Clark Art Institute

Le Sterling & Francine Clark Art Institute, plus connu sous le nom de Clark Art Institute, est un musée d'art situé à Williamstown dans le Massachusetts (États-Unis). Il abrite également un centre de recherche, le Research and Academic Program[1], et un programme de master, le Williams College Graduate Program en Histoire de l’art, en coopération avec le Williams College[2]. Ses collections se composent de peintures, sculptures, estampes, dessins, photographies et arts décoratifs européens et américains, du xive siècle jusqu’au début xxe siècle. Il forme avec le Massachusetts Museum of Contemporary Art (MassMoCA), le Williams College Museum of Art et le Bennington Museum (en), le quatuor de musées du Berkshire, composant culturel majeur de la région. La direction de l'institution est assurée par Olivier Meslay depuis août 2016[3] (Hardymon Director étant la dénomination officielle).

Histoire

Sterling Clark : Histoire d'un collectionneur et de sa collection

Héritier d’une très riche famille new-yorkaise, propriétaire d’une grande partie du West Side de Manhattan et actionnaire principal de la Singer Manufacturing Company, productrice des machines à coudre Singer, Robert Sterling Clark (en) dénote parmi ses contemporains. Aventurier, il sert au sein de l’armée américaine en Chine et aux Philippines durant la révolte des Boxers, puis en Europe pendant la Première Guerre mondiale. Il s’installe à Paris en 1910, où il rencontre la même année Francine Clary, actrice de la Comédie-Française qu’il épouse en 1919. Cette dernière aura une influence certaine sur la collection de Sterling Clark : elle est ainsi à l’origine de l’acquisition d’œuvres de Toulouse-Lautrec, comme la lithographie Jane Avril.

Le goût de Sterling pour l’art se manifeste au début des années 1910, notamment lorsqu’il requiert de son frère Stephen, grand collectionneur d’art avec qui il échange régulièrement, l’envoi de toiles de Jean-François Millet, Gilbert Stuart et George Inness ayant appartenu à leurs parents, pour décorer sa propriété parisienne. Nombre des plus belles œuvres de sa collection furent d’ailleurs acquises entre 1912 et 1923, comme La Vierge à l’Enfant de Piero della Francesca acquise en 1914, ou encore Fumée d’ambre gris de Sargent. C’est en 1916 que Sterling et Francine Clark commencent à s’intéresser aux impressionnistes français, avec l’acquisition du tableau de Renoir Jeune femme au crochet, premier d’une série de trente-huit Renoir acquis par le couple. Il fait aussi l’acquisition de trois Winslow Homer et d’un Rembrandt en 1923.

Robert Sterling Clark, par William Orpen, 1921-922, huile sur toile, Clark Art Institute

Collectionneur atypique, Sterling Clark acquiert ses œuvres sans les conseils d’expert, ne faisant d’ailleurs confiance qu’à peu de marchands d’art, traitant principalement avec Knoedler et Colnaghi. Il reste très discret sur sa collection, prêtant rarement et anonymement, n’est membre d’aucun conseil d’administration de musée et ne participe que très peu aux vernissages et autres évènements mondains. Autre particularité, il éprouve un certain plaisir à s’intéresser à des œuvres sous-évaluées sur le marché de l’art, et voit dans l’appréciation de leur prix une forme de reconnaissance de sa propre expertise.

Le krach boursier de 1929 et la Grande Dépression n’affectent pas la fortune de Sterling Clark, et lui bénéficient même, lui permettant d’acheter des œuvres majeures pour un prix dérisoire, à des amateurs d’art contraints de vendre, à l’instar du tableau de Turner Rockets and Blue Lights (Close at Hand) to Warn Steamboats of Shoal Wate, acquis en 1932 pour la moitié du prix payé par le précédent acquéreur. A la fin des années 30, Sterling Clark, qui craint une nouvelle guerre, fait rapatrier la grande majorité de sa collection outre-Atlantique, une partie étant mise à l’abri à la Royal Bank of Canada de Montréal. Après-guerre, les acquisitions d’art par les Clark se font plus rares, et leur collection demeure avec eux sur le continent américain. Elle est installée au cours des années 1950 dans le musée qu’ils fondent à Williamstown, Massachusetts. C’est l’occasion pour Sterling Clark de voir pour la première fois réunie en un même lieu l’ensemble de sa collection, auparavant dispersée entre New York et Paris. Sterling Clark choisit délibérément de ne révéler que progressivement l’ensemble de sa collection au public, ouvrant chaque année de nouvelles galeries pendant les cinq ans suivant l’inauguration.

Francine Clark, par William Orpen, 1921-22, huile sur toile, Clark Art Institute

Sterling Clark meurt en décembre 1956, Francine lui succédant à la tête du musée, avant de s’éteindre à son tour en avril 1960.

Le choix du lieu

La fondation d’un musée à Williamstown n’a pas toujours été l’idée de Sterling Clark, qui a longtemps hésité sur la façon dont il rendrait accessible au public après sa mort les œuvres d’art dont il disposait.

Les dispositions testamentaires de Sterling Clark concernant sa collection ont évolué au cours du temps, tantôt à la faveur d’institutions françaises comme le Petit Palais, ou américaines comme le Virginia Museum of Fine Arts, ou encore le Metropolitan Museum of Art. Il songe également à fonder un musée dans un lieu plus rural, projet proposé à son frère Stephen, collectionneur d’art lui aussi. Cette hypothèse présentait à ses yeux des avantages : certes, exposée à New York, sa collection attirerait plus de monde, mais elle souffrirait aussi de la comparaison avec d’autres collections de musées plus importants. New York reste toutefois une option pour Sterling Clark : fasciné par la Frick Collection, il mûrit peu à peu le projet de fonder un musée au cœur de New York entre la 71e rue et la 5e Avenue, allant jusqu’à y acquérir une propriété au début des années 1940.

Cela étant dit, Sterling Clark reste très marqué par la guerre, ayant vécu la Grande guerre et perdu lors de la Seconde Guerre mondiale une propriété en Normandie, détruite par les bombardements alliés. Dans un contexte de guerre froide, inquiet à l’idée d’une troisième guerre, il reconsidère son projet et l’idée de mettre à l’abri sa collection a la campagne, à distance d’une grande ville, refait surface. La visite en janvier 1949 des professeurs d’histoire de l’art Karl Weston et S. Lane Faison Jr, enseignants au Williams College situé à Williamstown, dans le Massachusetts, va s’avérer être une étape importante dans le choix du lieu. Impressionnés par la collection des Clark, ils convainquent le Président du Williams College, J. Phinney Baxter, d’inviter le couple à Williamstown. Une chaleureuse amitié se développe entre les Clark et Baxter, renforçant des liens déjà existants entre le Williams College et Sterling Clark, dont le père avait été un membre du Conseil d’administration, et le grand-père un étudiant. Les Clark acquièrent à Williamstown un terrain et deux propriétés sur South Street, et, six mois après la première rencontre entre les Clark et le Président Baxter, les statuts du futur musée sont signés, le 4 mars 1950.

Fondé le 14 mars 1950 par Sterling et Francine Clark, le Sterling and Francine Clark Art Institute ouvre au public le 17 mai 1955.

Architecture

Bâtiment originel

Le bâtiment dessiné par Daniel Perry pour abriter les collections des Clark, achevé en 1955

C’est l’architecte Daniel Perry, basé à Long Island, qui se voit chargé des plans et de la construction du futur musée, que Sterling Clark veut classique, de taille modeste et bénéficiant avant tout d’une lumière naturelle, à l’instar de celle de la Frick Collection. Pensé par l’architecte comme un lieu consacré à l’art, à la beauté et à l’excellence, le bâtiment d’un style néoclassique, évoque à dessein un temple de la Grèce Antique. Il abrite les galeries d’exposition originelles et la collection permanente du musée.

Manton Researcher Center

À la mort de ses fondateurs, le Clark Art Institute n’est pas lié par de trop contraignantes dernières volontés de ces derniers, aussi le Conseil d’Administration peut-il choisir de développer l’institution au-delà de ce qui était prévu. La création d’un programme de maîtrise en Histoire de l’Art et d’une bibliothèque de recherche, ainsi que l’afflux croissant de visiteurs entrainent un besoin d’espace supplémentaire, à l’origine de la construction d’un nouveau bâtiment. Dessiné par Norman Fletcher et Pietro Belluschi, doyen du Département d’Architecture au Massachusetts Institute of Technology, le nouveau bâtiment ouvre ses portes en 1973, après dix ans de travaux. Il abrite aujourd’hui les bureaux, la bibliothèque de recherche, le programme académique ainsi que la Manton Collection of British Art. En 2007 il est renommé Manton Research Center en mémoire de Edwin Manton (en), qui fit don au Clark Art Institute d’une collection de près de trois cents œuvres d’art britanniques.

Le Manton Research Center, dessiné par Norman Fletcher et Pietro Belluschi, achevé en 1973

Nouveaux bâtiments

Le Stone Hill Center, dessiné par Tadao Ando et Reed Hilderbrand Associates

Pour faire face au besoin de nouveaux bâtiments répondant aux normes de conservation d’œuvres d’art, ainsi qu’à la nécessité de locaux pour abriter le centre de conservation et de restauration des œuvres d’art en collaboration avec le Williams College Museum of Arts, le Conseil d’Administration du Clark Art Institute vote un nouveau projet de bâtiment, lequel change considérablement le visage du musée. L’entreprise d’architecture paysagiste Reed Hilderbrand Associates et l’architecte Tadao Ando, lauréat du prix Pritzker se voient charger du projet, qui aboutit à la construction du Stone Hill Center, achevé en 2008. La seconde phase des travaux prend fin en 2014, débouchant sur la création de nouveaux bâtiments pour accueillir les visiteurs, des conférences et évènements, ainsi que la terrasse et les deux bassins. Dessiné par Reed Hilderbrand Associates et donnant sur la montagne, ce nouvel espace extérieur souligne la beauté naturelle du lieu. Les travaux de rénovation du bâtiment originel et du Manton Research Center sont l'œuvre de l'architecte new-yorkaise Annabelle Selldorf. La volonté de préserver l’intimité du Clark et d’en faire un endroit en harmonie avec la nature furent au cœur des différents projets architecturaux.

Institution scientifique et académique

Bibliothèque

Votée en 1962 par le Conseil d’Administration, la bibliothèque du Clark Art Institute, réputée être l’une des meilleures pour l’étude de l’histoire de l’art, est intrinsèquement liée à la vocation scientifique et académique de l’institution. Cette décision intervient alors que les administrateurs du musée entament la démarche de créer un programme académique en histoire de l’art pour les étudiants diplômés, en collaboration avec le Williams College, programme aujourd’hui connu sous le nom du Graduate Art Program. C’est donc assez logiquement qu’une bibliothèque de rechercher en histoire de l’art est fondée, mettant à disposition des étudiants et des chercheurs les livres illustrés et autres volumes rares de Sterling Clark sur le sujet. Elle est progressivement enrichie par l’acquisition des bibliothèques de l’historien de l’art W.R. Juynboll et des marchands d’art Duveen. Aujourd’hui sa collection comprend plus de 250 000 volumes, incluant des livres, des périodiques reliés, ou encore des catalogues de ventes aux enchères. Elle fut également le siège de l’ancien Répertoire International de la Littérature de l’Art (RILA), devenu par la suite le Bibliography of History of Art (BHA), jusqu’en 2000. La bibliothèque de recherche du Clark Art Institute a la particularité d’être ouverte au public toute l’année.

Williams College Graduate Program en Histoire de l’Art[4]

Au début des années 1960, le Conseil d’administration du Clark entame les discussions avec le Williams College, également situé à Williamstown, pour la création d’un programme académique conjoint. Les liens anciens entre la famille Clark et le College favorisent cette coopération. Sous l’impulsion du président du Williams College John E. (Jack) Sawyer, le Williams College Graduate Program of History of Art, un programme académique de haut niveau en histoire de l’art, destiné aux étudiants diplômés, voit le jour en 1972. C’est également grâce à l’influence de Sawyer que George Heard Hamilton (en) accepte de venir de l’université de Yale pour devenir le directeur du Clark et prendre la tête du "Graduate Program". Parmi les 1 500 diplômés du programme, se trouvent notamment Cara Starke, directrice de la Pulitzer Foundation for the Arts, James Rondeau, directeur de l'Art Institute of Chicago, Alexandra Suda, directrice du Musée des Beaux-Arts du Canada à Ottawa ou Paul Provost, vice-président de Christie's.

Research and Academic Program

Au-delà du Graduate Program, l’engagement scientifique et académique du Clark Art Institute se manifeste par l’accueil chaque année d’une dizaine de ‘’fellows’’, ou pensionnaires, soient des chercheurs, conservateurs, universitaires et spécialistes en Histoire de l’Art, qui se voient mis à leur disposition un espace de travail, la bibliothèque, ainsi que des logements à proximité du Clark, dans l’objectif de faciliter leurs recherches[5].

Les collections

Au début, les fondateurs du musée se sont surtout portés sur les tableaux de maîtres italiens, hollandais et flamands. Par la suite, ils cherchèrent à acquérir des œuvres d'artistes plus récents tels que John Singer Sargent, Edgar Degas, Winslow Homer, Pierre-Auguste Renoir et Auguste Rodin. Après 1920, ils se concentrèrent sur la peinture française exceptionnelle du XIXe siècle, notamment sur les Impressionnistes et l’École de Barbizon. Parmi les œuvres majeures se trouvent des tableaux de Piero della Francesca, Claude Gellée ou Théodore Géricault. Depuis 1955, le musée a continué sa politique d'acquisition importante, et a développé sa collection de sculptures, de dessins et de photographies. Aujourd'hui, le musée est essentiellement réputé pour ses tableaux de Renoir, de Jean-Léon Gérôme, de William Bouguereau et de peintres britanniques et américains.

Collection (œuvres majeures)

1. XIVe siècle

2. XVe siècle

3. XVIe siècle

Cavaliere d'Arpino (Giuseppe Cesari), Andromède délivrée par Persée, 1594-95, huile sur panneau, 52.5 x 38 cm

4. XVIIe siècle

4. XVIIIe siècle

Impressionnisme et Post-Impressionnisme

Pierre-Auguste Renoir

Peintures académiques

Joseph Mallord William Turner

Rockets and Blue Lights (Close at Hand) to Warn Steamboats of Shoal Water 1840 Huile sur toile (92.1 x 122.2 cm)

Peintures américaines

Manton Collection of British Art

Dessins et estampes majeurs

Photographies

Sculptures

Bibliographie

  • (en) The Clark, the Institute and its collections, The Sterling and Francine Clark Art Institute, Scala Arts Publishers Inc., 2014

Notes et références

  1. (en) « The Clark - About the RAP », sur clarkart.edu (consulté le )
  2. (en) « Williams College Graduate Program in the History of Art », sur clarart.edu (consulté le )
  3. « Clark Art - Director », sur www.clarkart.edu (consulté le )
  4. (en-US) « Grad Art », sur gradart.williams.edu (consulté le )
  5. « Clark Art - About Clark Fellowships », sur www.clarkart.edu (consulté le )
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