Code de l'Alliance

Le Code de l'Alliance est le nom donné par les chercheurs au texte qui apparaît dans le deuxième livre du Pentateuque, le Livre de l'Exode, précisément du chapitre 20, verset 22 au chapitre 23, verset 19 (Exode 20,22-23,19). Dans la Bible, ce texte est la seconde partie du code de lois donnés à Moïse par Dieu sur le mont Sinaï. Au sein de la Torah, ce texte de lois constitue une petite mais substantielle partie de la Mitzvah d'où sa contribution à la Loi juive

Contexte académique

En accord avec l'hypothèse documentaire moderne, le texte était originellement indépendant avant d'être incorporé dans les écrits de l'Élohiste (E). Dans l'histoire de la recherche sur l'Ancien Testament ce code est connu pour être la version élohiste que le yahviste (J), lui, donne dans le Décalogue Cultuel (en) (Ex 34,11–26). Dans la source combinée J et E, JE, supposée par de nombreux biblistes critiques, ces deux codes apparaissent ensemble, la version du Décalogue Cultuel étant considérée comme une version résumée. Ces études montrent aussi que le document élohiste avait inscrit le Code de l'Alliance sur les deux tables de lois tandis que dans JE c'est uniquement le décalogue cultuel qui a cette caractéristique.

L'auteur du document sacerdotal (P), si l'on s'accorde avec l'hypothèse documentaire, retouche ensuite le texte conformément à ses propres idées, replaçant le Code Cultuel avec le Décalogue Éthique (Décalogue) et le Code de l'Alliance avec le Code de sainteté. Après d'autres additions de matériel juridique au cours du temps, le document sacerdotal a été lui-même recombiné avec JE. Ce code de loi étendu apparait donc dans la Torah en remplacement des deux plus anciens codes après l'incident de l'adoration du veau d'or qui voit la destruction de la première paire des Tables de la Loi.

La forme et le contenu du Code de l'Alliance sont similaires à plusieurs des autres codes juridiques du Proche-Orient ancien au début du Ier millénaire av. J.-C., et en particulier à celui, mésopotamien, de Hammurabi. Selon de nombreux érudits dont Martin Noth et Albrecht Alt, le Code de l'Alliance proviendrait probablement d'un droit local coutumier de Canaan et il aurait été modifié afin que les Hébreux puissent pratiquer leur religion. D'autres chercheurs, comme Michael D. Coogan, voient une différence sensible entre le Code de l'Alliance et les codes juridiques non-bibliques tel celui d'Hammurabi. Le Code de l'Alliance se compose essentiellement de cas ou de droit relevant de la casuistique (loi souvent sous forme conditionnelle où les situations sont illustrées[1]) que traite en particulier Exode (21,33-36) et de lois apodictiques(un type de loi caractérisé par des commandement ou des interdits généraux comme les dix commandements[2]) plus générales et le Code de l'Alliance en contient quelques-unes par exemple en Exode 21:17[2]. Le Code de l'Alliance, comme les autres textes bibliques, diffère de ceux-ci en incluant aux lois traitant des affaires pénales et civiles des règlements concernant les matières religieuses[3]. Toutes les deux, cependant, introduisent les lois dans un contexe religieux[3].

Origine

Il est discuté dans les milieux académiques de savoir lequel, du Code de l'Alliance ou du Code Cultuel était l'original, les deux ayant par ailleurs de fortes ressemblances avec un autre code. Il est vrai que le Code de l'Alliance parait être une extension du Décalogue Cultuel mais réciproquement, le Décalogue cultuel ressemble au résumé du Code de l'Alliance. Néanmoins, il est également possible que les deux codes aient été composés indépendamment l'un de l'autre et basés sur des lois et idées religieuses partagées ou tout au moins similaires. Jean Bottéro remarque que ce code de loi porte sur un mode de vie sédentarisé voué aux travaux agricoles incompatible avec le mode de vie de Moïse bédouin errant et misérable[4].

Valeurs

Le Code de l'Alliance dépeint les valeurs de la société qui les a produites et qui sont différentes de celles de l'Occident du XXe siècle. Par exemple, dans cette antique culture, les femmes étaient perçues comme la propriété des hommes et les lois (voir Exode 22:16-17) voyaient donc les vierges comme la propriété de leur père et dont la valeur était diminuée en cas de perte de leur virginité. Cette loi demande réparation à l'homme qui les a séduit. Un second exemple provient d'Exode 21:20-21 qui décrit la punition d'un propriétaire d'esclave qui a battu son esclave avec un bâton. Si ce dernier survit quelques jours aux coups alors aucune punition n'est requise. Cela montre que les droits des israélites masculins n'étaient pas égaux à ceux d'autres catégories[3].

Dans quelques cas, les valeurs présentées dans le Code de l'Alliance sont identiques à celles de nos jours, par exemple le fait de placer les mères au même niveau que les pères (Exode 21:15-17) ou encore de fournir assistance aux classes sociales les plus faibles telles les étrangers, les veuves ou les orphelins (Exode 22:21-22)[5].

Composition

Le Code de l'Alliance est aussi probablement fixé avant la fin du VIIIe siècle av. J.-C.[6].

Notes et références

  1. Coogan, Michael D., "A Brief Introduction to the Old Testament, Oxford University Press, 2009, pg. 424
  2. Coogan, Michael D., Oxford, pgs. 109-110
  3. Coogan, Michael D., "A Brief Introduction To The Old Testament, Oxford University Press, 2009, pg 110
  4. Jean Bottéro, Naissance de Dieu, p. 62
  5. Coogan, Michael D., "A Brief Introduction To The Old Testament, Oxford University Press, 2009, pg 110-111
  6. Jean-Daniel Macchi, Introduction à l'AT, p. 263

Compléments

Bibliographie

  • Jean Bottéro, Naissance de Dieu : la Bible et l'historien, Folio Histoire, (1re éd. 1992), 333 p. (ISBN 978-2-07-032725-6)
  • Thomas Römer (éd.), Jean-Daniel Macchi (éd.) et Nihan Macchi (éd.), Introduction à l'Ancien Testament, Genève/Paris, Labor et Fides, (1re éd. 2004), 902 p. (ISBN 978-2-8309-1368-2, lire en ligne). 

Articles connexes

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