans les urines ou dans le sang.

L'aménorrhée lactationnelle (aussi appelée MAMA) procure un effet contraceptif sous plusieurs conditions : l'allaitement doit être exclusif, débuté rapidement après un accouchement, et d'un rythme élevé, tout en s'assurant de l'absence de retour de couches, pour une durée maximale de six mois.

Toutes ces méthodes n'ont pas la même efficacité : il est important de distinguer les méthodes d'observation de la fertilité (MOF) des techniques peu fiables comme le retrait ou la méthode Ogino. La méthode symptothermique a un taux d'échec de 0,4 %, la méthode Billings de 0,5 %. Par comparaison, le taux d'échec de la pilule est de 0,3 %. A l'inverse, les méthodes Ogino ou celle du retrait sont déconseillées pour des raisons d’efficacité (pour la méthode du retrait, indice de Pearl de 4 % et taux d'échec effectif aux États-Unis de 22%[21]). Pourtant, les résultats de ces méthodes ne sont pas toujours différenciés dans les études, ce qui participe à la mauvaise réputations des méthodes d'observation[21],[22].

Méthodes masculines

La spermatogenèse est thermodépendante. Elle ne se fait qu'à une température de l'ordre de 35 °C, bien inférieure à celle du reste du corps généralement 37 °C. Depuis l'antiquité l'effet de la chaleur sur la fertilité masculine est connu. De nombreuses études scientifiques ont démontré l'efficacité et la réversibilité de l'utilisation de la chaleur comme méthode de contraception masculine thermique sous certaines conditions[23]. Il est à noter qu'actuellement quelques hommes la pratiquent quotidiennement en France à l'aide de la cryptorchidie artificielle[24],[25].

Depuis 2007, il a été défini le seuil contraceptif masculin. Que ce soit pour une méthode thermique ou hormonale, il est de 1 million de spermatozoïdes/millilitre par éjaculat[26],[23],[27].

À ce jour la cryptorchidie artificielle ou contraception masculine thermique par remontée testiculaire à l'aide de port d'un dispositif, a été testée sur assez de volontaires pour établir que l'efficacité de la contraception masculine thermique est satisfaisante[23]. En effet, sur les 50 couples suivis durant 537 cycles de grossesse, une seule a été constatée à la suite d'une mauvaise utilisation de la technique[23]. L'indice de Pearl serait donc inférieur à 0,5 et cette contraception peut être considérée comme efficace selon les normes de l'OMS.

Après un rapport

Après un rapport sexuel réalisé en l'absence totale ou partielle de contraception, il est possible d'utiliser chez la femme, le plus tôt possible, une contraception dite « d'urgence ». Il existe trois moyens : deux médicaments, un progestatif (pilule du lendemain) et un modulateur de récepteur de la progestérone (pilule du surlendemain), et le dispositif intra-utérin au cuivre. Bien évidemment, ce recours ne peut pas systématiquement remplacer la contraception usuelle. Leur efficacité est variable et dépend entre autres de l'intervalle entre le rapport sexuel et l'utilisation du moyen ou de certaines caractéristiques de la femme comme son poids[28].

La contraception d'urgence fonctionne grâce aux trois mécanismes contraceptifs de la contraception hormonale : elle bloque l'ovulation, épaissit la glaire cervicale, c'est-à-dire qu'elle empêche le passage des spermatozoïdes, et réduit l'épaisseur de l'endomètre (la paroi intérieure de l'utérus), ce qui fait obstacle à la nidation de l’embryon[29],[30].

Rôles

Effet contraceptif

La mesure de l'efficacité d'une méthode de contraception s'établit en mesurant le taux de survenue de grossesse dans une population. On utilise l'indice de Pearl qui est une estimation du risque de grossesse annuel. Selon l'OMS, on estime qu'une contraception est « très efficace » si ce taux est inférieur à 1 (1 % de risque de grossesse par an), « efficace » s'il est entre 1 et 10, et « modérément efficace » s'il est entre 10 et 25[31]. De plus, on doit distinguer l'efficacité dans le cadre d'une utilisation dite « correcte » (ou théorique) et dans le cadre d'une utilisation dite « courante » (ou pratique).

Implant contraceptif

En utilisation correcte, on comptabilise les grossesses uniquement lorsque l'utilisation de la contraception est optimale. Les méthodes très efficaces sont les médicaments (quel que soit leur mode d'administration), les dispositifs intra-utérins, la stérilisation et l'aménorrhée lactationnelle[31]. Les méthodes efficaces sont les méthodes barrières telles que les préservatifs ou le diaphragme (associé au spermicide), le retrait et les méthodes basées sur l'observation du cycle[31]. Les méthodes modérément efficaces sont la cape cervicale et le spermicide utilisé seul[31].

En utilisation courante, on comptabilise toutes les grossesses, que l'utilisation de la contraception soit optimale ou non. L'efficacité mesurée est donc globalement moindre, mais probablement plus proche de la réalité. Les méthodes très efficaces sont l'implant, la stérilisation et les dispositifs intra-utérins[31]. Les méthodes efficaces sont l'aménorrhée lactationnelle et les autres médicaments (en injection, en pilule, en timbre ou en anneau vaginal)[31]. Les méthodes modérément efficaces sont les méthodes barrières telles que les préservatifs ou le diaphragme (associé au spermicide), le retrait et les méthodes basées sur l'observation du cycle[31]. Les méthodes moins efficaces sont la cape cervicale et le spermicide utilisé seul[31].

En France, l'efficacité contraceptive de certaines méthodes a pu être mesurée en utilisation courante ; parmi celles-ci, les méthodes efficaces sont le dispositif intra-utérin, la pilule, le préservatif masculin et les méthodes basées sur l'observation du cycle ; les méthodes modérément efficaces sont le retrait et le spermicide utilisé seul[32]. Les autres méthodes n'ont pas été évaluées spécifiquement en France.

Prévention des infections sexuellement transmissibles

Parmi les méthodes contraceptives, le préservatif masculin est le seul moyen démontré efficace pour lutter contre la transmission des infections sexuellement transmissibles, comme le SIDA ou la gonorrhée[33],[34],[35]. Concernant le préservatif féminin, une protection similaire est suggérée[36].

Législations et pratiques

Législation

En France, la contraception non chirurgicale est légale depuis la loi Neuwirth de 1967[37] ; il en est de même pour la stérilisation contraceptive depuis la loi Aubry de 2001[38]. Concernant les personnes mineures, seule la stérilisation est interdite, tandis que les autres méthodes contraceptives ne sont pas soumises à l'autorité parentale ; c'est le cas depuis la même loi de 2001[38].

La contraception est accessible à la prise en charge par l'assurance maladie depuis 1974[39]. En 2013, la part de remboursement s'élève à : 80 % pour la stérilisation ; 65 % pour certaines pilules, l'implant, l'injection et le dispositif intra-utérin ; et moins de 10 % pour le diaphragme[40]. Les préservatifs, la cape cervicale, le spermicide, certaines pilules, le timbre et l'anneau vaginal ne sont pas remboursés[40].

Depuis le 1er juillet 2016[41], la contraception des mineures de plus de 15 ans est facilitée par l'accès gratuit à certains examens médicaux préalables à la prescription d'une contraception et à la prise en charge à 100 % de certains moyens de contraception. Les mineures de plus de 15 ans peuvent bénéficier si elles le souhaitent d'une prise en charge anonyme, leurs consultations et obtention de conteptifs n'étant pas mentionnée sur les relevés de remboursement de leurs parents, lorsqu'elles ont encore la qualité d'ayant droit.

Pratiques

Selon une enquête de l'INSERM et de l'INED en 2010, les femmes ne souhaitant pas de grossesse étaient environ 45 % à utiliser la pilule seule, 21 % le stérilet, 12 % le préservatif seul, 4,6 % la pilule et le préservatif, 4,0 % une autre méthode hormonale (2,6 % l'implant, 1,0 % l'anneau vaginal et 0,4 % le patch), 4,2 % la stérilisation (dont 3,9 % féminine), 6,2 % une autre méthode (retrait, méthode des températures)[42]. Selon la même enquête, les femmes ne souhaitant pas de grossesse étaient 3,1 % à ne pas utiliser de contraception[42].

Pratiques

Variation du taux de recours à la contraception chez la femme dans le monde (hors méthodes naturelles).

Dans le monde, selon une estimation de l'ONU en 2012, la proportion de femmes en couple utilisant un moyen de contraception serait environ de 64 %, avec 71 % des femmes des pays développés, 62 % des femmes des pays en développement et 37 % des femmes des pays les moins avancés[43]. Selon la même estimation, la proportion de femmes en couple n'utilisant pas de contraception alors qu'elles ne souhaitent pas de grossesse serait environ de 12 % dans le monde, avec une proportion respective de 9 % dans les pays développés, 13 % dans les pays en développement et 23 % dans les pays les moins avancés[43].

Selon une estimation de l'ONU de 2009, les femmes en couple seraient 63 % à utiliser une contraception, avec 21,3 % la stérilisation (18,9 % féminine), 14,3 % le dispositif intra-utérin, 12,6 un médicament (8,8 % la pilule, 3,5 % l'injection, 0,3 % l'implant), 7,8 % un dispositif barrière (7,6 % le préservatif masculin), 3,1 % le retrait, 2,9 % l'abstinence périodique et 0,6 % une autre méthode[44].

Selon la même estimation de l'ONU, l'utilisation varie grandement entre les pays ; la fréquence absolue d'utilisation la plus élevée parmi les femmes en couple seraient la République dominicaine pour la stérilisation féminine (47 % en 2007), le Canada pour la stérilisation masculine (22 % en 2002), le Portugal pour la pilule (59 % en 2006), l'Indonésie pour l'injection (32 % en 2007), l'Ouzbékistan pour le dispositif intra-utérin (50 % en 2006), le Japon pour le préservatif masculin (41 % en 2005), l'Albanie pour le retrait (58 % en 2009) et la Pologne pour l'abstinence périodique (28 % en 1991)[44]. Ces estimations sont évidemment indicatives, vu que le recueil de données est variable d'un pays à l'autre, et que certaines données peuvent être anciennes ou manquer.

Notes et références

  1. « Contraception masculine : pourquoi les hommes ne s'y collent-ils pas ? », Marianne, (lire en ligne, consulté le )
  2. "Les espoirs déçus de la loi Neuwirth", par Sophie Chauveau, dans la revue Femmes, Genre, Histoire, 2003
  3. "Rome et la contraception. Histoire secrète de l'encyclique Humanae Vitae", par Robert McClory, compte-rendu dans la revue Population de 1999
  4. Danielle Hervieu-Léger, Catholicisme : la fin d'un monde, éd. Bayard, 2003
  5. Pierre de Charentenay s.j., directeur de la revue Étvdes, Humanae Vitae, ou le non à la pilule, 25/07/2008, article en ligne
  6. Interview de Danielle Hervieu-Légerpar Henri Tincq, in Chrétiens d'aujourd'hui, en ligne
  7. Catéchisme de l'Église catholique, Paris, Mame-Plon, Numéro 2370
  8. Assemblée Nationale, « Lucien Neuwirth - Base de données des députés français depuis 1789 - Assemblée nationale », sur www2.assemblee-nationale.fr (consulté le ).
  9. Selon L'Express, article publié en 1969.
  10. Patrick Simon, « Révolution sexuelle ou individualisation de la sexualité ? », Mouvements, vol. 2, no 20, , p. 15-22 (DOI 10.3917/mouv.020.0015, lire en ligne, consulté le )
  11. "Histoire(s) du MLAC (1973-1975)", par Michelle Zancarini-Fournel, dans la revue Femmes, Genre, Histoire, 2003 [Histoire(s) du MLAC (1973-1975)]
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