Terra Australis

Terra Australis (aussi : Terra Australis Incognita, latin pour « la terre australe inconnue ») était un continent imaginaire, apparaissant sur les cartes européennes entre le XVe et le XVIIIe siècle.

Terra Australis sur la carte d'Oronce Finé, 1531.
La mappemonde Dauphin (vers 1547) avec représentation de la côte occidentale de l'Australie[1]. Carte dressée par l'école de cartographie de Dieppe
Globe terrestre de Jacques de Vau de Claye représentant une Terre australle (1583)

Terra Australis a été introduite par Aristote. L'idée d'Aristote a été développée plus tard par Ptolémée, un cartographe grec du Ier siècle, qui pensait que l'océan Indien était ceint par des terres méridionales.

À la Renaissance, quand Ptolémée ne fut plus la seule source d'information pour les cartographes européens, la Terra Australis commençait à apparaître sur les cartes marines et portulans. Bien que des voyages d'exploration aient parfois réduit le secteur où le continent aurait pu être trouvé, les cartographes continuèrent à le dessiner sur leurs cartes et les scientifiques plaidaient pour son existence, en affirmant par exemple qu'il devrait y avoir de grandes masses continentales dans le sud comme contrepoids aux grandes masses continentales connues dans l'hémisphère nord. Souvent cette terre était représentée comme un continent autour du pôle Sud, mais beaucoup plus grand que l'Antarctique tel que l'on le connaît aujourd'hui, débordant loin au nord et plus particulièrement dans le Pacifique.

Les cartographes, de la célèbre École de cartographie de Dieppe, représentèrent, grâce aux informations données par les navigateurs portugais, dès le milieu du XVIe siècle, une Terra Australis dont un promontoire portait le nom de La Grande Jave ou Terre de Lucac. Cette « Grande Jave » semble reprendre les contours de l'Australie.

En 1515, le cartographe et géographe allemand Johann Schöner réalisa une mappemonde montrant un continent au sud du détroit de Magellan qu'il nomme Brasilia inferior. Cette grande terre reprend les contours de l'Australie, mais placée près de l'espace géographique de l'Antarctique. Il reprend ce travail qu'il approfondit dans une nouvelle mappemonde en 1520. Cette Terra Australis est située de part et d'autre du détroit de Magellan. Cet emplacement géographique correspondrait plus à celui du continent Antarctique, mais les contours rappellent ceux du continent australien, tout comme la végétation (arbres) dessinée sur cette terre. Reste à comprendre comment Johann Schöner et les autres géographes européens de ce début du XVIe siècle ont eu connaissance de l'existence de cette Terra australis. Selon les hypothèses de Gavin Menzies, une flotte chinoise importante, commandée par Zheng He, aurait abordé les côtes australiennes au début du XVe siècle. Cette hypothèse de la circumnavigation chinoise serait à la base des connaissances géographiques transmises par les Chinois eux-mêmes. La circumnavigation planétaire était émise par les Chinois dès le XIIIe siècle et connue des voyageurs et commerçants arabes et européens, tel que Marco Polo ou Jean de Mandeville.

En 1570, Abraham Ortelius réalisa une mappemonde (Theatrum Orbis Terrarum) représentant une Terra Australis nondum cognita aux contours reprenant ceux de l'Antarctique et ceux de l'Australie.

En 1583, Jacques de Vau de Claye réalisa un globe terrestre représentant une Terre Australle alliant à la fois l'Australie avec l'Antarctique.

En 1587, la Terra Australis est le vaste continent suggéré en bas du planisphère dessiné par Rumold Mercator d'après une carte de son père Gerardus Mercator. Les limites géographiques de cette immense continent reprend celles de l'Antarctique liées à celles de l'Australie.

En 1605, le navigateur portugais Pedro Fernández de Quirós organisa une expédition au départ du Pérou pour prendre possession de la Terra Australis au nom de la couronne espagnole. Il pensait avoir trouvé le continent en accostant sur une île qu'il baptisa « Austrialia del Espiritu Santo ». Au milieu du XVIIe siècle, la Nouvelle-Zélande, premièrement observée par un Européen (Abel Tasman) en 1642, était considérée comme faisant partie de ce continent, tout comme l'Australie[2].

En 1627, Johannes Kepler réalise une mappemonde dans son ouvrage Tabulae Rudolphinae. Une Terra australis incognita reliant l'Antarctique et l'Australie apparait dans l'hémisphère sud.

L'idée de la Terra Australis est finalement corrigée par Matthew Flinders et James Cook à la fin du XVIIIe siècle. Cook fit en effet le tour de la Nouvelle-Zélande, montrant qu'elle ne pouvait pas faire partie d'un continent. Dans son second voyage, il fit le tour de la Terre à de très hautes latitudes Sud, traversant parfois même le cercle polaire, montrant ainsi que s'il y avait la possibilité d'un tel continent méridional, celui-ci devait être situé dans les régions polaires et qu'il ne pouvait y avoir d'extension dans les régions au climat tempéré, comme cela avait été imaginé précédemment.

Annexes

Articles connexes

Références

  • Portail de la géographie
  • Portail de l’exploration
  • Portail de la cartographie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.