Cocktail Molotov

Un cocktail Molotov est une arme incendiaire artisanale dont le composant principal est un liquide inflammable, habituellement de l'essence ou de l'alcool, contenu dans une bouteille en verre.

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Cocktails Molotov qui auraient pu être utilisés lors de l'Insurrection de Varsovie.

Bien que communément associés aux forces militaires irrégulières et aux manifestations, les cocktails Molotov sont également massivement utilisés par les armées régulières en manque d'armes anti-char. Dans le civil, ils sont plus fréquemment utilisés lors d'épisodes d'insurrection urbaine.

Historique

Le terme « cocktail Molotov » est un hommage ironique des soldats finlandais à Viatcheslav Molotov, ministre des affaires étrangères de l'Union soviétique durant la Seconde Guerre mondiale, en particulier lors de la guerre d'Hiver[1].

À l'origine, ce dispositif incendiaire fait son apparition durant la guerre d'Espagne (1936-1939). Il est utilisé par les nationalistes du général Francisco Franco contre les chars soviétiques T-26 qui soutiennent les républicains espagnols lors d'un échec de soutien à l'infanterie près de Tolède. Lancé contre un char, le dispositif éclate à l'impact répandant du liquide inflammable dans le bloc moteur au travers des grilles d'aération rendant le blindé inutilisable par destruction des tuyaux en caoutchouc, inflammation du réservoir de carburant et privation de l'alimentation en oxygène du moteur.

L'armée finlandaise qui est mal équipée en armes antichars et largement dépassée en nombre contre les chars d'assaut de l'Armée rouge, emprunte ce dispositif incendiaire facile à réaliser et transporter.

Quand Molotov clame, dans des émissions de radio, que l'Union soviétique ne bombarde pas mais livre plutôt de la nourriture aux Finlandais affamés, ceux-ci commencent à appeler les bombes aériennes soviétiques les « paniers pique-nique de Molotov ». Bientôt ils répondent en saluant l'avancée des chars soviétiques avec des « cocktails Molotov ». D'abord le terme est employé pour ne décrire que le mélange inflammable lui-même mais, dans l'utilisation pratique, le terme est bientôt appliqué par métonymie à la combinaison du contenant et de son contenu.

La production de ces armes artisanales commence, en série, dans une distillerie d'État, à Rajamäki (en). Elles évoluent, contenant des capsules d'acide sulfurique qui enflamment le liquide lors du bris de la bouteille, évitant ainsi d'avoir à allumer une mèche. Entre et , cette usine finlandaise de 92 personnes produit 542 194 cocktails Molotov[2].

L'utilisation finlandaise de cette bombe incendiaire à main se répand très vite à travers toute l'Europe durant la Seconde Guerre mondiale, malgré les dangers de son utilisation pour le lanceur.

Cette arme étant essentiellement une arme défensive, l'Armée Rouge mais aussi les partisans soviétiques vont l'utiliser à grande échelle principalement contre les chars, les véhicules blindés ou non. Ces cocktails seront également utilisés lors de nombreuses batailles menés par les résistants comme au ghetto de Varsovie, les soulèvements de Paris, de Varsovie, etc. Le Volkssturm utilisera également cette arme lors des combats dans les villes allemandes.

Aujourd'hui ces armes sont parfois utilisées lors d'émeutes ou de manifestations violentes[3].

Cocktail Molotov ayant touché le sol, lors d'une manifestation d'opposants au 33e sommet du G8.

Principe de fonctionnement

Une bouteille en verre est partiellement remplie de liquide inflammable, habituellement essence ou alcool (généralement méthanol ou éthanol) ; l'ouverture de la bouteille est scellée par un bouchon hermétique (généralement liège ou caoutchouc[réf. nécessaire]) et un morceau de tissu est solidement fixé autour du goulot de la bouteille ; juste avant l'emploi, ce bout de tissu est imbibé de liquide inflammable et allumé. La bouteille se brise à l'impact, répandant son contenu qui est alors enflammé.

Variantes

Une variante consiste à utiliser ensemble deux réactifs hypergoliques : la bouteille est ainsi remplie d'un des réactifs, tandis que le chiffon sera imbibé de l'autre. Typiquement, de l'acide sulfurique est mélangé à l'essence contenue dans la bouteille et le chiffon est saupoudré de chlorate de potassium, entraînent une inflammation spontanée, c'est cette variante qui est mise en scène lorsque l'acteur jouant Frédéric Joliot-Curie en fait la confection dans le film "Paris brûle-t-il". L'avantage majeur étant qu'il n'est dans ce cas pas nécessaire d'enflammer le chiffon : la réaction chimique qui découle du mélange des deux substances se traduit par une violente explosion. Cette méthode reste néanmoins très peu employée, du fait de la dangerosité de la préparation et de la manipulation d'un tel projectile.

Au cours de l'histoire, diverses substances sont ajoutées au cocktail de base pour en augmenter sa capacité destructrice :

  • des substances auto-inflammables, tel le phosphore blanc, garantissent l'explosion de la bouteille lorsqu'elle se casse ;
  • des agents épaississants, tel le goudron, qui collent le liquide brûlant sur ce qu'il touche et ce goudron cause aussi une épaisse fumée noire opaque ;
  • de l'acide, qui aide à pénétrer les surfaces non-inflammables ;
  • de la poudre noire (« Méthode Omega »), qui permet à la préparation d'avoir des effets explosifs ;
  • une petite quantité de détergent (liquide vaisselle, par exemple), qui empêche l'essence de s'évaporer trop vite, lui permettant de brûler plus longtemps ; le détergent sert également de dispersant.

Le principe d'un cocktail Molotov est semblable à celui d'une bombe au napalm ; le napalm (acronyme de naphtalène et palmitate) est, à l'origine, préparé en associant du naphtalène, de l'essence et de l'acide palmitique (comme agent épaississant -ces deux derniers étant les ingrédients principaux des cocktails Molotov) ; ce type de cocktail Molotov peut également être lancé à partir d'un fusil de chasse modifié.

Notes et références

  1. John Langdon-Davies, « Lessons of Finland », Picture Post,
  2. (en) « The Molotov coktail », sur winterwar.com
  3. « Violents incidents lors de la manifestation des étudiants jeudi à Athènes. Le ministre de l’Education sur la sellette », (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

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