Cimon

Cimon (en grec Κίμων / Kímôn), né en 510 av. J.-C., et mort en 450 ou 449 av. J.-C. devant Cition, est un homme d'État et stratège athénien, originaire du dème de Lacia[1].

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Biographie

Membre de la famille des Philaïdes, il est le fils de Miltiade et d'une Thrace nommée Hégésipylé, fille du roi thrace Oloros. Il appartient donc à l'une des plus grandes familles aristocratiques d'Athènes. Il se distingue à Salamine et entame sa carrière politique peu après 480 av. J.-C. Il est suffisamment important en 479 av. J.-C. pour faire partie de l'ambassade qu'Athènes envoya à Sparte. Selon Stésimbrote de Thasos, à peu près contemporain de Cimon, il ne connaissait ni la musique ni aucun autre art.

Stratège à plusieurs reprises, pour la première fois en 478 av. J.-C., Cimon dispose à la fois du soutien populaire mais aussi de l'appui des grandes familles nobles dont le poids restait important dans les campagnes. Ce soutien est dû, selon Aristote dans la Constitution d'Athènes[2], à ses largesses, comparables à celles d'un patron romain à l'égard de ses clients :

« Cimon, qui avait une fortune princière[3], d'abord s'acquittait magnifiquement des liturgies publiques et de plus entretenait beaucoup de gens de son dème : chacun des Laciades[4] pouvait venir chaque jour le trouver et obtenir de lui de quoi suffire à son existence ; en outre, aucune de ses propriétés n'avait de clôture, afin que qui voulait pût profiter des fruits[5]. »

Partisan du développement de l'empire athénien, il n'estime pas nécessaire la rupture avec Sparte. Il pense au contraire que l'alliance spartiate peut contrebalancer le développement des idées démocratiques auxquelles il est hostile. C'est en cela qu'il s'oppose à Thémistocle. Il aide Aristide le Juste à obtenir le soutien des Grecs d'Asie Mineure et des îles à Athènes plutôt qu'à Sparte, et commande la plupart des opérations militaires de la ligue de Délos de 477 av. J.-C. à 473 av. J.-C.. Il oblige Pausanias à quitter Byzance (477 av. J.-C.), s'empare d'Eion (476 av. J.-C.), puis l'année suivante, conquiert successivement la vallée du Strymon en Thrace et l'île de Scyros, dont il chasse les pirates qui rançonnent la mer Égée. Il aurait également rapporté les ossements supposés de Thésée, que l'on disait inhumé à Scyros.

Il contribue, vers 472471 av. J.-C. à l'ostracisme de Thémistocle, et devient chef du parti aristocratique à la mort d'Aristide (467 av. J.-C.). Sa popularité est, à ce moment, à son comble à Athènes où ses largesses, ses excès et son humanité sont appréciés : Théophraste dit que Cimon pratiquait aussi l'hospitalité envers ses compatriotes de dème : il avait institué cette règle que tout dans sa maison de campagne serait à la disposition de toute personne appartenant au dème de Lacia qui s'y présenterait, et donné à ses intendants des instructions en conséquence.

La plus grande victoire de Cimon fut sa victoire sur la flotte perse, à l'embouchure de l'Eurymédon, en 468 av. J.-C. Il s'empare d'environ 200 vaisseaux de la flotte ennemie dirigée par Tithraustès (en) puis, ayant débarqué son infanterie, il défait complètement l'armée ennemie dirigée par Phérendates. Ayant appris l'arrivée d'une flotte de renfort, il part à sa recherche et s'empare de tous les navires ennemis. À la suite de cette victoire, avec l'aide de son beau-frère Callias, il impose au roi des Perses Artaxerxès Ier un traité de paix, nommé Paix de Callias, qui reconnaît la liberté des Grecs d'Asie Mineure et interdit aux navires perses l'accès à cette région.

La prépondérance d'Athènes et les opérations militaires sans fin lassent certains alliés qui vont jusqu'à la sécession comme Naxos en 470 av. J.-C. et Thasos en 465 av. J.-C.. En 463 av. J.-C., après un siège de deux ans, Cimon réduit Thasos.

Avec le butin de toutes ses campagnes, il embellit Athènes en achevant les Longs Murs et la citadelle. Lors de son retour à Athènes en 463 av. J.-C., Cimon est accusé par Périclès et Éphialtès de n'avoir pas été plus sévère, mais il est finalement acquitté.

En 462 av. J.-C., il obtient des Athéniens que lui soit confiée une armée, composé de quatre mille hommes d'après Hérodote, afin de venir en aide à Sparte, en proie à une révolte des hilotes, mais Sparte, méfiante à l'égard d'Athènes, refuse son aide. Cet échec contribue à discréditer tous les partisans de Sparte et entraîne la chute de Cimon d'autant que les pouvoirs de l'Aréopage, son principal soutien, ont été réduits par les réformes d'Éphialtès en son absence. À son retour en 461 av. J.-C. il réclame l'abrogation des mesures d'Éphialtès mais il est frappé d'ostracisme.

Rappelé vers 451 av. J.-C. par Périclès, Cimon dirige une dernière campagne contre les Perses afin de reprendre Chypre, après une première victoire en Cilicie sur Mégabaze, dont il s'empare et où il meurt vers 450449 av. J.-C. en faisant le siège de Cition (l'actuelle Larnaca).

Bibliographie

  • Edmond Lévy, La Grèce au Ve siècle de Clisthène à Socrate, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire / Nouvelle histoire de l'Antiquité », (ISBN 2-02-013128-5).
  • Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne].
  • (de)Elke Stein-Hölkeskamp : « Kimon und die athenische Demokratie », in: Hermes, numéro 127, 1999, pp. 145-164.
  • (it) Manuel Tröster : « Cimone come benefattore panellenico e campione di concordia. Una proiezione di Plutarco ? », in: Rivista storica dell’antichità, numéro 44, 2014, pp. 9-28.
  • Francis Prost, « L'art pictural : une source pour l’histoire de l’Athènes préclassique ? », L’Antiquité classique, t. 66, , p. 25-43 (lire en ligne, consulté le ).
  • Daniela Bonanno, « Athènes et les Philaïdes. Formes de réciprocité entre les aristocrates et la polis », L’Antiquité classique, t. 78, , p. 63-86 (lire en ligne, consulté le ).

Sources

Notes et références

  1. Laciadae/Lakiadai
  2. XXVII, 3 (Extrait de la traduction de G. Mathieu et B. Haussoulier, revue par Claude Mossé, parue aux Belles Lettres)
  3. (tyrannikên ousian, littéralement « fortune de tyran »)
  4. Habitants de Lacia, bourg de l'Attique dont Cimon est originaire.
  5. Cette libéralité est restée célèbre, voir Plutarque, Vie de Cimon, 10 ; Cicéron, De Officiis, Livre II, XVIII, 64.

Liens externes

Voir aussi


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