Conférence de coopération économique européenne

La Conférence de coopération économique européenne réunit à Paris seize pays européens du au . Elle a pour objet de préparer une réponse européenne concertée à la proposition formulée par le Secrétaire d'État américain, George Marshall, le de mettre en place un « Programme de rétablissement européen » financé par les États-Unis mais conditionné à la création d'une organisation multinationale permettant aux États européens de gérer eux-mêmes les fonds qui seront versés pour leur reconstruction par les États-Unis et de mener à bien conjointement des réformes structurelles.

Conférence de coopération économique européenne
Pays France
Localisation Paris
Organisateur France et Royaume-Uni
Date au
Participant(s) France, Royaume-Uni, Autriche, Belgique, Danemark, Grèce, Islande, Irlande, Italie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Portugal, Suède, Suisse et Turquie.

La Conférence aboutit à un ensemble de propositions sur l'organisation à mettre sur pied pour gérer l'aide américaine et de demandes quantifiées de financement, sur la base desquelles le président Truman et le Congrès donneront vie au plan Marshall en .

Les travaux de la Conférence sont à l'origine de la fondation de l'Organisation européenne de coopération économique dont les missions sont de répartir les crédits américains et de mener à bien un « programme de relèvement européen » notamment par la libéralisation des échanges commerciaux et financiers.

Contexte

Dans un discours prononcé le 5 juin 1947, George Marshall dresse un tableau très sombre de la situation économique et sociale en Europe et proclame qu'il est « logique que les Etats-Unis doivent faire tout ce qu'ils peuvent pour aider à rétablir la santé économique du monde, sans laquelle la stabilité politique et la paix assurée sont impossibles ». Mais Marshall pose ses conditions à l'octroi de l'aide américaine[1] :

« Un accord devra être réalisé par les pays de l'Europe sur leurs besoins actuels et sur ce que ces pays feront eux-mêmes pour rendre efficaces toutes les mesures que le gouvernement américain pourrait prendre. »

La Conférence de coopération économique européenne répond à cette demande des États-Unis, qui implique clairement que soit mis sur pied un organisme spécial inter-européen chargé d'assurer l'interface entre les États-Unis et les pays européens participant au programme de rétablissement européen, très vite baptisé plan Marshall[1].

Pays participants au plan Marshall

Dans son discours, Marshall ne précise pas quels sont les pays en Europe à qui cette aide pourrait être destinée, indiquant simplement que « notre politique n'est dirigée contre aucun pays, aucune doctrine, mais contre la famine, la pauvreté, le désespoir et le chaos ». Le , Marshall précise que dans son esprit l'Europe inclut tous les pays à l'ouest de l'Asie y compris l'URSS[2].

Mais la question de la participation de l'Union soviétique et des pays d'Europe centrale passés sous son contrôle ou en voie de l'être est celle qui se pose en priorité. C'est pourquoi la France et le Royaume-Uni organisent une conférence à Paris avec l'URSS. Elle réunit les trois ministres habitués à se retrouver ensemble avec en plus le secrétaire d'État américain dans le cadre des réunions du Conseil des ministres des Affaires étrangères institué à Potsdam. À l'issue d'une semaine de débats, Molotov déclare le que l'URSS ne participera pas, et quitte la conférence[3]. Les raisons avancées par Molotov sont que la proposition franco-britannique de « mettre sur pied une organisation spéciale qui sera chargée d’évaluer les ressources et les besoins des pays européens, de déterminer le développement des principaux secteurs de l’industrie de ces pays et ensuite seulement d’établir les possibilités de recevoir une aide économique américaine » constitue une atteinte à l’indépendance économique et de la souveraineté des pays européens[3].

Pour autant, les Français et les Anglais lancent leurs invitations à la Conférence de coopération économique européenne à tous les pays européens, y compris ceux d'Europe de l'Est, dont plusieurs se déclarent prêts à venir. Mais Staline les force à renoncer. Ce sont finalement seize pays qui participeront à cette conférence qui s'ouvre le . Les réunions de la conférence se tiennent par intermittence jusqu'au [4].

En 1947, l'Allemagne n'a plus d'existence en tant qu'État doté d'un gouvernement central et vit sous un régime complet d'occupation. Mais les travaux de la Conférence prennent en compte les besoins des trois zones d'occupation « occidentales », i.e. des États-Unis, de la France et du Royaume-Uni[2].

    Résultats de la Conférence

    La Conférence met en place un Comité de coopération économique européenne chargé de préparer un rapport sur les besoins des pays européens en vue de sa transmission aux États-Unis d'ici le . Cinq sous-comités techniques sont également créés : agriculture et ravitaillement, bois, énergie, sidérurgie, transports ainsi qu'un Comité des experts financiers et un Comité de la main d'œuvre[4],[5].

    Le rapport général (volume I) du Comité est finalement validé par les participants à la Conférence le , tandis que les rapports des comités techniques (volume II) ne sont prêts qu'à la fin du mois d'octobre[6],[7].

    Dans ces rapports, les Européens chiffrent le déficit de leur balance des paiements à l'égard du continent américain sur une période de quatre ans, de 1948 à 1951, à un montant total de 22,4 milliards de dollars (soit 266 milliards de dollars en valeur 2021[8]) dont 3,1 milliards pourraient être fournis par la Banque internationale pour la reconstruction et le développement et le reste, soit 19,1 milliards par les États-Unis[9].

    Les propositions et demandes des Européens font débat aux États-Unis où l'approbation du plan Marshall par le Congrès n'est pas acquise d'avance. Le , le président Truman expose devant le Congrès les enjeux de la reconstruction économique de l'Europe et propose que les États-Unis accordent une aide de 17 milliards pour relever l'économie européenne. La population américaine prend conscience des pénuries auxquelles les Européens sont confrontés, et soutient de plus en plus le plan Marshall. La politique de Staline contribue aussi à persuader les États-Unis de la nécessité d'aider l'Europe : en particulier, la conférence fondatrice du Kominform par neuf partis communistes européens en septembre 1947 inquiète beaucoup Washington qui craint des tentatives de prise de pouvoir par les partis communistes français ou italien. Le coup de Prague de février 1948 achève de convaincre une majorité de membres du Congrès de voter en faveur de ce plan. Truman promulgue le la loi autorisant l'aide américaine, l'Economic Cooperation Act[10],[11],[12].

    Sources

    Références

    1. George Marshall, discours du 5 juin 1947
    2. CEEC Vol. I General Report, Chap. I - Historical Introduction, p. 4-10
    3. Molotov, déclaration à Paris le 2 juillet 1947
    4. (en) « Committee for European Economic Co-operation », sur EUI (consulté le )
    5. (en) « Draft plan for the establishment of a Cooperation Committee », sur Cvce.eu,
    6. « Rapport d'Hervé Alphand », sur Cvce.eu,
    7. CEEC Vol. I General Report, p. 6
    8. (en) « Consumer Price Index Data from 1913 to 2021 », sur US Inflation Calculator (consulté le )
    9. CEEC Vol. I General Report, p. 50-57
    10. Le plan Marshall et la création de l'OECE.
    11. L'Europe occidentale à l'heure américaine 1992, Chap.3 - Les origines du plan Marshall et la réponse de l'Europe (l'été 1947), p. 67-91.
    12. The Economic Cooperation Act of 1948

    Documents de la conférence

    Autres documents

    Voir aussi

    Articles connexes

    Liens externes

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