Conflit kurde en Turquie

Le conflit kurde en Turquie[6] a lieu au Kurdistan turc depuis 1984. La question kurde, née principalement à la fin de la Première Guerre mondiale et de la chute de l'Empire ottoman, agite la vie géopolitique du pays depuis la naissance de la République turque en 1923.

Conflit kurde en Turquie
Combattantes du PKK en 2014.
Informations générales
Date Depuis
(37 ans et 1 mois)
Lieu Turquie, Kurdistan irakien
Issue En cours
Belligérants
Turquie













Loups gris
PKK
  • HPG
  • YJA-STAR
  • YDG-H
  • YPS

TAK
PDK Bakur
PŞK
KKP (en)
MLKP
DHKP-C
TKP/ML


PIK
Mouvement islamique du Kurdistan (en)
Commandants
Kenan Evren
Turgut Özal
Süleyman Demirel
Ahmet Necdet Sezer
Abdullah Gül
Recep Tayyip Erdoğan
Abdullah Öcalan
Cemil Bayik
Forces en présence
Forces armées turques :
500 000 à 816 000
(selon les périodes)

Gardes de village :
45 000
(en 2013)
PKK :
5 000
(en 2013 selon la Turquie)[1]
Pertes
6 653 morts
13 327 blessés
(de 1984 à 2010, selon la Turquie)

335 morts
(de juillet 2015 à mars 2016, selon la Turquie)[2]

6 353 morts
(de juillet 2015 au 23 juillet 2017, selon le PKK)[3],[4]

327 morts au moins
(de janvier 2011 à juin 2015) selon l'International Crisis Group[5]

927 morts
(du 20 juillet 2015 au 24 mai 2017) selon l'International Crisis Group[5]
29 639 morts
9 000 prisonniers
(de 1984 à 2010, selon la Turquie)

1 116 morts
(du 24 juillet 2015 au 23 juillet 2017, selon le PKK)[4]

5 000 morts
(de juillet 2015 à mars 2016, selon la Turquie)[2]

558 morts au moins
(de janvier 2011 à juin 2015) selon l'International Crisis Group[5]

1 257 morts au moins
(du 20 juillet 2015 au 24 mai 2017) selon l'International Crisis Group[5]
Civils :
153 morts au moins (de janvier 2011 à juin 2015) selon l'International Crisis Group[5]

395 morts au moins (du 20 juillet 2015 au 24 mai 2017) selon l'International Crisis Group[5]

Total :
44 000 morts au moins

Conflit kurde en Turquie

Arrière-plan

Zones de peuplement kurde.

Les Kurdes représentent une importante minorité en Turquie, 20 % de la population, mais le kémalisme menace depuis la création de l'État turc l'identité kurde notamment par le déni total de son existence, l'interdiction de la langue kurde ou les répressions permanentes par l'armée turque[7].

En 1978, Abdullah Öcalan fonde le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), union du nationalisme kurde et du marxisme-léninisme. Voulant passer à l'action armée, ses membres subissent la répression qui suit le coup d'État du 12 septembre 1980.

Historique du conflit

De 1984 à 2015

L'insurrection du PKK débute véritablement en août 1984 dans la région de l'Anatolie du Sud-Est. L'état d'urgence s'étend au fur et à mesure à l'ensemble de la région et à quelques provinces voisines[8].

Durant la décennie 1990, le gouvernement turc reconnaît finalement l'identité kurde, promet un investissement économique dans la région et offre aux Kurdes la possibilité de s'organiser politiquement légalement, tout en menant des opérations offensives contre le PKK, jusque dans son sanctuaire irakien[9]. L'organisation étend son action en Europe et vise directement les touristes (deuxième ressource du pays). Ses demandes de pourparlers sont toutes rejetées, l'armée menant une stratégie contre-insurrectionnelle tant dans le Kurdistan turc qu'irakien[10].

En 1992, l’État a lancé une vaste opération de destruction des villages kurdes. Quatre mille villages accusés de sympathie pour la rébellion sont détruits[11]. En quelques années, cette politique a entrainé l'exil forcé de populations rurales vers les grandes villes ainsi qu'une forte immigration en Europe. Cette stratégie visait à affaiblir la guérilla kurde en la coupant de ses bases militantes[12].

La direction du PKK se rallie au milieu des années 1990 à l'idée que la guerre ne peut trouver d'issue militaire, la guérilla ne pouvant pas plus vaincre l’armée turque que celle-ci ne peut l’écraser. Abdullah Öcalan déclare en 1997 : « Si le gouvernement turc se déclare sérieusement prêt à négocier, nous sommes prêts à proclamer le cessez-le-feu et à ouvrir des négociations »[11].

Le 15 février 1999, Abdullah Öcalan est capturé à Nairobi. Un an plus tard, le PKK annonce un cessez-le-feu[13]. Toutefois, ce dernier annonce mettre fin à son cessez-le-feu le [14]. Le gouvernement turc estime que les effectifs de l'organisation seraient de l'ordre de 3 000 à 4 000 rebelles (en 2004), opérant principalement dans le Nord de l'Irak.

Depuis 2004, l'armée de l'air turque mène des bombardements contre les bases du PKK en Irak, en réponse aux attentats perpétrés sur le sol turc. Elle affirme ainsi avoir tué près de 100 rebelles en août 2011, lors de raids transfrontaliers[15].

Le 21 mars 2013, le chef du PKK, Abdullah Öcalan, qui purge une peine de prison à vie, appelle à la signature d'un cessez-le-feu historique avec la Turquie, à l'occasion des célébrations du Newroz[16].

Malgré l'annonce de ce cessez-le-feu, des raids aériens sont menés par des F-16 et F-4 Phantom II turcs le 14 octobre 2014, en réponse au bombardement par le PKK d'un avant-poste militaire turc[17], alors que le groupe armé est impliqué en Syrie (Kurdistan syrien) aux côtés des YPG dans la défense de Kobané contre l'organisation de l'État islamique, dans le contexte de la guerre civile syrienne.

Insurrection de 2015-2016

Combattante du PKK dans les montagnes de Qandil, en Irak, lors des célébrations de Newroz, le .

Le , l'attentat anti-kurde de Suruç, ville-frontière turque, attribué à un kamikaze ayant effectué plusieurs séjours en Syrie avec l'État islamique[18], tue 32 volontaires de la Fédération des associations de jeunes socialistes, venus pour participer à la reconstruction de la ville-frontière syrienne jumelle de Kobané. Le lendemain, des milliers de manifestants, généralement issus de partis politiques de gauche, marchent dans plusieurs villes de Turquie pour dénoncer l'attentat de l'EI, mais accusent également le gouvernement turc de complicité avec l'EI[19],[20],[21]. Le 22, à Ceylanpınar, deux policiers turcs sont retrouvés morts dans un immeuble, tués chacun d'une balle dans la tête. L'attaque est revendiquée le même jour par le PKK, qui déclare avoir voulu venger les jeunes militants tués à Suruç en menant une « action punitive » contre deux policiers « qui coopéraient avec le gang de Daesh »[22],[23],[24].

Le 23 juillet 2015, pour la première fois, des affrontements entre l'armée turque et l'État islamique éclatent sur la frontière près de la ville de Kilis. La nuit suivante, trois ou quatre chasseurs F-16 frappent des positions de l'EI en Syrie, dans le village de Havar, et font au moins neuf morts dans les rangs djihadistes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH)[25],[26],[27],[28],[29]. Le 24, la police turque lance une vaste opération "antiterroriste" dans 13 provinces du pays, au total 590 personnes liées à l'État islamique, au PKK et au DHKP-C sont arrêtées en trois jours. Une militante du DHKP-C est également tuée au cours d'une fusillade[30],[31],[32]. Un policier est d'ailleurs abattu à Istanbul, le 26, lors de heurts pendant les funérailles de cette militante[33]. La nuit du 24 au 25, l'aviation turque poursuit ses frappes contre l'EI dans les environs de Jerablus, mais elle mène également un raid au Kurdistan irakien et bombarde sept camps du PKK, qui était intervenu en Irak pour affronter les djihadistes[34],[35]. En Turquie, plusieurs manifestations et incidents opposent des militants kurdes à la police et le processus de paix entre l'État turc et le PKK semble alors grandement compromis[34],[36].

Le 25, le HPG, branche militaire du PKK, déclare : « Les conditions de maintien du cessez-le-feu ont été rompues. Face à ces agressions, nous avons droit de nous défendre ». De son côté Massoud Barzani, président du Gouvernement régional du Kurdistan condamne les frappes aériennes turques et appelle à cesser l'escalade de la violence[32],[37]. Les États-Unis se déclarent quant à eux favorable à la « désescalade » et au retour au « processus de solution pacifique », tout en affirmant respecter « pleinement le droit de [leur] allié turc à l’autodéfense » et en condamnant les « attaques terroristes » du PKK en Turquie[38]. Le HDP déplore quant à lui la fin des négociations et accuse le président turc d'en être responsable[39]


La nuit du 25 au 26, l'explosion d'un véhicule piégé à Diyarbakır fait deux morts et quatre blessés, selon l'armée turque, et huit tués et onze blessés, selon les HPG , qui revendiquent l'attaque[40],[41]. La nuit du 26 au 27, des positions tenues par les YPG au village de Zur Maghar, entre Jerablus et Kobané, sont également visées par des chars turcs, blessant quatre combattants et des civils, selon l'OSDH et le commandement des forces kurdes syriennes[42],[43]. La Turquie dément avoir bombardé les YPG en Syrie[44], cependant les bombardements contre le PKK en Turquie et en Irak se poursuivent les jours suivants[45],[46]. En représailles le PKK et des groupes turcs d'extrême-gauche mènent des attaques contre la police et l'armée[47],[48]. Après deux années de trêve, le conflit semble relancé[49].


Le , le gouvernement turc affirme que les opérations ont fait au moins 260 morts du côté du PKK[50]. Le PKK déclare de son côté n'avoir perdu que peu d'hommes dans les frappes[51]. Du 22 juillet au 4 août, 20 militaires et policiers turcs sont également tués dans des attaques du PKK[52],[53],[54]. Le 9 août, le bilan passe à 390 rebelles kurdes tués, selon l'agence gouvernementale turque Anatolie. Parmi les victimes, on compte 4 dirigeants et 30 femmes, ainsi que 400 blessés, dont 150 grièvement[55]. L'aviation turque poursuit ses frappes mais bombarde surtout les rebelles kurdes ; au 1er août, plusieurs dizaines de frappes aériennes ont été menées par l'aviation contre le PKK, tandis que trois seulement ont été menées contre l'État islamique[56]. Le , le Gouvernement régional du Kurdistan demande le départ des membres du PKK du Kurdistan irakien. Il demande également à la Turquie de cesser ses frappes aériennes, mais reproche aussi au PKK sa décision de rompre le cessez-le-feu[51],[57],[58],[59]. Le 4 août, les États-Unis et l'Union européenne demandent à la Turquie de faire preuve de retenue. Johannes Hahn, le commissaire européen à l'Élargissement, déclare que « L'UE reconnaît que la Turquie a le droit de prévenir et de réagir à toute forme de terrorisme, qui doit être condamné sans ambiguïté. La réponse doit toutefois être proportionnée, ciblée et elle ne doit en aucun cas mettre en danger le dialogue politique démocratique dans le pays ». Mark Toner (en), porte-parole du département d'État, déclare quant à lui : « Nous voulons que le PKK renonce à la violence et reprenne les discussions avec le gouvernement turc (...) et nous voulons voir le gouvernement turc répondre de manière proportionnée »[52].


Combattants du PKK en 2015.

De nombreux habitants du Kurdistan turc sont alors galvanisés par la récente victoire de Kobané et beaucoup s'enrôlent dans les rangs du PKK[60]. Celui-ci espère alors une insurrection générale et déclenche une offensive dans les villes : ses combattants investissent plusieurs quartiers de Diyarbakır, Nusaybin, Cizre, Şırnak, Yüksekova, Silvan et quelques autres localités[60]. L'armée laisse se développer ces foyers d’insurrection puis lance une contre-attaque massive[60]. Les populations ne se soulèvent pas[60].


La nuit du 6 au 7 septembre, un convoi de l'armée turque tombe dans une embuscade près de Daglica, 16 soldats sont tués et 6 blessés[61],[62].


La nuit du 28 au 29 septembre, l'armée turque fait un raid dans le Nord de l'Irak et tue plus de 30 combattants kurdes du PKK[63].

Le 10 octobre 2015, la Turquie est frappée par le pire attentat de son histoire : deux kamikazes de l'État islamique se font sauter à Ankara lors d'une manifestation pour la paix au Kurdistan. 102 personnes sont tuées et plus de 240 sont blessées[64],[65]. Le même jour, le PKK ordonne à ses combattants de cesser leurs activités de guérilla en Turquie, pour ne pas nuire à la tenue d'élections « libres et justes », lors des législatives du 1er novembre[66].

Le 15 décembre, l'armée turque lance une vaste offensive en mobilisant plus de 10 000 hommes. Les opérations se concentrent principalement dans les environs des villes de Cizre et Silopi. Après cinq jours de combats, une source de sécurité locale affirme à l'AFP que 102 rebelles du PKK, deux militaires et cinq civils ont été tués[67],[68]. Les opérations cessent le 11 février 2016, les autorités turques affirment avoir entièrement pris le contrôle de Cizre[69]. L'état-major turc déclare le 14 février que 619 membres du PKK ont été tués en 59 jours de combats à Cizre et que 189 autres ont été tués à Sur, dans le centre de Diyarbakir[70]. L'armée turque mène également une offensive à İdil du 16 février au 8 mars, elle affirme avoir tué 114 insurgés dans ces combats[71],[72]


La tentative d'insurrection urbaine menée dans plusieurs villes se solde par un échec pour le PKK et ses combattants se replient dans les montagnes pour poursuivre la guérilla[60],[73].


Le 15 mars 2016, le TKP/ML, le PKK, le THKP-C/MLSPB, le MKP, le TKEP-L, la TİKB, le DKP, Devrimci Karargâh (en) et le MLKP forment une alliance appelée le Mouvement révolutionnaire uni des peuples[74],[75].


Le 8 septembre 2016, les autorités turques suspendent de leurs fonctions 11 500 enseignants accusés d'être liés au PKK. Selon un responsable turc, il s'agirait de suspensions temporaires le temps de l'enquête[76]. Environ 200 manifestants protestent contre ces suspensions le lendemain à Diyarbakır mais la foule est rapidement dispersée et une trentaine de manifestants interpellés[77].

Combats en Irak

En août 2017, le PKK réussit un coup important en capturant au Kurdistan irakien, grâce à un faux informateur, deux hauts responsables des services secrets turcs (MIT) : le chef adjoint des opérations du MIT et le responsable de la lutte contre le PKK[78].


La Turquie lance à partir de l'été 2020 une nouvelle offensive terrestre et aérienne au Kurdistan irakien afin d'y neutraliser les bases arrières du PKK[79]. Les bombardements effectués au moyen de drones et d’avions de chasse ont fait, selon un décompte des victimes civiles de l’ONG Christian Peacemaker Team, 97 morts et des dizaines de blessés. En outre, 126 villages ont été entièrement abandonnés et plus de 500 sont menacés de l’être entièrement. L’impact sur le secteur agricole et l’environnement est également important. Des milliers d’hectares ont été détruits par les bombardements, et des centaines d’exploitations agricoles ont été abandonnées[79].

Le journaliste Karokh Othman explique que « le PKK a infligé beaucoup de pertes à l’armée turque tout en perdant de nombreux combattants. Cependant, il n’a pas su empêcher l’implantation de bases turques dans les montagnes. Les drones limitent considérablement le déplacement de guérilleros, tout comme sa logistique ». La guérilla kurde ne communiquerait pas la réalité de ses pertes[79].

Face à la supériorité militaire écrasante de l’armée turque, le PKK s'appuie sur le soutien d'une frange importante de la population locale, qui fournit abris, renseignements et approvisionnements. Le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani, qui contrôle le gouvernement régional du Kurdistan, appuie l'offensive turque et criminalise toute forme de collaboration avec le PKK[79].

L’armée turque n'hésite pas à frapper directement l’armée irakienne, tuant deux hauts gradés août 2020 alors que ceux-ci prenaient part à une rencontre avec des guérilleros kurdes[80], et des gardes-frontières à plusieurs reprises[79].

Mouvements politiques pro-kurdes

Liste non exhaustive des partis politiques pro-kurdes : Parti du travail du peuple (1990-1993), Parti de la démocratie (1993-1994), Parti de la démocratie du peuple (1994-2003), Mouvement de la Société démocratique (2005), Parti de la société démocratique (2005-2009), Parti de la paix et de la démocratie (2008-2014), Parti démocratique des régions (DBP, Demokratik Bölgeler Partisi) (2014-aujourd'hui), Parti démocratique des peuples (HDP, Halkların Demokratik Partisi (2012-aujourd'hui).

Pertes

Selon l'International Crisis Group, les pertes liées au conflit pour les 4 dernières années ont été les suivantes[81] :

Selon l'état-major général de la République de Turquie, la gendarmerie turque, la Direction générale de la sécurité et, depuis lors jusqu'à juin 2010, de l'analyse de Milliyet tirée des données de l'état-major général de la République de Turquie, les victimes du conflit entre 1984 et mars 2009 sont les suivantes[82] :

Le , le président turc Recep Tayyip Erdoğan affirme qu'environ 3 100 « terroristes » ont été « éliminés » au cours de l'année 2015 en Turquie et en Irak. Plus de 200 militaires et policiers sont également morts au cours des affrontements[83]. De son côté le PKK affirme déplorer 220 « martyrs » dans l'année 2015 et chiffre 1 557 tués et 544 blessés les pertes de l'armée et de la police turque[4]. Selon Amnesty International, au moins 150 civils ont été tués de juillet 2015 à janvier 2016[84]. En février 2016, l'AFP indique que selon l'armée 250 militaires et policiers et 750 rebelles ont été tués, de même que 200 civils selon des ONG[69].


Le PKK a publié ces chiffres pour les 2 dernières années de conflits (du 24 juillet 2015 au 23 juillet 2017)[85] :

Nombre d'opérations terrestre lancées par l'armée 746
Attaque d'avions et d'hélicoptères 1 246
Bombardement (au mortier, artillerie, obus) 2 338
Attaque de la guérilla contre l'armée turc 2 239
Nombre d'attaque où la guérilla ne connait pas les chiffres 559
Nombre d'ennemis tués (soldats, policiers, etc.) 6 353
Nombre d'ennemis blessés 2 261
Nombre de véhicules militaires ennemis détruits 376 (dont 15 chars d'assaut)
Nombre de véhicules militaires ennemis endommagés 209 (dont 6 chars d'assaut)
Nombre de véhicules aériens militaires détruits 5 Skorsky (hélicoptère de transport),

5 Kobra (hélicoptère d'attaque) et

1 F-16 (avions de chasse)

Nombre d'hélicoptères endommagés 85
Nombre de combattants morts au combat 1 116
Nombre de combattant capturés 30

Violations des droits de l'homme

À la fois la Turquie et le PKK ont commis de nombreuses violations des droits de l'homme pendant et la Turquie bombarde des civiles Kurdes en Turquie comme ce fut le cas pour le raid aérien de Roboski (en) et plusieurs reprises des villages en Irak[86]

PKK, jusqu'en 1999

L'ancien ambassadeur français en Turquie Éric Rouleau a déclaré que « selon le ministère de la Justice, en plus des 35 000 personnes tuées dans des campagnes militaires, 17 500 ont été assassinés entre 1984, lorsque le conflit a commencé, et 1998 et 1 000 personnes auraient été assassinées au cours des neuf premiers mois de 1999. D'après la presse turque, les auteurs de ces crimes, pour lesquels aucun d'entre eux n'ont été arrêtés, appartiennent à des groupes de mercenaires qui travaillent directement ou indirectement pour les agences de sécurité[87] ».

L'ONG Human Rights Watch a déclaré ce qui suit à propos des tactiques du PKK avant le cessez-le-feu de 1999 :

  • toutes les organisations économiques, politiques, militaires, sociales et culturelles, institutions et ceux qui servent sont devenus des cibles. Le pays tout entier est devenu un champ de bataille ;
  • le PKK a également promis de « liquider » ou « éliminer » les partis politiques, les institutions « impérialistes » culturelles et éducatives, les organes législatifs et représentatifs, et « tous les collaborateurs locaux et les agents travaillant pour la République de Turquie[88]. » ;
  • beaucoup de victimes sont des civils non armés, pris au milieu des combats entre les forces de sécurité et le PKK, ciblés par des attaques kamikazes du PKK[89].

Selon Amnesty International, le PKK a tué et torturé des paysans kurdes et certains de ses propres membres dans les années 1980. Un certain nombre de Kurdes ont été enlevés et tués parce qu'ils étaient soupçonnés d'être des « collaborateurs » ou « informateurs » et il s'agissait d'une pratique courante pour le PKK de massacrer toute leur famille[90].

Selon un rapport de 1996 d'Amnesty International, en janvier 1996, le gouvernement turc a annoncé que le PKK avait massacré 11 hommes près du village isolé de Güçlükonak. Sept des victimes étaient des membres de la force d'autodéfense du village[91].

Gouvernement turc, jusqu'en 2016

En 2006, Éric Rouleau déclare que la persistance des violations des droits des Kurdes ethniques constitue l'un des principaux obstacles à l'adhésion de la Turquie à l'UE[92].

Le 17 août 2015 à Varto une combattante kurde (Kevser Elturk) est exécutée (son corps semble avoir été déshabillé et photographié[93]) par la police turque qui a par ailleurs tué deux civils kurdes le même weekend[94]. Le 3 octobre, à Sirnak, un civil est tué et son corps traîné derrière un véhicule de police[95],[96].

Le 24 juin 2016, le Parlement turc vote une exemption de poursuites judiciaires pour les membres des forces armées, et ce pour l'ensemble des actes commis dans le cadre des opérations militaires au Kurdistan turc selon l'Institut kurde de Paris, alors que des attaques aériennes sur le village de Roboski ont été dénoncées et que des démolitions de quartiers entiers font suite aux combats dans les villes de Şırnak, Nusaybin et Sur[97].

La loi turque sur le cinéma, adoptée en 1986, interdit toute forme de « propagande séparatiste » ou de tout ce qui lui est assimilé. Évoquer les actions répressives et les exactions de l'armée turque dans le cadre du conflit kurde est ainsi interdit. L’écrivain Yaşar Kemal a été condamné à 20 mois d'emprisonnement en 1996 pour des écrits qualifiés de « subversifs » sur les droits du peuple kurde[98].

Notes et références

  1. Sarah Leduc, « La Turquie veut-elle vraiment la paix avec les Kurdes ? », sur france24.com, .
  2. « Plus de 5 000 Kurdes tués depuis juillet selon le président turc », Reuters, 28 mars 2016.
  3. (tr) « HPG 2 yıllık savaş bilançosunu açıkladı », ANF News, (lire en ligne, consulté le ).
  4. « HPG releases balance sheet of war for 2015 », ANF news,
  5. « Turkey's PKK Conflict: The Rising Toll », International Crisis Group, 12 août 2016.
  6. AFP, « Chronologie du conflit kurde en Turquie », sur Institutkurde.org (consulté le )
  7. (en) Kubilay Yado Arin, « Turkey and the Kurds – From War to Reconciliation? », UC Berkeley Center for Right Wing Studies Working Paper Series, , http://escholarship.org/uc/item/3229m63b.
  8. Jean-Marc Balencie et Arnaud de La Grange, Mondes rebelles : L'encyclopédie des acteurs, conflits & violences politiques, Paris, Éditions Michalon, , 1677 p. (ISBN 2-84186-142-2), p. 1309.
  9. Olivier Grojean, « Turquie : le mouvement kurde à l'heure du « processus de paix » », Politique étrangère, , p. 27 à 37 (ISSN 0032-342X, e-ISSN 1958-8992, DOI 10.3917/pe.142.0027)
  10. Jean-Marc Balencie, Arnaud de La Grange, op. cit. pp. 1310-1311.
  11. Michel Verrier, « Le discours démocratique et féministe d'Abdullah Öcalan - Une vision de l'avenir des Kurdes et du Proche-Orient », sur Orient XXI,
  12. Olivier Piot, « Comment Ankara étouffe l'opposition kurde », sur Le Monde diplomatique,
  13. Jean-Marc Balencie, Arnaud de La Grange, op. cit. p. 1322.
  14. Gareth Jenkins, « PKK Changes Battlefield Tactics to Force Turkey into Negotiations », The Jamestown Foundation,
  15. Reuters, « Turkey says 90-100 Kurd rebels killed in north Iraq raids »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?),
  16. « Turquie : cessez-le-feu historique annoncé par le chef emprisonné du PKK », rfi.fr,
  17. (en) « Turkish jets bomb Kurdish PKK rebels near Iraq », BBC News,
  18. Le Monde avec AFP et Reuters, « La police turque affirme avoir identifié l’auteur présumé de l’attentat de Suruç », Le Monde, (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
  19. AFP, « Turquie : hommage en pleurs et en colère aux victimes de l'attentat de Suruç », ladepeche.fr,
  20. Jérôme Bastion, « Après l’attentat à Suruç, la politique d’Ankara en Syrie mise en cause », RFI,
  21. « PHOTOS. Turquie : après l'attentat, ils manifestent contre Erdogan », L'Obs,
  22. Reuters, « La colère persiste en Turquie après l'attentat de Suruç »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?),
  23. RTS avec AFP et Reuters, « Le PKK revendique l'assassinat de deux policiers turcs »,
  24. Le Figaro avec AFP, « Le PKK revendique le meurtre de policiers turcs », Le Figaro,
  25. Jérôme Bastion, « La Turquie met un pied dans la guerre contre le groupe État islamique », RFI,
  26. Jérôme Bastion, « La Turquie bombarde les positions du groupe EI en Syrie », RFI,
  27. AFP, « Turquie : au moins neuf morts dans les bombardements contre l'État islamique », Libération,
  28. Marie Jégo, « Les frappes turques en Syrie, tournant dans la guerre contre l’EI », Le Monde,
  29. Eugénie Bastié, « Nicolas Hénin : « La tolérance turque envers Daech n'était plus tenable » », Le Figaro,
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Voir aussi

Bibliographie

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