Comité de recherche et d'information indépendantes sur le génie génétique

Le Comité de recherche et d'information indépendantes sur le génie génétique (Criigen) est une association française. Se voulant indépendante des producteurs d'OGM, elle se propose d'intervenir pour les citoyens, entreprises, associations, groupements, syndicats au niveau juridique, scientifique (santé, environnement), sociologique, technique (étiquetage), notamment pour des dosages d'OGM ainsi qu'au niveau économique.

Histoire

Le Criigen, fondé le [1] par l'ancienne ministre de l'Environnement Corinne Lepage, et les professeurs Gilles-Éric Séralini[2], également président du conseil scientifique, et Jean-Marie Pelt, est une association régie par la loi du . Son secrétaire général était jusqu'en 2015 Jean-Marie Pelt.

Il est actuellement présidé par Joël Spiroux de Vendômois, docteur en médecine générale, spécialiste en médecine environnementale[3], membre du pôle Risques, Qualité et Environnement durable[4], pôle pluridisciplinaire de la Maison de la recherche en sciences humaines de l'université de Caen-Normandie.

Le vice-président est Christian Vélot, enseignant-chercheur en génétique et microbiologie (HDR) à l'université Paris-Sud et ancien conseiller régional EELV d'Île-de-France.

Partenariat et financement

Le Criigen est le partenaire de plusieurs acteurs du Bio, tels que Léa Nature[5], Ecocert, l’Agence Bio, la Fondation Ekibio, la Sustainable Food Alliance qui financent ou ont financé des études telles que celles de Gilles-Éric Séralini[6].

Certaines ont été financées par des groupes tels que Auchan ou Carrefour (qui ne siège plus au conseil d'administration depuis 2010) et ont contribué au financement de recherches sur l’alimentation, dont une étude concluant à la toxicité des OGM [7],[8].

En 2018, avec seize autres organisations, le Criigen crée la Maison des lanceurs d'alerte[9],[10], dont le but est d'accompagner et d'améliorer la protection des lanceurs d'alerte. L'organisation siège au conseil d'administration[11].

Engagements et polémiques

Maïs MON 863

En 2007, le Criigen suscite une polémique autour du maïs génétiquement modifié MON 863 de Monsanto en publiant une étude qui conclut à la probable nocivité de ce maïs[12]. L'organisation suisse Internutrition, lobby pro-biotechnologies et favorable à l'utilisation pratique de biotechnologies dans la production et la transformation de denrées alimentaires[13], estime que cette organisation est trop partisane dans l'étude des OGM[14].

Critiques des autorités de contrôle

Le Criigen dénonce un supposé laxisme de l’Autorité européenne de sécurité des aliments et de différents comités dans leurs évaluations sanitaires et environnementales de ces produits. Le Criigen est favorable à l'utilisation d'OGM en milieu confiné mais considère que leur mode d'évaluation est à revoir, car l'évaluation d'un OGM par les autorités compétentes pour une autorisation de mise sur le marché n'est effectuée que sur la base des informations délivrées par la firme.

Pourtant, l’Autorité européenne de sécurité des aliments affirme que ses avis tiennent compte de l'ensemble des données scientifiques disponibles et pas uniquement des données fournies par la firme. Le Criigen affirme en particulier que les données concernant les études d'évaluation de la toxicité ne sont pas accessibles au public et ni même aux chercheurs académiques (personne n'ayant accès au dossier exhaustif avec les données brutes) .

En outre, la critique la plus vive du Criigen à leur égard concerne la durée de ces études, considérée comme trop courte par rapport à la durée de vie de l'animal (trois mois pour un rat qui vit plusieurs années par exemple) et ne permettant pas d'évaluer d'éventuels effets à long terme.

Maïs NK 603

En 2012, le comité apportera son soutien à une étude menée par Sérilini et al. (2012)[15] qui publieront une étude sur le maïs NK 603 dans la revue Food and Chemical Toxicology. Cette expérimentation remettant en question la précédente étude menée par Hamond et al. (2004)[16].

Après une seconde revue par les paires, cet article sera retiré aux motifs de la taille des échantillons comparés (insuffisante pour conclure définitivement en un rôle du glyphosate ou du maïs sélectionné) et du risque connue de tumeur chez le rat Sprague-Dawley (lignée utilisée pour l'expérience et dont les tumeurs développées semblent normales). Pour ces raisons, ces résultats n'atteignent pas le seuil de toxicologie alimentaire requis pour être publiés dans la revue.

Dans le même temps, les auteurs en publieront un second, répondant à la série de critiques qui leurs auront été adressées[17]. Ainsi, revenant sur celles énoncées par le comité de lecture, le choix de cette race de rat est venue pour répondre aux exigences fédérales étatsuniennes en matière de protocole toxicologique, et les tumeurs observées ne peuvent invalider leurs conclusions en raison du caractère toxicologique et non carcinogénique de l'étude.

Ainsi, en discussion finale, les auteurs rappellent que le glyphosate, tel que celui utilisé dans l'industrie et dans leur expérimentation, est combiné à des adjuvants dont la toxicité est connue, et jamais pur. Pour cela, ils font mention de quatre études in vivo menées entre 2007 et 2012 montrant que le Roundup est un perturbateur endocrinien, ainsi que d'autres études montrant l'effet spécifique du Roundup sur certaines fonctions endocriniennes.

Procès pour diffamation

Jean-Claude Jaillette et le magasine Marianne sont condamnés, le , par le tribunal de grande instance de Paris pour diffamation envers un fonctionnaire public et diffamation publique envers les chercheurs de l'équipe de G.-É. Séralini et le Criigen suite à la publication dans le magasine d'opinion d'un article revenant sur cette étude[18],[19],[20].

Covid-19

En prévision d'une procédure d'appel du réglement européen 2020/1043, le Criigen publie en un rapport d'expertise sur les vaccins ayant recours aux techniques génétiques[21]. Puis suivront deux vidéos portant sur les technologies vaccinales[22] et la question vaccinale anti-Covid-19[23] dont les arguments ont été ensuite réfutés par divers médias tel que l'AFP[24].

Débat scientifique

Le Criigen a participé à[25],[26],[27],[28],[29],[30],[31] ou financé[32],[33],[34] la réalisation d'études sur la possible toxicité d'OGM disponibles sur le marché, ou de l'herbicide Roundup contenant une molécule, le glyphosate, à laquelle les OGM dits « Roundup ready » sont tolérants.

Notes et références

  1. « Journal Officiel - Déclaration à la préfecture de police de Paris de la création du CRIIGEN », sur journal-officiel.gouv.fr,
  2. « CRIIGEN - Bibliographie de Gilles-Eric Séralini », sur criigen.org,
  3. https://criigen.org/membre/dr-joel-spiroux-de-vendomois/
  4. université de Caen, « Annuaire | Maison de la Recherche en Sciences Humaines », sur www.unicaen.fr (consulté le )
  5. Perturbateurs endocriniens : Campagne protégeons nos enfants Léa Nature.
  6. The Industry Funding Behind Anti-GMO Activist Gilles-Éric Séralini.
  7. Auchan et Carrefour ont aidé à financer l'étude sur les OGM.
  8. Une médiatisation et un financement « bien » pensés.
  9. « La Maison des Lanceurs d’Alerte (MLA) est créée ! », sur sciencescitoyennes.org (consulté le ).
  10. « 17 associations et syndicats créent la Maison des Lanceurs d'Alerte », sur Maison des Lanceurs d'Alerte, (consulté le ).
  11. « Qui sommes-nous ? », sur Maison des Lanceurs d'Alerte (consulté le ).
  12. Greenpeace dénonce la toxicité du maïs transgénique MON863
  13. Site d'Internutrition
  14. MON863 : Sécurité du maïs OGM remise en cause – seulement du déjà vu ?, mars 2007, www.internutrition.ch.
  15. (en) « RETRACTED: Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize », Food and Chemical Toxicology, vol. 50, no 11, , p. 4221–4231 (ISSN 0278-6915, DOI 10.1016/j.fct.2012.08.005, lire en ligne, consulté le )
  16. (en) B. Hammond, C. Healy et J. Kirkpatrick, « Results of a 13-week safety assurance study with rats fed grain from corn rootworm-protected, glyphosate-tolerant MON 88017 corn », Food and Chemical Toxicology, vol. 46, no 7, , p. 2517–2524 (ISSN 0278-6915, DOI 10.1016/j.fct.2008.04.005, lire en ligne, consulté le )
  17. (en) Séralini, G.-E., Mesnage, R., Defarge, N., Gress, S., Hennequin, D., Clair, E., Malatesta, M. et Spiroux de Vendômois, J., « Answers to critics: Why there is a long term toxicity due to a Roundup-tolerant genetically modified maize and to a Roundup herbicide », Food and Chemical Toxicology, vol. 53, , p. 476–483 (ISSN 0278-6915, DOI 10.1016/j.fct.2012.11.007, lire en ligne, consulté le )
  18. « Le professeur Gilles-Eric Séralini remporte le procès en diffamation face à Marianne - France 3 Basse-Normandie », sur France 3 Basse-Normandie (consulté le )
  19. « Victoire du Pr Séralini, de son équipe et du CRIIGEN dans deux procès !! », sur www.criigen.org, Criigen, (consulté le )
  20. « GMO Seralini – Seralini’s team wins defamation and forgery court cases on GMO and pesticide research », sur www.gmoseralini.org (consulté le )
  21. https://criigen.org/rapport-dexpertise-sur-les-vaccins-genetiquement-modifie/
  22. https://criigen.org/covid-19-les-technologies-vaccinales-a-la-loupe-video/
  23. https://criigen.org/visioconference-en-direct-vaccins-anti-covid-quelles-technologies-quels-risques-approfondissements-et-actualites/
  24. « Les vaccins qui laissent "la voie libre aux variants" : attention aux erreurs contenues dans cette vidéo de Christian Vélot », sur Factuel, (consulté le )
  25. Joël Spiroux de Vendômois, François Roullier, Dominique Cellier et Gilles-Éric Séralini, « A Comparison of the Effects of Three GM Corn Varieties on Mammalian Health », International journal of biological sciences, vol. 5, p. 706-726, 2009. Article complet disponible en ligne.
  26. Sophie Richard, Safa Moslemi, Herbert Sipahutar, Nora Benachour et Gilles-Éric Séralini, « Differential Effects of Glyphosate and Roundup on Human Placental Cells and Aromatase », Environmental Health Perspectives, vol. 113, p. 716-720, 2005.
  27. Céline Gasnier, Coralie Dumont, Nora Benachour, Émilie Clair, Marie-Christine Chagnon et Gilles-Éric Séralini, « Glyphosate-based herbicides are toxic and endocrine disruptors in human cell lines », Toxicology, vol. 262, p. 184–191, 2009.
  28. Joël Spiroux de Vendômois, François Roullier, Dominique Cellier et Gilles-Éric Séralini, « A Comparison of the Effects of Three GM Corn Varieties on Mammalian Health », International Journal of Biological Sciences, vol. 5, p. 706-726, 2009.
  29. Joël Spiroux de Vendômois, Dominique Cellier, Christian Vélot, Émilie Clair, Robin Mesnage et Gilles-Éric Séralini, « Debate on GMOs Health Risks after Statistical Findings in Regulatory Tests », International Journal of Biological Sciences, vol. 6, p. 590-598, 2010.
  30. Céline Gasnier, Claire Laurant, Cécile Decroix-Laporte, Robin Mesnage, Émilie Clair, Carine Travert et Gilles-Éric Séralini, « Defined plant extracts can protect human cells against combined xenobiotic effects », Journal of Occupational Medicine and Toxicology, vol. 6, 2011.
  31. « Picri OGM », sur www.picri-ogm.fr (consulté le )
  32. N. Benachour, H. Sipahutar, S. Moslemi, C. Gasnier, C. Travert et G.-E. Séralini, « Time- and Dose-Dependent Effects of Roundup on Human Embryonic and Placental Cells », Archives of Environmental Contamination and Toxicology, vol. 53, p. 126–133, 2007.
  33. Nora Benachour et Gilles-Éric Séralini, « Glyphosate Formulations Induce Apoptosis and Necrosis in Human Umbilical, Embryonic, and Placental Cells », Chemical Research in Toxicology, vol. 22, p. 97–105, 2009.
  34. Céline Gasnier, Nora Benachour, Émilie Clair, Carine Travert, Frédéric Langlois, Claire Laurant, Cécile Decroix-Laporte, Gilles-Eric Séralini, « Dig1 protects against cell death provoked by glyphosate-based herbicides in human liver cell lines », Journal of Occupational Medicine and Toxicology, vol. 5, 2010.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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