Communauté de San Patrignano

La communauté de San Patrignano (Comunità di San Patrignano) est une communauté de réhabilitation thérapeutique des toxicomanes en Italie. Elle a été fondée en 1978 par Vincenzo Muccioli, d'après le nom de la rue de la localité de Coriano dans la province de Rimini où elle est située.

Communauté de San Patrignano
Création 1978
Fondateurs Vincenzo Muccioli (d)
Forme juridique Organizzazione non lucrativa di utilità sociale (ONLUS) depuis 1991
Siège social Coriano
 Italie
Activité Réhabilitation thérapeutique des toxicomanes
Site web www.sanpatrignano.org

Histoire

Au milieu des années 1970, Vincenzo Muccioli s'est installé dans une petite ferme de la ville de Coriano et prend en charge sur la demande des parents, d'une fille ayant des problèmes de toxicomanie. Pendant cette période, le fléau de l héroïne devient une nouvelle urgence sociale et en peu de temps, d'autres volontaires et des jeunes ayant besoin d'aide arrivent au domaine. Ainsi devant ce besoin le est fondée la communauté de San Patrignano, dont la raison est d'apporter une assistance gratuite aux toxicomanes et aux marginaux[1].

La communauté se développe, elle compte 500 membres en 1984 et 800 en 1986, gagnant ainsi en visibilité en Italie et à l'étranger. La communauté est reconnue comme une institution de formation professionnelle par la région Émilie-Romagne. L'engagement de la communauté dans la lutte contre la toxicomanie face à l'extension du problème fait que Vincenzo Muccioli, Don Mario Picchi, Don Oreste Benzi et d'autres dirigeants de la communauté fondent le « Muvlad », (mouvement des Volontaires Unis contre la Drogue), qui s'occupe de la rédaction d'une loi de soutien aux toxicomanes, collaborant ainsi à la rédaction de la loi Jervolino-Vassalli, promulguée en 1990[2]. La communauté, structurée, s'étend sur 220 hectares. Elle compte trois coopératives qui travaillent pour cinquante-six secteurs comme l'agriculture, l'artisanat ou la petite industrie. Ces activités, s'ajoutant aux donations publiques et privées permettent à la communauté de se financer[1]. En 1991, San Patrignano est reconnue comme fondation et organisation à but non lucratif par l'État italien, à la suite de l'acte par lequel Vincenzo Muccioli et sa famille font don de tous leurs biens immobiliers à la communauté. En 1994, il y a environ 1 400 membres dans la Communauté. Un centre médical, construit pour lutter contre l'épidémie de sida est inauguré.

En 1995, à la suite du décès de Vincenzo Muccioli, la gestion est confiée à son fils aîné Andrea et la communauté s'ouvre au monde extérieur.

En août 2011, la gestion confiée à Andrea Muccioli s'achève[3] et est depuis assurée par comité de garants. Le bilan de 2017 fait état de 27 545 000 euros de dépenses et de 27 375 000 euros de recettes dont un quart est issu de dons. Au cours de la même année, la communauté a accueilli 1 542 membres.

En 2018, la communauté a fêté les 40 ans d'existence[4].

Reconnaissance

La communauté a reçu des hommages et des visites de personnalités, dont deux présidents de la République. En 2000, Carlo Azeglio Ciampi[5] et en 2018, Sergio Mattarella à l'occasion du 40e anniversaire de la fondation de la communauté[4]. 2013, a vu la visite du secrétaire des Nations unies Ban Ki-Moon[6].

Controverses

En octobre 1980, une perquisition des carabiniers dans l'établissement a permis de retrouver certains des invités enchaînés et enfermés dans un chenil. Vincenzo Muccioli a été arrêté et un procès pour mauvais traitements et séquestration (le « procès des chaînes  ») s'est ouvert. Le procès s'est terminé en première instance par une peine de 18 mois d'emprisonnement, tandis qu'en appel, Muccioli est acquitté, mais la sentence a été confirmée en 1990 par la Cour suprême[1].

Le , la dépouille d'un garçon appartenant à la communauté, Roberto Maranzano, a été retrouvé à Terzigno. Deux ans plus tard, à la suite des aveux d'un témoin qui avait assisté à la mort du garçon, il est apparu que le jeune homme a été battu à mort « pour punition » par trois membres de la communauté et le corps transporté en voiture dans le sud de l'Italie pour accréditer un crime lié à la criminalité mafieuse. Vincenzo Muccioli est acquitté du crime d'homicide involontaire pour ne pas avoir commis ce fait. Il a été condamné en première instance à 8 mois pour complicité, mais on lui a reconnu la circonstance atténuante d'« avoir agi pour des raisons de valeur morale ou sociale particulière  ». Le , aucune condamnation n'a été prononcée en appel pour l'auteur présumé du crime[7],[1] .

Au cours du procès, plusieurs jeunes accueillis dans la Communauté ont raconté les violences et les abus subis, des suicides mystérieux et les pots-de-vin. Les accusés de ce procès ont été acquittés avec une sentence du par le tribunal de Rimini pour « manque de preuves »[8].

Les événements de San Patrignano sont relatés en 2020 par la série de documents Netflix SanPa : Light and Darkness of San Patrignano [9].

Bibliographie

  • (it) Franca Berardi et Giorgio Manfré [a cura di], Stili di vita a rischio. La percezione giovanile su disagio, emarginazione e tossicodipendenza, Guaraldi, Rimini, 2007, (ISBN 978-88-8049-314-3)
  • (it) Chiara Beria di Argentine, Mauro Galligani, San Patrignano. Gente permale, Mondadori, 2003, (ISBN 88-370-2605-6)
  • (it) Giorgio Manfré, Giuliano Piazzi, Aldo Polettini [a cura di], Oltre la comunità - studio multidisciplinare di ritenzione in trattamento e follow-up su ex-residenti di San Patrignano, Franco Angeli, Milan, 2005, (ISBN 88-464-7055-9).
  • (it) Davide Giacalone et Vincenzo Muccioli, La mia battaglia contro la droga, l'emarginazione e l'egoismo, Sperling & Kupfer, Milan, 1993. (ISBN 88-200-1523-4)

Traduction

Notes et références

  1. Salvatore Aloise, « Vincenzo Muccioli Un « patriarche » au service de drogués italiens », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  2. (it) « Testo unico delle leggi in materia di disciplina degli stupefacenti e sostanze psicotrope, prevenzione, cura e riabilitazione dei relativi stati di tossicodipendenza. (GU Serie Generale n.255 del 31-10-1990 - Suppl. Ordinario n. 67) », sur gazzettaufficiale.it, (consulté le ).
  3. (it) Emiliano Liuzzi, « San Patrignano, bilancio profondo rosso. E tra Muccioli e Moratti è guerra aperta », sur Il Fatto Quotidiano, ilFattoQuotidiano, (consulté le ).
  4. (it) « Mattarella in visita a San Patrignano: "Non ci si può arrendere alla paura" », sur la Repubblica, Repubblica, (consulté le ).
  5. (it) Segretariato generale della Presidenza della Repubblica, « Visita alla città di Rimini in occasione del XV Raduno dell'Associazione Nazionale Marinai d'Italia », sur presidenti.quirinale.it, (consulté le ).
  6. (it) « «Campioni dei diritti umani»: la visita di Ban Ki-moon a San Patrignano », sur Vita, (consulté le ).
  7. (it) « 1989: Il delitto di San Patrignano », sur misteriditalia.it (consulté le ).
  8. (it) Luciano Nigro et Anna Tonelli, « La ragazza di San Patrignano racconta al giudice la sua verità », sur Archivio - la Repubblica.it, (consulté le ).
  9. (en) « San Patrignano, a case of the TV series “SanPa”. The community protests: «Partial story» – Corriere.it », sur World Today News, (consulté le ).

Liens externes

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