Conférence sur le développement économique en Égypte

La conférence sur le développement économique en Égypte (CDEE) s’est déroulée pendant trois jours à la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh[1]. Organisé par Richard Attias & Associates, l’événement s'est déroulé sous le patronage du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi. Ainsi, le , plus de 2000 représentants de 112 pays différents se sont réunis pour assister à la conférence.

Le premier jour, la construction d’une nouvelle capitale a été annoncée[2]. Pour ce projet, le Koweït, l’Arabie saoudite, et les Émirats arabes unis ont chacun promis d’apporter 4 milliards de dollars, tandis que le sultanat d’Oman devrait mettre sur la table 500 millions de dollars. Enfin, les énergéticiens BG Group et BP ont également proposé d’investir 4 milliards de dollars.

Contexte

Après plusieurs années d’agitations politiques, qui ont affecté négativement l’économie du pays, ce sommet vise à démontrer que l’Égypte emprunte désormais une autre voix et qu’elle présente de nombreuses opportunités pour les investisseurs, dans des secteurs très variés. À l’origine, la conférence a d’ailleurs été suggérée par le roi Abdallah d’Arabie saoudite, dont le pays avec les Émirats arabes unis et d’autres pays du Golfe Persique, fait partie des principaux bailleurs de fonds du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi. En 2013, ces financements avaient notamment pour objectif de permettre l’éviction de Mohamed Morsi, soutenu par les Frères musulmans. Depuis son arrivée au pouvoir, le nouveau président a décidé de s’attaquer à la crise économique égyptienne et a annoncé des mesures d’austérité dans le but de réduire le déficit de l’Égypte afin d’accroître « la résilience aux chocs externes »[3].

En , le gouvernement égyptien confiait à une délégation du Fonds monétaire international son ambition d’atteindre 3,8 % de croissance au mois de juin, rappelant au passage que l’économie égyptienne avait réalisé 6,8% de croissance au troisième trimestre 2014. Pendant la conférence, la directrice du FMI Christine Lagarde, a pour sa part fait l’éloge des réformes entreprises en 2014, tant sur les subventions énergétiques que sur les mesures pour relancer l’investissement. Cependant, elle notait également, en citant les chiffres de la Banque Mondiale que des progrès significatifs restaient encore possibles. En effet, selon l’institution internationale il faudrait actuellement 60 jours pour enregistrer un titre de propriété et environ 1000 jours pour s’assurer de l’exécution d’un contrat. Afin d’améliorer la situation, le jour d’avant la conférence, Sissi a justement ratifié de nouvelles mesures destinées à réglementer et à stimuler l’investissement, une annonce saluée par Christine Lagarde comme «f un très bon pas dans la bonne direction »[4].

Au milieu des trois jours de cérémonie, Richard Attias a publié une tribune dans le Huffington Post pour témoigner de l'engouement inédit suscité par la conférence dans la classe dirigeante (politique ou économique). « En 25 ans d'une carrière passée à conseiller des pays et des entreprises et à organiser des conférences internationales, c'est la première fois que je constate une telle mobilisation et un tel enthousiasme », écrivait-il[5].

Déroulement

Selon l’organisateur de la conférence, Richard Attias, le sommet devait être l’occasion de dévoiler une trentaine de projets d’envergure « capable d’attirer des milliards de dollars d’investissement », en présence de 2 500 hauts dignitaires, chefs d’État, personnalités publiques, ou présidents de multinationales[6].

Quelques heures avant l’inauguration, le président Abdel Fattah el-Sissi est allé accueillir plusieurs chefs d’État sur le tarmac de l’aéroport de Charm el-Cheik[7], dont le président soudanais Omar al-Bashir ou le Premier ministre émirati Mohammed ben Rachid Al Maktoum. Durant la cérémonie d’ouverture, Sissi a prononcé un discours annonçant l’arrivée de plusieurs milliards de dollars et la préparation de nouvelles stratégies pour soutenir le secteur privé et les investisseurs. Il a aussi listé un certain nombre de grand projets comme entre autres : la remise en état des terres cultivables, le projet de creuser un nouveau canal de Suez, ou le projet du triangle d’or[8].

Parallèlement, le ministre égyptien de l’environnement, Khaled Fahmy, précisait le lancement du projet de biocarburant « LE1.2 », développé en coopération avec le secteur agricole.

Réalisations

La compagnie américaine General Electric annonce durant la conférence le principal contrat de l'événement avec un investissement de 200 millions de dollars pour la construction d’un nouveau centre de formation et de production dans la ville de Suez et la livraison de 34 turbines à gaz qui devraient fournir au réseau l’équivalent de 2,6 Gigawatts en [9]. De son côté, le ministre de l’irrigation égyptienne, Hossam Moghazy a discuté avec une délégation de l’Union européenne de la remise en état des terres de Feddan, une des priorités du programme présidentiel du candidat el-Sissi à l’élection. Enfin, la Banque Africaine de Développement a profité de cette occasion pour annoncer de futurs investissements dans le secteur énergétique, et plus particulièrement dans une ferme solaire à Kom Ombo et dans un champ d’éoliennes dans le Golf de Suez.

En , le groupe Eni annonce un investissement de plus de 2 milliards de dollars en Égypte, ceci dans le cadre de d'une série d'accords définis dans le protocole d'accord signé lors de la conférence de développement économique de l'Égypte à Sharm El Sheikh[10].

Les participants

On note que le Ministre égyptien des affaires étrangères n’a pas envoyé d’invitation aux représentants de l’Iran, d’Israël et de la Turquie pour la manifestation car « les critères [de participation] ne s’appliqueraient pas à eux », en raison de leur niveau d’investissement. En revanche, le secrétaire d’État John Kerry, qui venait de prononcer un discours très encourageant pour l’économie égyptienne devant la chambre de commerce américaine s’est rendu au rassemblement, tout comme le ministre des Finances françaises, Michel Sapin[11].

En marge de la conférence, l’Union européenne a également rencontré les autorités égyptiennes[12]. À cette occasion, l’organisation supranationale a débloqué 130 millions d’euros de subvention, tandis que la banque européenne d’investissement a signé un prêt de 120 millions d’euros à la Banque Nationale d’Égypte[13]. Enfin, le président d’Afreximbank (Banque Africaine d’Import-Export), Jean-Louis Ekra, a rappelé, au cours d’un entretien avec le président Al-Sisi, l’engagement de l’institution visant à consacrer 500 millions de dollars en faveur du Programme pour la Promotion du Commerce Égypte – Afrique[14].

Notes et références

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