Connexion (danse)

Le guidage et le suivage est accompli à l'aide de la connexion entre les danseurs et de leur cadre. Le cadre permet au leader de transmettre des mouvements de corps au follower et donne au follower un support d'improvisation ou de styling[13]. Un cadre est une combinaison structurelle stable des deux corps maintenue au travers des bras et/ou des jambes des danseurs.

Dans de nombreux genres de danses de couple, les tensions et les compressions du guidage au travers de la connexion ne sont pas des signaux pour des mouvements à venir immédiats. Les danseurs ne bougent pas toujours simultanément. Il y a un léger décalage temporel entre l'indication du leader et la réponse du follower. Le follower ne doit pas se déplacer avant que le leader ait amorcé son mouvement. Jusqu'à l'instant ou le leader amorce son mouvement, les danseurs doivent maintenir la pression de leur connexion sans bouger les parties du corps en jeu.

L'un des buts de la connexion est de permettre le transfert d'information entre les danseurs. Par exemple, le leader peut indiquer à sa partenaire quels pas ou quelle figure il souhaite qu'elle fasse. A travers la connexion, les danseurs vont également indiquer à leur partenaire leur niveau de danse, consciemment ou non. Cela peut par exemple permettre à des danseurs confirmés d'adapter leurs efforts et leurs attentes à leur partenaire. Un danseur expérimenté réduira peut-être ses attentes ou l'énergie de ses mouvements s'il danse avec un partenaire débutant, ou redoublera d'efforts et essaiera de pousser ses limites s'il danse avec un partenaire du même niveau ou plus élevé[2].

Dans certaines danses, comme par exemple dans les danses de salon sportives de sytle latin (rumba, cha-cha-cha, samba, etc.), les tensions et connexions de la connexion sont principalement utilisées pour véhiculer des indications concernant une figure à venir. Les danseurs maintiennent leur cadre et, en général, le leader indique au follower les figures par des tensions et compressions de courtes durées sans exercer beaucoup de force.

Dans les danses telles que le west coast swing et certains styles de lindy hop, la connexion sert toujours pour transmettre les informations entre les partenaires, mais la transmission d'énergie prend un rôle plus important et les tensions et compressions peuvent être beaucoup plus fortes et maintenues sur de nombreux temps. La tension peut parfois devenir très forte sans pour autant amorcer le mouvement. Ces transfers d'énergie sont particulièrement importants pour les changements de direction brusques et les danses qui en contiennent beaucoup.

Le plus souvent, le terme connexion utilisé en danse fait référence à ce type de connexion, la connexion physique. Ce type de connexion peut être séparé en deux sous-types, différant dans la position des danseurs et par les parties du corps en contact.

En position fermée (cadre fermé) avec contact corporel, la connexion est établie en maintenant le cadre. Les danseurs sont en contact avec un partie de leur corps autre d'un membre. Ce type de connexion est utilisé par exemple dans toutes les danses de salon sportives standards de style international.

Lorsque le cadre est créé, la tension est le moyen principal pour établir la communication. Dans ce type de connexion, le leader guide sa partenaire principalement en déplaçant son tronc, et très peu ou pas du tout avec les bras. Des changements de tension sont accomplis pour créer des variations de rythme dans les figures et les mouvements, et ils sont communiqués au travers des points de contact[14]. Le follower se déplace pour suivre le leader en maintenant la pression entre les corps ainsi que la position de son corps.

En danses de salon standard, les danseurs dans cette position ont pour but de danser comme si le couple n'avait qu'un seul corps. Le contact est tellement étroit que le follower peut réagir presque instantanément aux mouvements de son partenaire, ce qui participe à l'illusion que les deux partenaires bougent comme un seul corps.

Dans une position ouverte (cadre ouvert) ou une connexion fermée sans contact avec le corps, les mains et les bras donnent seuls la connexion, qui peut être en tension, en compression ou neutre.

• En tension, les danseurs tirent en s'éloignant de leur partenaire et exercent une force égale et opposée à celle de celui-ci. Les bras ne sont pas seuls à l'origine de cette force: ils sont souvent assistés par des tensions musculaires dans le tronc au travers de la masse corporelle ou par l'élan.
• En compression, les danseurs poussent l'un vers l'autre.
• En position neutre, les mains n'exercent pas plus de force que celle requise pour se tenir la main.

La connexion au travers des bras des danseurs doit être claire et permettre des changements rapides de direction tout en restant continue et en évitant les à-coups. Les danseurs doivent garder leurs bras dans un juste milieu entre rigidité et mollesse[15].

D'autres formes de communication, comme des signaux visuels ou parlés, aident parfois à se connecter à son partenaire. Ces alternatives ne sont cependant utilisées que dans des situations particulières telles que lors d'entraînements ou lorsque les figures de danse sont intentionnellement dansées de manière séparée (en l'absence totale de contact physique).

Les danseurs étant humains, des aspects psychologiques et sociologiques entrent en jeu entre les partenaires de danse. De bons danseurs font preuve d'empathie envers leur partenaire afin d'améliorer l'expérience de celui- ou celle-ci. Une connexion empathique peut provenir d'un leader avec un guidage clair et confortable, d'un follower conciliant ou compatissant ou encore d'un sourire bienveillant en réaction à une erreur. La connexion est idéalement un dialogue: le leader reste conscient des choix d'interprétation et d'innovation du follower et de la rigidité de la connexion physique. Les deux danseurs s'adaptent l'un à l'autre et ajustent constamment leurs mouvements pour maintenir l'harmonie du couple[2]. Des études ont aussi montré que la danse renforce les liens sociaux, en partie par la synchronicité des mouvements des danseurs, et peut aussi être utilisée dans certaines thérapies[16].

« Un danseur technique mais sans musicalité sera comme une peinture sans couleur. À choisir, je préfère regarder un danseur musical mais peu souple et avec des pieds moins jolis. »

— Lorena Feijóo, danseuse étoile[17]

Dans le contexte de la danse, la musicalité est la capacité d'écouter, d'interpréter et de danser sur la musique[18]. La musique peut influencer, dans une certaine mesure, les actions des danseurs[13]^,[19]. Lorsqu'il est maitrisé par les deux danseurs, le concept de la musicalité peut aussi être considéré comme une forme de connexion mentale entre les partenaires, mais le guidage et par conséquent la connexion physique y joue également un rôle important.

La musicalité est plus importante dans les danses dans lesquelles les différentes figures ont souvent des durées différentes (nommées ici asymétriques) telles que les danses swing (west coast swing, rock, etc.) ou le discofox. Ces danses se contrastent aux danses dont la majorité des figures se danse sur le même nombre de temps que la phrase musicale (appelées ici danses symétriques), souvent toutes les deux d'une durée de huit temps[20], telles que la salsa et les danses de salon sportives standards.

La base de la musicalité d'un danseur, applicable à la fois aux danses symétriques et asymétriques, est la capacité de rester dans les temps de la musique. Chacun des danseurs doit être capable de transférer le poids de son corps en rythme avec la musique et dans les conventions de leur danse. La capacité de sentir, consciemment ou inconsciemment, les temps de la musique est pour cela nécessaire. Pour le leader, la capacité de compter les temps est importante pour pouvoir guider des figures en rythme et pour initier la danse elle-même. Des compétences plus avancés de la musicalité, plus importantes dans les danses asymétriques, sont par exemple la capacité d'adapter ses mouvements à la musique, en adaptant les figures ou le rythme de ses pas, la capacité d'aligner ses figures aux phrases musicales ou encore la capacité de marquer les éléments clefs de la musique tels que les breaks ou les ponts par des changements de style ou de courtes interruptions[17]^,[21].

La règle générale pour les connexions ouvertes est que les déplacements des mains du leader vers la gauche, la droite, l'avant ou l'arrière proviennent de déplacements du corps tout entier. Ainsi, pour le follower, un déplacement de la main connectée est immédiatement transformé en le mouvement correspondant du corps. Tendre et raidir les muscles et bloquer les bras accomplit cet effet mais n'est ni confortable ni correct. De telles tensions éliminent les éléments subtils de la connexion et entravent les mouvements libres vers le haut ou vers le bas nécessaire pour initier de nombreux tours et pivots.

Au lieu de raidir les bras, la connexion est réalisée en utilisant l'épaule, le haut du corps et les muscles du torse. Les mouvements sont générés depuis le centre du tronc (en anglais, core). Un leader guide en se déplaçant lui-même tout en maintenant le cadre et la connexion. Différentes formes de danse et différents mouvements dans chaque danse peuvent nécessiter différents types de connexion. Dans certaines danses, la distance de séparation entre les danseurs reste plus ou moins constante. Dans d'autres, tel que le west coast swing, les rapprochements et les éloignements sont fondamentaux à la danse et nécessitent des flexions et des extensions des bras en alternant compression et tension. La sensation de la connexion entre les partenaires et différente dans chaque danse et avec chaque partenaire. Les bons danseurs sociaux s'adaptent aux conventions de la danse et aux réactions de leurs partenaires.

Une bonne connection n'est ni trop tendue, ni trop molle. La connexion doit être légère et confortable avec un contact physique minimal. Les danseurs sont en contact avec la paume ou juste le bout des doigts, en faisant par exemple un crochet avec les doigts. La pression exercée par les deux danseurs doit être identique et continue. Le follower ne doit pas s'aggriper au leader car ce dernier doit pouvoir changer la connexion à tout moment. Le leader doit adapter son guidage aux réponses du follower et guider de manière claire sans forcer les mouvements[15].

Lorsque les danseurs sont en contact avec le tronc, comme dans les danses de salon standards, la connexion est très différente de la connexion en position ouverte. Dans cette position, les danseurs sont en contact du côté droit de leur corps, depuis le haut des cuisses jusqu'au milieu du torse[22]. Ce contact corporel étroit est essentiel. Dans cette situation, le leader dirige toujours depuis le centre du tronc (core), comme dans la position ouverte, mais l'information est directement transmise au tronc du follower sans passer par les épaules, les bras et les mains. Le guidage n'est plus effectué avec les bras. Les deux danseurs doivent donner l'impression de se déplacer comme un seul corps. Pour éviter de se séparer, les deux danseurs poussent légèrement l'un vers l'autre afin de maintenair une compression. Cela implique que le danseur se déplaçant vers l'arrière doit retenir l'autre danseur, il doit reculer tout en maintenant le poids vers l'avant[23]. Cette connexion étroite est aussi essentielle pour effectuer des mouvements rapides simultanés, tels que des sauts en quickstep ou des tours rapides en valse viennoise. En valse anglaise, les danseurs doivent effectuer ensemble un mouvement d'ondulation selon l'axe vertical.

La nécessité d'un contact corporel étroit peut être intolérable ou très contraignant pour certains danseurs. Il est possible de danser des danses qui devraient avoir un contact étroit sans se toucher le corps, mais la danse n'est pas techniquement dansée correctement. Elle devient moins régulière, moins fluide et certaines figures deviennent beaucoup plus difficiles. L'absence de contact corporel est aussi courant chez des danseurs débutants qui n'en réalisent pas toujours l'importance ou ont pris l'habitude de diriger ou d'être dirigé au travers des bras.